JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT
YPRES, Dimanche
Troisième année. IV' 20.
14 Mai I860.
IMtlX D'AUOSSEllEIT
POUR LA BELGIQUE
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Pour I'Etranger, le port en sus.
Un Numéro 25 Centimes.
PItlX OES «HOICES
ET DES RECLAMES
Paraissant le dimanche de ehaque semainéi
Laissez dire, laissez-votis hlémer, mais puhliez voire pensée.
On s'abonne a Ypresau bureau du journal, chez Félix LaMbin, imp. lib.,
rue de Dixmude, 55.
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ou envois d'argent doivent étre adressés franco aw bureau du journal.
Que faut-il en eonclure
Impossible de méconnaitre que la réunion du 6 raai
a eu un résultat déplorable; l'abtme se creuse de
plus en plus profoud entre les difforentes nuances
qui composent ('Association. En nous exprimant ainsi
nous n'entendons pas seulement faire ailusion au re-
jet de la proposition de revision; celte mesure, quel-
que fêcheuse qu'elle soit en elle-raême, n'a pourtant
qu'une importance secondaire, mise en regard de
1'existence du parti libéral que les excès d'une résis-
tance outrée seinblent vouloir compromettre.
Nous ne pretendons pas que les chefs qui inspirent
la majorité eta lent animes de l'intention de concéder
quoique ce soit; nous u'avons jamais eu cet espoir.
et ceux qui ont pu I'avoir un instant doiventêtrebien
désillusionnés après ce qui s'esl passé. Mais au moins
la séance s'ótait ouverte avec calme et les premiers
pourparlers éehangés avaient eu pour résultat de
mettre tout le monde d'accord, majorité et minorité,
sur la position de la question. On avait pu leconsta-
ter avec satisfaction et peul-étre y avait-il la le germe
d'une plus compléte entente pour l'avenir. Rien dans
les premières paroles prononcées ne faisait entrevoir
l'orage, lorsque les interruptions intempeslives du
Président sont venues gêter ce qui avait si bien conj-
mencé.
Le róle de la présidence, pour qui le comprend
bien, est un róle essentieliement modérateur. II ne
suffit pas d'y faire preuve d'energie, il faut avant
tout du calme, de la bienveillance, du tact, de l'im-
partialité.
Helasl pourquoi ne le dirions-nous pas? M. Ernest
Merghelynck ne possède aucune de ces qualités. Chez
lui, regard, geste, attitude, paroles, tout est provo
quant. Jamais il ne manquera l'occasion de lancer a
la ininorilé quelque phrase blessante, quelque sar-
easme impitoyable. La minorité, c'est sa béte noire,
paree que la minorité a l'audace de ne pas penser
fiomme lui.
Nous ne songeons certes pas pour notre part a
ÉPISODES DU SE1ZIÈME SIÈCLE.
I.
Election de Charles-Quint a Francfort.
Devant la bassesse et les infamies que recouvre la
pourpre impériale notre colère tombeil ne reste dans
noscceurs que le mépris. Charles I", par la grêce de
Dieu roi d'Espagne, des Deux-Siciles et de Jérusalem;
Charles, archiduc d'Autriche, due de Bourgogne et de
buit autres duchés, comte de Flaudre et de cinq au-
tres cointésCharles, lantgrave d'Alsace, prince de
Souabe, marquis de Burgau et du Sl-Empire,et de six
autres marquisats; Charles, comte seigneur de cinq
riches seigneuries, élu empereur d'Allemagne et roi
des Romainsnous apparait dans une auréole de
puissance qui nous eblouit en méme temps qu'elle
nous afflige el nous irrite, mais lorsque nous remon-
tons avec l'histoire intime, aux sources de cette gloire
et de cette prospérité, le prestige du héros s'évanouit
nous plaindre des taquineries haineuses et des bru-
talités de M. Ié Président; nous y sommes habitués
depuis longtemps et nous cn prenons bravement
noire p.irti. Nous croyons cependant que le Comité*
les mandataifes de l'Association, comme les ap-
pelle M. le commissaire d'arrondissement. n'ont pas
rendu un bien signalé Service a leurs mandataires en
leur donnant M> ErneSt Merghelynck pour prési
dent."
En résumé, c'ésl aii Président qu'inCombe la plus
grande part de responsabilitó dans tout ce qui est
arrivé. Au lieu de calmer, d'apaiser les esprits, ses
interruptions maladroites les ont surexcités.
Nous avons nomraê M. Ie commissaire d'arrondis
sement; cela nous fait souvenir que c'est a lui qu'a
été dévolue Ia têche ingrate d'expliquer, de justifier
la resistance de ses amis. Voyons comment il s'en est
acquitté.
Et d'abord, rendons-lui cette justice, M. Carton ne
manque pas d'adresse. Absolu dans sa volonté autant
que qui ce soit, autant què M. Ié Président lui-même,
il se commande mieux et sait dissimuler ses rancunes
sous une feinte apparence de moderation et de raison.
II excelle surtout a choisir son terrain. Laissant soi-
gneusement dans l'ombre ce qui l'embarrasse, s'occu-
pant peu de ce qui a été dit et beaucoup de ce qui n'a
pas été dit, il gambade d'ub propos a I'autre avec une
agilité extréme. Régie générale plus M. Carton fait
de bruit, moins bonne est la ca Use qu'il plaide chez
lui la voix est un puissant moyen, comme chez d'au-
tres la logique.
