Une rude lecon.
Les éleclions aux différents grades vacants ont eu
lien dimanche pour les quatre compagnies de notre
garde-civique. L'incident le plus intéressant de la
journée a été le choix du capitaine de la 3" compa
gnie. C'esl qu'en efftt ce choix empruntait anx cir-
constances une importance parliculière.
Au lieu d'envisager, comtne cela s'élait touj >urs
pratique jusqu'ici, les capacités, les services rendus
ou les sympathies acquises. au lieu de réunir tous les
esprits palriotiques dans uu bul camraun, la prospé-
rité de l'institution, quelques-uns avaient trnuvé
bon de ressusciler des demarcations de caste. Une
étroile union s'était établie entre de nobles et puis-
sants seigneurs, grands et pelits barons, et la fine
fleur des Paulistes, pour faire triompher le candidal
de leur choix, leur représentant naturel- Rien d'eton-
nanl d'ailleurs; noblesse oblige. Et, loin de se plaindre
de la conception de cette sotte idee, il y a plutöt lieu
de s'en réjouir. La bourgeoisie a fièrement relevé le
gant qu'on lui jetait a la face le scrutin a inflige une
nouvelle et dure lecon.
Dire les sollicilations pressanles, les démarches
actives faites, les promesses et les menaces, tons les
ressorts de la pression, mis en mouvement, raconler
les moyens employés,, signaler les influences en jeu
se ra it chose curieuse et risible tout a la fois, si le ca-
ractère trop intime de ces révélations ne nous obli-
geait a une grande retenue. A qnoi bon d'ailleursT
La personnalité n'est pas le but de nos réflexions.
Nous comprenons qu'au point de vue individuel un
échec est toujours une pénible chose que l'on cherche
a éviter par tous les efforts et nous sommes tout prêts
a compatir a une catastrophe.
Mais il est de notre devoir de dire franchement,
sans exagération comme sans faiblesse, l'impression
pénible que nous causent quelques particularilés de
cette lutte. Quelle singuliere méprise ou quel triste
aveuglement a entrainé la personne influente, a
la demarche n de laquelle, pour nous servir des
termes du Progrès, nous avons dü la candidature de
M. lweins-Storm? Comment M. le bourgmestre, l'elu
de la bourgeoisie, bourgeois lui mème, a-t-il pu se
mèprendre a ce point sur les véritables sentiments
de cette bourgeoisie et se mettre en opposition for-
melle avec les voeux bien connus de la plus grande
partie de ses concitovens?
La tentative était maladroite au premier chef,
comme l'expérience vient de le démontrer, et sa con-
sèquence la plus claire et la plus immèdiate sera de
déconsidérer et d'amoindrir l'importance du chef de
la commune. II est deplorable que l'autorité se soit
exposee avec tant de légèrete et d'irreflexion aux
échecs, pour la satisfaction peu importante d'un ca
price satisfait.
Comment d'autres encore, qui doivent a la bour
geoisie leur election et partant leur influence, osenl-
ils exercer cette influence contre leurs soutiens na
turels? Ne craignent-ils pas que tót ou tard la bour
geoisie se souvienne?
Singuliere contradiction 1 Nous avons été témoins
des cris de rage et des invectives que la proclama
tion du scrutin a fait naitre sur les lèvres d'un con-
seiller communal el nous avons vu dans cette él range
lutle des hommes, donl le liberalisme s'offense du
moindre soupcon, accoles aux chefs des stokslaegers
du 41 aoütl
Etait-ce simple efifet du hasard? Ou bien le mot
d'ordre etait-il donné? La seconde supposition est la
seule raisonnable, la seule vraie. Le Progrès, ce jour
nal toujours si prècieux, se chargera de nous le
prouver.
On sait avec quel soin nous évitómes de parler
des éleclions de la garde-civique, ne voulant prendre
fait el cause pour aucun des eaudidats contre l'autre.
Nous sommes couvaincus que les cadres, pour
exercer l'autorité morale nécessaire, doivenl être le
résultat du choix libre el spontane des gardes, que tel
est le véritable esprit qui a dictè les dispositions de
la loi relatives a la designation des chefs et qu'il faut
bannir d'une institution aussi démocratique que la
garde-civique tout ce qui pourrait avoir un semblant
d'influence.
Ces considératioos que nous osons a peine émetlre,
tant elles sontdes veritesde M. de La Palisse, expli-
queront notre abstention.
Le Progrès ne crut pas cependant devoir imiter
notre réserve. Lui qui a toujours a sa disposition des
personnes influentes, il tenait a les utiliser el, la veille
de l'élection, il imprimait l'incroyable article que l'on
sait.
Ce plaidoyer n'a qu'un but, exalter Ie candidal fa-
voriles autres noms, jetés currente calamone ser-
vent qu'a former l'encadrement et pour qu'aucune
ombre désagréable ne s'étende sur le tableau, notre
malin confrère supprime d'un trail de plume les can
didatures qui ne lui sont pas sympalhiques.
