nous avons dit aussi quelques uns des moyens em ployés par eux pour combattre cette révision. Revenons un instant encore sur la réunion du 6 mai, le sujet en vaut bien la peine et examinons sur- tout quelles seront les conséquences du vole de Ia majorité. Nous avons prouvé que le Comité, tel que le regle ment le comprend, réuuit dans ses mains tous les pouvoirs et 'loutes les prerogatives, qu'il exerce une véritable domination sur l'Associationon ne le con- teste pas d'ailleurs, tout au plus cherche-t-on a ex- pliquer le but qu'on poursuit. Inutile done de recom- rnencer notre démonstralion. Un simple dénombre- ment du Comité et de ceux qui le composeüt fournira d'ailleurs, mieux que tous les raisonnements, la preuve de nos affirmations. Ce Comiié, on le sait, se compose de 27 membres. Parmi ces 27 membres, on irmve Un sénatéur Deux représentants, dont un ministre Cinq conseillers provinciaux, dont un membre de Ia deputation permanente Sept bourgmestres Un écbevin Sept conseillers communaux Un secrétaire communal Un commissaire d'arron dissentent C'est-a-dire qu'oulre notre representation libérale au complet, nous y voyons figurer tous les conseillers provinciaux des deux cantons d'Ypres el la moitié de notre Conseil communal. Avons-nous tori après cela de prétendre que le Comité, tant par le nombre que par la position (ie ceux qui le composent, absorbe l'Association? N'avions-nous pas raison de dire que c'est une véritable succursale de l'administration Et ne pourrions-nous pas ajouter a bon droit qu'il n'a été créé que pour faire la courte échelle a quelques privi légiés? Mais non, nous ne le dirons pas, nouscrain- drions d'allumer trop de colères. Après Particle qui concerne le Comité, sa forma tion, ses droits et ses poüvoirs, d'autres articles du règlement ont été examinés etenlre autres celui qui lie prétendüment la minorité la majorité. II a été établi que eet article ne présentait aucune garantie sérieuse et que jamais jusqu'a présent on n'avait osé appliquer la peine qu'il édictait. Qu'a-t-on répondu a cesdires? Les a-t-on contestés? Nuliement. Ge serait bieri difficile d'ailleurs. Pour clore la bouche aux dé- négations, il suffirait de publier simplemenl et sans commentaires la liste des membres de l'Association le public qui y découvrirait bien des adeptes du cléri- calisme, saurait aisément séparer l'ivraie du bon grain. Quelle valeur peut avoir un règlement qu'on ne sait pas ou qu'on n'ose pas exécuter; quelle est l'utilité de son maintien, si ce n'esl celle de laisser la porte ouverte aux mesures arbilraires? Tous les membres d'une société sont liés au même litre par les statuts et par cela seul que ceux qui sont chargés de les appliquer permeltent a quelques-ung de les violer impunément, tousles autres sont dé- chargésde leurs obligations. Le règlement, principale garantie des minorités, lie tous les sociétaires indis- tinctement; si la majorité, par ses votes ou par son silence en consacre la violation au profit de ses amis, la minorité est par le fait même délié de ses engage ments. Toutes les arguties qu'on pourrait nous oppo- ser ne feront pas qu'un contrat ne devienne caduc parTinexécution des conditions souscrites par l'une des parties. Done, en dehors de la révision du règlement et en acceptant ce règlement tel qu'il est, si toutes ses pres criptions sont en vigueur, si jamais aucune d'elles n'a été impunément violée, nous sommes dans notre tort; mais, s'il en est autrement, l'Association n'est plus qu'un vain mot; elle ne saurait plus avoir aucun prestige, ni exercer aucune autorité. Oü en sommes-nous en dèlinitive? Est il vrai que beaucoup de dispositions de notre règlement ne sont pas exécutées? Oui, et ii nous sera facile de le prou- ver. Nous pourrions demontrer aussi que quelques autres ont été violées de la manière la plus flagrante, mais Ie mot pourrait paraitre trop fort. Disons done tout simplement que dans les mains de ceux qui ont recu la mission dé les appliquer, nos statuts n'ont ja mais été autre chose qu'un jouet, employé un jour et brisé le lendemam, au gró du bon plaisir et selon les besoins- de la domination. Voyons d'abord quelles prescriptions sont tombéesen désuètude, quelles n'ont jamais été exécutées. Nous ne nous arrêterons pas a Ia rétribution an- nuelle prescrite par i'art. 3 et qui n'a jamais été per cue, c'est un détail de ménage trop minime. Allons droit aux art. 7 et 8 qui se classent parmi les plus importants, puisqu'ils ont