draient une désignalion écrite ou un signe, ou un objet quelconque autre que les carrés timbrés déta- chés de la lisle imprimée. Tel est, le syslème proposé par M. Rolin-Jacque- myns et sur lequel il appelle l'examen des hom mes compétents en matière de pratique électorale. L'examen en sections du projet de loi sur le temporel du culte est ajourné jusqu'au 8 mars, cè qui donne a penser que le projet lui-mème ne pourra pas être discuté dans le courant de la pré- cédente session. On regrettera ce retard, non pas que la loi nouvelle soit tellement urgente qu'il y eüt danger a l'ajourner encore pendant quelques mois, mais paree qu'il est dans le désir général d'en flair Ie plus tót possible avec les questions clérico-libérales, qui surexcitent inutilement ('opi nion publique et detournent son attention d'une t'oule de questions des plus importantes. Que le ministère füt inlérieurement trés - satis- fait de l'ajournement de la discussion dn projet de loi sur le temporel dü culte, il ne faudrait pas s'en étonner. Ce qui s'est passé au Sénat lors du vote de la loi sur les fondations de bourses doit lui faire craindre que notre Chambre haute ne rejette ce projet et alors, que deviendrait-il Voyez-vous lo gouverne ment avec une nouvelle dissolution sur les bras? II n'y aurait done rien de surprenant a ce qu'il fut dési- reux d'ajourner le plus longtemps possible une dis cussion qui peut aboutir a des complications dont il se sent incapable de prévoir dès aujourd'hui l'issue. La maison Lacroix, Verboeckhoven etC°doit mettre très-prochainement en vente un livre de M. Tempels, procureur du Roi en votre ville, sur l'enseignernent du peuple. On dit ce livre écrit a un point de vue en- tièrement nouveau et en dehors des idéés communé- ment agitées en matière d'instruction populaire. M. Tesch maintient-il, ne maintient-il pas sa dè- mission L'Echo du Luxembourg dit oui, d'autres journaux disent non. Lequel croire? Attendre sera Ie plus sage, d'autant plus que la chose en elle-même n'a que tout juste l'importance que lui donnent les journaux en pénurie de nouvelles plus intéressantes. C'est vendredi prochain, 24 février, que la Cham bre aura a s'occuper, sur le rapport de M. Bouvier, de la pétitition de l'avocat Vande Kerckhove sur les enróloments mexicains. Cette fois, il faut l'espérer, du moins, le Parlement daignera examiner avec l'at- tention et la gravitè qu'elle réclame, cette question considérable, sur laquelle une sorte de connivence universelle a cherché jusqu'a ce jour a étendre le voile du mystère. Cette fois, il comprendra qu'il a autre chose a faire que d'accepter bénévolement les prutestations dérisoires du gouvernement et que son devoir est de pénétrer au fond de cette triste et téné- breuse affaire. Ce qui est certain, et que M. Vande Kerckhove a démontré d'une facon claire comme le jour, c'est que nos lois ont été audacieusement, im- pudemment violées et que notre neutralité a souffert une grave atteinte. La loi demande réparation, lo pays demande justice. Nous saurons bientöt quel cas la Chambre veut faire de l'un et de l'autre. Conférences de SI. BANCEL. M. Bancel, dans son entretien du 9 Février, a étu- dié l'inüuence que Socrate a exercée sur la parole. Ce' examen présentait le plus puissant intérêton a répété trop souvent que l'Eloquence est un instru ment qu'exploitent les habiles; depuis Gorgias jus qu'a M. de Talleyrand, on n'a cessè de dire que Ia parole a été donnée a l'homme pour déguiser sa pen- sée. Socrate ne s'est point bornè proclamer et enseigner que l'éioquence n'appartient qu'a une belle óme, il l'a démontré par des preuves irréfragables. C'est a lui que revient l'immortel honneur d'avoir restitué a l'éioquence sa dignité, d'en avoir fait la compagne de la vérité et de Ja justice sa parole hon- nête a inQigé a jamais aux sophistes le stigmate de leur iropuissance. Tout concourt, du reste, a rendre attachante l'é- tude de cette grande figure. a L'ame de Socrate, dit Montaigne, est la plus par- faite qui soit venue a ma connaissance. C'est qu'en effet Socrate joignait a un sentiment profond du de voir, une intelligence des plus vives et un bon sens sans égalsa douceur dame était inaltérableil supportait sa femme, qui était insupportable; sa parole, inspirée par une haute raison, était aiguisée d'une ironie pleine de finesse. Ses enseignements ont inauguré cette tradition