JOURNAL Dl PRES DE L'ARRONDISSEMENT
1" Pil ES, Dimanche
Troisième année.
- iV M.
2 Avril 1805.
Paraissant le dimanche de chaque semaine.
1»IS1X 11'ABWXISEMENiT
POUR LA BELGIQUE
8 francs par an 4 fr. 50 nar semestre.
Pour l'Etranger, le port en sus.
Un Numéro 25 Centimes.
L'OPIHIOiï
PRIX DES iXXOICES
ET DES RECLAMES
10 cenlimesla petite ligne.
Corps du journal, 30 centimes.
Le tout pjvarue d'avarce.
t.aisscz dire.laisSnz-vous blAmer, mais publifiz voir* pensée.
On s'abnnne a Ypres, au bureau du journalchez Fêlix Lambin, imp.-lib.,
rue de Dixmude, 5ü.
On traite d forfait pour les annonces souvent reproduif es. Toutes lettres
ou envois d' argent doivent étre adressés franco au bureau du journal.
E'Intérct libre et Ie débiteur en prison.
A Monsieur le Rédacteur en chef de la Paix.
Nous vetions de proclnmer la liberté compléte, illi-
mitée, du taux de l'intérêt. De i'usure, naguère pri
vilege de quelques gredins, nous avons fait un droit
pour tout le monde, dans la pensée qu'elle se puri-
fierait au contact des honnétes gens et qu'abandonnée
a la libre concurrence, elle finirait par se détruire
de ses propres mains.
Avons-nous eu tort, avqns-nous eu raison de le
croireainsi? L'avenir nous le dira. Quant a moi, j'ai
une confiance si profonde dans la liberté, que je ne
redoute nullement pour elfe la nouvelle épreuve
qu'elle va subir.
Mais a peine I'usure est-elle abolie que des voix
s'élèvent en grand nombre pour réclamsr une autre
réforme. Au Sénat, M. le cornte de Robiano, dans la
presse, Vindépendance et une foule de journaux de
toute nuance demandent que, comme conséquence de
la liberté des stipulations en matière de prêt, le droit
de contrainte corporelle soit immédiatement enlevé
au créancier. Le gouvernement lui-même a fait en
tendre des paroles favorables a cette réclamation
M. le ministre des finances a déclaré au Sénat qu'il
était persunnellement ennemi de la contrainte par
corps et qu'une réforme de la legislation eu cette ma
tière pouvait être considérée comme nécessaire.
Qui ne devait penser qu'un mouvement aussi émi-
nemment libéral allait vous compter au nombre de
ses plus chaleureux partisans
Eh bien, non. Par une contradiction bizarre et
que je ne parviens pas a m'expliquer, il se fait que
vous, qui consacrez depuis dix ans toutes les res
sources de votre dialectique a faire prévaloir les droits
de la liberté individuelle, inalienable et imprescrip-
CXISKRIE.
Connaissez-vous le Musée de notre ville? A l'occa
sion de la Foire, les portes de ce temple étant ouvertes
au public, le désir nous a pris de lui rendre visite, et
nous venons aujourd'hui communiquer au lecteur les
réflexions qu'elle nous a suggérées. Notre intention
nest done pas de faire ici une revue de lous les objets
d'art et de toutes les curiosités qui s'y trouvent, mais
une simple promenade dans les salles de l'exposition.
Le succès de la Société des Beaux-Arts, qui, comme
chacun sait, est éclose d'une exposition orgauisée eu
1843 au profit des pauvres de la vide, revient bieu
plus a la générosité des citoyens qu'a l'intervention
de la commune.
On eroirait peut-ètre que le public se porte au
Musée avec l'empressement que méritent ces collec
tions. II n'en est pas tout-a-fait ainsi, les visiteurs
sont rares. Cette nonchalance du public s'explique
jusqu'a a un certain point. C'est qu'on ne fait rien
pour l'v attirer ni pour en rendre ['appreciation fa
cile. Le public, a qui les portes sont ouvertes, tra
verse les salles sans umporter le moindre souvenir
des objets que l'on expose a son attention. Ilexiste
il est vrai ici un catalogue, cette ceuvre que la Bi-
bliothèque aLtend depuis 20 ans et que Ie Directeur a
tib'e, vous devenez lout-a-coup, au grand étonne-
rnent de tous, le défenseur. le champion de la con
trainte par corps, e'est-a-dire d'un abus qui pousse.
jusqu'A en être fóroce, le mépris de la liberté hu-
ma ine.
Mais j'ai mieux faire, Monsieur, que de relever
devant le public l'étrange inconsequence oü vous êtes
tombé. Vous n'êles pas de ces esprits enflés d'eux-
mêmes qui mettent leur gloire a resler fidèles,mêrae a
leurs erreurs vous ne vous croyez engagé qu'envers
la justice et la vérité. Je puis done, sans trop de pré-
tention, espérer vous convertir a une réforme que je
crois non-seulement utile, mais commandée par les
régies les plus élémentaires de l'équité.
Je ne veux pas rechercher si, considérer les
choses au point de vue métaphysique, l'homme a le
droit de disposer de sa personne au point de l'engager
comme garantie d'une dette d'argent qu'il contracte.
Ma thèse est plus modeste. Je veux tout simplemeut
établir a vos yeux qü'avec la liberté de l'intérêt telle
qu'elle est reconnue par la loi nouvelle, la contrainte
par corps n'a plus de raison d'être et qu'elle est de-
venue une abominable iniquité.
