JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENI
YPRES, Dimanche
Troisième année. N° 7.
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La nouvelle Ecole de lilies n Ipres.
Nous avons convié Ie Propagateur s'expliquer
nettement, catégoriquement, sur certaines questions
que nous avons pris la liberté de lui poser et qui ré-
sument tout le débat engagé entre lui et nous a pro
pos de l'Ecole de filles projetée par notre administra
tion communale. Notre confrère, on s'en souvient,
avait signalé ce projet comme une oeuvre d'enfer, mé-
ditée par les loges maconniques dans le but de bannir
l'enseignement religieux des écoles. A vrai dire, les
quatre ou cinq articles qu'il a consacrés a l'exarnen du
projet, n'étaient pas autre chose qu'un long anathême
aux Loges, au libéralisme et a tous ceux qui ont le
malbeur de penser autrement que lui sur l'excellence
des écoles cléricales en général et sur celle de l'école
des Sosurs de Marie en particulier. Nous avons pa-
tiemment attendu que le Propagateur ent évacué toute
sa bile; après quoi, nous lui avons fait observer, avec
tout le respect imaginable, que ses tirades sur la per-
versité libérale, quoique fort belles au point de vue
de la rhétorique, avaient ie malheur d'ètre dépour-
vues de sens commun, chose toujours facheuse, même
dans un sermon, fa preuve n'était pas diflici le a faire
nous pümes nous borner a mettre sous les yeux de
notre trop ardent confrère le texte de la loi de 1842,
sur l'enseignement primaire qui prescrit, d'une part,
aux administrations communales de pourvoir aux be-
soins de l'enseignement dans chaque commune et qui
leur fait, d'autre part, un devoir strict et rigoureux
de permeüre l'accès de leurs écoles au clergé. Vos ac
cusations sont done aussi mal fondées que vosorain-
tes, disions-nous au Propagateur, car notre adminis
tration communale, en décrétant l'erection de Ia nou
velle école, n'a fait qu'obèir aux prescriptions formel-
les de la loi et celle-ei vous donne toute garantie en
ouvrunt la porte de cette école a l'enseignement du
prêtre et a l'inspection ecclésiastique.
Que nous répond le Propagateur dans son numéro
de samedi dernier La loi, dit-il, ne prescrit l'établis-
sement d'écoles communales que la oü il n'est pas
suffisamment pourvu aux besoins de l'enseignement
primaire par les écoles privées,. („'observation est
parfaiterrient exacte, tnais l'enseignement privé suflit-
il a Ypres aux besoins de nos filles pauvres Le Pro
pagateur est assez d'avis avec nous que eet enseigne-
meut est insuffisant. L'école Lamotte, avoue-t-il,
est la seule oü les jeunes ouvrières recoivent l'instruc-
tion primaire. Or, l'école Lamotte est-elle une école
privée? Nullement. C'est une école entretenue aux
frais des Hospices et qui, par conséquent, comme
telle, n'a nulle qualité pour se plaindre de la con
currence que lui prépare l'établissement d'une école
communale. Düt-elle même étre considérée comme
une école privée, personne, si ce n'est le Propa
gateurne songera a prétendre que, dans une ville
comme Ypres, une seule école de filles suflise aux
besoins de l'enseignement. Voila done un premier
point souverainement vidé.
Après cela, que notre administration communale
att montré plus ou moins d'empressement a satis-
faire, sous ce rapport, au voeu de Ia loi, c'est une
autre affaire; mais ie Propagateur trouvera bon que
nous ne joignions pas notre voix la sienne pour ac
cuser notre administration, juste au moment oü
celle-ci manifeste sa ferme résolution de donner sa
tisfaction a la loi trop longtemps méconnue.
Reste la question de l'enseignement religieux.
Le Propagateur reconnait enfin, et ce n'est pas
sans peine, que le clergé d'Ypres aura accès dans
l'école et que, seul, il aura pouvoir d'y enseigner le
dogme et la morale religieuse. Nous n'en demandons
pas davantage a notre confrère, car eet aveu, c'est un
démenti éclatant donne par lui-même a toutes les
accusations, a tous les soupcons qu'il s'est plu ac-
cumuler, pendant trois semaines, sur l'école proje
tée. Dès l'instant oü notre confrère avoue que le
•clergé aura le droit d'entrer dans l'école, d'y ensei
gner la religion el la morale, il devient souveraine
ment ridicule, et notre contradicteur doit le sentir,
de représenter cette école comme une oeuvre de per
dition, inspirée par les loges et les solidaires. Cela est
tout aussi absurde que si nous aceusions l'épiscopat
d'être pour quelque chose dans l'idée qui a donné
naissnnce la fameuse école dirigée Bruxelles
par Mn" Gatti de Gamond.