de vérités morales qui sont devenues l'apanags de l'humanité. Quand Socrate se déclara l'adversaire des sophis tes, Athènes se trouvait livrée a leurs déclamations un entrainement singulier s'était emparédu peuple; on constate dans l'histoire de ces engouements fu- nestes': un jour, n'a-t-on point vu une fascination de ce genre faire le succès de St-Acheuil? Aristophane joue les sophistes sur la scène méconnaissant la sa- gesse de Socrate, il lui prête les theories de ses ad- versaires et fait du juste le bouc émissaire de la so- phistique. Dans les Nuéesun citoyen nomméStrepsiades prie Socrate de donner des lecons son fils Phidippides Prenez-le pour élève, lui dit-il, c'est un garcon fort intelligent; quand il était petit, il faisait a la mai son dés chAtèaux, des bateaux, deschariotset des gre- nouillesen écorce de grenadecroyez m'en.il appren- dra facilement les deux manières que vous ensei- gnez... Nemanquez pas surtout de lui faire connaitrê les arguments a l'aide desquels on triomphe du bon droit et des lois. Les deux manières que Socrate enseigne consistent a défendre, a tour de róle, le juste et l'injuste. Socrate s'engage a faire I'éducation de Phidippides et Strep- siades enchanté lui confie son fils en lui recomman- dant de bien lui affïler la langue des deux cötés. C'est ainsi qu'étaient calomniés les enseignements de Socrateaussi la tradition impute- t-elle a Aristo phane d'avoir préparé, par les Nuées, la mort de So crate. M. Bancel n'est pas éloigné non plus de voir un crime dans ce chef-d'oeuvreil nous pardonnera d'a voir plus d'indulgence pour le grand comique; nous ne pensons point que les Nuées aient plaidé vingt- quatre ans a l'avance la cause d'Anytus et nous in- clinons a croire a l'idnocence du poëte dont la Musé fut baillonnée a l'heure oü le poison fut versé a So crate. Cette doctrine, signalée comme corruptrice, avait pour principe qu'il n'y a qu'un Dieu et se rail- lait des quatre mille divinités de l'Olympe. Un certain Melitus, touché des malheurs que cette impiété ne pouvait manquer d'attirer sur Athenes, se porta l'accusateur de Socrate, Diogène Laërce nous a conservé le texte de ['accusation Melitus, fils de Melitus, du bourg dePithos, in- tente une action criminelle contre Socrate, fils de So- phronisque, du bourg d'Alopèce. Socrate est coupable en ce qu'il n'admet pas les Dieux et qu'il introduit des divinités nouvelles sous le nom de Génies; Socrate est coupable en ce qu'il corrompt Ia jeunesse. Peine, la mort. II fut condamné a boire la cisüe; on connait le calme avec lequel il entendit prononcer son arrêt et leS admirubies paroles par lesquelles il termina le discours qu'il tint au peuple Si la mort est un passage de ce lieu dans un au tre et que ce qu'on dit soit véritable, que la-bas est le rendez-vous de tous ceux qui ont vécu, quel plus grand bien peut-on imaginer?... C'est pourquoi, mes juges, vous ne devez avoir que des espérances dans la mort, persuadés de cette vérité qu'il n'y a aucun mal pour l'homme de bien, ni pendant sa vie, ni après sa mort, et que les Dieux ne l'abandonnent jamais. Mais il est temps que nous nous retirions, chacun de notre cóté, moi pour mourir et vous pour vivre. Qui de vous ou de moi tient la meilleure part C'est ce qui n'est connu de personne, exceptè de Dieu. a C'est de celui qui s'exprimail ainsi que J.-J. Rous seau dit Socrate, mourant sans douleur, sans ignominie, soutint aisément jusqu'au bout son personnage, et si cette facile mort n'eut honoré sa vie, on doute- rait si Socrate, avec tout son esprit, fut autre chose qu'un sophiste. Ces paroles sont un outrage, dit M. Bancelsi Rousseau voulait montrer la distance qui sépare le fils de Sophronisque du fils de Marie, il n'avait pas besoinde cette injuste antithése la grandeur de Jésus n'avait rien a gagner a l'abaissement de Socrate. L'au- teur de 1 'Hmile eut dü laisser ces artifices de compo sition a ceux qui croyent adorer le cróateur en mé- prisant la créature. Ce n'est point la mort de Socrate qui seule a ho noré sa vie sesenseignementsauraient sufli a rendre jamais son nom mémorableil se consacra a la dé- fense de la justice. Sculpteur, il déposa le ciseau a qui nous devons Ie groupe des Graces, pour se faire sculpteur el ciseleur d'ames; il embrassa l'étude de la science de ce qu'on est. Vivre, ce fut pour lui, comme dit Senèque, guerroyer. Vivere, mili- tare est. II lutta vaillamment, sans trève et sans défaillan- ces, pour la vérité. II ne fut point un philosophe du coin du feu, un sage inpartibusson libéralisme fut militant. 