En attendant Ia décision du Conseil commnnal de
notre ville, relativement aux honneurs èi rendre it
M. l'évêque J. Faict, a 1'occasion de sa prochaine en
tree a Ypres, nous croyons devoir appeler l'attention
de nos édiies sur les lignes suivantes que publie l'Or-
gane de Courtrai
Le Conseil communal, convoqué d'urgence, s'est
réuni mardi a 6 heures du soir. L'objei de la convoca
tion était les honneurs a rendre a Sa Grandeur Mon
seigneur Jean Faict, a I'occasion de son entréesolen-
nelle dans sa ville de Courtrai.
Tous les membres cléricanx étaienf présents. Tous
les membres de la minorité étaienl absents.
Le Conseil a decidé qu'il se rendrait en corps a ['au
dience de Sa Grandeur pour lui offrir ses respectueux
hommages.
Nous ignorons dans quelle disposition légale en vi-
gueur le Conseil a puisé le droit de prosterner officiei-
lement le pouvoir communal aux pieds du Ministre
d'un culte; mais nous savons que, même en 1849 et
sous l'administration de M. le chevalier Bethune, Ie
Conseil communal n'a pas osé prendre une pareille
mesure lors de ia première visile pastorale de M. Ma-
lou. II fut décidé alors que etaaque conseiller de son
cöté se présenterait,commeil lui plairait, a l'audience
que Monseigneur daignait aocorder aux autorités.
Maintenant, c'est le Conseil communal en corps qui,
officiellement, au nom des citoyens de toutes les opi
nions qui forment la population courtraisienne, va
prêter foi et hommage au représentant d'un culte.
Comme particuliers, MM. les bourgmestre, échevins
et conseillers ont toutes les facultés possibles; il leur
est loisible de se prosterner aux pieds de qui ils veu-
lent, de s'alteler a sa voilure ou de le porter sur leurs
épaulesmais comme représentants d'un pouvoir qui
ne reconnait aucun culte officie!, aucune religion
d'Elat ni aucune auloriié religieuse, iis n'ont pas le
droit de faire des démonstraHons en faveur d'un culte
plutót qu'en faveur d'un nulre culte. Bien plus, au
tefnps qu'il y avait une religion d'Etat et des autorités
reügieuses, sous ce décret de messidor an XII, il v
auraiteu, même alors, un excès de zèle qui n'aurait
pos trouvé sa justification dans la loi, car ce décret ne
prescrivnit cerlaines cérémonies que lors de la pre
mière entree et de ['inauguration des Evêques dans la
ville qui devait leur servir de résidence, mais nulle-
ment dans les villes de leur diocèse. La Constitution
de 1830 a aboli ces dispositions du décret de l'an XII,
mais l'esprit de notre pacte fondamental n'a pas en
core pénétré jusqu'ici, a voir le sans-gêne avec lequel
nos édiies osent méconnaitre ses principes les plus
élémentaires.
Nous apprenons que M. le Doven avait prévenu
aussi M. le Colonel de la Garde civique que Sa Gran
deur Monseigneur daignerait l'admettre lui et ses offi
ciers a présenter ses hommages. M. le Colonel a réuni
immédialement le corps d'officiers et a cousulté ces
messieurs sur la question de savoir s'il y en avait
parmi eux qui désiraient être convoqués pour se
rendre a l'audience de Sa Grandeur. Un poll of hands,
et une épreuve par assis et levé, ont démontré qu'il
y avait unanimité parmi les officiers pour repousser
eet honneur. M. le Colonel a décidé en conséquence
qu'il neconvoquerait personne et que la Garde civique
ne serait pas représenlée a la réception officielle de Sa
Grandeur.
■/instruction du Peaple, par Pierre Tempees.
L'instruction obligatoire trouve naturellement en
M. Tempels un ardent partisan sans elle, eneffet, il
est impossible de vaincre l'ignorance l'expérience le
prouve. II n'y a rien a répondre a la vigoureuse dé-
monstration qu'il fait du droit de l'enfant a recevoir
toute l'instruction possible. On trouve cependant des
gens qui, sous prétexte de liberté individuelle, se ré-
crient contre l'instruction obligatoire; mais ils ad-
mettent la milice et ils ne trouvent pas mauvais que
l'on impose la vaccine! La liberte individuelle est li-
mitée par les nécessités socialesor, l'instruction du
peuple en est une des plus grandes. M. Tempels ie dit
avec raison, le peuple entier doit travailler au pro-
grès et il ne l'accomplira qu'en le comprenanl.
