Pleinede confiancc dans la sagcsse et l'expérience de la Chambre, la Sociólé Littéraire vous prie, Mes sieurs, d'agréer l'assurance de sa plus haute estime. La Société Littéraire Le Secrétaire, Le Président, UuBRECHTS. AlMÉ VlANE. Rousbrugghe, le 50 mars 18G5. Conférences «ie SI. I6AHCE1L. M. Bancel a clos la série de ses charmants entre- tiens par une conference sur la Renaissance. L'éloquent orateura brillamment et largement es- quissé cette époque oü' l'humanité s'éveille a une vie nouvelle, sort des ténèbres du moyen-age et s'élance vaillante et libre vers ses destinées nouvelles. Le moyen-Age semblait ne point vouloir finir; son agonie a élé longue et laborieusece fut une suite de morts et de resurrections. Dès le xii° siècle, l'aurore du jour nouveau se fait entrevoir, quand Abeilard, ouvrant les écoles de Paris, hasarde le premier essai de critique et de bon sens; au xiii" siècle la lumière se montre plus écla tante quand le hardi mysticisme de Joachim de Flore declare qu'a l'Evangile historique succède l'Evangile éternclla fin du moyen-age s'apprête au xiv° siccle, quand Dante Alighiorijuge les Pontifes, dans sa divine Gomédie, au nom de la conscience humaine; le moven- Age se meurt enfin au xv° et au xvi° siccle, quand Ie libre-examen, l'imprimerie, l'untiquitó, l'Amérique, l'Orient, le vrai système du monde terrassent cette hydreaux têtes toujours reriaissantes. Une transformation compléte s'opère l'esprit hu- main se sent dégngé des formules dans lesquelles i! élait emprisonné, il brise son masque el reconnait sa mère, la Nature. L'aspecl de ce moyen-age est sombre el fait frémir. Pendant mille ans, dit M. Bancel, le peuple a gravi son calvaire; pendant mille ans il a continue sa marchoascendante vers la lumière; marche doulou- reuse dont aucune Vóronique n'est venue alléger les tourments 1 M. Bancel s'arrête avec émotion devant ce pauvre homine du moyen-age, attaché a sa glèbe, travaillanl sans trève, ni relAche, ne connaissant la vie que par ses amertumes, pioyé sous le faix de ses misères el de ses terreurs superstitieuses, et arrivant ainsi au seuil de la mort 0(1 d'effrayants fantómos vicnnenl Ie persécuter encore. A considérer toutes ces effroyables existences, que la souffrancc marque depuis la première jusqu'a la dernière heure, on est pris d'un sentiment de pro- fonde douleur et l'on se demande avec angoisse si le développement de l'humanilé ne pouvait s'acheter qu'au prix de tant de victimes. La durée du moyen-Age provient du défaul de con- naitre le moyen-age scolastique crée un peuple de sols; le moyen-age scientifique crée l'astrologie et le commerce des carrés magiques. Comment l'homme a-t-il pu sortir de ces fantas- tiques ténèbres? Comment s'est-il réconcilié avec la Raison? Abeilard est le point de depart. Joaobim de Flore le suit. Qu'est-ce que Joachim de Flore? 11 y avait en Calabro un simple, le portier d'un cou- vent nommé Joachim. Unjour qu'il rèvait au jardin, une figure d'homme merveilleuscment belle lui appa- rait, un vase en main, le lui met aux lèvres. Joachim, avec une discretion admirable chez un moine, boit unegoutte a Eh 1 pauvre homme, dit l'inconnu, si tu avais bu jusqu'au fond, tu aurais bu tout l'ave- nirl Joachim se refusa d'abord a révéler son rêve; il quitta son pays, visita le tombeau du Christ, fonda le monastèrede Flore et fit enfin connaitre sa doctrine, qui annonce l'avéuement d'un age meilleur, el qui, naturellement, fut condamnée par les Conciles de Lalran et d'Arles. Le rêve de Joachim, c'èst la prophétie de la Renais sance; c'est l'affirmation de la perfectibilité de l'hu manilé, c'est la conscience du progrès, c'est, comme disait l'inconnu qui visita Joachim dans son rêve, tout l'avenir. A Joachim succèdent l'imprimerie, Luther et Ra belais, Colomb et Copefnic, Galilée et Vésale, Sha kespeare et Cervantès. La Renaissance éclate dans toutes les manifesta tions de l'esprit humainla liberté est dans la science comme dans l'artBrunelleschi découvre les lois de l'architecture rationnelle et mathématique et élève Santa Maria del