rapport a la confection ou a la vérification des listes élecloraies. Lisons. Art. 7. a Le Comité prêtera son appui a toutes les personnes qui se trouveraient lésées par les opéra- tions du cadastre ou dans l'assiette des impóts tant généraux que provinciaux ou communaux. An. 8. Le Comité est spécialcment chargé de la vérification des listes élecloraies, de souteuir toutes les reclamations qui lui seraient adressées pour faire inscrire des électeurs omis ou pour faire rayer les électeurs qui seraient indfiment inscrits. Nous voudrions bien savoir oü sont les personnes qui, lésées dans l'assiette des impóts, n ont eu l'ap- pui du Comité? Et quant a cequi concerne les listes élecloraies, comment le Comité les vérifierait-il II ne les possède pas. II n'ya pas longtemps qu'on en a réclamé Ie depót au sein du Comité. La réponse mé rite d'être rapportée. C'est inutile, a-ton dit, puis- qu'on les trouve au commissariat de l'arrondisse- ment. Parbleu, nous le savons bien, maisil ne s'agit pas de cela et il n'en reste pas moins évident que le Comité ne saurait être spécialement chargé de la vé rification des listes élecloraies, s'il n'a pas ces listes sous la main, a moins qu'on ne soutienne, ce qu'on n'a pas encore osé faire ouvertement jusqu'ü présent, que M. le commissaire de l'arrondissement et le Comité ne font qu'un. Qu'arriverait-il d'ailleurs si, ce qui peut être tót ou lard,nous avions un commissaire qui ne serait pas de l'Association, pis que cela, gui lui serait hostile? Le Comité se trouverait par le fait privé de tout moyen d'appréciation, de tout élément de contróle dans la confection des listes électorales. Mille fois plus sage serait-il done de prendre des precautions pour l'avenir que de s'embourber obstinément dans les vieillesornieres. II est un autre article a la fin du règlement que nous tenons transcrire littéralement. Art. 15. L'Association prêtera son appui moral et fera toutes les démarches utiles en faveur des per sonnes qui seraient tracassées ou molestées a raison de leurs opinions libérales. Cet article est de la haute comédie. Ah! que nous voudrions tenir une de ces per sonnes molestées a raison de leurs opinions libé- rales, exposées a la vengeance d'un prêtre fana- tique ou d'un propriétaire intolérant, lésées dans leur industrie, dans leur commerce, frappéés dans leurs intéréts les plus chers, nous lui demanderions Quel appui vous a prêté l'Association ou les puissants qui la mènent? L'Association! malgré la meilleure volonté, elle ne peut rien pour vous Les puissants l quand ils n'ont plus besoin de vous, ils vous dédai- gnent! Parcontre, nous savons plus d'un libéral qui, prenant l'Association au sérieux et voyant en elle autre chose qu'une société d'admiration mulueile, soutient de ses votes courageux et indépendants les motions utiles au parti et nous pourrions en dire long sur la nature de l'appui moral que rencontre son au- dacé. II n'y a pas, du reste, que les articles enfouis dans l'ombre, il y a encore Ie choix, le tirage dans un même article eulre ce qui convient a l'heure présente, ce qui favorise ('expedient du moment ou prépare l'intri- gue du lendemain, et ce qui gêne les manoeuvres de la ces interprétations élastiques, pour ne rien dire de plus, ces commentaires qui insultent la raison, de la encore ces prescriptious partie mises en lunaière, partie éludées. Exemple voici I'art. 4 un article auquel on parait attacher la plus grande importance qui dit que le comité, composé de vingt-un mem bres, peut être porté a vingt-sept, en y adjoignant six membres choisis dans les cantons ruraux de l'arrondissement. On prend de cet article ce qui plait et l'on porte a vingt-sept le nombre des membres du comité, mais au lieu de six choisis dans les cantons rurauxon en prend d>x. Singulier procédé en vérite et qui dénote un faible respect pour l'Associa tion. Peuimporte. Ainsi le veut le bon plaisir de nos seigneurs et maitres et lorsqu'ils ont prononcé, qui done oserait se plaindre Si nous voulions nous étendre sur les garanties inscrites dans les statuts et qui, quelque faibles qu'elles soient, n'en ont pas moins été successive- ment confisquées, que de choses nous pourrions rap- peler! N'avons-nous pas vu l'assemblée annuelle obliga toire a laquelle, d'après I'art. 9, tout membre est lenu d'assister sous peine de payer la moitié de la cotisation en plus, supprimée en 1862 et un tiers du comité, dont le mandat expirait a cette épo que, illégalement maintenu