11 répandit pleines mains la graine du bon sens avec cette clarté admirable dont il avait le se cret, il dissipait les nuages dorés dont les sophistes enveloppaient leurs phrases creuses et mettait dans tout son jour la vanitó de leurs discours empanachés. Ön sait avec quelle merveilleuse puissance de dé- duction, il amenait ies sophistes a confesser leur igno rance, les pressant de questions, relevant leurs con tradictions, les poussant jusqu'a l'absurde, Ies accu- lant dans leurs derniers retranchements et trouvant enfin dans leur confusion et leur silence l'aveu de leur impuissancé. (La süit'ë au prochain n°.) Nous extrayons les passages suivants, d'une lettre datée de Warnêton n II n'existe plus le beau corpse Pompiers que vous admiriez tant au mois de juin 1863. Qu'ils étaient beaux cependant, ces Pompiers au casque luisant,aux artnes étincelantesl Jeunes, forts, vigoureux, pleins d'ardeur et de bonne entente, au- tant ils appportaient d'entrain a une fête, autant ils montraient d'ardéur dans un sinistre quelconque. Leurs bonnes et rayonnantcs figures prometlaient longue existence au corps auquel ils étaient fiers d'appartenir. lis étaient tous enfants du peuple et leur chef même était homme de metier. Cela n'empêchait pas leur union; eonfiants l'un dans l'autre ils marchaient sous la bannióre de la fraternité la plus intime. Entretemps cependant l'administration commu nale vit changer un de ses élements Warnêton eüt un nouveau bourgmestre. Le jour même de son installation, le nouveau ma gistral installa son syslème administratif en provo- quant la démission du lieutenant des Pompiers. L'en- fant du peuple ue voulait pas subir d'injure de qui que ce futil se retira en conservant l'estime de ses concitoyens. Un officier de Pompiers doit toujours se refuser humilier ses epaulettes, quelque soit l'homme qui veut lui commander. Le corps des Pompiers était dès lors décapité. Son chef manquant il ne continua pas moins d'exister et de remplir tous les services ordinaires. Plusieurs fois les sous-ofliciers, au nom de leurs compagnons d'armes, réclamèrent la nomination d'un ehef; mais toujours notre administration, continuel- lemenl riche en promesses, omettait da faire la moindre démarche pour engager 1'une ou l'autre personne désignée a accepter la place de lieute nant. Que voulez-vous? On nait avec des sympathies et des antipathies. Celui-ci aime le vin, un autre la bière, un troisième le pain d'épices, M. Grimmon- prez les coirs, etc., etc. Dès lors, il ne peut rien y avoir de surprenant a ce que M. le bourgmestre de Warnêton n'aime pas les Pompiers. Un chacun ne vient pas au monde coiffe du casque romain et ne nourrit pas 1'espoir de mourir pompier 1 Certains hommes voient les gens d'armes de mauvais ceil et ont peur des citoyens armés! Ce sont la des antipa thies dont bien souvent on ignore les causes. Tou jours est-il que M. le bourgmestre de Warnêton n'ai- mant pas les Pompiers, qu'y a-t-il de plus nature' que ce magistrat employat tous Ies moyens pourdis- soudre le corps? Rien, évldemment. Nos édiles se refusèrent done a choisir un comman dant et abandonnèrent nos beaux Pompiers, espé- rant, par ce moyen, voir 1'un jour ou l'autre le corps se fondre comme la neige au soleil. II n'en résulla aucune fonte cependant, et M. le bourgmestre put continuer a dépiter a I'aise contre notre milice citoyenne qu'il abhorrait. Un jour enfin, M. Ricquier, sous l'étreinle d'une perte de patience mal déguisée, prononca ex cathedra la dissolution du corps de Pompiers et enjoignit chaque homme de déposer ses armes a la Maison-de- Ville. Les Pompiers, gens illeltrés pour la plupart, ne connaissent pas Ies pouvoirs d'un bourgmestre et ignorent que M. Ricquier, en cette occasion, outre- passait se§ pouvoirs au mépris de la loi. Ils obéirent aux injonctions du bourgmestreet voila com ment nous n'avons plus de Pompiers! Dernièrement, a unè séance du Conseil communal, un de nos conssillers démontra, la loi en main, que le bourgmestre de Warnêton avait agi illégalement en dissolvant le corps des Pompiers. M. Ricquier ne répondit point a cetté interpellation: il se borna a i- V X

HISTORISCHE KRANTEN

L’Opinion (1863-1873) | 1865 | | pagina 2