Si M Carton repousse 'toules les idéés de modifica
tion au règlernent, ce n'est pas paree que ces idéés ne
sauraient rien avoir de bon par elles-mêmes, mais
paree qu'il en a déCouvert les tendances dans un
journal. De la, un theme sans fin. II s'attache a
réfuter les articles publiés par ce journal, il condamne
l'organisation de la presse, s'oppose a la creation de
comités Cantonaux; dans son ardeur, il n'oublie
qu'une chose, c'est que dans la séance il n'a été ques-
et ne nous laisse pour l'intriguanl impérial que dé-
goüt et pitie.
Souverain des Pays Bas a la mort de son père, il
s'empare de l'Espague, apanage de sa mère Jeanne-
la-Folle, en faisant, fils dénaturé, enfermer cette in-
fortunée qu'il aurait dfi respecter el honorer, dans
un couvent èloigné de toute habitation.
Maxiinilien descend alors dans la tombe, sans avoir
pu assurer a son petit-fits l'héritage de son empire.
Charles-Quint a besoin du sceptre impérial pour as-
souvir son ambition rien ne lui codtera pour 1'obte-
nir et tous les moyens lui seront bous pour combattre
ses compétiteurs.
L'entreprise n'était pourtant pas facile, une partie
de PAIIemagne éprouvait une répulsion instinctive
pour ce prince maistrieux et si plein de ses volon-
tés qu'il n'était ni a gouverner ni conduire. r> Cet ac-
croissement de puissance pour le roi d'Espagne, dé-
plaisait au roi d'Angleterre et surtout a son premier
ministre, le cardinal Wolsey. Henri VIII, du reste, eut
volontiers jeté la pourpre impériale sur ses propres
épaules, et bien persuadé qu'il ne saurait l'obtenir, i|
tion ni de presse, ni de comités cantonaux. N'im-
j porte; le canevas est la, il faut le broder tout en-
j tier.
On aurait pu arrêler M. Carton en lui disant que
l'Association n'avait pas a s'occuper pour le moment
des détails de la révision et qu'on pouvait fort bien
admettre la nécessité de cette révision sans étre par
tisan ni de la créalion d'un organe de la presse, ni
des comités cantonaux. Mais a quoi bon? Lui-même
ne s'oppose pas a la créalion d'un journal, seulement
il n'en veut pas en ce moment. Les comités canto
naux 1 il applaudit a leur institution, mais il veut
qu'ilsse forment tout seuls, sans l'iutervention, sans
l'appui de l'Association
Nous ne pouvons assez le répéter, l'organisation
du journalisme dans le sein de' l'Association et la
création de comités cantonaux dans ('arrondissement
sont des idéés qui ont des partisans et des adver-
sairesdans la minorité comme dans Ia majorité, méme
parmi les amis les plus intimes de M. Carton, et en
lous cas elles ne forment pas la pierre angulaire de
la révision. On peut étre favorable ou hostile a ces
idéés, sans pour cela devoir condamner cette révision
d'une manière absolue. Laissons done une bonne fois
ces choses qui ne valaient pas le siége en régie que
M. Carton leur a fait.
On avait dit que pour consolider le triomphe du
parti libéral, il faut propager les idéés liberales c'est
presque un axióme de M. de La Palisse. M. Carton
ne le contesle pas, cependant il s'oppose a l'emploi
des moyens propres a atteindre le but. II ne veut pas
plus des conferences et des discussions que du journal
et des comités.
Quel est le mobile qui le pousse? nous n'avons pas
a l'examiner icimais les motifs qu'il donne valent
leur pesant d'or. A l'en croire, les conférences, les
discussions dans le sein de l'Association auraient pour
résultat infaillible deconstituer des mandats impéra-
tifs. Avec ces conferences, dit-il, je défie qu'un
seul conseiiler communalun seul mandalaire,
désirait la voir donner a quelque prince allemand dé-
bonnaire et incapable. Enfiu, l'obstacle le plus sè-
rieux était Francois Ior, roi de France, son compéti-
teur.
II est vrai que ce dernier n'avait aucun litre pour
obtemr la couronne impériale, mais il la demandait
paree qu'elle lui plaisait et qu'il s'en croyait le plus
digne; s'il eut éte elu, son élection aurait eu lieu
contre toute justice et tout droit, mais il avait gagne
la bntaille de Marignan el ce combat de géants, comme
l'appelaient nos pères, avait entouré d'une brillante
auréole de gloire le roi que Bayard, sans peur et s ns
reproche avait créè chevalier sur le champ de ba-
laille. Cet aspirant au sceptre de Charlemagne avait,
en outre, un protecteur influent parmi les princes
élecleurs l'archevêque de Trèves lui était dévoue
corps et ême.
Parmi les autres, le due de Saxe, Frédéric le-Sage,
était seul iudépendanl; ses collégues avaienl des con
sciences a vendre au plus fort et dernier enchéris-
seur. Celte circonstance était parfaitement connue
des candidals a l'empire, et Frangois 1" après avoir
10 centimes la petite ligne.
Corps du journal, 30 centimes.
Lk tout payable d'avance.
(Suite.