vaudra sa reconnaissance, espérons-le, et, en tous cas, elle pourra servir a tirer d'einbarras notre spiri- tael confrère. Lui qui a des informations si précieuses sur toutes choses, il aurait bien dü retourner Ie fond du sac, et nous dire S'il est vrai que les tiraillements qui se sont pro duits et se produisent, peul-êlre encore dans Ie sein du Conseil d'adininislration sont la principale cause du retard qu'éprouvent les travaux? S'il est vrai que dans ce Conseil siégent des hommes intraitables dont les exigences absurdesau- raient pour effet de compromettre l'entreprise, si la majorité, faisa'nt preuve de sagesse, ne reléguait dans l'ombre ces doruinateurs au petit pied? Ou bien est-ce la Ie bruit que des envieux ré- pandent charitalylement? o Le Progrèsqui mieux que personne doitsavoir a quoi s'en tenir, ferait bien de nous éclairer. Parlera-t-il ou ne parlera-t-il pas? Nous l'ignorons. Mais de son silence nous serons fondés a conclure a ['inexactitude des renseignernenls dont nous sommes l'ècho. Nos lecteurs se rappellent qu'un rapport sur la comptnbilité du Bureau de bienfaisance, présenté dans une des dernières séances du Conseil communal, porlait a 4,300 le nombre des individus secourus par les administrations charitables. Cette triste rèvélation doit avoir produil une bien profonde impression pour que le Progrès, qu'on n'accusera pas de loquacite, consacre un long communiqué ca sujet. Non-seulement il ne nie pas le chilfre du rapport, mais il en constate impliciternent l'appréciation mo- déréeen portant lui-même ce chiffre a 4,400, au lieu de 4,300. II s'efforce en mêrne temps, il est vrai, d'atténuer l'éloquence de ces chiffres et, pour y parvenir, il re produit ('explication précédemment donnée par M. le bourgmestre, a savoir que des personnes recevant des secours dans une mesure restreinte ne peuvent étre assimilées a des indigents. La moyenne des se cours par an et par tête est, d'après Ml. le bourg mestre, de 1 5 francs d'après le correspondant du Progrès, de fr. 9 64. Cette moyenne peu élevée est presque un sujet de triomphe pour notre confrère qui y trouve la preuve qu'il y a fort peu d'inscrits qui vivent exclusivement des secours de la bienfaisance publique. Tout autre est notre sentiment et il suffit d'un peu de réflexion pour se convaincre que nous sommes dans le vrai. Pour qui sait avec quelle excessive prudence les administrations charitables procèdent dans la distri bution de leurs secours, il est évident qu'elles n'ad- mettenl sur les listes que les misères réelles. D'autre part, qu'on se souvienne des cruelles souffrances, des tortures morales endurées par tant de malheureux, qu'on reporte un instant sa pensee sur ce sentiment de dignite naturel a tout homme, et qu'on nous dise après cela si c'est simplement pour venir en aide a quelques besoins, pour alléger quelques charges que l'honnête ouvrier consentirait a divulguer ses in- fortunes. L'existence tout entière des pauvres honteux pro- teste contre celle interpretation. II y a peu de pauvres, dit-on, qui vivent exclusi vement des secours de la bienfaisance publique. Nous le croyons sans peine la charité privée a aussi sa clientèle dont une appreciation impartiale doit tenir compte. Les 4,400 inscrits, quoique formant, d'après les aveux du Progrès mêrne, le quart de la population de notre vi'Ue, ne représentent que les secours offi- cielsetsont loin encore du chiffre réel des malheu reux. L'hydre du pauperisme se dresse de plus en plus menacant dans nos murs. Se le dissimuler serait une erreur et une faute. Le Progrès lesent si bien lui mêrne qu'il avoue, en commencant son article, qu'il y a a chez nous de pro- n fondes misères .i soulager; il est vrai qu'il ajoute un peu plus bas que la situation de la ville d'Ypres, j) sous le point de vue de ('indigence, n'est pas mal- heureux et qu'en thèse générale, on peut dire i) qu'il n'y a pas une véritable misère, a Nous ne voulons pas céder au plaisir facile de meltre notre confrère en contradiction avec lui-même; mieux vaul l'engager a se joindre a nous pour pousser nos édiles dans une voie de reparation par le travail et par l'industrie. Plus puissante que la nötre dans les hautes regions, sa parole pourrait amener une transformation compléte dans nos murs. Si le bien- être de la ville domioe chez lui toute autre considéra- tion, joignant les actesaux paroles, il ne voudra pas sans doute laisser échapper une si belle occasion d'être utile. •ja police «les routes. L'ómotion causéè par la recrudescence de sévérrté ■dans ['application dès règfèments sur la police des routes est loin d'être calmée. Comme nous I'avions prévu, le caprice et l'intérêt privé ne sont pas étran- gers a cet incident; c'est ce qui explique pou.