blessé des allusions ofFensantes pour notre armée na
tionale qui ont échappé, ce jour-la, a l'enthousiasme
échevelé du glorificateur des armées mexicaines.
Nous commencons S avoir des nouvelles de nos
volontaires mexicains. Toutes s'accordent pour pré
senter leur situation sous les couleurs les plus som
bres. A Mexico même, écrit un de ces jeunes gens
son père-, on assassine les soldats beiges et francais
en plein jour. Les choses en sont venues a ce point
que nous ne pouvons plus mettre les pieds dehors, si
ce n'est en nombre et armés jusqu'aux dents. Joi-
gnezacela, continue-t-il, que nous vivons en très-
mauvaise intelligence avec les soldats de l'armée'fran-
caise et qu'il ne se passe guère de jottr que l'un de
nous ne soit obligé de se battre en duel, ce qui n'est
pas gai, ajoute-t-il en manière de reflexion philoso-
phique. Quant aux services que nos volontaires ren-
dent la-bas a la cause de Maximilien, voici, jusqu'a
présent, en quoi ils ont consislé Les soldats mexi
cains étant d'assez mauvais tireurs, c'est a la légion
beige qu'est dévolu Ie noble office de fusilier les pa-
triotes; pour ma part, écrit notre jeune légionnaire,
j'ai aidé en fusilier dix-sept, ce qui est moins gai
encore que de se battre en duel.
Guillaume Cremers, le cabaretier donl je vous ai
entretenu dans ma dernière correspondance, vientde
présenter a M. le président du Tribunal de première
instance de Bruxelles une requête aux fins d'être au-
torisé a assigner a bref délai M. le général Euchêne,
l'organisateur, après M. Ghapelié, de la légion belge-
mexicaine. Cremers réclame de M. Euchêne une
sómme de dix mille francs, a titre de dommages-in-
térêts et Ia réintégration immédiate de son fits mineur
dans les rangs de l'armée beige. MM. Demeur, Vande-
lerckhove et P. Janson plaideront pour le deman-
deur.
Prés de quatre cents de nos gardes civiques se sont
rendus, lundi dernier, a Anvers, pour visiter les
travaux des fortifications. Cette expédition, qui ne
derait être qu'une partie de plaisir, a fini, comme la
retraite de Moscou, par une véritable débêcle. A
peine arrivés la station, nosmalheureux gardes qui,
pour la plupart, n'avaient pas encore déjeuné, se
sont vus immédiatement saisis par MM. les officiers
chargés de leur conduite et dirigés vers les différents
forts, par des chemins épouvantables et une pluie
tremper des canards. L'espérance avait d'abord sou-
tenu leur courageils se disaient qu'arrivés au pre
mier fort, ils trouveraient lè, leur visite étant annon-
cée, de quoi se reconforter un peu. Illusion, chimèrel
Les forts sont complélement inhabités vous y cher-
cheriez plus vainement un crouton ou un verre de
bière qu'un grain de platre dans un sac de farine. A
trois heures de l'après-midi, nos expéditionnaires
avaient visité trois forts, fait six lieues et rentraient
Anvers exténués, moulus, transis et affamés. On
m'assure même que plusieurs sont tombés malades et
n'ont pu revenir que le lendemain. Avis aux ama
teurs.
Warnêton, te 28 février 1865.
M. L. Ricquier, bourgmestre de Warnêton, par la
grace de M. On, est locataire de M. Dhanins de Moer-
d prouver A l'êge de cinq ans on ne crut pas pou-
voir lui refuser la sainte Communion qu'elle avait
demandée par les plus vives instances en joignant
ses larmes a ses prières.
jCette nourriture qui fait germer les vierges et
dont chaque année Marguerite se nourrissait trois
fois dans un age si tendre, produisit de biens beaux
i) fruits. Nous lisons dans sa vie que déja a l'êge de
sept ans, elle se macérait le corps en portant des
orties sur la chair.
Si notre sainte enfant ignorait encore l'existenee
de ces instruments dont la folie de la croix inspira
l'usage a tant de saints, elle n'ignorait pas que la
i) mortification el le sacrifice sont une des meilleures
preuvës de notre amour envers Dieu. Aussi a l'êge
de neuf ans, jewnait-elle durant tout le carême et
a toutes les fêtes de la Ste- Vierge, et cela deux fois
la semaine au pain et a l'eau! La nuit elle se levait
s secrètement pour faire oraison
Ayant un jour a l'dge de dix ans remarquè un
crucifix(I) elle se senlit teilement transportée par
(1) Les crucifix, si communs de nos jours, étaient proba-
blement très-rares cette époque.
kerke. La partie de terre qu'il a en bail de ca dernier,
était traversée, il y a peu de temps encore, par un
senlier inscrit a l'Atlas des chemins vicinaux de la
ville de Warnêton. Ce sentier, d'une grande utilité
pour les habitants de la localité, était très-fréquenté.
