JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT IMmanche Troisième année. IV' 15. 0 Avril 1865. I>i(l\ l>'ABO»lEIHË»T POUR LA BELG1QUE 8 francs par an 4L fr. 50 par semestre. Pour l'Etranger, Ic port en sus. Un Numéro 25 Centimes. PIC1X OES ANNONCES ET DES RECLAMES 10 centimes la petite ligne. Corps du journal, 30 centimes. Le tout taxable d'ayance. Paraissant le dimanche de chaque semaine. laissez dire, taissez-vous blèmer, mais publiez voire pensée. On s'abonne a Ypres, au bureau du journalchez Fêlix Lambin, imp.-lib., rue de Dixmude, 55. On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites.Toutes lettres ou envois d'argent doivent être adressés franco «w bureau du journal. C«rrespondance particuliere «Ie l'OPINSON. Bruxclles. 8 avril 1805. Le ministère Iriomphe et Ie mensonge avec lui. Marquons la date, elle fera époque dans nos annales parlementaires. C'est le 5 avril 1865, MM. Frère, Rogier, Tesch, Vanderstichelen, Vandenpeereboom et Chazal étaient ministres, qu'il s'est trouvé dans la Chambre beige cinquanle-cinq représentants, tous appartenant a l'opinion libérale, pour affirmer solen- nellement devant le pays que a le gouvernement est resté complélemenl étrnnger a ('organisation du corps belge-mexicain. Que si vous prenez a part chacun de ccs cinquante- cinq représentants, ne pensez pas qu'un seul d'entre eux songe a vous nier que le gouvernement soit in- tervenu. Tous en conviennent sans le moindre em- barras. Ne croyez pas non plus que benucoup éprou- venl de vives sympathies pour l'expédition.Saufcinq on six, tous la déplorent. Mais le ministère était en danger, il fallait sauver le ministère et, devant cette considération suprème, toutes les autres ont dü flé- chir. Après la publication au Moniteur des documents réclamés par la Chambre, ii avait* élé un moment question que le ministère jetterait M. Chazal par des sus bord Si je suis bien informó, et je crois l'êlre, MM. Frère et Tesch, qui ignoraient absolument l'exis- lence de la fameuse circulaire du 25 juiilet, ont tout d'abord manifesté le dessein de dósavouer la conduite de leur collègue de la guerre ou tout au moins d'en décliner la responsabilité collective. Mais de hautes influences snnt bientót intervenues cn faveur de M. Chazal et, dans un conseil de ministres tenu Ia veiIle méme du jour de ('ouverture de la discussion, il fut décidé que le cabinet tout entier accepterait la position crèée par la volonté souveraino de M. le mi- nistre de la guerre. Le bruit de l'abandon de M. Chazal par ses collègues avait singulièrement réjoui les jeunes de la gauche. Ah, on les avait cru morts et enbaumés 1 Ah, on avait suspecté leur indépendance et leur labiénismel Tu- dieu, on allait voir de quel bois ils se chauffent quand ils s'y mettenl du ministre de la guerre, qui fut tou- jours leur béte noire, il n'allait rester ni pièce ni mor- ceau; Malheureusement, Ia resolution prise au dernier moment par le ministère a fait lourner en fumóe toute cette ardeur belliqueuse. On eut élé heureux de s'es- crimer contre M. Chazal seul, mais risquer de dé- plaire a M. Frère, nos avancés n'auraient pas méme osó en concevoir la pensee. Aussi les a-t on vu s'es- quiver tout doucement, les uns après les autres, au moment du vote, M. Couvreur en téte et M. Fuuck la queue. M. Vanhumbeek, lui, est resté courageuse- ment son poste... pour voter avec le ministère. Qu'est-ce que tu fais dans cette ville, demande Pierrot a Arlequin? Je suis chargé, dit Arlequin, de peigner le cheval de bronze.Nos avancés n'ont pas fait autre chose a la Chambre, depuis six années qu'ils y siégent. Done, le ministère est sauvé. Seulement, il nous en aura coüté un peu cher. Je ne vcux pas parler de notre neutralité foulée aux pieds, ni de notre bonne renommée a l'étrangcr, compromise par cettc écla tante faveur accordée a un gouvernement anti-natio- nal et despotique. Co sont choses donl nous avons tort, paraft-il, de nous préoccuper; ce qui est plus grave, c'est l'atteinte qui, par le vote du 5 avril, vient d'etre portée au prestige du Parlement. Je pose une question a M. Ernest Vandenpeereboom, qui a écrit deux gros volumes en l'honneur du gouvernement parlementaire Que veut-il que le pays pense d'une Chambre oü l'on trouve une majorité capable d'aflir- mer, sur sa conscience, cette bourde énorme que Ie d gouvernement est resté complótement étranger a n a la formation du corps belge-mexicain? Si M. Van denpeereboom veut se donner la peine d'y reflechir, il sera de mon avis que nous avons payé, au-dela de sa valeur, le bonheur d'être administrés par Messieurs Frère et Rogier. Un incident facheux et dont les consequences sont encore incertaines s'est produit dans le cours de la discussion sur les affaires du Mexique. Entr'autres faits singuliers, M. Delaet avait signalé celui-ci que les dates des congés accordés aux volon taires étaient restées en blanc jusqu'après leur em- barquement, et l'orateur en avait induit, sous forme d'hypothèse, qu'on avait voulu se réserver de la sorte le moyen de poursuivre