Lk tout pa table d'avance.
JOURNAL Dl PRES I)E L'ARRONDISSEMENT
M4
YPRES, Dimanche
Troisième année. N0 5.
29 Janvier 1865.
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POUR LA BELGIQUE
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La nouvelle Ecole de filleg a Ypres.
Notre intention n'est pas de prolonger notre polé-
mique avec le Propagateur. Nous nous serions même
abstenu de répondre a l'article qu'il nous a consacré
dans son numéro du 21 janvier, si notre pieux con
frère, usant de son droit, s'était borné réfuter de
son mieux nos arguments. Mais l'entreprise, faut-il
croire, ne lui a pas semblé facile a mener bien, car,
loin de chercher a nous répondre, il déclare sa réso-
lution de cesser tout débat avec nous, donnant pour
raison de sa retraite que nous lui attribuons des idéés
quinesont pas les siennes, que nous passons sans
cesse a cóté de la question bref, que nos procédés
de discussion manquentde loyauté.
Ce reproche nous touche et nous ne voulons pas
en rester chargés. U peut nous arriver, comme a tout
homme maniant la plume rapide du journaliste, d'in—
terprêter inexactemeut la penséa de nos adversaires
et de lirer de leurs actes, de leurs écrits, de leurs dis
cours, appréciés parfois avec une héte excessive et,
pourquoi ne le dirions-nous pas avec un excès de
passion nuisible aux intéréts de la vérité, des consé-
quences, des deductions qui n'étaienl pas dans leur
esprit Mais ce qui est inexcusable, ce que nous con-
sidérons comme une chose souverainement mépri-
sable et honteuse, c'est la mauvaise foi réfléchie et
calculóe, ce sont ces procédés prétendument habiles
au moyen desquels on cherche a triompher d'un ad-
versaireen tronquanl, en faussant sa pensée. La vé
rité ne veut pas être servie de cette facon et ceux-la
sont, pour nous, plus dangereux que ses plus cruels
ennemis,qui emploient de pareilles armes pour la dé-
fendre.
Si nous avons mérité le reproche que nous adresse
le Propagateurqu'il soit bien entendu que nous
sommes sans excuse nous avons lu froidement,
tranquillement ses articles sur notre nouvelle école
de filles et nous y avons répondu de même. II n'y a
done pas de milieu ou bien le reproche de notre
confrère est injuste et ne doit être considéré que
comme un prétexte imaginé pour marquer sadéfaite,
ou bien nous ne sommes, nous qui I'avons combattu,
que des misérables, dignes du mépris public.
Après une pareille déclaration, le Propagateur ne
prétendra pas, sans doute, que nous passons a cóté
de la question.
La question, quelle est-elle?
Dans une série d'articles parus le 7, le 10 et le 1 i
du mois de décembre dernier, le Propagateur dénon-
cait la résolution prise par notre administration com
munale d'ériger une école de filles aux frais de la
commune comme se rattachant au plan d'une vaste
conspiration organisée en Belgique contre 1'enseigne-
ment religieux. a Le mot d'ordre est bien el dümeut
donné, s'écriait-ille plan de campagne, concu par
les loges, sera fidèlement suivi. Pour perpétuer sa
domination, un libéralisme anti-catholique, bêtard 4t
menteur s'est dit emparons-nous de lajeunesse;
chassons le prêtre et la religieuse; 1 e prêtre, c'est
noire ennemi. Que la jeunesse beige soit élevée en
dehors de toute religion positive. La Belgique n'a
point de religion d'Etat. Propagateur du 7 dé
cembre.)
Que l'école projetée fut érigée dans le dessein d'ex-
clure la religion catholique de toute influence dans
l'enseignement de nos filles pauvres, c'est ce qui n'é-
tait pas douteux aux yeux du Propagateur. Que
tel sera Ie caractère de la nouvelle école, disait-il
s dans le même article, c'est ce que le langage de
nos feuilles libérêtres ne permet pas de révoquer
en doute D'ailleurs, ajoutait notre confrère,
toute autre école n'aurait point sa raison d'être,
èt, pour le prouver, il se livrait a un long panégyrique
de l'école dirigée par les Sceurs de Marie, dont l'en
seignement, selon lui, ne laisse absolument rien
désirer. Enfin, nous prenant personnellement par-
lie, il nous gourmandait de Ia bonne facon pour avoir
osé exprimer le vceu que la nouvelle école acquit
bientöt une popularité égale a celle dont jouit l'école
communale des garcons.
Voiia bien, pensons-nous, résumé dans sa plus
scrupuleuse fidélité, le sens générol des articles con-
sacrés par le Propagateur a l'examen du projet voté
par notre Conseil communal.
Voyons maintenant si, comme notre pieux confrère
ne craint pas de l'affirmer, nous avons escamoté le
débat et tourné la question qu'il portait devant le
public.
Au Propagateur soutenant que Ia nouvelle école
n'avait aucune raison d'être, nous avons opposé le
texte formel de la loi de 1842 sur l'enseignement pri
maire. Aux termes de cette loi, en effet, chaque com
mune est tenue d'avoir son école, et la commune n'est
dispensée de cette obligation que dans deux cas, a
savoir 1° Si elle est autorisee a adopter dans la lo-
calitè une ou plusieurs écoles privées réunissant les
Conditions légales pour tenir lieu de l'école commu
nale. 2* Si, dans la localité, il est suffisamment pourvu
aux besoins de l'enseignement primaire par les écoles
privées.
