JOURNAL DlPRES DE L'ARRONDISSEMENI
ÏPRËS, Dimanche
Troisième année.
- IV 21.
21 Mai 1805.
Paraissant le dimanche de ebaque semaine.
Clfil V U'iBOilHEMEHT
POUR LA BELG1QUE
8 francs par an 4 fr. 50 par semestre. i
Pour l'Etranger, Ie port en sus.
Un Numéro 25 Centimes.
PIÜX 1>ES IHÜOXCES
ET DES RECLAMES
10 centimes la petite ligne,
Corps du journal, 80 centimes.
Lk tout payable d'aVANCE.
Laissez dire, laissez-voiis blèmer, mais publiez votre pcnsée.
On s'abonne a Ypres, au bureau du journal, chez Félix Lambin, imp.-lib.,
rue de Dixmude, 55.
On traite a forfait pour les annonces souvent reproduit.esToutes lettres
ou envois d'argent doivent ëtre adressés franco au bureau du journal.
Correspondance particuliere de l'OSMKilOÜI*
Bruxelles 19 Mai 1865.
Plusieurs journaux ont annoncé, ces jours der-
niers, que le Roi se proposait de se rendre très-pro-
chainement a Bruxelles. Si invraisetnblable que cette
nouvelle puisse vous paraltre, ne vous hêtez pas de
la rejeter, car il se pourrait fort bieo que l'événement
vint Bientót donner tort a votre incrédulité. Je tiens
de bonne source, en effet, quo S. M. a manifesté a di-
verses reprises, depuis quelqnes jours déjöson in
tention de faire une excursion dans sa capitale et que
si aucune suite n'a été donnée a ce projet, c'est a
cause de la vive résistance qu'il a rencontrée parmi
les médecins traitants de S. M. Maintenant que l'état
de l'auguste rnalade s'est quelque peu amélioré, il
n'est pas impossible du tout que le projet, momenta-
nément abandonné, soit mis b exécution, dfit la docte
faculté en jeter les hauts cris.
C'est, d'ailleurs, une chose parfaitement connue ici
que le Roi L,éopold ne lient qu'en médiocre estime la
science des Hippocrate et des Galiens. Ainsi l'on ra-
conte que, lors de la première visite que lui fit le doc-
teur Jenner, comme S. M. se plaignait surtout de ses
insomnies, le célèbre médecin de la reine d'Angle-
terre lui prescrivit une potion calmanle dont il augu-
rait lemeilleur résultat. Et, en effet, quand il se pre
sents, le lendemain, au lit du malade. il fut fort agréa-
blement surpris en apprenant que la nuit avait été
excellente. Mais quel ne fut pas son désappointement
quand il apercut sur un guéridon la potion qu'il avait
préparée la veille, intacte dans son flacon surmonté
d'un bouchon non décachelé. Le Roi n'y avait pas
touché I Le bon docteur fit bien un peu la mine, mais
que pouvait-il dire? Jamais S. M. n'avait mieux
dormi.
ÉPISODES DU SEIZIËME SIÈCLE.
I.
Election de Charles-Quint a Francfort.
(Suite.
Ce que le marquis Joachim de Brandebourg avait en
premier lieu recu de Francois Ie', je n'ai pu le veri
fier ce que l'on sait, c'est que pour le ramener une
première fois, Charles-Quint dut lui assurer une pen
sion viagère de 8,000 florins et promettre 100,000
florins payables le jour de l'élection. Mais a ce père
v de toute avarice, cel homme diabolique pour beso-
gner avec lui en matière d'argent, se laissa de
nouveau tenter par Bonnivet et pour le ravoir, il fallut
doubler sa gratification, sa pension et la dot de sa
bru il exigea, en outre, des süretés ne se fiant
qu'imparfaitement a la parole du futur empereur, et
il demanda aigrement qu'on se dèpêchat a lui donner
réponse, car le roi de France lui faisait de belles offres
et il ne voulait pas rester enlre deux selles a terre.
L'exemple du marquis Joachim profila a son frère
l'archevêque de Mayence. Le saint homme demanda
le remboursement de 4,200 11. pour son entretien a
la diète d'Augsbourg, 30,000 florins payables le jour
La nature joue parfois de ces mauvais tours la
science. II est vraique celle-oi les lui rend avec usure.
M. Pirmez constatait dernièrement a la Chambre que
le nombre des pauvres s'accroiten raison directe des
ressources des Bureaux de bienfaisance. On établi-
rait aussi, je pense, sans peine qu'il y a d'autant plus
de malades que le nombre des médecins est plus con-
sidérable.
Quoiqu'il en soit, il ne parait pas que l'état du Roi
se soit sensiblement amélioré. Le gonflement des
jambes résiste a tous les efforts et les médecins ne
parviennent a conjurer les dangers d'une hydropisie
de poitrine imminente qu'au moyen de fréquentes
ponctions qui jusqu'a présent ont réussi a soulager le
malade. Mais y a-t-il a espérer que eet expédient
sufiise? C'est plus que douteux. Le Roi lui-même ne
se fait aucune illusion a eet égard; il connait la gra-
vité de sa situation et l'envisage avec une ème ferme
et tranquille.il envoie aux journaux des bulletins ras-
surantschaque soir, le chêteau de Laeken est bril-
lamment éclairé le Due et la Duchesse de Brabant,
par son ordre, se montrent assidüment aux repré-
sentations du Théètre de la Monnaie oü, par paren-
thèse, l'héritier présomptif du Tröne a l'air de s'eu-
nuyer énormémentmais toutes ces précautions ne
veulent pas dire que l'auguste malade cherche a se
tromper lui-même sur le danger dont il se sent me-
nacé. Ce qu'il veut éviter, c'est l'alarme publique, la
perturbation que la connaissance réelle de son état
pourrait causer dans le pays. II n'a pas réussi, il est
vrai, et s'il faul dire toute ma pensée, je crois qu'il est
heureux pour le pays que tous les efforts qu'il a fails
pour nousdissimuler sa situation veritablen'aient pas
abouti. Mais il n'en faut pas uioins reconnaitre que
ces efforts eux mêtnes étaient inspirés par un sen
timent patriotique dont nous devons lui être re-
connaissants, tout en le tenant pour erroné.