comme déserteurs ceux de ces volontaires qui auraient voulu proflter de leur congé pour aller ailleursqu'au Mexique. M. le ministre de la guerre s'est vivement ému de cette insinuation, faut-il croire, car, le lendemain, répondant a M. De laet, il s'est écrié que de semblables infamies ne pou- vaient être concues que par des gens capables de les commettre. Sur cette parole, le député d'Anvers se leve et demande au Président s'il a l'intention de lais ser passer l'cxpression dont le ministre de la guerre vient de se servir. Silence du Président, silence de la droite et de la gauche. M. Delaet se rassied et le mi nistre continue son discours comme si de rien n'était. On croyait l'incident vidé, mais a peine M. Coomans a-t-il fini de répondre a M. Chazal que le représen tant d'Anvers se lèvede nouveau pour reproduire la question qu'il avait vaiuement adressée, une pre mière fois, M. le President. Ainsi mis en demeure, ceiui-ci invite l'orateur a s'expliquer sur le sens des paroles qu'il a prononcées la veille, ce que M. Delaet fait en déclarant qu'il n'a eu l'intention d'imputer au- cune infamie au ministre de la guerre, mais que si ce dernier ne retire pas sur-le champ ses paroles, il n'aura plus a prendre conseil que de lui-méme pour oblenir la reparation de l'outrage qui vient de lui être infligé. M. le ministre ne bouge pas. Alors, poursuit M. Delaet, c'est une affaire personnelle entre vous et moi, et le ministre fait un signe d'assentiment. Voila l'incident. A qui les torts? Je le dis sans hé- siter au Président. M. Delaet s'était permis une al- lusion blessante pour M. le ministre de la guerre, c'est incontestable, et je cotnprends très-bien que celui-cj l'ait repoussée avec indignation mais, enfin, le Pré sident l'avait laissé passer sans observation et ce n'est pas paree qu'il avait rnanqué de sagacitó la veille qu'il pouvait se croire autorisc a manquer le lende main de justice. Si Ie Président avait fait son devoir, si M Chazal avait été invité par lui a relirer l'expres- sion outrageante dont il venait de se servir, nul doule que des explications eussent tout terminé séance te- nante et que les choses n'en seraienl pas venues au point oü elles sont arrivées depuis. Quoiqu'il eu soit, M. Delaet a envoyé, dès le jour méme ses témoins, MM. Hayez et Nothomb, a son ad- versaire. A l'heure oü je vous écris, on ne sait abso lument rien de plus. Le correspondent bruxellois de la Meuse se deman- dait, il y a quelques jours, si l'importance que l'on essaie de donner a l'affaire mexicaine n'aurait peut- être pas pour but d'empêcher la Chambre de voter cette année la loi sur le temporel du culte. J'eusse été bien étonné si l'on n'était pas parvenu déeouvrir un peu de clérical la-dessous. A mon tour, me per- mettra-t-il de lui exprimer un doute? Le projet de loi sur le temporel des cultes est déposé et publié depuis plus de trois mois. Depuis trois mois, les sections de la Chambre l'ont examiné et voilé six semaines au moins que la section centrale s'en occupe a sou tour. Or, on nous annonce tout-è-coup que M. Orts, qui fait partie de la section centrale, vient de présenter un contre-projet qui s'éloigne, sur une foule de points, du projet du gouvernement, et qu'une nou velle discussion va s'engager sur ce contre-projet. Si j'étais mal pensant, ne pourrais-je pas supposer,avee bien plus de vraisemblance que ne le fait mon confrère pour l'expédition mexicaine, que M. Orts n'a si long- temps différé de présenter son contre-projet que pour empêcher la discussion de la loi dans le cours de la présente session? M. Orts est un hommed'expédients, témoin sa fameuse proposition, brülante d'urgence il y a un an, et dont il n'est pas plus question aujour- d'hui que de la proposition Dubus-Brabant. Mais je n'ai pas de ces soupcons-la, et si j'en ai, je préfère les garder pour moi. J'ai l'honneur de vous présenter M. Giroul, le nou veau représentant de Huy, un gaillard qui va loin, si j'en juge par le discours qu'il a prononcé dans la discussion sur les affaires du Mexique. En voici un extrait qui mérite d'étre cité comme un modèle du genre. Vous vous rappelez la circulaire de M. Chazal, in- vitant tous les chefs de corps a donner sans délai i) M. le général Chapeliè toutes les facilités nécessaires o pour l'accomplissement de la mission dont il était chargé. Vous croyez peut-èlre que M. Giroul va voir dans cette circulaire un fait d'intervention des mieux ca- racterisés? Point. Voici comment il faut, d'après M. Giroul, apprécier cette circulaire. Je cite d'après les Annales parlementaires II résulte, dit-il, des explications fournies par M. le ministre de la p guerre, que la circulaire ministérielle n'avait pour but que de faire connaitre aux officiers de l'armée l'intention du gouvernement de ne pas prendre une attitude hostile vis-a-vis de l'expédition mexi- caine qu'il se bornait a laisser faire. t> Après M. Giroul il faui, tirer l'échelle. [/OPINION 9

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L’Opinion (1863-1873) | 1865 | | pagina 1