suisse portant pour inscription Helvetia et cötée au revers a 2 francs. Le module étant identique a celui du double franc francais, il en résulte qu'on l'acceple a ce laux quoique la valeur réelle ne soit que de 1 franc 60 centimes. II existe dans notre pays une commune réellement curieuse et unique en son genre c'est la commune de Zoutenaey, dans l'arrondissement deFurnes (Flan- dre Occidentale). Cette commune est la moins popu- Ieuse de toutes les communes du royaume elle ne comptait, au 31 décembre 1862, que 27 habitants, 13 hommes et 14 femmes. Loin d'augmenter, cette population diminue d'année en annéeelle s'élevait, au 31 décembre 1864 a 26 habitants, repartis ep quatre families. Si cette diminution continue, cette commune court grand risque de se trouver un jour complétement dépeuplée. Son budget annuel s'élève en recettes h la somme de 358 fr. et en dépenses a celles de 341 fr. Ces dé- penses se répartissent de la manière suivante: frais d'administration, 264fr.; instruction publique,36 fr.; supplément de traitement pour le desservant, 31 fr.; ■dépenses de simple agrément, 10 fr. Comme on le voit, les frais d'administration absorbent la presque totalité des recettes c'est évidemment la commune la pluschère a administrer de lout le royaume. Le bureau de bienfaisance de Zoutenaey est, saus aucun doute, eu égard a Ia population, le plus riche du pays. II possede un revenu en bien-fonds et en rentes de 821 fr. Et ce qu'il y a de plus curieux, c'est qu'il n'y a pas un pauvre dans la tocalité pour jouir de ce revenu I Cette commune possède 3 éiecteurs communaux. Aux élections communales, 2 éiecteurs seulement ont pris part au vote. Voilé une élection oü le secret du vote doit être difficile a garder. II est incontestable que les Calédoniens sontanthro- pophages. Mgr d'Amata le dèmontre de la manière la plus formelledans ses lettres, et ilavouequ'il fut très- surpris de la réponse d'un chef qu'il croyait avoir uonvaincu de l'horreur de ce vice. Manger son semblable.disait I'évêque, est un grand crime et certainement un déteslable régal. C'est peut-étre une mauvaise action, répliqua le chef, tnais ne dis pas que ce n'est pas bon, tu men- tirais c'est excellent, d Des missionnaires n'ont pas oublié non plus cette action d'un de leurs néophytes qui possédait deux femmes, et a qui its prouvèrent que la polygamie élait un obstacle insurmontable au salut éternel. lis refusèrent de le baptiser cause de ses femmes mais il revient le lendemain en déclarant qu'il n'en avail plus qu'une. Et qu'as-tu fais de I'autre lui demanda son confesseur. Hélas 1 je l'ai mangée hier au soir. Comment I mais c'est affreux, toi qui préten- dais tant l'aimer. C'est pour cela que je l'ai mangée, ajouta in- génüment le Calédonien d'une voix pleine de san- glots. Un de leurs chef célèbres, Bouarate, allant rendre visite un jour a l'nn de ses collègues d'une tribu voi- sine, le trouva pale etamaigri et lui demanda ce qu'il avait. Je n'ai rien, lui dit le pauvre diable, notre ré- colte est nulle, je n'ai plus ni ignames, ni bananes, ni cocos la tempête a tout détruit, et je meurs a peu prés de faim. Regarde-moi, répliqua Bouarate, mes provi sions ne sonl pas plus abondantes que les liennes, et pourtant j'ai ie ventre rebondi. A quoi te servent done tes sujets. Mais a me tracasser de leurs cris de famine. Eh bienfais comme moi, mange-les, ils le seront au moins bons a quelque chose, et, dans tous les cas, ils ne crieront plus. Nous recommandons a nos hommes politiques ce moyen sur de se débarrasser de l'opposition. Le célèbre docteur Pariset racontait un jonr, dans un diner de médecins, qu'interpellé par Mehemet Ali, pacha d'Egypte,sur le régime a suivre pour prolonger sa vieillesse, il lui répondit Voire Altesse veut- elle vivre jusqu'a 95 ans Certainement. Eh bien, voici ce qu'il vous faut faire. Voire Altesse a une belle artillerie au Caire? Sans doute; mais oü voulez-vous en venir? Eh bien il faut faire pla cer une pièce de vingt-quatre devant la porie de votre harem et donner ordre de faire feu sur Votre Altesse si elle en approche. Le pacha comprit, sourit et