JOURNAL D'ÏPRES DE L'ARRONDISSEIENI
YPREö, Bimanche Troisième année. j\° 11. i 12 Mars I8oda
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Ypres, 11 Mars.
Les Annales parlementair es ent publié dernière-
ment les avis de MM. nos évéques sur le projet de loi
concernant les fabriques d'église, soumis en ce mo
ment a la legislature. Ou se ferait dilficilement une
idéé de la violence de langage qui règne dans ces do
cuments. Veuillot lui-même, le grand Veuillot est
dépassè mais si loin que la passion entraine les
Grandeurs de Namur, de Gand et de Tournai, la
pakne revient, sans conteste, a Mgrs de Liége et de
Bruges, dont la verve, échauffée par uu zèle pieux, a
trouvó, pour flétrir le projet du gouvernement, des
accents jusqu'ici inconnus dans la prosodie adminis
trative.
Nous aurons prochainement ['occasion d'exposer
l'etrangeté, le ridicule des pretentions de notre épis-
copat sur cette matière importante et nous n'aurons
pas de peine a démontrer qu'ici encore, conune dans
la question de la ehurité et dans celle de i'enseigne-
meut, les interets de la religion que l'on invoque ne
sont que de pitoyables prétexles imaginés dans le but
de jeter le trouble dans les consciences nous mon-
trerons alors tout ce qu'il y a de monstrueusement
inconstilutionuel et retrograde dans Ie système qui
consisle a reveudiquer pour l'Eglise calholique, au
nom de nous ne savons quel droit diviu, la préten-
tion outrecuidunle de posseder et d'admiuistrer, en
dehors du coulróle des pouvo;rs publics, les biens
affectés au temporel du culle. Mais il nous a paru in
téressant de donner tout d'abord un échantillon des
aménites que nos vénérables prélats de Liége et de
Bruges adressent au projet de loi présente par le ca
binet liberalOn jugera, par ces quelques extraits,
des fureurs que la presentation de ce projet a allu-
mées dans le cceur de ces dpux pasteurs des aines et
de l'esprit de moderation et de justice qui a présidé
a leurs dèlibérations.
Votre projet, écrit Mgr de Bruges au Ministre de
(Suite.
Ge fut le P. Seghers, Beligieux Dominicain du
couvent de Lille, qui fut ['instrument, dont Dieu se
servit pour élever Marguerite au sommet de la per
il) fection.
Dieu fit connaitre d'une manière miraculeuse,
i> les dessins qu'il avait sur Marguerite.
La soif d'immolation qui avait porté notre sainte
a user si largement de la mortification, pour prou-
ver a N. S. toute l'etendue de son amour, s'accrut
avec lui. Non contente de s'ensanglanter par de fré-
quentes et crueiles flagellations, elle se privait
complètemenl de boisson et se serait également pri-
vée de nourrituresans les instances et les larmes
de sa mère et de ses deux soeurs. (1)
Son sommeil se réduisait chaque nuit a moins
d'une heure, et encore ne le prenait-elle qu'en se
jetant sur son lit toute couverte de ses vétemenls.
(1) Celles-ci sont évidemment répréhensibles d'avoir em-
pêché ce suicide par amour divin.
la justice, est une oeuvre de passion et non de rai-
son, il pêche contre toutes les lois de la sincérité
et de la franchise; e'est un masque dont on se cou-
i) vre pour masquer des prétenlions que l'on n'avoue
pas; iln'est ni sincère, ni honnête. II fait de l'évêque
un employé subalterne de l'Etat et met Ie curé en
curatelle, comme un indigne ou un incapable. II
expose le pays a de graves discordes el a de fa
il cheuses perturbations. II est plein de mépris et de
malveillance pour le clergé et le culte catholiques,
méprisant jusqu'a l'outrage, malveillant jusqu'a
l'injure, imprégné de sentiments mauvais, dictépar
o un esprit manifestement anti-religieux, versant a
Eleines mains l'opprobre sur les ministres du culte
catholique. C'est, de plus, une oeuvre de partia-
lité et d'injustice, UN VÉRITABLE VOL LÉ-
GAL.
Mgr l'évêque de Liége n'est pas moins aimable.
Son opinion sur Ie projet ministériel se résumé en
ceci, que ce projet u renferme, dans un certain nom-
bre d'articles, des mesures oppressives et spolia-
trices et qu'il respire, dans son ensemble, un mé-
pris évident pour le clergé calholique. La doctrine
sur laquelle il repose est fausse, absurde, mons-
trueuse. Demander aux évêques d'acquiescer
cette doctrine, c'est leur proposer de trahir des
principes qu'ils ne peuvent pas sacrifier sans par-
d jure et sans déshonneur. Le gouvernement ne peut
atlendre que le clergé et les catholiques beiges se
n déshonorent en trahissant leur conscience, se par-
jurent en reniant des principes QUI SONT DES
DOGMES, (III) Tout membre de l'Eglise, prêtre ou
laïque, qui concourrait a {'execution d'une sem-
blable loi, SERAIT PLACÉ SOUS LE COUP DE
L'EXCOMMUNICATION.