Mais sa fréquentation déplaisait fort a M. Ricquier,
locataire, qui décréta la suppression du chemin gê
nant.
M. L. Ricquier, bourgmestre, laissa agir M. Ric
quier, locataire. Celui-ci,proprio motu, sans observer
aucune formalité légale, laboura le sentier et planta
un poteau portant les mots Passage défendu.
A la dernière séance du Conseil communal, un con-
seiller interpélla M. le bourgmestre Ricquier sur la
suppression du sentier traversant la propriété de
M. de Moerkerxe il demanda si les formalités exigées
par la loi du 10 avril 1841 pour la suppression des
chemins vicinaux avaient été exécutées dans l'espèce
et exprima Ie désir de voir le Collége échevinal tenir
la main a l'exécution de la loi. M. le bourgmestre ré-
pondit a. qu'if verrail 11
Que verra-t-il?
Riensinon qu'il est, en même temps, bourgmestre
et locataireque comme locataire il trouve bénéfice
a maintenir la suppression du sentier et que comme
bourgmestre il doit, servant en cela l'intérêt public
avant le privé, ordonner la réouverture dudit sen
tier.
Espérons que dans cette lutte entre l'intérêt du lo
cataire Ricquier et le devoir du bourgmestre Ric
quier, celui-ci l'emporlera.
S'il en était autrement, nous plaindrions fortement
notre administration communale de faire taire ses
devoirs devant l'intérêt particulier.
Le sentier en question, chemin public inscrit
l'Atlas des chemins vicinaux sans avoir suscité au
cune réclamation, est une propriété publique qui ne
peutêtre aliénée qu'en exécutant certaines formalités,
entre autres une enquête et un avis du Conseil com
munal, qui dans l'espèce n'ont pas été remplies. Ces
formalités sont exigées dans tous les cas, aussi bien
vis-d-vis des bourgmestres qu'a Végard de simples ci-
toyens. II n'y a pas bien longtemps, notre administra
tion refusa de laisser supprimer un sentier paree que
les riverains ne se soumettaient pas certaines con
ditions. (On leur demahdait le paiement d'un certain
prix Ia commune),. Nous ne voyons pas trop pour-
quoi Ia propriété de M. de Moerkerke serait plus fa-
vorisée que les terres du cóté du Touquet! II n'y a
pas restriction pour les uns et liberté pour les autres.
M. Ricquier, le bourgmestre bien entendu, doit en
homme versé dans les lois administratives, avoir ap-
pris a l'école de M. On que tous les Beiges sont égaux
devant la loi; autrement dit, qu'il ne peut y avoir
deux poids et deux mesures.
Si M. Ricquier, bourgmestre, tolère que M. Ric
quier, locataire, supprime un sentier sans observer
aucune formalité exigée de par Ia loi, que M. le bourg
mestre tolère alors la suppression de tous les sen
tiers existant sur notre territoire et qu'il laisse aux
riverains la latitude de se partager les chemins vici
naux.
Nous ne savons quel parti prendra le magistrat-
locataire de Warnêton. Mais, s'il veut bien accepter
notre conseil, qu'il rétablisse le sentier qu'il a sup-
primé ou qu'il demande la suppression en exécutant
l'amour de Dieu, que rentre'chez elle, elle se donna
d jusqu'au sang la discipline avec un fuseau d'épines,
i> et l'auteur de sa vie ajoute qu'elle répetait eet
n exercice de pénitence le plus souvent qu'il lui était
v possible.
Les beaux sentiments et les saintes respirations
de son coeur dont ces actes n'étaient que I'expres.
sion, grandirent avec l'êge, surtout que jusqu'a
dix ans, Marguéritehabitaavecundesesoncles.qui
veillait sur elle avec la plus grande sollicitude,com-
n prenant toute t'étendwedu trésor qui lui était confié.
Un jeune homme que la nature avait doué des
plus brillantes qualités, jeta les yeux sur Margue-
rite, tucha de l'approcher et lui fit des propositions
v de mariage. Pour toute réponse notre sainte enfant
j> la rongeur sur le front, s'enfuit dans une église et
se jelant toute en larmes aucc pieds d'un crucifix,
fit spontanément vceu de chasteté perpétuelle.
