JOURNAL D'ÏPRES DE L'ARROMSSEMENT
YPHÜS, iiimanche
Troisième année.
26.
25 Juin 1865.
Le tout payable d'avance.
Paraissant le dimanche de chaque semaine.
PRIX D'ABOWWEMEUT
POUR LA BELG1QUE
8 francs par an 4k fr. 50 par semestre.
Pour I'Etranger, le port en sus.
Uk Numéro 25 Centimes.
PIE IX DES AIWIOÜCES
ET DES RECLA 1ES
10 centimes la petite liane.
Corps du journal, SO centimes,
V - a
Laissez dire, laissez-vous blémer, mais publiez voire perrsée.
On s'abonne a Ypres, au bureau du journalchez Félix Lambin, imp.-lib.,
rue de Dixmude, 55.
On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. Toutes lettres
ou envois dargent doivent être adressés franco au bureau du journal.
Nous soumettons un fait a l'appréciation impartiale
des honnêtes geus. Dimanche le numéro de 1 'Opinion
a été enlevé dans la plupart des estaminets et des
cafés de la ville. Ce fait n'a pas besoin de commen-
taires.
Ea Ioi d'expulsion.
Nous savons enfin pourquoi tout recours judiciaire
doit être refusé aux étrangers menacés d'expulsion.
C'est, dit M. de Vrière en son rapport, paree que
l'intervention des tribunaux en semblable matière
constituerait un empiétement du pouvoir judiciaire
sur les attributions du pouvoir exécutif.
Vraiment la raison est merveilleuse.
Et qu'est-ce done que le droit d'expulsion, livré
l'arbitraire gouvernemenlal, si ce n'est un empiéte
ment flagrant, manifeste, "du "pouvoir exécutif sur les
attributions du pouvoir judiciaire? Depuis quand,
dans les pays constitutionnels, les agents du pouvoir
exécutif sont-ils chargés de l'application des lois pé-
nales? M. de Vrière, qui se montre si soucieux de
maintenir, dans toute sa rigidité, le principe de la
séparation des pouvoirs, ferait bien de nous éclairer
sur ce point.
Dira-l-on que l'expulsion n'est pas une peine? Le
bon sens afïïrme le contraire; n'est-ce pas, en effet,
une peine et une peine terrible que cette obligation
imposée a l'étranger de quitter tout-a coup le pays
auquel il est venu demander asile, d'abandonner le
sol dont il s'cst fait une nouvelle patrie? Que ce soit
une peine d'une nature particulière, qu'elle ne puisse
être rangee parmi celles que nos lois pénales ont
édictées, qu'importe? c'est une peine, et par la même
que c'est une peine, il appartient a l'autorité judi
ciaire, exclusivement a toute autre, de l'appliquer.
Empiétements pour empiétements, nous préférons
ceux qui donnent satisfaction h la justice ceux qui
n'aboutissent qu'a mettre aux mains de l'arbitraire
les armes de la légalité. Mais le ministère n'est pas
de eet avis.
X propos de Ia rêforme electorale.
Quand nous demandons que l'Association libérale
de notre arrondissement fasse oeuvre de vie et parti-
cipe au mouvement général des esprits, il ne manque
pas de gens pour nous répondre que les associations
n'ont pas a s'occupcr d'autre chose que d'élections et
qu'il y aurait toute sorte de dangers a leur ouvrir la
carrière des discussions poliliques.
11 faut croire que les autres associations du pays ne
partagent pas les craintes exprimées par nos grands
politiques yprois, car nous voyons, par le rapport de
M. Crombez, qu'une foule d'entr'elles. et notamment
les associations libérales de Malines, d'Ath, de Cour-
trai, deVerviers, d'Enghien, de Bruges et de Lou-
vain, se sont activement occupées de toutes les ques
tions qui se rattachent a la réforme électorale. Toutes
ont adressées des pétitions a la Chambre; les unes,
pour demander 1'extension du droit de suffrage, les
autres, pour réclamer le vote par ordre alphabétique.
Ce fesant, il n'est venu a la pensée d'auenne d'elles
qu'il en pouvait résulter quelque dommage pour la
chose publique au contraire, elles ont cru remplir un
devoir et faire oeuvre utile au pays.
On en juge autrement chez nous et peut-être, au
pointde vue de ses intéréts personnels, la petite Eglise
qui nous gouverne n'a-t-e!le pas tout-a-fait tort Le
fibre examen, la discussion nuisent a la discipline,
sans laquelle il est prouvé que nulle domination n'est
durable. Introduire dans l'Association ces éléments
de dissolution, ne serait-ce pas, de ses propres mains,
préparer le décret de sa déchéance? La petite Eglise
a raison pas de discussion, pas de conférences, pas
de réunions publiques, pas de pressemais, a la place,
un bon petit réglement bien serré pour mater toutes
les velléités de résistance, une camaraderie solide-
ment organisée a toutes les avenues du pouvoir, des
sentinelles apostées pour en empêcher l'accès aux
hérétiques; des relations partout; un vaste réseau
d'influences entretenues par l'appêt des faveurs gou-
vernementales, et par dessus tout, comme couronne-
ment de l'édifice, silence dans les rangsl Décidément,
ceux qui ne trouvent pas cela magnifique, ne sont
que des brouillons.