On croit rêverquand on lit de pareilles monstruo-
sitós ou, si l'on se sent éveillé, on se demande si les
hommes qui les ont écrilesde propos délibéré ne sont
pas plutót des échappés des petites maisons que des
princes de l'Eglise. Quoi, paree que je refuserai de
Tant de vertus ne pouvaient rester sans récom-
peuse, aussi N.S. combla-t-ilMarguerite des graces
n les plus extraordinaires. Les anges venaient l'as-
sister dans ses prières et N. S. vint un jour lui
présenter la sainte communion (1) et a plusieurs
reprises la St0 Vierge lui apparut. Souvent Mar-
guérite lisait au fond des coeurs les pensees les plus
secrètes et racontait a sa mère a Ypres ("2) tout ce
que son confesseur faisait a Lille (3)i
En voila assez pour prouver tout ce que J.-C fit
pour Marguerite. Mais cette fidéle épouse de Jésus
crucifié lui demanda une autre récompense, celle de
participer a ses douleurs.
Bientót, en effet, elle ressentit de violentes dou-
-(1) L'auteur met en note Plusieurs ontdouté de ce fait
le disant impossible. Nous remarquèrons que ce fait se ren
contre dans Ia vie de Ste-Cathérine de Sienne, vierge du tiers-
ordre de St-Dominique, et dans celle de Sle-Luduine et de
Ste-Claire de Monte Falco, etc., etc. Comment douter
encore après cela
(2) Dans les petits colloques après ses repas apparemment.
(3) Ces petites indiscrétions prouvent victorieusement, ce
reconnaitre a l'Eglise le droit de posséder et d'admi-
nistrer, a tilre de propriétaire, les biens des fabri
ques paree que, la Constitution a la main, je contes-
terai sa prétention de constituer une personne civile
dans l'Etatparee que, fidéle a dés principes que la
soeiété moderne ne peut abdiquer sans faire volte-face
vers le moven-óge, j'aurai afïirrné les droits séculaires
de la puissance civile et refusé de les sacrifier aux
exigences de l'épiscopat, j'aurai transgressé la loi di
vine et je serai placé sous le coup de l'excommunica-
tion Ce serait vraiment par trop odieux si ce n'était
pas aussi souverainement ridicule et béte.
Prenez garde, messieurs les évêques. Si c'est la
guerre que vous cherehez, vous l'aurez, soyez-en bien
convaincus. Mais avant de vous aventurer plus loin,
consultez vos forces et ne fermez pas trop complai-
samment les yeux sur celles de vos adversaires. La
Belgique est dévote, c'est vraimais elle est libérale
aussi et si vous la forcez un jour a choisir entre vous
et sa Iiberté, vous pourriez vous repentir d'avoir
trop présumé de son attachement a ses vieilles
croyances. Les événements de mai 1857 nesont pas
si loin de nous que vous n'en ayez gardé quelque mé-
moire. Méditez-les. Alors, comme aujourd'hui, vous
avez cru le moment favorable pour une croisade en
faveur de vos priviléges et vous aviez de plus qu'au-
jourd'hui l'excuse de l'inexpérience. Le succès, vous
devez vous en souvenir, n'a pas couronné votre en-
treprise la calholique mais libérale Belgique a ren-
versé vos hommes du pouvoir pour y porter vos ad
versaires. Ceux ci vous ont ménagés, trop ménagés,
et c'est eet excès de longanimité qui explique Ie retour
offensif dont vous nous menacez en ce moment. Seu-
lement, nous le répétons, soyez prudents et n'entrez
en campagne qu'ii bon escient, car, cette fois, la dé-
faite serait irremédiable et les libéraux vainqueurs
n'abandonneraient pas le terrain avant d'avoir fait
prononcer la séparation compléte de l'Etat et de l'E
glise par la suppression du budget des cultes.
leurs qui étaient miraculeusement interrompues
lorsqu'elle recevait Ia sainte Eucharistie. Quand
ses douleurs s'accrurent, on vit grandiravec elles
la résignation de Marguerite. Aussi N. S. lui appa-
rut-il pour la fortifier et lui promeltre de nouvelles
ft douleurs. Elles devinrent bientót excessives, la
Bienheureuse souffrait dans tous et dans chacun
de ses membres, des tourments semblables a ceux
qu'éprouvent les êmes dans le feuas du Purgatoire.
Jésus-Christ révéla a Marguerite qu'il les lui faisait
supporter peur qu'elle jpuisse dircctement se rendre
auprès de lui.
Ces douleurs quelque cuisantes qu'elles fussent,.
ne purent altérer la sérénité du visage de Margue-
rite qui s'offrait d'en souffrir de plus grands en-
core. Après trois jours passés dans ces tortures,
B elle vit venir son divin époux qui venait la convier
aux noces éternelles. Ayant adressé quelques mots
a sa mère, elle leva les bras au Ciel; mais l'épuise-
nous semble, i> rencontre tie certaines altégations faites par
des chroniqueurs voltairiens, que la B. Marguerite apparte-
nait düment au sexe féminin.