JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT
YPRËS, Dimanche
Troisième année. JX° 13.
26 Mars 1865.
Paraissant Ie dimanche de ehaque semaine.
PIUX D'ABOMSEMEST
POUR LA BELG1QUE
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Un-Numéro 25 Centimes.
PRIX DES ANNONCES
ET DES RECLAMES
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Le toet païable d'avance.
Laissez (lire, laiisei-voii» blSmer, mais publier voire penile.
On s'aibènne a Ypresnu bureau du journal, chez Félix Lambin, imp.-lib.,
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On traite a forfait pour les annonces souvent reproduces.Toutes lettres
ou envois d' argent doivent étre adressés franco au bureau du journal.
Ypres, to Mors.
L'Association libérale décidait, le 7 mai 1864, de se
réunir endéans les trois mois pour la révision de son
règlement. Les éleclions générales du 11 aoüt vinrent
metlre obstacle a la réalisation de ce projel que Ie
Comité ne perdit pourlant pas de vue. II résolut, sur
la proposition de M. le Commissaire d'arrondissement,
chaudement appuyée pir le Président M. Ern. Mer-
ghelynck.et a l'unanirnilè des membres présents, que
l'Association serait convoquéeitas le courant du mois
de décembre 1864 Nous sommes arrivés au 26 mars
1865 et jusqu'aujourd'hui aucune convocation n'a
été faite. II est bon que le public s'en souvienne.
Correspondance particulière de ('OPINION*
Bruxëlles, 24 Mars 1865.
Les in ter peil tions annoncées sur les affaires du
Mexique continuenl a preoccuper au plus haut point
l'< pinion publiqne. Que le gouvernement soit inter-
venu, directement et officiellément, dans la forma
tion de la legion mexicaine, c'est ce qui n'est plus
douteux pour personrae, d- puis la publication au
Moniteur de la fameuse ciren'aire adressée par le
m nistre de la guerre aux chefs de corps de l'armée.
Mais la question, telle qu'elle se trouve posée aujour-
d'htii devant la Chambre, n'est pas de savoir si le
gouvernement est, oui ou non, intervenu cette in
tervention, je Ie répèle, n'est plus contestable et je
doule qu'il vienne a la pensee du ministère lui-même
de la contester. Ce qui fait la gravitó de la discussion
qui va prochuinement s'ouvrir. c'est que le gouver
nement a consiamment nié cette intervention et que
le ministre de la guerre a volontairement, sciernmeiit,
induit la Chambre en erreur en lui donnant a croire
qu'il n'avait joué aucun róle actif dans cette affaire et
qu'il s'était borné a ne pas s'opposer (ce sont ses pro-
pres paroles) au recrutement mexicaintandis qu'il
est démontré mainlenaut qu'il a donné et fait donner
a M. Chapelié toutes les facililés nécessaires pour
l'accomplissement de sa mission. M. Chazal avait eu
soin de laisser ignorer a la Chambre I'exislence de la
circulaire du 25 juillel et grace a cette habile reti
cence, il avait obtenu d'elle qu'elle votat l'ordre du
jour proposé par M. Bara, lequel ordre du jour accep-
tait la déclaration faite par le gouvernement qu'il était
resté complétement étranger a ['organisation de la
légion mexicaine. La Chambre, éclairee aujourd'hui
par la publication des pieces au Moniteur, pardon-
nera-t-e!le a M. le ministre de la guerre de l'avoir
prise pour dupe? Né tiendra-t-elle pas a honneur de
vengerles institutions parlementaires en inöigeant a
M. Chazal un blame énergique et solennel Ceux-la de
nos représentants qui, sur la foi des dèclarations de
M. Chazal, ont voté pour l'ordre du jour présenté par
M. Bara, ne sont-ils pas, plus que tous autres,
intéressés lui demander compte de la surprise dont
ils ont été viclimes? Telles sont les questions que
l'on agite partöut et qui donnent aux interpellations
annoncées une importance toute particulière.
J'ai déja eu occasion de vous entretenir de l'affaire
Crimmers. Permettez-moi d'y revenir avec quelques
détails. Crimmers père avait donné a son fils mineur
Jean l'autorisation de s'enróler dans l'armée beige,
Grandes furent sa surprise et sa douleur quand il
apprit que son fils avait quitté son régiment pour
prendre du service dans l'armée de Maximilien. Grim-
mers père s'adressa au ministre de la guerre pour
que son enfant fut rappelé du Mexique. M, Chazal
fesant la sourde oreille, Crimmers saisit la Chambre
de sa requête. M. le ministre ne pouvait pas garder
plus longtemps le silence interpelié par M. Coomans,
il répondit que Crimmers fils avait oblenu un congé
pour faire ce qu'il voulait et que lui, Chazal, n'élait
pas responsable de l'usage que ce jeune soidat avait
pu faire ultérieurement de sa liberté. Plus tard, lors-
que parut au Moniteur l'etat nominatif des officiers et
soldats aulorisés a prendre du service dans le corps
mexicain, on devait naturellement s'attendre a voir
figurer sur eet ètat le nom de Crimmers fils. Eh bien,
non, le nom de Crimmers ne figurait pas sur eet ètat!