Le Propagateur n'est pas assez mnlhabile pour ne
pas comprendre la portée de l'aveu que nous lui
avons arraché. Aussi essaie-t-il de faire croire a ses
lecteurs que eet aveu est, de lout point, conforme a
ce qu'il avait soutenu d'abord. VOpinion ajoute,
écrit notre confrère, que le concours du c'ergé se-
rait réclamé au même titre en faveur de l'école
nouvelle de filles. Nous le comprenons ainsi. r
Oui, le Propagateur le comprend ainsi aujourd'hui
que l'évidenee l'accable, mais il le comprenait ou il
feignait, du moins, de Ie comprendre tout différem-
ment il y a deux mois. Sans doute. écrivaitil alors,
l'institution nouvelle sauvegardera mieux la li-
berté de conscience felle qu'on est convenu dans
le camp libéral de nommer I'exclusion absolue du
catholicisme: sans doute la robe odieüse du prêtre
ne passera point le seuil de cette portesans doute
b le père de familie, libre-petiseur ou solidaire, n'aura
point le désagrèment de voir enseigner a sa fille les
n superstitions d'nn autre Age. Voila ce qu'éeri-
vait le Propagateur dans son numéro du 14 décembre
dernier. II cherchait ainsi jeter Ia déconsidération
sur l'école nouvelle, a exciter contre elle la fureur
des passions religieuses en Ia signalant comme une
conception de l'enfer, comme une ceuvre de démon,
et, pour arriver a ce bul, il ne reculail pas devant
les contre-vérités les plus audacieuses. Etait-ce
ignorance, était-ce mauvaise foi? C'est ce que nous
nous abstenons de décider, jugeant que nos lecteurs
sauront aussi bien que nous-mêmes a laquelle de ces
deux suppositions ils doivent s'arrêter.
Mais quoi qu'il en soit, ignorance ou mauvaise foi.
il estétabli, de l'aveu du Propagateur lui-mème, que
toutes ses imprécations contre les tendancesanti-reli-
gieuses de la nouvelle Ecole, sont de pure imagination.
Nous n'en demandons pas davantage et düt-elle
ne pas avoir d'autre résultat que celui-la, nous ne
pourrions que nous féliciter, pour l'avenir même de
cette utile institution, d'avoir ouvert avec notre pieux
confrère une polémique qui ne peut manquer de lui
être profitable, en Ia dègageant compléteraeut des fü-
cheux préjugés qu'on a cherché faire peser sur elle,
dès avant sa naissance.
YHle d'Ypres.
CoviRii, Cohmiuvai.. Séance publique du Samedi
A Février 1865.
Présents MM. Beke, bourgmestre; P. Bourgoiset
L. Merghelynck, échevins; Th. Vandenbogaerde,
Ch. Vandenbroucke, Ed. Cardinaei, Aug. Deghelcke,
P. Boedt, L. Vanalleynes, L. Vanheule, F. Mes-
siaen, Aug. Brunfaut, conseillers.
Absents t MM. Ch. Becuwe, Ch. Lannoy et Aug.
Beaucourt.
Après l'adoption du procés-verbal et avant d'abor-
der l'ordre du jour, M. le bourgmestre a donné quel-
ques explications sur le retard qu'éprouve la solution
de la question qui a surgi a propos de l'école de La
motte. Cette question s'est produite pour Ia première
fois devant le Conseil a l'occasion d'une demande de
radiation d'une hypolhèque au profit des soeurs de
Marie. C'était a Ia fin de 1858 et en 1859 Ie Conseil se
déclara incompétent pour accorder cette autorisation.
La situation de eet établissement attira néanmoins
l'attention et le 20 fevrier 1860, un membre du Col
lége en fit l'objetd'un rapport détaillé qui fut adressé
au ministère de la justice. Ce département dans sa
réponse se prononcait pour la réorganisation civile et
indiquait divers moyens d'y porvenir, sans s'arrêter
a aucun. Un rapport supplémentaire fut encore en-
voyé en 1860, et en juin 1861 le Collége, reprenant
l'affaire a la suite des interpellations d'un conseiller.
envoya toutes les pièces au ministre de I intérieur.
Celui-ci secontenta de les transmettre a son collègue
de la justice, qui, après avoir fait altendre longtemps
une solution, finit par déclarer que la surveillance de
l'enseignement donné par les soeurs de Lamotte ap-
partenait a l'autorité communale et le contróle de Ia
gestion économique et financière de eet établissement
au bureau de bienfaisance, mais que l'emploi des me-
sures propres a atteindre ce double but était subor-
donné a la promulgation de la loi sur les bourses.
Cette loi votée, iettrede rappel h M. le gouverneur
et nouvelle letlre officieuse M. le ministre de l'inté-
rieur. L'affaire en est la. M. le bourgmestre espère
néanmoins que'les arrêtés royaux seront publiés dans
peu de jours et immèdiatement, s'il faul l'en croire,
on ira résolument en avant.
Un second point qui a attiré l'attention du magis
tral, c'est le salaire des ouvriers. II rappelle en quel-
ques mots Immigration constante qui se fait dans notre
population ouvrière et dont il trouve la cause dans le
manque de travail et Ie taux faiblement rénumérateur
du salaire. Le seul moyen de parer a eet inconvénient
serait I'augmentation de ce salaire pour tous, mais
1'adminislration n'a pas qualité pour cela; elle ne
peut que donner l'exemple qu'elle espère voir suivre
par les administrations charitables et par les particu-
liers. II ajoute qu'il tient d'autant plus a présenter
ces observations qu'elles lui procurent l'occasion de
déclarer que l'autorité communale est tout-a-fait
étrangere a certain imprimo qui circule en ville et qui
lui semble contenir des dispositions oontraires A la loi