en fonclions? Nul ne peul être candidal définitif, dit a son lour I'art. 21, s'il n'adère aux principes de l'Associa- lion, el I'art. 12 ajoute Chacun peut com- battre les candidats qui sont proposés. Comment ces deux articles sont-ils traduits en pratique? Appa- remment combattre les candidats ne signifie pas attaquer les personnes absentes, mais bien s'enquérir de leurs opinions, les interroger, les interpeller, exa miner, en un mot, si leurs convictions répondent aux sentiments de ceux dont ils viennent soliiciter un mandat. Au lieu de cela qu'arrive-t-il? Lorsque le comité choisit ses candidats en dehors de l'Associa tion, ceux-ci n'assislent pas a Ia réunion et l'un de leurs amis vient déclarer qu'il prend sur lui de ga- rantir le libéralisme du présenté. A cela nous répon- dons que pareille declaration, pareille garantie n'a pas plus de valeur, politiquement parlant, qu'un vieux chiffon et nous demandons ce que devient dans cette occurence le droit d'interpellation concédé par le règlement? II y a peu d'années qu'un cas identique s'étant présenté, un membre du comité qui heureusement n'apparlient pas a la minorité, car on n'aurait pas manquéde crier a l'opposition systématiquemais a la majorité, proposa de demander au candidat une profession de foi ou tout au moins une simple lettre d'adhésion aux principes de l'Association, il ne put rien obtenir. Quelques jours après nous entendimes retentir en pleine assamblée générale ces paroles gro tesques Nous savons bien que M. X. n'est pas un libéralaussi le prenons-nous comme pis -aller. Celui qui s'exprimait avec une franchise si aimable n'etait autre que le parrain de la nouvelle candida ture. Comment! vous sa'vez que M. X. n'est pas un libéral et néanmoins vous osez le présenter a l'Association, et vous consacrez toute votre influence ale faire agréerpar le corps électoral I Est ce ainsi que vous comprenez l'intérêt du libéralisme Ce trait seul vous peint unieux que toutes les protestations possibles. Un autre jour quelques membres de l'Association, usaut d'un droit incontestable, iuterpellèrent M. Alph. Vandenpeereboom sur unfait très-grave, sur l'exis- tence d'un pacte qui a fait grand bruit. Depuis, vous leur en avez fait un grief et vous dites aujourd'hui, dans votre argöt, que la minorité fait poser le minis- tre. Qu'on remarque que ceci se passait en 1859, trois ans avant l'entrée de M. Vandenpeereboom au minis tère. Mais eüt-il été ministre que ce ne serait pas en core un motif pour ne pas user a l'Association de notre droit d'enquête. La, en effet, nous ne sommes pas en face d'un ministre, mais d'un représentant de la nation et c'est le devoir, comme le droit, de lout homme qui s'intéresse au bien-être de son pays, de reehercher la facon dont les mandalairesaccomplissent leur mandat. Nous avons la conviction que M. Alph. Vanden peereboom apprécie mieux les devoirs du représen tant vis-a-vis du corps électoral et qu'il déplore bien souvent d'avoir ici des amis aussi maladroits qui par les menées ténébreuses tendent a lasser, a étouffer la discussion dont, a l'Association, ils se déclarent hy- pocritement les partisans zélés. En somme, et pour résumer ici ce que nous avons dit du peu de respect qu'inspire le règlement de 1'As sociation a ceux-la mêmes qui le dèfendent le plus ar- demment, plutót sans doute comme un épouvantail et un instrument de domination que comme un frein salutaire a leurs propres caprices, pour nous résu mer, disons-nous, sur quiuze articles dont ce règle ment se compose, quatre, les art. 4, 9, 11 et 12 out été successivement violés par le Comité lui-même, cinq, les art. 3, 5, 7, 8 et 15 sont tombés en désué- tude, si tant est qu'ils aient été jamais appliqués. Voila done un règlement de quinze articles réduit a six, c'est-a-dire aux deux cinquièmes. C'est pourtant a ce char détraqué que M. le commissaire d'arron dissement attèle la victoire du libéralisme dans notre arrondissement, c'est cette bannière qui doit faire toujours triompher le parti libéral. Pauvre parti libéral, s'il en était ainsi, il serait bien malade 1 Heu reusement et ceci nous console M. Carton n'est pas prophéte. Pour notre part, nous avons meilleure opinion de nos principes. Loin de les accoler a quelque vieille machine verinoulue, nous trouvons dans leur force d'expansion même, dans les idéés de progrès, de li- berté et d'égalité qui se répandent de plus en plus, la

HISTORISCHE KRANTEN

L’Opinion (1863-1873) | 1865 | | pagina 2