se tint pour dit. 11 parait qu'une scène analogue s'est passée der- nièrement chez un souverain dont la Cour n'est pas au Caire. Ce souverain a éprouvé une syncope de deux heures, sortant du harem. Sonmédecin, appelé pour lui donner des soins, lui a dit, après l'avoir tiré a grand'peine de cette syncope Si cela arrive en core une f >is, je ne réponds pas de la vie de Votre Hautesse. Je conserve les qualifications orienlales qui sonl de mise avec les moeurs orienlales qui rè- gnentdansla Cour dont il s'agit. On assure que des démarches ont été fnites auprès de la sultane Validé pour l'éloigner, et qu'on lui a niéme donné 20,000 bourses pour qu'elle achète une terre. Mais le chef des eunuques noirs, qui craint de voir baisser son cré dit, a ourdi une intrigue pour la faire revenir. On ne sait encore ce qui arrivera, mais les vizirs disent en hochant la tête Le docteur Clot-Bey a dit qu'a la première syncope il pouvait y rester. Le Francais fume par genre, par imitation et plus tard par habitude il fume surtout avec distraction, et sa légèreté s'en accommode a merveille. Le Hollandais fume en buvant de la bière et boit du génièvre et de la bière en fumant. Un Allemand fume en demandant des inspirations a sa vaste pipe; son corps et son esprit prennentégale- ment part a l'holocauste. Un Espagnol parait reflèchir profondément lorsqu'il fume une cigarette; examinez-le, vous verrez a peine une petite ligne blanche s'échapper a de rares intervalles, toujours du même coin de ses lèvres il la fume par gorgées, bien lentemenl, et ménage sa jouissance avec parcimonie. Un Maure accroupi met encore plus de gravité savourer son inséparable chibouc il le fait avec une sensualité calculée, et a Fair d'être plongé dans de sublimes extases. Quant a 1'Anglais, il cherche inutilement dans le cigare un antidote au spleen c'est a peine une jouis sance pour lui, et pourtant ce sont deux Anglais qui ont le mieux célébré la pipe et le tabac Sterne, qui nous devons tant de scènes sentimenlales oü se retrouve la pipe de l'oncle Tobie, et Byroen, qui a chanté celle de Ben Buttig, le matelot. Chronique jndiciaire. Nous lisons dans la Liberie Oü en est le procés Debuck Vous savez de quel procés nous voulons parler Celui qui a pour but de faire resliluer par les Jésuites la succession d'un vieil- lard millionnaire, de Deboey, mort a Anvers en leur laissant toute sa fortune par testament et par ('inter position de M. I'avocal Valentyns. Au moins ainsi le soutient Debuck, le neveu dépouillé de Deboey. Ce procés est comme le Vésuve. Tantót il est tout feu et Hammes, tantót il semble éteint. Ainsi on l'a vu enCourd'assises, jelant de sinistres lueurseteffrayant les populations et comme si rien nedevait manquer a la comparaison que nous faisions tantót, il a été suivi d'une pluie de brochures, qui tenaient lieu de la pluie de cendres qui ne manque jamais a une éruption volcanique. Puis il est rentré dans le calme. pour re- paraitre, après un assez long temps, devant le Tribu nal civil de Bruxelles. La on a entendu de nouveau quelques détonations, quelques projectiles ont été lancés, un peu de lave a coulé. Mais ce n'a pas été long, et pour le moment, le repos et le silence règnent pour la seconde fois. Nous nous déclarerions salisfait, si les intervalles entre les différents cataclysmes n'étaient pas aussi longs, et nous avons tout lieu de croire que Debuck est du même avis. On sait qu'en dernier lieu on a discuté Bruxelles une question de compétence. M. Valentyns a prétendu que c'étail devant le tribunal d'Anvers, lieu oü s'est ouverte la succession Deboey, qu'il fallait le faire com- paraitre. Nos juges lui ont donné raison. Nous ne pourrons done pas, a moins d'un voyage, assister aux débats, Eviter la curiosilé finie, malicieuse, ardente des habitants de la capitale, était pour les adversaires de Debuck un point important. lis croient avoir con- quis dans la population d'Anvers, un auditoire plus accomodant et plus doux. Nous souhaitons que les Anversois suivent la cause d'un ceil sévère et qu'ils répandent dans le public, comme on l'eüt fait ici, les enseignements