La commune d'Ypres, fesions-nous remarquer a
notre contradicteur, ne se trouve ni dans l'un ni dans
l'autre cas de dispense. Elle ne se trouve pas dans le
premier, car vous n'oseriez prendre sur vous d'afïïr-
mer que les Soeurs de Marie sont disposées a se sou-
mettre au regime d'inspection et de contröle prescrit
par la loi de 1842 a l'égard des écoles adoptées et nous
vous défions de ie prétendre. Elle ne se trouve pas
non plus dans le deuxième cas, attendu que l'école
des sceurs étaut entretenue aux frais des Hospices,
e'est-a-dire par un établissement public, ne peut pas
être considérée comme une institution privée. Done,
disions-nous, la nouvelle école a une raison d'être,
puisqu'eile ne fait que réaliser une prescription posi
tive, impérativede la loi.
Apparemment,ce n'est pas surce premier point de
la discussion que nous pouvons être accusés d'avoir
escamoté le débat. Le Propagateur nie la nécessitide
l'école nouvelle. Nous lui opposons un texte de loi
précis, formel. 11 n'y a la, a coup star, ni ruse, ni ha-
bileté, a moins cependant que notre confrère ne pré-
tende que nous avons forgé un texte de pure fantai-
sie, ce qu'il ne fera pas.
Pénétré de sa faiblesse sur la question de droit, le
Propagateur se rabat sur une accusation qu'il suppose
devoir trouver un certain crédit chez ses lecteurs
en décrétant l'érection de la nouvelle école, notre ad
ministration communale n'a fait, d'après lui, qu'obéir
au mot d'ordre lancé par les loges maconniques. On
veut chasser le prêtre de l'école et bannir l'instruc-
tion religieuse de l'enseignement.
Voire accusation, avons-nous répondu au Propa
gateur, est on ne peut plus mal fondée. Si la loi de
1842 oblige la commune a avoir une école, elle lui fait
en même temps une obligation non moins formelle
d'en permettre l'accès au prêtre catholiqueet non-
seulement le prêtre doit avoir accès dans l'école, mais
il jouit du droit exclusif, et d titre d'autorité, d'y en-
seigner la morale et la religion. Aucun obstacle ne
peut être mis a l'exercice de ce droit par le prêtre, et
partout nous voyons qu'il l'exerce avec un empire
dont beaucoup de libérdlres sont désolés, mais qu'ils
sont cependant forcés de subir. Trouvez-vous la loi
mauvaise, demandions-nous au Propagateur? Croyez-
vous qu'elle ne sauvegarde pas, d'une manière suffi-
sante, les intéréts religieux dont vous vous portez le
champion? Dans ce cas, votre parti est mille fois cou-
pablede s'associer èson exécution car,dans ce cas,la
présencedu prêtredans l'école n'est plus qu'un leurre
del'Etat,auqueI ilest honteuxquele clergé catholique
prête les mains. Mais si la loi est bonne, si elle vous
donue toutes les garanties désirables, que signifient
alors vos cris d'alarme? Comment osez-vous préten
dre que l'enseignement religieux sera banni de l'école
nouvelle, quand vous savez perlinemment le con
traire Les craintes que vous exprimez ne sont done
pas sérieuses et votre mise en scène renouvelée des
lamentations de Jérémie ne s'explique que par les
appréhensions qu'excite en vous la concurrence con
tre laquelle l'école de vos sceurs chéries va bientót
devoir lutter.
Le Propagateur croit nous confoudre en rappelant
que nous combaltons ('intervention du clergé dans
l'enseignement. Mais il ne s'agil pas ici, apparem-
ment, de discuter nos opinions personnelles sur le
mérite de telle ou telle loi. Nous aurons beau trou
ver la loi de 1842 mauvaise, cela ne l'empêchera pas
d'exister et de fonctionner absolument comme si nous
en étions les plus fervents admirateurs. Est-ce que,
par hasard, notre confrère voudrait conseiller au
clergé de s'abstenir de toute immixtion dans nos
écoles, paree que VOpinion est d'avis que ce n'est pas
sa place Nous n'osons pas l'espérer.
Tout sermon qui se respecte doit avoir ses trois
points, Nous avons examiné les deux premiers
voyons Ie troisième.
Nous avons eu l'audace de souhaiter a l'école des
filles le même succes que celui obtenu si rapidement
par l'école des garcons. Ge succès, qui n'est pas con-
testé par notre confrère, est expliqué par lui d'une
facon que nous continuons a considérer, malgré sa
persistauce, comme peu conforme a la vérité. D'après
le Propagateuril serait avérè que le Bureau de bien-
faisance retire ou menace de retirer ses dons aux pa
rents qui refusent d'envoyer leurs enfants a l'école
communale. Si le fait, tel qu'il est posé par le Pro
pagateur est exact, nous maintenons noire première
appréciation il y a dans cette inesure, quel que soit
le mobile qui l'ait inspirée, un caractère de violence
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