Mais lisons, craintede perdre quelquechose, ct Beau-
is coup de nos concitovens. dit-il, aspirent a l'honneur
de faire partie du cadre du balaillon. Cependant, il
n'y aura pas de lutte.
Cependant est joliEt pourquoi n'y aurail il pas da
lutte
Paree que les gardes se sont entendus pour que
les elections se fassent rapidement En quoi done
une election esl-elle moins ra.pidequand il y a deux
candidats au lieu d'un En vérité, Joseph Prudhomme
n'est pas plus fort I
Paree que iIs (les gardes) ont décidé que désor-
d mais la loi sur la Garde-civique devait ètre sérieu-
sement exècutée, et que ceux la seuls, qui sont en-
tièrement dèvoués a cette institution, seraient pré-
b fèrés.
Ainsi, voila qui est entendu. Yous tous qui avez
occupé des grades dans la milice citoyenne el vous
qui en occupez encore, car il n'y a pas de distinc
tion, vous n'avez été ni sérieux, ni dévouésc'est
le pavé de l'ours que le Progrès vous lance, a vous
de vous garer comme vous pourrez.
Heureusement désormais tout cela va changer.
Le candidat du Progrès est le nouveau Moïse qui
doit sauver le peuple d'Israë'. M. lweins-Storm
qui, la suite de démarches de personnes influentes,
b a accepté avec empressement l'une des candida-
b tures, sera probablement èlu, d une forte majorilé,
capitaine de la 3® compagnie, b
Nos lecteurs savent comment les predictions de
notre confrère se sont réalisèes! Pauvre confrèrel il
n'est pas plus heureux dans ses prophéties que son
jeune frère, le Volksvriend! II devrait ponrtantcom-
prendre une bonne fois que le temps des Prophètes
est passéil nous annoncail un capitaine pour la 3""
compagnie et nous n'avons vu poindre qu'un caporal
a la 4"! Désormais Ie Progrès ferabien dene plus pré-
dire..., qu'après coup, s'il veut s'éparguer de grosses
bévues.
Et que doit dire de eet encourageant succès Ia
personne influente b sur les épaules de laquelle le
candidal évincé tombe si lourdement Combien elle
doit aujourd'hui regretter sa démarche 1 i>
Dieu préserve les candidats de pareilles influences1
Dieu les préserve surtout d'étre prónés par le Progrès,
dont l'amitié suffoque et la protection assomme!
Encore une fois, pas d'influenees dans les elections
de la Garde-civique, ni direcles, ni indirectes. Ces
mots employés a dessein par M. le major Hynderick
dans son ordre du jour, ouvrent une nouvelle voie a
notre garde-civique. Nous espérons que celui qui les a
écrits n'oubliera jamais ses engagements.
Ni directes, ni indirectes, e'est-a dire abstention
compléte, non-seulement du chef lui-meme, mais
mème de ceux qui, en conséquence du grade dont ils
sont revêtus, entretiennent avec lui les rapports les
plus suivis.
Ni directes, ni indirectes, c'est a-dire pas de dé
marches, pas d'instances, ni de la part du chef, ni
par personnes interposées.
Telle est la véritable doctrine. C'est la seule qui
réussira a resserrer les liens qui doivent unir les
gardes civiques et a développer chez eux les senti
ments de fraternité. Soyons certains que M. Hynde
rick partage ces idéés et qu'il ne s'en tien dra pas aux
termes stricts de sa circulaire, mais voudra de plus
calmer l'ardeur d'un zèle excessif qui n'aurail d'autre
résultat que d'engager inutilement sa responsabilité
Seul, le Progrès ne sera pas de eet avis. Lc jeu des
influences est le premier article de son Credo electo
ral. Peu scrupuleux sur Ie choix de ses alliances, il
lendra la main aux adeptes de S. Vincent-de-Paul,
aux stockslaegers, a tout ce qu'on voudra, pourvuque
sa volonté doinine. Au fond, et en depit de toutes
ses protestations, Ie Progrès n'est qu'un aristocrate
sous un masque liberal. La campagne qu'il a entre-
prise et qui vient de finir si comiquement, le dé
mon tre aux plus aveugles.
Félicilons-nous que les bourgeois, qui forment la
majorilé dans la Garde-civique et qui ne sont pas les
moulons de Panurge que le confrère se figure, lui
aient inflige une lecon qui n'est pas ia première et ne
sera certainement pas la dernière.
En profitera-t-il au moins?
Ne l'espérez pas il est des gens incorrigibles.
Voici Ie résultat général des élections aux grades
vacants dans les différentes compagnies du bataillon
de la garde-civique de notre ville
4" COMFAGNIE.
Pour le grade de capitaine. Volants, 50.
F. Sursan, 40 voix lweins Storme, 1 15. Vander-
slichele, 1. Blancs, 8 Majorilé absolue, 22.
Pour le grade de lieutenant. Volants, 53.