-quoi les contraventions ont atteint exclusivement les trans ports de sapms. Un grand nombre de coudamnations ont été prononcées contre les cultivateurs de notre arrondissement. Nous n'avons pas besoin de rappeleé dans quél état pitoyab'e d'anciens pavès ont été mis par suite du charriage des matériaux deslinés aux paves en cons truction il suffit de dire que, pendant qu'on condam- nait de pauvres .paysans a une amende de 75 francs ou 20 jours de prison et méme a 150 francs ou 40 jours de prison, nous voyions circuler impunément des attelages de sable et de grés dont la surcharge sautait aux yeux. Y a-t-il done des parias aux j yeux de la loi Ville d'Ypres. Covumi. Commusai.. Séance publique du Samedi 15 Avril 1865. Présents MM. Beke, bourgmestre; P. Bourgois, échevin Th. Vandenboogaerde, Ch. Vandebroucke, Ed. Gardinael, Aug. Deghelcke, Gh. Lannoy, L. Va- nalleynnes, L. Vanheule, Aug. Beaucourt, F. Mes- siaen, Aug. Brunfaut, conseillers. Absents MM. L. Merghelynck, échevin P. Boedt, Ch. Becuwe, conseillers. M. le secrétaire donne lecture des procès-verbaux des deux précédentes séancesils sont approuvés sans observations. La fabrique de l'église S. Martin demandeau Con seil un avis favorable sa délibération tendant a ac cepter un legs de 10,000 francs fait par M. Vander- malière, sous la condition de celébrer un service an- niversaire avec distribution de 300 pains aux pau vres. Renvoi a la 1™ commission. M. Bourgois accompagne le depót du plan pour le renouvellement du Marché-au-Poisson de quelques explications préliminaires. Les étaux seront en fer avec plaques de marbre et conduits d'eau jaillis- sante. II y a deux projets, soit avec un, soit avec deux rangs d'étaux. Le plan dü a M. Demazières est accompagné d'un devis de 12,970 francs. Après quel ques paroles de M. Vandenboogaerde qui n'arrivent pas jusqu'a nous, il est décidè que ces plans seront envoyés au domicile des conseillers et puis soumis a l'examen des l'e et commissions réunies. Si nous avions quelque espoir d'être entendus, nous plaiderions ici, comme déja nous l'avons fait, la cause du public, le premier et le principal intéressé. Pour- quoi ne ferait-on pas prendre une copie de ces plans que l'on exposerait a l'Hótel-de-Ville pendant que les ètudient, de leur cóté, les conseillers et les commis sions Cette méthode se pratique ailleurs avec le plus grand avantage. Dans le grand nombre d'apprécia- tions émises, il s'en rencontre souvent de fort judi— cieuses, et dont les édiles, quelle que soil d'ailleurs leur aptitude, peuvenl utilement faire leur profit. II est qaelqu'un qui a plus d'esprit que celui qui en a le plus, ce quelqu'un cjest tout le monde. Nul ne sau- rait raisonnablement avoir la pretention de tout pré- voir, de tout connaltre et il n'est que trop juste qu'un corps électif prête une oreille attentive aux manifes tations du sentiment public. Nous insistons sur cette idéé paree que nous croyons qu'il y a de ce cóté quelque chose a faire et nous la soumetlons volontiers aux méditations de qui de droit. M. le bourgmestre lit le rapport de la 1" commis sion concernant l'agrandissement de la Maison des aliénés. C'est une question complexe et qui ne laisse pas que d'être embarrassante il s'agit, en effet, ou de décider un agrandissement devenu indispensable et par suite de se lancer dans d'énormes dépenses, ou de voir cet établissement se restreindre dans des proportions considerables. Nous ne rechercherons pas avec le Rapport ce qu'é- tait notre Maison des aliénés au xvni» siècle notre cadre nous impose des limites. Contentons-nous de dire qu'en 1842 une mais in, sise rue de Thourout, achetée par la ville pour y créer un abattoir, fut en- suite cédée aux Hospices qui y élevèrent l'ètablisse- ment actuel. [.'intervention de l'Etat fut cause, pa- rait-il, que le