JOURNAL Dl PRES DE L'ARRON DISSEMEN
YPRES, Di manche
Troisième année.
i»«ix"»^«oisEHEi'r
POUR LA ïjELGIQUE
8 francs par an 4 fr. 50 par semestre.
Pour l'Elranger, Ie port en sus.
Un Numého 25 Centimes.
pitix mes tiiMosces
ET DES RECLAMES
fO centimes la petite ligne.
Corps du journal, 30 centimes.-
Le tout pavabi.f d'avaincf.
Paraissant le dimanche de ehaque semainé.
Laissez dire, laissez-vous hltimcr. mais piihliez voire pëiisée.
On s'abonne a Ypresau bureau du journal, chez Féux Lambin, imp.-lib.,
rue de Dixmude, 55.
On traite a forfait pour les annonces souvent reproduces. Toutes lettres
ou envois d'argent doivent être adressés fiuncoam bureau du journal.
Correspomlance particuliere de l'OPISIOÜ.
Bruxelles, 2 Juin 1865.
Les nouvelles du Mexique ont produit dans le
pays une émotion profonde. A l'heure oü je vous
écris, le navire qui doit nous apporter des détails
complets et officiels sur le désastre de Tacamburo
n'est pas encore signalé et deux cents families sont
plongées dans Ia plus douloureuse anxiété. Hier
soir, j'ai été lémoin d'uri spectacle navrant Une
pauvre vieille mèredont le Fils fesait partie du ba-
taillon commandé par l'infortuné major Tydgat,
s'était rendue au consulat du Mexique, espérant
qu'on pourrait la rensejgner sur le sort de soa en
fant Le consul ne savait rien de plus que ce que
nous avons lu dans les joumauxlui aussi, il at-
tendait, d'un moment a l'autre, des nouvelles et
ne pouvait rien dire! Je u'essaierai pas de vous
décrire le désespoir de cette malheureuse, c'était
quelque chose d'affreux. On avait cherclié cepen-
dant a la rassurer le nombre des morts, lui avail-
on dit au consulat, était peu considérable, et
quant aux prisonniers, on avait tout espoir d'ar-
river prochainement a un échange. Mais que peu-
vent de semblables consolations sur le cceur d'une
mère folie de douleurAh, que d'autres célèbrent
la gloire qui rejaillit sur le nom beige de cette
sanglante aveuture, moi je ne puis détaeher mes
yeux de cette malheureuse femme qui appelle son
enfant et qui n'ose pas mème espérer
A I)ieu ne plaise que je vienne mèler une voix
discordante aux hymnes funèbres qui, de tous les
points de la Belgique, acclament la bravoure de
nos malheureux compatriotes. lis se sont vail-
lamment conduits, ils n'out déposé les armes qu'a-
près que toute résistance était devenue impossible.
Qui pourrait en douter? Mais il y a dans ie dé
sastre sous lequel ils ont succombé un enseigne-
ment qui ne doit pas être perdu. Sans doute, ces
braves jeunes gens ne sont pas partis pour le Mexi.
que dans l'espoir d'y mener une existence oisive et
facile,au milieu des plaisirs de la cour de Maximi.
lien d'Autriche; sans doute ils snvaient qu'une vie
de dangers, de privations et de fatigues les atten-
daitsur ces fatals plateaux mexicains, témoins de
leur courageuse résistance ils savaient cela, sinon
tous, du moins presque tous et pourtant ils sont
partis, le coeur joyeux, l'ème livrée a toutes les
folies espérances de la jeunesse. Mais savaient*
ils, ces malheureux jeunes gens, pour quelle ceuvre
on fesait appel a leur valeur, pour quelle cause on
excitait la passion qui les poussait vers les aven-
tures lointaines? On leur avait dit Le Mexique
est, depuis cinquante ans, livré la plus épouvan-
table anarchie; un homme s'est dévouê au salut
de ce peuple; cet homme, e'est le gendre de votre
Iloitout ce que le Mexique compte de citoyens
hounêtes, de patriotes éprouvés, l'acclame d'une
voix uuauime et reconnaissante comme une sorte
de Messie. Mais l'ceuvre de régénération a laquelle
il s'est consacré n'est pas sans présenter de grands
périlset de graves difficultés certains points de
Cet immense territoire qu'on appelle le Mexique
sont encore occupés par des bandes de brigands
qui mettent tout a feu et a sangl'armée nationale
est insuffisante réprimer ces désordres. Enfants
de la libre Belgique, une belle et noble mission
Vous est proposée partez pour le Mexique; allez
1 A-bas concourir a cimenter de votre sang géné-
reux ce tróne qu'un homme de bien cherche
fonder au milieu des débris accumulés par la
guerre civile; e'est la cause de la liberté et de la
civilisation qui vous réclameen la servant comme
de braves soldats que vous êtes, vous aurez bien
mérité de la mère-patrie.