Fiore l'art sacerdotal fait place a l'art humain Léonard de Vinei fait resplendir de toutes les beautés de la nature sa Léda, sa Joconde et son saint Jean Précurseur, tandis que lefrère Ange- lico de Fiesole agenouille encore aux pieds de la Ma- donedu moyen-Age ses défaillautes figures. Gutten- berg lance les esprits sur l'antiquitó retrouvée Pé- trarque pleure en voyant Homère manuscritles Aide et les Elienne font circular par toule l'Europe les torrents d'éterneUe jeunesse qui dóbordent des sources antiques. Ce temps est prodigieux le seizième siècle est un héros, a dit un grand historiën. (La suite au prochain n°.) Chronlquc warnêtonoise. Certains pou voirs s'accommodenl mal des esprits qui portent dans la discussion des affaires publiques une curiosité pénétrante. C'est pour cette raison que VOpinion a si souvent étó lacérée, dans certains cercles yprois, par des mains inconrmes de personnages officieux. A Warnêton, on ne s'est pas borné mettre en lambeaux ce journal que les matadors yprois trouvent trop investïgateur on a trouvé plus commode de le faire disparaitre com- plètement, en l'enlevaut des estaminets oü on l'avait envoyé en lecture. On nous a rapporto que M mais non, cet honorable magistral n'a pas crainte de la discussion après avoir lu le journal, il le rcmet, croyons-nous, a ceux qui l'onl de,mandé. Cependant un vieil adage dit is fecit qui prodest, (celui-IA i'a fait qui a pu en tirer profit). C'est la, il nous semble, un principe qu'on peut, sans trop de crainte de so tromper, appliquer a l'enlèvement de I 'Opinion, Tellcment il est vrai de dire qu'en tous temps les petits esprits no peuvent faire que petites choses el tacher de mettre la lumière.. en poche. A propos de lumière, la clarté vient de se faire au- jourd'hui sur un vote, jusqu'ici incompris, de notre Conscil communal. L'histoire est trop curieuse pour la passer sous si lence et en priver les lecteurs de VOpinion. La voici 11 y a quelques mois, un conseiller communal ap- partenant a l'oppositicn avait formulé une proposition tendante a declarer d'utilité publique la construction d'un gravier du hameau du Touquet vers Houplines et Armentières. Cette voie était, suivant l'auteur de la proposition, destinée a desservir de grandes ex ploitations agricoles complètement dénuées de routes, et a ouvrir une communication nécessaire avec Ar mentières, cette ville voisine avec laquellenous avons de si nombreux rapports. Lors de la discussion de la proposition, son auteur, M. E. Godtschalck, fit con naitre qu'il ne demandait pas la construction imme diate du gravier, mais seulemont la déclaration de son utililó avec promesse de l'exéculer dès que ('in tervention de Ploegsteerl (commune intéressée) et les subsides que Ic Gouvernement et la Province accor- dent peur des travaux de l'espèce, seraient obte- nus. Aucune voix ne combattit la proposition. On se croyait done assure de son adoption et on devait l'être d'autant plus qu'au moment des élections communales, un candidal-quêteur de voix avait for- mellement promis aux électeurs du Touquet l'établis- sement du gravier proposé. Mais pour certains hom ines, proineltre et teuir sa promesse sont deux choses qu'ils ne confondent jamais parce que l'homme pro pose aujourd'lmi ëton dispose demain. Lors du vote, six membres dirent non, cinq dirent oui. La proposition fut done rejetée, au grand éba- hissement du public. Des six mombres ayant donne un vote négatif, la plupart donnèrent postérieurement des motifs vala- bles de leur vote. MM. Ricquier et Grimmonprez seuls ne voulurent jamais s'expliquer a cet égard. Nous ne pouvions decouvrir l'énigmele public élait intrigué. Tout a coup M. Grimmonprez, eet échevin si précieux pour signer, vient, dans un mo ment de naive expansion, declarer Le gravier du Touquet est utile, nécessaire, mais nous n'avons pu voter la proposition paree qu'elle émanait de M. Godt schalck, membre de Vopposition. Nous I ce n'est done pas vous seul, M. Grimmon prez, mais avec vous celui dont vous êtes le factotum, qui faites a vous deux valoir des motifs