blique a II serait impossible, dit-il, de faire une loi ou tous les cas qui peuvent reudre une expulsion nécessaire seraient clairement définis. Comment spécifier toutes les circoustances oti l'ordre et la tranquillité publique peuvent se trouver compro- mis? Les fails empruntent souvent leur importance aux événements au milieu desquels iIs se pro- duisentet par cela mème que les circonslances varient, que la situation exterieure ou intérieure se modifie, tel acte peut étre dangereux aujourd'hui qui ne le sera pas demain. Que tout homme qui a au cneur le sentiment de Ia justice nous dise si ces lignes extraites du rapport de M. de Yrière ne eontiennent pas la condamnation la plus accablante de la disposition qu'elles ont pour but d'expliquer et de justifier. Quoi, un homme honorable, un père de familie aura habitó parmi nous dix ou vingt ans, il se sera créé en Belgique une position, des re lations, toute une existence d'affection et d'aisance, et d'un jour a l'aulre, sur l'ordre donné par l'admi- nistration de la police, il faudra qu'il abandonee tout cela etqu'il prenne le chemin de Pexilparee qu'il se sera rendu coupable, au dire de la police, souverain jugeen cette raatière, d'un fait que le législateur lui- même só déclare itnpuissant a définir, d'un fait qui pouvait être innocent hier et qui, tout a coup, sous l'empire da certains événements extérieurs ou in térieurs, apparait aux yeux de la police, avec un caractère de gravité que personne n'avait soup- Qonné 1 Et, sous l'empire d'une Constitution qui assure aux étrangers protection pour leurs personnes et pour leurs biens, une disposition de loi qui permet de pareils scandales pourrait être maintenue? Non, mille fois non, cela est impossible. Mais le soin de notre sécurité, de notre existence nationale exige-t-il impérieusement ce suprème sacri fice? Eh bien, soit encore Iaissons planer sur l'étran- ger la menace de celte effrayante disposition qu'il snc'ne qu'en mettant le pied sur le sol beige, le sacri fice de son repos, de sa fortune, de son bonheur, peut lui être, a chaque instant, réclamé; mais, qu'a défaut de la garantie de la loi, que nous ne pouvons lui offrir, il trouve, du moins, dans I'intervention obligée de la magistrature, des garanties personnelles qui le met- tent a l'abri des caprices, des erreurs et des injus tices du pouvoir. Lors de la discussion du projet de loi dans les sections, il a été proposé que nulle ex pulsion ne pCit être prononcée sans l'avis préala- ble, soit de la Chambre des mises en accusation, soit de la Chambre du conseil, soit enfin du Président du Tribunal siégeant en référé. Espérons, pour la justice, pour notre honneur, que cette proposition sera représentée lors de la discus sion générale et que la Chambre, éclairée par la presse sur les sentiments de l'opinion publique, ne lui refu- sera pas son appui. Ce ne sera pas toute la justice, mais l'honneur, du moins, sera sauf. Consolaots détails. II nous semble superflu de publier le récit des cérémonies et réjouissances publiques qui ont eu lieu a l'occasion de l'entree de M- l'évêque de Bruges. Des plumes autorisées par l'Eglise ont fait avant tout cette besogne et nous renvoyons les lecteurs que la curio- sité pique aux journaux speciaux.Notre désir et no tre but a nous est tout simplement de remplir quei- que I'on ait déja vu. Et aussi le portaient tous ceux de l'ordre. Et etait si bien accoulré que I'on ne s pourrait estimer. Après ledit seigneur, marchaient plusieürs gen ii tilshommes, capitaines et archers de la garde et autres en grand nombre, tous bien accoutres. Et, ainsi accompagnè, arriva le roi notre sire, au lieu du camp assignè, oü devait être ledit parlement qui est limites de la France et d'Angleterre entre deux petits hurs ou montagnes, entre les- quels était la tente et pavilion auquel ils devaient o parlementer, laquelle était bien riche et couverte de drap d'or. Le roi d'Angleterre pareillement était parti du- dit lieu de Ghines pour venir audit campement; avec lui les princes gentilshommes, capitaines et archers de sa garde. El Monseigneur l'archevêque de Yorck et autres, lesquels étaieut fort richeraent d accoutrés et si bien montés que je ne pourrais ex- d primer. Et tellement approchérent lesdits rois et t> leur compagnie, qu'iIs furent prés I'un de 1'autre, comme a deux jets de boule, et qu'ils pouvaient voir l'un l'aulre. Et lors, firent arrêter tout leur ques petites lacunes, de donner quelques détails tou- chanls qui ont