Et ils sont partis tout joyeux, comme pour une
fête, en chantant la Brabangonne, co noble chant
de délivrance qui eut été une profanation dans
leur bouche s'il n'était la preuve la plus éclatante
de leur admirable candeur,
L'illusion n'a pas été de longue durée- Nos vo
lontaires étaient peine débarquês d'un mois sur
le sol mexicain, qu'ils savaient parfaitement
quoi s'en tenir sur les dispositions des populations
leur égard et sur la mission prétendument libé
rale et civilisatrice de l'empereur Maximilien.
Faut-il rappeler les lettres navrantes oü nos mal
heureux compatriotes, enfin désabusés, laissent
déborder, dans l'expaniion d'une correspondence
tout intime, l'amertume de leurs déceptions Ils
s'étaient attendus un accueil enthousiaste, et
partout sur leur passage, ils ne rencontraient que
visages glacés ou menagants ils arrivaient en li-
bérateurs et le poignard les guettait a tous les
Coins de rue et jusque dans l'enceinte des églises,
pour les assassiner. Malheureux enfants, les armes
avec lesquelles ils devaient assurer le triomphe de
la liberté, on les forfait a s'en servir, non pas sur
les champs de bataille contre des bandes de bri
gands et d'assassins, mais, entre quatre murs,
contre de pauvres prisonniers condamnés par des
Cours marliales pour avoir défendu le sol sacré de
la patrie.
Ah.il faut bien quel'on reconnaisse aujourd'hui
que ces hommes ne sont ni des brigands, ni de3
assassins Des brigands, des assassins n'auraient
pas hésité un seul instant a fusilier les 200 prison
niers de Tacamburo, tandis que nous voyons, par
les rapports émanés des uutorités militaires beiges
et fran^aises, qu'ils sont traités avec une parfaite
humanité les blessés, disent ces rapports, sont
entourés des soins les plus attentifs et, quant aux
autres, ils jouissent de toutes les commodités de
la vie compatibles avec les régies de la prudence.
Sont-ce la, je le demande, des mceurs de sauvages,
des procédés de brigands?
Et quand j'oppose ces aveux, arrachés a la iié-
cessité de rassurer les families, aux accusations
qu'on a fait peser si longtemps sur les juaristes
mexicains, ce n'est pas quej'aie la moindre inten
tion d'enlever quelque chose la sympathie dou
loureuse qui entoure en ce moment nos malheu
reux volontaires. Qui pourrait se défendre d'un
sentiment de profonde commisératiön pour ces
braves jeunes gens qui ont si vaillamment com-
battu et dont plusieurs, hélas, ne reverront plus
la mère-patrie Mais il faut, je le répète, qu'un
grand enseignement sorte de ce grand deuil, et
cet enseignement, e'est que notre expédition au
Mexique est une conception souverainement déplo-
rable et mauvaise, et que tous les bons citoyens se
doivent eux-mèmes de la condamner hautement
et publiquement. Ce n'est pas assez que de s'at-
trister, de prendre des airs lugubres, de célébrer
des services funèbres. II faut se dire que, demain,
de nouveaux désastres, plus terribles que celui de
Tacamburo, peuvent sufgir, que des centaines
de mères peuvent, d'un instant k l'autre, se
trouver pfivées de leurs enfants et que, si un
pareil malheur arrivait, si Un nouveau Tacamburo
venait désoler nos families, nous mériterions le
chêtiment de l'histoire. La guerre, soit, quand il
le faut, quand le sol natal est envahi par l'étran-
ger et qu'elle n'est pas autre chose que la lègitime
défense d'un peuple qui veut rester raaltre de lui-
même mais, je vous le demande, qu'allons-nous
faire au Mexique? que nous importe le sort d'une
dynastie étrangère? Maximilien réussira ou ne
réussira pas dans son entreprise. En quoi cela nous
regarde-t-il Quant k moi, je le dis franchement,
toutes les ambitions impériales réunies ne me
valent pas une larme de cette pauvre vieille femme
qui s'en allait hier demander au Consulat mexicain
si son Jean vit encore.
A lóst el YprcSi
Done voila qui est clair. On ne veul ni de la crea
tion de comités cantonaux, ni de la réduction des
membres du comité a des proportions raisonnables,
ni des conférences, ni des discussions dans le sein de
l'Association, ni d'aucune de ces garanties indispen-
sables qui, en provoquant l'initiative individuelle et
en assurant l'indépendance de chacun, font la prospé-
ritè de tant d'autres associations politiques. G'est un
parli-pris que nul raisonnement ne saurait modifier
et l'on continuera, comme par le passé, baillonner
toute propagande libérale qui ne prendrait pas ses
inspirations dans l'esprit de coterie et ne se propose-
serait pas pour but suprème le triomphe d'une poli
tique étroite et égoïste.
Vainement sont-ils lè et l'expérience du passé, et
l'exemple de tant dissociations qui, après avoir re-
connu les inconvénients des vieux errements, suivent
aujourd'hui une voie plus liberale; ces exemples gê-
nent, on les repoussé. 11 n'y a aucune similitude, dit
M. Ie Commissaire d'arronitissement, qui s'est fait
l'organe de la Volonté de ses amis et sans doute aussi
do la sienne, non-seulement entre les associations de
Bruxelles, de Bruges, de Charleroi) mais même entre