Le problème difficile, c'est de trouver une sanction
au principe de ('obligation. Dans la plupart des pays
oü l'instruction est obligatoire, le père est puni s'il
n'envoie pas ses enfants a l'école. M. Jules Simon se
montre partisan de la répression, M. Tempels la com
bat et nous sommes de son avis, car la répression
peut tout au plus assurer la fréquentation de l'école
et c'est l'instruction qui doit être obligatoire. 11 pro
pose done i que la loi reconnaisse et proclame un
grand principe qui est rigoureusement juste et pro-
fondément vrai dans les faits de notre époque,
i> savoir Vignorant n'est jamais majeur.
Avant d'aller jusque Ia, il préconise comme me-
sures préparatoires 1° la création d'un certificat d'in-
slruction primaire que l'on ne pourrait obtenir qu'a
partir de dix-huit ans et sans lequel, point de mn-
riage, sauf dispense, point de participation au lirage
au sort, point de congé. 2° La répression du tra
vail permanent dans les fabriques et manufactures
des enfants êgés de moins de quatorze ans,
Le point essentiel, c'est le certificat d'instructior.
Obtenu a dix-huit ans, a l'age oil l'homme ne peut
plus oublier ce qu'il a appris, il constitue une sanc
tion très-efficace, s'il est exigé pour contracter ma-
riage. Celte mesure soulèvera de vives repugnances;
on y verra un empèchement au mariage, on la taxera
d'immoralitè. Pourtant elle'est appliquée en Bavière
ce pays n'est-il pas la hauteur de notre civilisation?
Si l'on y réfléchit un instant, on est bien vite con-
vaincu que ce reproche n'est pas sérieux, car l'obstacle
serait levé au gré de l'intéressé, a moins qu'on ne
prétende qu'il n'est pas possible a tout homme de sa
voir lire et écrire. A ceux-la d'ailleurs on accor lernit
dispense. Comment l le mariage est delenduaux mili
ciens des cinq premières classes, Ie certificat de mi
lice est exigé jusqu'a S6 ans, et le ceriificat destruc
tion serail repoussé au nom de la morale el des
bonnes moeurs? Quelle dérision I
Celte mesure suffirait. Inutile dès lors de l'étendre
au lirage au sort; acceptons sans hésiler les rigueurs
nécessaires, ne les multiplions pas.
Quant au travail des enfants dans les manufactures,
tout Ie monde sera d'aceord, pensons-nous, pour le
réprimer. Le gouvernement paraissait, il y a quel-
ques années, décidé a proposer une loi sur cette ma-
lière; on fit une enquête, elle est restée infructueuse.
C'est le sort habituel des enquêtes. Quoi qu'il en soit,
la Chambre vient de voter la répression du trafic in
fame de ces misérables qui prennent en location les
enfants d'autrui pour les employer a la raendicité. On
n'est done pas libre de louer ses enfants pour en re-
tirer salaireOn n'est done pas libre de dégrader l'en-
fancet Doit-on, par hasard, être plus libre de louer
ses enfants aux industriels et aux manufacturiers et
de tuer lentement leur corps et leur intelligence?
C'est une honte, cela doit finir au plus vite!
L'instruction étant obligatoire, il faut des écoles
partout. II faut plus Chaque commune, dit M. Tem-
i> pels, doit avoir son bailment civil oü Ie paysan
aborde l'aulorité avec déférence, oü l'électeur et le
conseiller communal sentent leur importance per-
sonnelle et l'importance de leurs actes. La vie
civile et politique est en efïet a créer presque tout en-
tière dans les campagnes. Nous nous associons de tout
coeur a cette belle et noble idéé d'emanoiper les pay-
sans. II y aura done un vaste et beau local oü l'on
puisse s'assembler, donner des conférences, tenir des
séances agricoles, faire des expositions. Si la maison
communale est malheureusement d'ordinaire un sale
cabaret, les locaux des justices de paix ne sont pas
plus convenables; cela nuit beaucoup au respect du
droit et de la justicele chef lieu de canton aura done
aussi son batiment civil. La dépense sera considé-
rable, mais il s'agit de rendre les masses intelligentes
etdignes; jamais oeuvre ne sera plus utile el plus
féconde.
Pour que l'enseignement soit solide et fructueux,
il est indispensable que les instituteurs soient ca-
pables. Que pouvons-nous attendre d'instituteurs
qui, pour augmenter leurs ressources, sont obligés
de se faire sacristains et de subir ainsi la domi
nation du curé? L'enseignement est un sacerdoce
dont les ministres doivent avoir une position hono
rable et respectée. II faut a l'instituteur primaire
une carrière, de l'avancement, une hiërarchie.
(La suite au prochain n°.)
Chronique warnêtonoïse.
Pendant la dernière quinzaine tout VVarnêton a
parlé de ses finances communales et jugé de ses ad^
ministraleurs.