E. Dusillon, 26 voix Em. Vandermeersch, 16;
Em. Dewaeghenaere, 3A. Backerooi, 2. Blancs,6.
Majorité absolue, 24.
Pour le grade de fourrier. Votants, 53.
G. Joos, 38 voix; B. Cuvelie, 4; Ch. Hollevoet, 2;
F. Sursan, Alph. Rosoor, lweins Storme, E. Dewae
ghenaere, Ed. Verschaeve, 1 voix. Blancs, 4.
Pour le grade de sergent Votants, 49.
G Vuylsteke, 26 voix: B. Vanderstichele. 14;
V. Lamps, Em. Dusillon, Ch Nolf, T. Van Praet,
B. Cuvelie, Ed. Verschaeve, 1. Blancs, 3.
Pour le grade de trois caporaux. Votants, 48.
Iweins-Storme, 21 voix; G. Comeyn,16; Em. Du
sillon, 15; L.Desaegher, 12; V. Lamps, 12.
M. Dusillon etant èlu au grade de lieutenant, un
ballottage devait avoir lieu entre MM. Desaegher et
Lamps, mais ces messieurs orit declare ri'accéptèr au
cun grade. Les deux premiers seuls sont élus capo-
ra ux
2me COMPAGNIE.
Pour Ie grade de lieutenant. Votants, 40.
H. Podevyn, 35 voix Souneville, 1. Blancs, 4.
Majorité absolue, 19.
Pour le grade de sous-lienlenant. Votants, 45.
P. Dupret, 39 voix; Sonneville, 2Félix Rabau,4.
Blancs, 3. Majorité absolue, 22.
Pour le grade de caporal. Votants, 43.
B. Sonneville, 14 voix IJ. Podevyn, 4 Iweins-
Storme, 1Blancs, 9. Billets nuls, 18.
Pour le grade de fourrier. Volants, 44.
B Cuvelie, 26 voix; Félix Rabau, 7 P. Vande-
venne. 2 Ed. Bucher, A. Vandenberghe, Ch. Poot,
Iweins-Storme, 1 voix, Blancs, 5.
3™® COMPAGNIE.
Pour le grade de capitaine. Votants, 53.
L. Van Acker, 25 voix; Iweins-Storme, 25.
Blancs, 3. Majorité absolue, 26.
Ballottage Volants, 54. L. Van Acker, 28 voix
Iweins-Storme, 24 Blancs, 2.
Pour le grade de lieutenant. Votants, 49.
H. Decoene, 43 voix, Blancs, 6. Majorité ab
solue, 23.
Pour le grade de deux sous-lieutenanls. Votants, 39.
F. Begerem. 31 voix; E, Froidure, 28 A. Dumou,
9; Iweins-Storme, Pironon-Cornetle, J. Smaelen. 1,
Billet nul, 1. Blancs, 3. Majorilé absolue,! 9.
4e COMPAGNIE.
Pour le grade de lieutenant.Votants, 56.
T. Ferryn, 28 voixT. Henniou, 26. Blancs, 2.
Majorité absolue, 28.
Pour le grade de sous-lieutenant. Votants, 56.
P. Jolyt, 31 voix; Em. Liebaert, 2 C. Liebaert,
A. Vaneeckhout, Ferryn, 1 voix. - Blancs, 20.
Majorilé absolue, 24.
Pour le grade de fourrier. Votants, 57.
A. Vaneeckhout, 41 voix; T. Ferryn, 4; J. Knoc-
kaert, 2A Vandaele, F. Liegois, D. Pickhaut,
A. Donck, F. Titeca, A. Ferryn, 1 voix. Blancs, 4.
Pour le grade de sergent. Votants, 52.
F. Liegeois, 30 voix E. Leroy, 15 S. Verlinden, 2
Leroy, Vandaele A., B. Lagrange, DeSluers, Merghe-
linck, 1 voix. Blanc, 1
Pour le grade de 5 caporaux. Votants, 46.
J. Knocknert, 19 voix; F. Delacauw, 14; J. Mail-
lard. 13; D. Desmaret, 13L. Wyckaert, 12 L. Tack,
4; Ch. Beke, 2Ed. Vandenbogaerde, 5 E. Dusil
lon, 4 A. Vandaele, 4S. Verlinde, 3 D. Pickhaut,2;
A. Donck, 2 lweins Storme, 10 T. Versavel, 5
C. Vandamme, 4 G. De Stuers, 4 A. Plalteuw, 2
L. Platteuw, 1 F. Titeca, 4 A. Verschaeve, 2
A. Carpenlier, 4 B. Vanderstichele, 7 L. Vanden
bogaerde, 2 B. Lagrange, 4 G. Nyssen, 4 G. Ver
schaeve, 4 A. Merghelinck, 1 J. Donck, 1 E. Don-
cker, 4 Em. Liebaert, 4 F. Bartier, 1.
Un acte de courage.
Nous apprenons que le bourgmestre d'une des
communes les plus importantes de l'arrondissement,