qui pourront en résulter. La question qui s'agile est en effetde premier ordre; elle touche a ce grand principe que les biens d'un mourant revien- nentavant tout a ses parents, et qu'il faut protéger son lit de mort contre les einbüches d'hommes d'au- tant plus dangereux, que c'est la religion et ses rap ports avec la vie future, dont ils se servent pour ac- complir leurs coupables desseins. Par ses proportions Ie procés Debuck résumé mille procés du même genre, qui ont passé inapercus mais qui dénoncaient le péril. La compagnie de Jésus a si bien compris qu'il s'agissait d'une lutte capitale, qu'elle a cru devoir remplacer son provincial en Bel- gique, et mettre chez nous a la tête de l'ordre un homme d'un devouement et d'une expérience plus sürs. On lit dans le Mémorial de Saint-Marcellin Depuis quelque temps l'opinion publique se pré- occupait vivement, a Saint-Marcellin. d'une affaire qui vienl de se terminer devant le Tribunal correc- tionnel de cette ville. Un jeune frère novice des écoles chrétiennes ógé de dix-huit ans, chargé de l'une des classes de l'école communale, avait l'habitude de maltraiter les enfants confiés a ses soins. Quelquefois, a l'aide d'une baguette rendue très-pointue comme un aiguillon, il piquait les enfants jusqu'au sang sur les mains et a la figure. La pointe de cette baguette se cassa un jour, et un morceau de prés de 2 centimètres resta dans Ia cuisse d'un enfant. Une autre fois, le jeune Félix M... eut les pieds et les mains liées: dans cette posi tion, le frère Orsanne l'obligeait marcher, le pous- sait pour le faire tomber, puis Ie relevait en le pre- nant par les cheveux. II l'avait ensuite suspendu a un clou planté dans le mur, la pointe des pieds touchant peine terre. L'émotion produite sur l'enfant fut si vive, qu'il en a fait une maladie de plus de trois mois, et dont il n'est pas encore guéri. En d'autres circonstances, le frère Orsanne s'amu- sait a jeter au fond d'un pot rempli d'eau bouillanle, des sous qu'il faisait retirer avec les mains par les enfantsou bien encore il essayait le fil de son canif en leur faisant de pelites incisions au bout des doigts. Délenu sous prévenlion de coups et blessures, l'ex- frère Orsanne vient de comparaitre devant le Tribu nal correclionnel et a été condamné a six mois d'em- prisonnement. Le ('hifl'oniiier paristen. Le chiffonnier parisien pourrait rédiger de cu- rieuses révélations, s'il voulait s'en donner Ia peine. II en sait plus long sur les grandeurs et les misères de notre civilisation, que tous les faiseurs de gros livressomnolents, oü l'on se livre a des considéralions sur ceci, cela et le reste. II sait, par exemple, que les bourgeois du 9 se rui nent en diners somptueux pour trailer des gens qui s'en vont ensuite les décriant. Trop de coquilles d'huitres devant la porte, maison sans ordre. II sail que le spéculateur du 12 va lancer des prospectus dont le brouillon a par mégarde été jetè aux ordures, avec une lettre confidentie lie qui dévoi- lait toutes les trames d'une compléte filouterie. II sail que la jolie blonde du 22 recevait tous les jours des bouquets de violettes de Parme, qu'il ra- massait ensuite a la borne. Les bouquets ont cessé. L'amour du brun qui les offrait s'est enlevé. L'a- mour'. chiffon comme le reste. II sait encore, ce chiffonnier, combien on a joué dans l'année de drames a grand succès qui n'ont pas passé la dixième, de romans a cinq éditions qui, en réalité, n'ont été vendus qu'a cinq exem- plaires. II sait cela, lui qui a ramassé dans sa holte toutes les affiches oü se pavanaient ces mensonges. Voila pourquoi je serais désolé qu'on enlevót a ce fantaisiste sa liberlé d'allure, qui est en pareil cas l'homme même. Le chiffonnier, qu'on ne s'y trompe pas, a du reste conscience de sa dignilé. J'en atteste une réponse antique que je recueillis avec soin au passage. Ils étaient deux. L'heure commencant s'avancer, ils décollaient de concert les affiches des spectacles qui ne devaient plus servir. En décollant, ils Iisaient Porte Saint Martin. La tour de Nesle.

HISTORISCHE KRANTEN

L’Opinion (1863-1873) | 1865 | | pagina 3