La publication d'un Rapport, lu au sein du Conseil
communal, sur une proposition tendante a diminuer
('abonnement de 2,500 francs, a provoqué dans tous
les cercles de nombreuses discussions, qui, nous de-
vons le dire, n'ont pas tourné au profit de nos magis-
trats.
La proposition de diminuer l'abonnement n'avait
pas été admise, grêce a M. le bourgmestre, conseillé
par des personnes entendues, et a M. Grimmonprez
qui, nous semble-t-il, examine les propositions au
plus ou moins de sympathie qu'il a pour leurs au
teurs.
Aussitót après le rejet, le Rapport fut imprimé et
soumis a l'examen du public. Celui ci en juge impar
tial et connaisseur en matière financière est venu,
avec une unanimité écrasante, condamner ses ma-
gisirats en leur système administrate.
II aété établi a la dernière évidence que les finances
communales de Wnrnêton sont dans un état tene
ment prospère que l'abonnement pourrait être réduit
de 2,500 francs et plus. En effet. qu >ique depuis dix
années Ia ville ait supporté sa part contribulive dans
75,000 francs de travaux, elle accuse, a la fin de
1863, un excédant de recettes sur les dépenses s'éle-
vant a 16,411 francs 99 cent. Cet excédant est cer-
tainement luXueux, comme Ie dit Ie Rapport. II est
vrai qu'on l'utiiisera en fesant uue masse de travaux
nécessaires et productifs qui exigeront son emploi
mais il n'en est pas moins vrai que cet excédant n'a
été obtenu qu'en maintenant un abonnement élevé
qu'on aurait pu faire disparaitre en partie, tout en
fesant face aux dépenses auxquelles divers grands
travaux nous astreignent.
Un abonnement annuel de dix mille francs, pour
une population de 3,200 habitants, est une imposition
exhorbitante! Cela fait une moyenne de 3 francs
10 centimes par habitant. Dans tout l'arrondissement
d'Ypres, il n'y a que quelques petites communes qui
aient un abonnement relativement plus élevé que
Warnêton; ces communes sont Bas-Warnêton, Wul-
verghem, Brielen, Zuydschote et Ploegsteert qui ont
une moyenne de 3 francs 40 centimes.
On concoit facilement que de petites communes
comme celles citées peuvent, a un moment donné,
avoir un abonnement ruineux pour leurs habitants.
La construction d'une école.d'une cure, d'un pa vé,etc.,
sont de lourdes charges pour des communes de 700
800 habitants. II n'en est pas de mème pour les com
munes plus populeuses dont les ressources atteignent,
comme a Warnêton, une trentaine de mille francs de
revenus ordinaires annuels.
Ce n'est done pas sans fondement qu'on a pu dire
que Warnêton a l'abonnement le plus élevé de l'ar
rondissement d'Ypres.
Toutes les communes plus grandes ou ègales en po
pulation a Warnêton ont des abonnements moindres
que le sien. Et cependant la plupart n'ont pas les
ressources que possède notre ville, tout en ayant des
besoins aussi onéreux. Mais Warnêton a encore un
avantage sur toutes ces communes c'est qu'elle est
la commune de l'arrondissement, d'une population
inférieure a 5,000 habitants,dont la part dans le fonds
commun est la plus importante Elle recoit une part
presque double de ce qu'obtiennent les autres com
munes qui ont une population équivalente a la
sienne.
La population de Warnêton a bien fait en se décla-
rant pour la diminution de l'abonnement et en soute
nant, dans ses discussions, les conseillers commu-
naux qui ne raisonnent pas moins bien paree qu'ils
ne sont pas du même avis que MM. Ricquier et Grim
monprez et qu'ils ne recoivent pas toutes leurs idéés
de personnes dites entendues.
Les considérations les plus solidement fondées et
établies, les raisons les plus péremptoires et des
preuves mathémaliques combaltaienl en faveur de la
proposition.
On ne l'a cependant pas admise; maison n'a pas
dit pourquoi.
Rien n'est plus aisé que de trouver des raisons
quand il s'agit d'une augmentation de traitement ou
d'une dissolution du corps de pompiers. Alors on sait
parler bien parfois, mal le plus souvent.
Par contre, s'agit-il d'une question financière qui
intéresse vivement toute une commune, les raisons,
même mauvaises, manquent et l'on se borne a dire
a Nous avons consulté une personne entendue qui
n'est pas d'avis de diminuer l'abonnement. II n'y a
qu'a voter.
Gela suffit la personne entendue remplace tous les
raisonnements. Magister dixit. Le maitre a parlé, le
disciple obéit.
Gare celui qui oserait en ce cas prendre la parole
et combatlre les idéés du maitre 1 C'est un brouillon
auquel il faut clore la bouche en s'écriantla discus
sion est close ou passons a Vordre du jour.
Voila comment s'éclaircissent de graves questions