Comment expliquer cette prèterition? M. Bouvier
lui-même n'y comprenait rièn. Aussi ie député de
Virton se hêle-t-il de demander des éclaircissements
au département Je la guerre et que lui répond M.Cha
zal M. Chazal répond, par une lettre rendue pu-
blique, que Crimmers fils n'est pas compris dans
l'état nominatif paree qu'il n'a pas obtenu l'autorisa-
tion d'aller au Mexique et qu'en consequence, Crim
mers fils est un deserteur qu'il va donner ordre de
poursuivre devant le Conseii de guerre Mais voici
bien une autre affaire Les pièces publiées au Moni
teur sontaccompagnées d'une lettre de M. Chazal dans
laquelle il est dit que le nombre des autorisations
données s'élève en tout, officiers et soldats ensemble,
a 875. Or, si l'on additionne le nombre des officiers
et soldats mentionnés dans les trois tableaux insérés
au journal offcielquel chiffre total obtient on?
874! D'oü les malveillants concluent que l'on a
fait disparaitre après coup le nom de Crimmers fils et
que M. le ministre de Ia guerre a publié un tableau
incomp!et,et dans quel but? Dans le but de faire con-
sidérer ce malheureux jeune homme comme déser
teur I
Ce n'est pas tout encore Au ministre qui nie que
Crimmers fils ait été autorisé a entrer dans la légion
mexicaine, M. Paul Janson, conseii de Crimmers père
et l'un des membres les plus estimés de notre jeune
barreau, répond en affirmant en plein meeting, de
vant une assemblée composée de plus de trois mille
personnes, qu't'f a vu, de ses yeux vu, la copie au-
thentique de l'arrêté royal qui a accordé a Crimmers
fils l'autorisation d'aller au Mexique et il precise
eet arrêtè royal, dit-il, porte la date du 10 fevrier 1865
el pour n° le chiffre 13,117 de plus, le nom de Crim
mers fils y figure sous Ie n° 150. Enfin, il annonce
a l'assemblèe qu'il a autorisé-un membre de la Cham
bre a reproduire cette déclaration en son nom devant
le Parlement el il met publiquement M. Chazal au defi
d'oser traduire Crimmers fils devant un Conseii de
guerre comme déserteur
Je vous laisse a penser l'émotion que cette déclara
tion a produile dans le public. Que fera la Chambre
Entre M. Janson qui affirme l'existence de l'arrêté
royal et M. Chazal, qui Ia nie, peut-elle decider sans
enquête? A supposer qu'elle en ait bonne envie,
osera-t-e!le Je ne le pense pas. Ne vous étonnez done
pas si je vous ai si longuement entretenu de cette
affaire Crimmers on ne parle guère d'autre chose
ici.
Différents journaux ont annoncé que M. H. de
Brouckère avait recu tout récemment de S. M. une
lettre de félicitations au sujet des amendements pró-
sentés par lui sur divers articles du projet de loi
concernant le temporel du culte. II est très-vrai que
le Roi a écrit a ['honorable représentant de Mons,
mais que les journaux sachent, directement ou indi-
rectement, le contenu de la missive royale, vous
pouvez tenir pour certain qu'il n'en est rien et que les
commentaires auxquels on se livre a ce-propos sont
de pure imagination. Le secret est rigoureusement
gardé par M, de Brouckère et je tiens de bonne source
qu'aucune exception n'a été faite, pas même pour les
ministres, dont plusieurs n'auraient pas èté fêchés de
pénétrer un myslère qui leur semble suspect.
M.Tesch est plus que jamais décidé a quitter Ie mi
nistère, mais il est aussi plus que jamais difficile de lui
trouver un rempla^ant. M. Pirmez, sur qui le minis
tère avait jeté les yeux, ne veut, a aucun prix, de la
succession vacante. Est-ee repugnance réelle du pou-
voir ou bien circonspeclion Je l'ignore, mais en at
tendant que l'avenir nous éclaire sur ce point, tou-
jours est il que le jeune représentant refuse trés ca-
tegoriquement l'honneur de diriger le département
de la justice.
M. Rogeard, l'auteur des Propos de Labienus, est
arrivé, il y a quelques jours, Bruxelles. II assistait,
mercredi dernier, au meeting de la Louve. C'est un
homme de 40 a 45 ans, au teint chaudement co
lore, aux traits nettement accusés et rappelant un
peu, par l'ensemble de la physionomie, notre compa-
triote Victor Joly. Les Propos de Labienus ont eu
ici un énorme succès de librairie. Reste a savoir si
M. Rogeard trouvera de son goüt que MM. les libraires
exploitent ce succès a leur benéfice exclusif.
i
Le Carême a mis fin aux frivoles plaisirs de la
danse. Au Quartier-Leopold, on ne danse plus, on
dine, ce qui passe pour une occupation infiniment
plus sèrieuse et mériloire. Entre tous les diners
sérieux, celui que donne, chaque semaine, Mme la
baronne de Wyckersloottient le premier rang
les princes de la table en parient avec des larmes
d'attendrissement dans la voix. La charmante hó-
tesse tient, d'ailleurs, a faire les choses compléte-
ment et royalement au diner succède un concert
oü sont entendus les principaux de nos artistes
lyriques et executants. 11 y a quinze jours, elle
voulut avoir la Patti mais devinez ce que de-
manda la diva pour une soirèe? Dix mille francs!
C'est pour rien I