d'opposition quand même; car si vousaviez voulu parler de vous seul, vous eussiez dit je n'avons, dans votre langage si pittoresque 1 Et maintenant, lecteur, que pensez-vous de la lo- gique des administrateurs warnêtonois? lis rejettent une proposition parce qu'elle émane d'un tel, sans au- cun autre motif I Oü allons-nous, bon Dieu Suivant les notions les plus simples do la morale, et surtout de cette morale qu'on appello amour du vrai, il n'est pas loval qu'un homme vole conlro sou opinion il n'est pas loyal que, trouvant une proposi tion bonne, il la combalte par haino pour ses au teurs. L'est IA cependant ce qui s'est vu et so verra peut- être encore au Gonsei! communal de Warnêton. Une mesure est-elle proposée par un membre do ('opposi tion, on s'inquiète peu de son mérite on de son démé- rite, on la rejette parce qu'ora le veut ainsi. Voici l'aphorisme favori de ce M. on On ne doit pas considérer les propositions, mais Ieurs auteurs. A Warnêton, comme on le voit, on l'applique dans toute sa erudite. Heureux pays, heureuses gens! Si encore on appliquait l'aphorisme, sans avouer safaiblesse, pour ne pas nous servir d'un autre mot plus juste. Mais l'on ose, audace 1 faire l'aveu de ['application d'un sophisme pareil C'est trop fort Nos administrateurs se croient vraisemblablement la sagesse incarnée Ge qu'ils pensent est bien juste et équitableet par centre tout ce qui vient de quelque autre porsonne est mauvais et irraisonnable. C'est pourquoi on or- donne de peser les propositions A la qualité de leurs auteurs. Nous nous rappelöns de certain caporal du premier empire, ne confondez pas avec le petit caporal, qui en toutes choses était d'un avis contraire a celui do ses hommes el soutenail mordicus avoir toujours raison. Le système du caporal n'aurait-il pas étó importé A Warnêton Passons a un autre sujet, car le dégoüt nous prend et disons les effets excellents produits par les articles de 1 'Opinion. Dernièrement elle parlait du gravier vis-a-vis de l'usine de M. Ricquierbourgmestre, construit avant celui du chemin du Rooster, l'encontre de l'intérêt général des habitants. Eh bien, trois ou quatre jours après l'apparition de ['article, M. Ricquier et M. Grim monprez commandaient l'exécution des travaux ré clamés par le public et des voitures de marne et de graviers transportaient des matériaux pour Ie chemin du Rooster. Quant au senlier supprimé par M. Ricquier-loca- taire sous l'administration de M. Ricquier, bourgmes tre, il n'est pas encore rétabli. Et nos pompiers? Ils sont toujours au tombeau et nous attendons leur résurrection. A quinzaine. Warnêton, C avril 18(55. Agriculture. Une question pendante dopuis de longues années en Belgique et qui intéresse au pins haut point la science et ['agriculture, vient de recevoir sa soluiion. La commission instituée en 1852 par le gouverne ment pour juger la question de l'inoculation de la pleuropneumonia exsudative de l'espèce bovine, vient de publier sonseptième et dernier rapport dans lequcl elle seprononce nettement, hauteinont, en faveur de l'efficacité du système découvert par M. le docteur Willems. Voici quelles sont entre aulres les conclusions for- inulées par la commission et adoptées a l'unanimité de ses membres. L'inoculation possède une vertu prophylactique' évidente, et dans les localités infectées, la nombre de bêtes inoculées avec succès, qui soqt frappées par le fléau, est insignifiant vis a vis de celui des bêtes non inoculées, surtout si l'on lientcompte do la longue durée possible de l'inoculation de la raaiadie. Nous devons done recommander aux éleveurs et aux cultivateurs la pratique de l'inoculation ils doi- vent l'appeler a leur aide dès que la maladie se de clare dans leurs étables, et surtout y soumettre im- mediate-ment le nouveau bètail qu'ils y introduisent. La commission termine son rapport par les paro les suivantes La mission que le gouvernement nous a confiée doit done être considèrée comme lermince et nous

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L’Opinion (1863-1873) | 1865 | | pagina 3