échappé, on ne sait pourquoi, aux écri- vains célestes du Propogateur. Et puisque le notn de notre confrère se présente ici, I disons lout de suite que son enthousiasme ne connait pas de bornes; la joie déborde dans toutes les phrases de son pompeux récit; il triomphesur toute la ligne. II a raison. La reception faite a l'évêque a été magni- fique, nul ne le conteste. Etait-elle comme il I'afiirme, a une éclatante manifestation des sentiments de foi et depiété des Yprois, ou simplement un des cótés piltoresques de cette maniequi pousse l'homme a imi. ter son voisin et le rend si semblable a certains ani- maux L'autorité nous manque pour nous prononcer sur ce chapitre délicat; nous ne nous arrogeons pas comme d'autre le droit de sonder les profondeursde la conscience humaine. Au surplus ces sortes de manifestations ne nous troublent pas. Nous ne faisons nulle difficulté de le reconnaitre, la vicfoire des catholiques est éclatante; elle est double, car, outre la victoire apparente, ma- térielle, la victoire déjè si splendide de la rue qui amène une ville libérale, ou qui du moins croit l'être, a pavoiser ses maisons pour la réception du chef du parti catholique dans notre province, du successeur de M. Malou de belliqueuse mémoire; outre cette vic toire, qui confond libóraux et catholiques,croyants do- ciles et libres-penseurs a dans un sentiment commun de foi et d'espérance et qui met les représeu- tants de l'autorité civile, ces fiers politiques. au ni veau des vieilles dévotes et des chevaliers de St- Vincent-de-Paul» dont parle si souvent le Progrès il y a encore et surtout la victoire secrète, la victoire morale. Nous y reviendrons tout a l'heure. D'abord deux petits détails, petits par la place qu'ils occupent au milieu de toutes ces pompes, mais im- menses par I'influence qu'ils exercerout sans doute un jour sur le sort de l'humanité t Le détachement de gardes-civiques, dont le zèle religieux n'avait pas reculé devant une corvee ortho doxe et qui, animé, pour nous servir des expres- sions du Propagateur, d'un légitime orgueil, s'é- tait si génereusement offert pour escorter Sa Grandeur, arrivé devant I'estrade et sous I'in fluence de la bénédiction pontificale, a crié différentes fois a Vive Monseigneur I Hipp, hipphurrah I Par une attention des plus délicales ces bonnes gens avaient cherché a dissimuler leurs fusils sous des bouquets de fleurs, apparemment, pour symboliser la fraiche éclosion de leurs nouveaux sentiments, Vaines precautions I leur tournure martiale a été re- marquée et même le public était quelque peu choqué de ce déploiement de forces faisant cortége au mi- nistre d'un Dieu de clémence et de paix. 11 parait que cette réflexion n'a pas non plus échappé au héros de la fête et on assure qu'il est en instance auprès du gouvernement pour faire remplacer le fusil par un cierge et donner a ces valeureux citoyens un goupil- lon en guise de bayonnette; ce sont bien la les armes qui sient aux soldats de l'Eglise. Décidément Monsei gneur est un homme d'esprit. Second détail non moins édiQant 1 En dépit du dé- cret du 24 messidor an XII qui ne prescrit des hon neurs que dans la ville oü l'évéque a sa residence le Prince de l'Eglise, en passant devaut la grand'- garde, a trouvè la troupe sous les armes, rendant a Sa Grandeur les honneurs militaires. Le Prélat d train, en faisant silence de tous cótés. Et soudai- nement commencèrent sonner trorupettes, clai- rons et autres instruments, que jamais l'on n'ouït telle joie. Et quand tout fut cessé, les rois piquèrent d chevaux de grande raideur et les bonnets au poing se vinrent saluer et accoler par deux ou trois fois tout a cheval. Et hativement décendirent et s'en- trecollèrent de rechef et se montrèrenl grand signe d'amour, se prirent par les bras, faisant gros hon- neur l'un a 1'autre, a qui enlrerait le premier au pavilion, lequel était bien riche et couvert de drap f d'or, comme dit est. Auquel ils entrèrent ensemble. Et était vêtu le roi d'Angleterre, d'un beau drap d'argent, garni de pierres précieuses et n'entra au- dit pavilion que lesdits deux rois, Messeigneurs le légat d'Angleterre et l'amiral de France, qui ont d conduit toute cette affaire. Messeigneurs les connétables de France et d'An- gleterre demeurèrent a l'entrée du pavilion, ayant chacun leurs épées nues, aiasi qu'ils les avaient portées devant lesdits rois. Messeigneurs les grands ecuyers de France et d amiral d'Angleterre étaien1 un peu plus en arrière. s'est portó