de l'élection une riche crédence d'or, pour mieux
dire la messe, sans doute enfin une petite pension
viagère de 10,000 florins, garantie par les villes
d'Anvers et de Malines. Quelques jours après, ayant
pris langue auprès de quelques seigneurs francais,
ce ne fut plus 30,000 florins que réclame Monsei
gneur, mais 100,000 enfin, Bonnivet ayant parlé de
90,000 florins de pension viagère et de 120,000 fl.
pour ceuvres pies payables avant l'élection, ce qui
était a considérer, il faliut que le petit-fils de Maxi-
milien consentit a faire de nouveaux sacrifices pour
satisfaire cette insatiable Eminence.
Je ne dirai rien des autres électeurs, ce que le
marquis de Brandebourg et son frère avaient fait, ils
le firent égalemenl sans plus de pudeur et de rete-
nue. En somme, l'election de Charles-Quiut lui coüta,
en dehors de magnifiques présents en vaisselle el en
tapisseries, 514,075 florins d'or, soit 27,000,000 de
notre monnaie, independammenl de 70,400 florins,
soit 3,700,000 caulionnés par les Pays-Bas. Chacuu
des cinq électeurs qui avaient enlendu que l'élection
de 1519 leur rapportat un bon profit, s'etaient con-
tentés d'environ 6,000,000 de francs, moyennant
quoi ilsélevèrent Fréderickle-Sage, due de Saxe, afin
sans doute de donner une haute idéé de leur indepen-
La Chambre des Représentanls discute, depuis trois
jours, le projet de loi sur les délits commis par les mi-
nistres hors l'exercice de leurs fonctions. A l'heure
oh j'écris ces lignes, il est encore fort douteux qu'elle
se décide a l'adopter. Tant mieux si elle le rejette, car
c'est une oeuvre vraiment pitoyable et qui donne la
plus trisle idéé de ce que l'on peutattendre de l'ini-
tiative parlementaire.
Une loi sur une semblable matière n'était cepen-
dant pas bien difficile élaborer; il y avait tout sim-
plement a décréter ce principe de bon sens que les
ministres prévenus de délits ordinaires seraient sou
mis au droit commun tant pour l'application de la
peine que pour la juridiction appelée a connailre du
délit. Mais, en vérité, cela eut été trop simple. On
a done nommé une commissionon l'a composée
de jurisconsultes, cette commission elle-même a pris
pour rapporteur un professeur de droit public et,
grace a cette ingénieuse combinaison, on est arrivé
élaborer un projet de loi affreusement ridicule
et compliqué.
Meltons en regard, par un exemple, le système du
bon sens et celui de la commission. Un homme passé
dans la rue. Le minislre X. va droit lui, tire un
revolver de sa poche et le tue net. Que croyez-vous
qui aille arriver
Une chose fort simple, allez-vous me dire. Le pre
mier agent de police venu va mettre la main sur l'as-
sassin X. et le conduire en prisonle juge destruc
tion et le Procureur du Roi seront immédiatement
saisis de l'affaire et, l'instruclion terminée, l'assassin
X. comparaitra devant la Cour d'assises qui lui ap-
pliquera Ia peine qu'il mérite.
Eh bien, vous n'y êtes pas du tout L'homme tué,
le ministre X poursuivra paisiblement son chemin et
personne n'aura le droit de lui barrer le chemin.
dance. L'bypocrisie de l'intégrité, après le scanda-
leux trafic des suffrages I Ne voit on pas en effet
le marquis Joachim, personnage scrupuleux et es-
O trange en affaires, s'émerveiller, fort de ce que le
Saint-Père voulut intervenir et prescrire des lois aux
électeurs, ce qui ne s'était jamais vu. Ne le voit-on
pas enfin déclarer qu'il n'entendait pas être entretenu
de ses promesses, attendu qu'il ne voulait ëtre pris
par ce bout paree que l'élection devait ëtre libre.
Le due de Saxe, se jugeant trop faible pour gouver-
ner l'empire, refusa le pouvoir, qu'il offrit au petit-
fils de Maximilien. Son voteentraina celui-ci des au
tres membres de la diète et cette election fut une
bonne chose, remarqua Fébien de Feilitsch, conseiller
de Frédérick-le-Sage, car il faut que les corbeaux
aient un vautour.
11.
Le Camp du drap d'or.
Charles Quint était satisfait, l'Empire était a lui;
désormais il disposait des ressources nécessaires a
l'accomplissement de ses funestes desseins. Toujours
chevaleresque en paroles, Francois I6r félicita la Diète
de la sagesse qu'elle avait uiontré en choisissanl son
rival. En réalitè il avait la rage au coeur et tout en