Eprouvant les plus vifs regrets de s'être un in-
stant complwe dans Ia conversation d'une créalure,
elle ne sécha les larmes de son repentir que quand
Notre-Seignèur lui-même vint la consoler, et poser
sur sa tète une courönne pour la récompenser de
toutes les formalités légales.Il n'a que ces deux moyens
de sortir d'embarraschoisissant l'un ou l'autre, il
fera preuve de son respect pour la loi et la propriété;
il affirmera une fois de plus que les bourgmestres
n'ont plus de priviléges et que la loi existe pour tous
et contre tous.
Si cependant, ce qu'a D'ieu ne plaise, M. le bourgr
mestre voulait maintenir ,1a suppression illégale, il y
aöraït lieu dans ce cas, pour tous les propriétaires
de terrains sur Warnêton, de suivre l'exemple donné
en labourant les chemins lotigeant ou traversant leurs
immeubles et en placant un écriteau portant les
mots Passage défendu. Communiqué
Nous venons d'apprendre que M. Barbier-Muiier,
fabricant en cette ville, vien t d'acheter M. Derulle
un terrain d'environ 6 mesures, a l'emplacement de
I'ancien Eoorenwerli, hors la porte de Menin, a l'effet
d'y construire son établissement industriel et la cité
ouvrière projetés.
Conférences de III. B4IICEL.
D'Aguesseau, dans le discours qu'il prononca en
1695, pour l'ouverture des audiences du Parle-
ment, s'exprime en ces tertries
C'est en vain que l'orataiur se flatte d'avoir le
s talent de persuader les hommes, s'il n'a acquis ce-
lui de les connaltre. L'étucle de la morale et celle
b de l'éloquence sont nées eta même temps et leur
union est aussi ancienne dans le monde que celle
de la pensée et de Ia parole.
n On ne séparait point autrefois deux sciences qui
par leur nature sont inséparables Le philosophe
et l'orateur possédaient en commun I'empire de la
sagesseils entretenaient un heureux commerce,
une parfaite intelligence ontre Part de bien penser
et celui de bien parler; et l'on n'avait pas encore
imaginé cette distinction injurieuse aux orateurs,
ce divorce funeste a l'éloquence, de I'esprit el de la
raison, des expressions, et des sentiments, de l'ora-
teur et du philosophe.
Distinction funeste, en effetmais d'Aguesseau
t> se trompe l'antiquité a connu ce divorce.
G'est ainsi que M. Bancel a commencé son cin-
quième entretien. Ses auditeurs habituels avaient
déja trouvé dans l'enseignement même de l'éloquent
professeur la preuve de 1'erreur de D'Aguesseau.
Avant que Socrate n'unit intimement la philosophie
a l'éloquence, celle-ci était généralement eonsidérèe
comme une force dont il fallait user pour le triomphe
de l'injuste, tout aussi bien que du juste, et l'on van-
tait l'orateur comme Homère vante l'aïeul d'Ulysse,
parce qu'il surpasse tous les hommes dans I'art de
tromper. Les sophistes n'avaient qu'une religion,
celle de l'argentles demagogues qu'un moyen d'im-
fluence, les prodigalités de leurs flatteries.
Aristophane nous a légué, dans les Chevaliersun
immortel tableau des excès de la démagogie. M. Ban
cel n'a pu lire a son auditoire que quelques passages
rapides de ce chef-d'oeuvre les proportions de ce
compte-rendu nous imposient malheureusement le
devoir de les écourter encore.
Cette satire des Chevaliers est une attaque directe
contre Ctéon, un ancêtre de Collet d'Herbois et d'Hé-
son voeu de chasteté. Inutile d'ajouter que tous les
efforts de ses parents pour la faire consentir
cette union furent vains et inutiles.
d Le regret d'avoir un instant perdu la vue de son
divin époux (1), la poursuivait et lui faisait passer
dans les larmes des nuits entières. La S" Vierge
lui apparut un jour pour la rassurer et lui commu-
niquer en même temps une grêce et une force ex-
traordinaire. Aussi partir de cette époque la vie
D de Marguerite déjè si sainte, le devint encore da-
vantage. Pour éviter désormais le retour de si poi-
gnants regrets, elle résolut, tout en restant dans le
monde, d'y vivre dans une séparation et dans un
b isolement complet; elle s'imposa un silence perpé-
tuel et ce n'était que sur l'ordre de son confesseur,
qu'elle eonsentit s'entretenir avec Sa
mère quelques instants après son repas (2)elle
veillait teilement sur tout son extérieurqu'elle con-
vertit plusieurs personnes par sa seule présence.
{La suite au prochain na.)
(1) Durant le trouble, sans doute, oü I'avait jetée la décfê-
ration dü jeune homme? Cela se comprend.
(2) Charmante enfant! Comme sa mère devait être bien-
heureuse, elle aussiEt quel dommage pour les mamans de
nos jours qu'il n'y alt plus urt R. P. Seghers parmi nous!