Dans la legislation que nous venons d'abolir, la
contrainte par corps s'expliquait d'une facon assez
plausible. Le législateur intervenait entre les parties
contractentcs avec la pretention de les protéger l'une
contre l'autre. II disait au creancer Je te defends
decouvrir ton risque au-dela d'une certaine mesure;
mais ce que je t'enlève en garantie de ce cóté, je
te le restilue d'un autre ton debiteur te rembour-
sera ton capital avec l'intérêt que je t'ai permis
de stipuler ou bien je te donnerai le droit de le mettre
en prison. Au debiteur, il tenait un langage analogue
Je te permets, lui disait-il, d'engager la liberté, mais
je te mettrai a i'abri de la rapacité de ton créancier en
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sans doute fait voeu de ne jamais donner au public;
mais ce catalogue, qui date de 1846 et se vend au
prix exorbitant de 90 centimes, est loin de rernplir
les conditions désirables. Et puis les étiquettes que
portent certains objets (ils n'en portent pas tous)
sont écrites dans un langage que tout le monde chez
nous ne comprend pas. Mais franchissons l'escalier
qui conduit au premier étage.
Ce qui nous frappe tout d'abord, c'est qu'une foule
d'objets, de genres bien différents, se trouvent dispo
sés ici sans ordre comtne sans goüt. Voici sur le pa
lier un éléphant qui a coüté a la commission, dit on,
plus de 1,200 francs, y compris ses superbes defenses
(en bois); au dessus de la porte un bon tableau de
Vinkeboom, une autruche, un crêne, un portrait en
pied de Charles I", occupant le trameau, et le mur
recouvert de tableaux, sculpture, etc. Quel classe-
mentL'intérieur de eet étage est divisé en deux
salles dont la première comprend les collections
d'armes, de porcelaines, poteries, de vilraux peints,
d'autiquités et de curiosités, d'hisloire naturelle, de
mineralogie, etc.la seconde les tableaux, les sculp
tures, lessceaux, cachets, médailles et monnaies.
Tout le monde a vu le glaive qui servit a trancher
la lête du comte d'Egmont et que, d'après ia tradi
tion, Rythovius, lcr évèque d'Ypres, apporta en cette
limitant le taux de l'intérêt que tu seras obligé de lui
payer.
Protection du debiteur par la limitation de l'inté
rêt, protection du créancier par le droit de coërcition
personnelle, tel était le système de la législation an-
cienne, système d'équilibre et de pondération dans
lequel chacune des parties contractantes, tour a tour
menacée et protègée, se retrouvait, en fin de compte,
sur un pied d'égalité a peu prés parfaite vis-a-vis de
l'autre.
En est-il encore de même aujourd'hui? Evidern-
ment nonl'équilibre est rompu au profit du créan
cier et la contrainte par corps n'a plus de raison
d'être. Aujourd'hui que le prêteur est libre de stipu
ler lel intérêt que bon lui semble et qu'il peut cou-
vrir son risque par telle prime d'assurance qu'il juge
convenable, si exorbitante qu'elle soit, de quel droit
réclamerait-il, en effet, le maintien de la garantie
supplémentaire de la contrainte par corps, que la loi
ancienne n'avait accordée au créancier que précisè-
ment comme une compensation au dommage qu'elle
lui infligeait par la limitation de l'intérêt? Quoi, le
prêteur est devenu maitre de débattre avec son em-
prunteur, et cela dans une liberté absolue, illimitée,
les conditions du prêt que celui-ci sollicile il lui est
permis de réclamer une prime d'assurance de cent,
de deux cents pour cent, et ce ne sera pas assez que
de lui avoir restilué sa pleine et entière liberté, il
faudra encore lui conserver le droit de ineltre la main
sur Ie debiteur que sa rapacité aura mis hors d'etat
de le satisfaire? Voila ce que je me refuse admettre
et que je considère, pour ma part, comme une criante
injustice.
Que vous dirai-je de plus? Sous Ie régime de l'in
térêt limiié, je concais que la loi intervint, en faveur
du créancier, pour lui assurer, par I'exercicede la con
trainte personnelle, le remboursement de sa créance,
ville. Maisau milieu d'une masse d'armes, dont quel-
ques-unes du moven Age, se trouvent pêle-mêle des
objets plus sinislres encore un sabre de sergent-
de-ville, trois casques et un fusil de pompier! La
crosse du fusil est carbonisée et le canon rougeêtre;
son inscription porte Souvenir d'un commencement
d'incendie a l'Hdtel-de-Ville, le 24 fevrier 1844. Pré-
cieux souvenir de l'incurie de quelque employé ou
du projetavorté de quelque Erostrate moderne I
Les porcelaines ne présentent qu'une pièce assez
belle et les poteries ne se distinguent que par quel
ques specimens qu'on trouve encore chez tous les
potiers du monde.
La collectionde vilraux,quoique peu nombreuse, pré
sente quelques beaux èchantillonsde cet art admirable
de nos ancêtres, perdu malheureusement aujourd'hui.
Au nombre des antiquités, on remarque des objets
d'une grande valeur archéologique, tels sont des in-
truments de torture de l'époque de l'lnquisition et
deux procès-verbaux y relalifs,des anciennes mesures
et poids de la ville, des cachets en fer ayant servi
plomber les draps fabriqués a Ypres au xiv" siècle.
N'oublions pas la collection de vases, urnes et lampes
tumulaires, de l'époque romaine et gallo-romaine,
provenant des fouilies de Tongres et dont Ie Musée
s'est enrichi depuis pen.