projet primilif reent une grande exten sion et les travaux, dont le devis estimatif avait été de 100,600 francs, en coutèrent en réalité 130,000. La ville avait donné un subside de 15,000 francs, l'Etat de 20,000le reste fut a la charge des Hos pices. Malheureusement cette maison qui, dans la pensée de tous, devait être un établissement modèle, ne rèpondit pas a sa destination. Bientót des plaintes surgirent dé la part des inspecteurs sur la defectuosité et l'exiguité des locaux leurs reclamations devinrent de plus en plus pressantes, lorsque en 1857 quelques améliorations furent réalisées, quelques batiments annexés. Les constructions sont faites pour 124 per sonnes, il y en a 153 aujourd'hui. Le gouvernement ne cesse d'y envoyer des mulades. Les travaux d'agrandissement estimés 63,550 fr. en coüteront 70 ou 75 mille et peut-être, dans peu de temps, l'établissement sera-t-il devenu de nouveau insuffisant. Le chiffre des insensés a charge de la ville ne dépasse jamais trente. Dans ces conditions, la 1,e commission est d'avis qu'il n'y a pas lieu d'accor- der le subside detnandé, a moins que le gouverne ment ne conseute a intervenir pour une somme de 40,000 francs; il est rationel que l'Etat et la Province pourvoient aux besoins des insensésqu'ils colloquent. Elle émet encore l'opinion que les Hospices mémes pourraient faire meilleur emploi de leurs fonds. M. Vanheule constate que la population de la Mai son des aliénés a suivi depuis 1848 une progression constamment ascendante. En 17 ans.'le chiffre a monté de 40 a 154 individus. C'est surtout a la suite de la promulgation de la nouvelle loi el de la suppres sion de différentes maisons de santé qui en a éte la conséquence, que l'augmentation a été rapide. De 65 en 1854, elle a été portée a 108 en 1855 et en 1856, a 134. Aujourd'hui l'encombrement est tel que la se paration des différentes eatégories de malades est dè- vehue impossible. II y a manque d'air et on en compte jusqu'a 50 assis inoccupés ou plulót entassés dans un seul préau I M. Vanheule croit aussi que le devis de 60,000 fr. se soldera par une dèpense reelle de 110.000 francs. Et ce n'est pas tout. Le service medical exigera une augmentation anriuelle de 2 a 3 mille francs; ce ser vice est resté le même depuis ia création du nouvel établissementor, il est impossible que deux méde- eins, malgré tout le zèle qu'ils y metlent, paissent suffire a tous les besoins; il faudrait un service plus nombreux et mieux rétribué. II recommande, dans l'intérêt des malades, la célérilé dans l'exécution des travaux, quelle que soit d'ailleurs la décision a inter venir. M. Vandenboogaerde fait rema-quer que comme conséquence du refus de la ville, le gouvernement re- fusera également son subside par suite de la concur rence, l'existence de l'établissement deviendra diffi cile. Répondant en ce qui concerne le service sani taire, il dit que, si les médecins n'ont pas demandé une augmentation, c'est parce qu'il y avait beaucoup de malades incurables. Cet argument a été sans doute produit a défaut d'autres et nous espérons que l'ho- norable conseiller ne s'en exagère pas la valeur. Pour nous, nous pensons que toutes ces sollicita- tions répugnent a la dignité des honorables praticiens et qu'il serait plus raisonnable d'apprécier le mérite et de le gralifier largement, que d'attendre que l'on ait l'épée dans les reins. Ces reflexions ne s'adressent pas seulement a l'administralion des Hospices, maisè d'autres encore. M. Bourgois dit que le plan de la Maison des aliénés a élé mal concu. Cela fera plaisir a l'architecte I M. Beke redoute les duns du gouvernement I II croit inutile la proposition de M. Vandenboogaerde, qui avait demandé de communiquer le Rapport aux Hos pices et d'attendre leur réponse parce que, dans son opinion, il y a intérêt pour tout le monde a ne pas se lancer dans ces dépenses. La proposition de M. Vandenboogaerde est retiree et le Conseil adopte a l'unanimité les conclusions du Rapport. MM. Vandebroucke et Vandenboogaerde s'abstiennent. Avions-nous raison de dire que la question n'est pas facile a trencher? D'un cóté, des dépenses consi- dérables, l'argent du pauvre engagé, de l'autre, la

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L’Opinion (1863-1873) | 1865 | | pagina 2