Le Meeting libéral a discuté le 14 de ce mois, de-
vant une foule considérable, la Ioi du 22 septembre
1835 relative aux étrangers.
L'assemblée a adopté la pétition suivante, qui a été
immédiatement couverte de signatures
Considérant que, d'après Ia Constitution et les
lois beiges, tout citoyen. regnicole ou étranger, me
nace d'une peine quelconque, depuis l'amende jusqu'a
la peine de mort,jouit des garanties suivantes
Droit de se défendre par lui-même et par un
conseil
Droit d'assister aux dépositions des témoins a
sa charge
Prestation obligatoire de serment par les té
moins;
Droit de faire comparailre des témoins pour éta-
blir son innocence
Séparation des fonctions de l'accusateur et du
juge;
Inamovibilité du juge;
Publicité du jugement;
Obligation pour le juge de motiver le juge
ment
Droit d'appel et de recours en cassation;
Considérant que, pour l'expulsion des étran
gers, la loi proposée aux Chambres ne consacre au-
cune de ces garanties, qui sont de droit naturel et
livre l'étranger a la discretion du pouvoir adminis-
tralif;
i) Le Meeting prie les Chambres de rejeter tout
projet de loi qui autoriserait l'expulsion de l'étranger
sans qu'au préalable le fait qui motive l'expulsion ait
été judiciairement constaté.
En outre, l'assemblée a décidé que cetle pétition
sera transmise, non-seulement a la Chambre des re-
présentants, mais encore a toutes les associations po
liliques du pays, invitées par Ie Meeting a formuler
les mêmes voeux.
L'Association d'Ypres l'a done recue comme les
autres associations. Que fera son Président en pré-
sence de cette communication? Convoquera-t-il l'as
semblée pour lui donner connaissance de la pétition,
ou bien enterrera-t-il de son autorité privée cette pé
tition qui lui est adressée, non pas a titre personnel,
mais en qualité de Président de l'Association et dont
tous ont le droit de prendre lecture? Cette facon d'a-
gir, qui ne surprendrait personne, serait un manque
de procédés grave tant a l'égard du Meeting libéral
qu'envers notre Association elle-même mais ce n'est
pas ce dont nous voulons nous occuper en ce mo
ment.
Nous prévoyons seulement le cas oü il prendrait
fantaisie a M. le Président d'émettre des opinions, de
formuler des voeux ou de prendre des résolutions au
nom de l'Association, auquel cas nous déclarons nul
et non a venu, en ce qui nous concerne, toute opinion
exprimée, tout acte posé en dehors de l'assemblée
générale et qui n'auraient pas été soumis a une com
pléte et fibre discussion. Nous déclarons, tant en notre
nom qu'au nom de tous nos amis, protester a l'a-
vance contre tout droit que le Président ou tont autre
pourrait usurper de trancher des questions sans la
coopération et le vote approbatif de la majorité, qui
seule fait loi et ne saurait donner personne mission
de prononcer pour elle.
Ee bonton.
Un mécanicien, le sieur Beeckman, sollicile en ce
moment de la Législature un subside pour la cons
truction d'une machine a voter de son invention.
II s'agit, si nous ne nous trompons, d'un subside
de vingt mille francs; mais la machine, au dire de
l'inventeur, donnera des résultats merveilleux.
Bertram, de VOffice de Publicitéaprès avoir ri tout
son soü.1 de l'idée du sieur Beeckman, a fini par la
prendre au sérieux.
L'idée est sérieuse, en effet; tellement sérieuse qu'il
n'y aurait pas a s'étonner si la Chambre accordail
l'inventeur le subside qu'il demande.
On nous assure que MM. Bouvier, Demoor, bande
loos, Desmedt et Yanhoorde se sont entendus pour en
faire la proposition formelle. Cette proposition serait
appuyée, au Sénat, par MM. Sylvain Pirmez, M. de
Robiano et Rodriguez d'Evora y Véga, marquis de
Rodes.
Patronée par des notabiiités de cette importance,
la requête de M. Beeckman aurait toutes les chances
du monde d'être favorablement accueillie.
Nous n'a 'ons nulle envie de contesler les avantages
de cette admirable machine nous croyons volontiers
qu'elle remplira toutes les promesses que son inven-
teur nous fait en son nom mais il ne faut pas se dis-
sirnuler qu'elle coütera très-cher et qu'elle grêvera le
budget d'une lourde dépense.
La Belgique comple 41 colléges électoraux a
fr. 20,000 par collége, cela nous faitdeja une somme
de 820 mille francs. Ajoutez les frais de premier éta
blissement, Ie traitement des mécaniciens, etc. Nous
voila bien prés d'un million.
Un million, c'est beaucoup d'argenl. Nous prenons