au-devant du détachement et lui a donné Ia bénédiction. Nos sincères félicitations au détachement. Mais eet honneur dont jouissent fréquemment les troupes ro- maines serait peu de chose, si les bonnes ames n'y voyaient le premier pas d'une régénération compléte de notre armée. En Italië autrefois, sous les princes déchus, en Bavière et en Autriche encore, les postes viennent trois fois par jour sous les armes, le matin, midi et le soir, pour reciter les prières deAngelus; en Espagne et a Rome, les colonels envoyent chaque année au ministère de la guerre la liste des hommes de leur régiment qui n'ont pas rempli leurs devoirs pascals. Voila des pays de cocagne. Espérons que ces modèles, que nous offrons respectueusement a qui de droit, ne seront pas dédaignéspuisque nnus sommes 'en si bonne voie, de grace ne nous arrêtons pas. La foi n'est rien sans la persévérance. La foi soulève les montagnes, dit-on, mais la persévérance seule peut nous sauver. Ainsi soit-il La seconde journée du séjour de M. l'évêque a été consacrée en pariie aux détails de moindre impor tance, aux réceplions intimes. Après le grand spectacle, la farce cela délasse. L'une des meilleures et des plus désopilantes a été coup sór la réception du Collége des bourgmeslre et échevins. Nous disons le Collége, car il n'y avait pas que M. le bourgmestre se prèsenlant individuellement, comme ou l'avait dit d'abordle chef de la commune était accompagnè de son aide-de-camp, M. Bourgois, M. Léopold Merghelynck regrettera sans nul doute d'avoir perdu par son absence cette magnifique occa sion de faire du zèle. Omnc trinum perfectum. Ces Messieurs avaient sollicité l'honneur d'être re- cus par l'évêque qui avait fixé le mardi, vers 4 heu- res, ceci est positif. Nous n'affirmons pas que ('au dience n'ait pas été demandée pour le premier jour; mais, s'il en est ainsi, cette demande n'aura pas éte accueillie. Cela se concoit. II n'est que trop juste que l'autorité civile, quand elle se traine péniblement a la remorque des Princes de l'Eglise, porte la peine de sa faiblesse et qu'elle soit mise a la queue. A La- zare, les miettes de la table. Mais le public qui rit sous cape se demande quel est le mobile de la conduite de ses administrateurs, quel sera le résultat pratique de cette entrevue? Est- elle la consequence du huis-clos de la deruière séance du Conseil communal Oh alors nous comprenons que M. le bourgmestre ait été soucieux de ne pas ini- tier le public et la presse a ses projets 1 S'agit-il de quelque entente cordiale, de quelque nouveau pacte entre les chefs des deux partis, pacte que devra sanc tioneer a son heure le parti libéral? Voudrait-on re- prendre les traditions interrompues et M. Beke, a l'exemple de M. Alph. Vandenpeereboom, négocierait- il la fusion de nos deux etablisseinents d'instruction moyenne? M. le bourgmestre et M. son échevinagis- sent-ils au nom du Conseil ou en leur nom personnel Le public s'intéresse vivement a ces questions et* quoique l'on fasse, il faudra bien s'expliquer. Au dire de M. Bourgois, c'est en qualüé de bons catholiques que ces Messieurs ont sollicité leur audience Ge sentiment part d'un bon naturel. Ne soyons done pas trop sé- vères pour M. l'echevin, c'est un brave homme et vous, Monseigneur, pardonnez-Iui, car Vous savez le reste. Monseigneur, et en votre qua- lité de Prince de L'Eglise, vous devez mieux que Lesquels, après que lesdits rois eurent devisé, firent signe aux princes, gentilshommes et capi- taines, et autres de France et d'Angleterre qu'ils s'approchassent pour saluer lesdits rois, ce qu'ils- firent. Et fit le roi, notre sire, un très-gros accueil au due de Suffort et autres princes et seigneurs d'Angleterre, en les embrassant, et monlrant signe a d'amitié et d'alliance. Aussi le roi d'Angleterre. recut bénignement les princes et seigneurs de- France et semblait bien qu'ils étaient Irès-joyeux de eux être trouvés ensemble et d'avoir alliance, dont tous ceux de pardeca ont été joyeux. Je vous avertis que les deux hótes étaient bien garnis de barils et de bon vin et que, entre les dits compliments, les Francais et les Anglais burent en- semble de bonne sorte, en soi festoyant et resjouis- sant de l'alliance desdits rois et paix. Disaient ces paroles bons amis Francais el Angiaisen les ré- pétant plusieurs fois, en buvant l'un a 1'autre de d bon courage. Ad. C. {La suite au prochain n°.)

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L’Opinion (1863-1873) | 1865 | | pagina 2