sure de dos moyens. Nous avous a faire aujourd'hui
une rectification de ce genre.
Lorsque nous parlions de l'audience sollicitée par
notre Collége échevinal, nous ne savions pas encore
qu'un autre libéral avait été également admis a pré
senter ses hommages respeclueux a Monseigneur de
lïruges, apparemment lui aussi en qualité de bon ca-
tholique. Plus heureux que MM Pierre Beke et Paul
Bourgois, M. Arthur Merghelynck a été admis Ie pre
mier jour. Nous éprouvons le plus vif regret de u'a-
voir pas fait mention de cette parlicularité. Nous es-
pérons que M. le Président des Hospices ne se sentira
pas blessé et, afin de réparer autanl que possible
notre faute, nous le prions de prendre sa part dans
les réflexions que nous avons publiées il y a huit
jours.
Nous recevons Ia lettre suivante, avec prière d'in-
sertion
Monsieur le rédacteur,
L'accueil sympathique que vous voulez bien faire a
toute réclamation juste, m'engage a recourir a votre
estimable journal pour signaler a qui de droit le fait
suivant
Dans l'intérêt du trésor de l'Etat, il existe en ma-
tière administrative, un principe en vertu duquel les
travaux publics pour compte du gouvernement, les
fournitures d'objets nécessaires au service adminis-
tratif des bureaux, les objets de consommation, les
fourrages, le matériel, etc., etc., sont soumis a l'ad-
judication publique.
Les dérogations a ce principe constituent des abus
qui peuvent dégénèreren collisions frauduleuses entre
des fournisseurs et des fonctionnaires publics. C'est
dans le but de les faire cesser que certains entrepre
neurs ont cru devoir adresser aux Chambres une pe
tition, tendant a obtenir qu'un appel soit fait a l'ave-
nir a lous les entrepreneurs et négociants, que le
résultal,des soumissions et des adjudications soit pu-
biié cfans les journaux et que les lots des fournitures
soient afiichés quelques jours a l'avance dans les bu
reaux de commerce. [Annates parlementaires du 19
janvier 1865, page 319).
A Ypres ce principe de Padjudication publique n'est
pas respecté. L'intendance militaire ne fait jamais ap
pel a la fibre concurrence pour la livraison des objets
nécessaires a la garnison.
Cet état de choses a même son influence sur le
commerce de la place, c'est ainsi par exemple que
chaque fois que la commission de la manutention mi
litaire achète elle-même du froment au marché, on
remarque une hausse dans la mercurialè.
Je crois done qu'en suivant la voie de Padjudication
publique et faisant appel a la fibre concurrence, le
trésor de l'Etat et le commerce de notre ville ne peu
vent qu'y gagner.
Agréez, etc. Votre abonné,
X.
On lit dans I'Organe de Courtrai
Notre administration continue a justifier son nom
de sans pareille, elle tient évidemment a nous rendre
la risee du pays. L'observance officielle du Carême
vient d'avoir son pendant. Ce sont les modèles en
pl&tre des classes superieures de 1 Académie de des
sin auxquels on a fait subir la mutilation d'Origène.
Pourquoi, se demandera-t-on on n'en sait rien. Nos
clèricaux sont plus saints que le Pape. Antinoiis,
Apollon, Pythien recoi vent depuis dessiècles, au Bel
védère de Rome, le tribut d'admiration du monde
entier, sans qu'une main de Vandale ait osé profaner
ses ceuvres sublimes Les copies de ces statues servent
partout de modèles a Penseignement, nulle part on
n'a songé les mutiler.
11 faut croire que nos clèricaux excellents apprécia-
teurs des arts, n'ont vu que des sans-culottes dans
les Dieux de l'Olympe et que cette parenté éloignée
avec les libéraux les a compromis. De la leur mal
heur... Quel dommage que nos bons clèricaux ne
puissent en faire autant a tous les libéraux... II ne
faut désespérer de rien, qui sait... peut être qu'un
jour viendra
Chronique warnétonoise.
Depuis notre dernière chronique il a passé beau-
cuup d'eau sous le pont et la position financière de
notre ville a été disséquée dans d'utiles el interessants
debats sur lesquels nous ne nous étendrons pas, prè-
férant laisser continuer la discussion par ceux qui
l'ont entamée et poursuivie.
D'ailleurs notre chronique perdrait le quelque at-
trait qu'elle peut présenter si elle cessait d'être la
narration exacte des faits et gestes de notre ville pour
devenir la défense de I'un ou l'autre parti.
Nous ne rapporlerons pas tout ce qui a pu être dit
sur l'abolition de Pabonnementnous passerons a
d'autres choses.
Et d'abord notons ici que notre édililé vient de pla
cer en divers endroits de la ville des placards porlant
defense de déposer des ordures sur la voie publique.
Cette défense existe d'apres le reglement communal,
mais elle était, nous dit-on, ignorée du public. Nos
administrateurs eux-mêmes J'ignoraient, parait-il
ils ne viennent que de la découvrir et tout heureux
de leur découverte ils en font part a leurs administrés
en afliehant leurs placards. Malheureusement on s'est
trop empressé a cette besogne et dans la fougue du
zèle on a été placer un placard sur les anciens rem-
parts, la oü l'on dépose les fumiers de la ville. a Dé
fense de déposer des ordures sur ces ramparts,
porte une planchette menacante; et peine l'avez-
vous dépassée de quelques pas, vous vous trouvez
en face d'une dizaine, non pas de monceaux mais de
monts de saletés vous envoyant leurs répugnantes
odeurs. Le règlement existe peut-ètre seulement pour
les habitants, et notre édilité, jouissant d'un privilége,
peut impunément y contrevénir? Nous con venons
que si elle a un privilége en cette matière, elle en use
largement dans les quartiers pauvres qu'elle aide a
rendre malsains.
II n'y a pas de règle sans exception. Nous en trou-
vons aujourd'hui une a l'axióme politique a qu'en
toute chose l'autorité doit douner l'exemple.
Faites ce que je dis et non ce que je fais est l'ordre
de notre édililé pour le dépól d'ordures sur les rem-
parts.
Aucuns diront que pareil ordre n'a rien de surpre-
nant, qu'anjourd'hui Ie régime du bon plaisir reprend
son empire; ils ajouteront même que si la sévérité
est utile et légitime de la part de certains agents
vis-a-vis des administrations communales, elle doit
l'être aussi plus souvent de la part de celles-ci a l'é-
gard de leurs administrés.
N'écoutez pas ceux-lèils se trompent.
Nous avons vu la sévérité appliquée en matière
purement administrative et chaque fois que cela s'est
présenté nous l'avons regrettè. II ne peut être libéral
de peser sur des fonctionnaires pour les faire agir
conlrairement leurs sentiments et leurs opinions.
Pareille contrainte eonstitue une oppression qui peut
convenir a un régime despotique mais qui répugne a
un peuple libre.
Un membre du gouvernement a cependant, en plein
Sénat, fait l'apologie de la sévérité des commissaires
d'arrondissement sur les Conseils communaux qui
n'étaienl pas de son avis. II faut avouer que c'est la
une dróle de manière de favoriser la liberie commu
nale 1
Ces discussions du Sénat n'ont pas passé inaper-
cues dans nos campagnes. Nous avons entendu un
habitant des champs, homme sensé et libéral, affirmer
de tout le poids d'une expérience solide, appuyée de
bons raisonnements, que la puissance des commis
saires d'arrondissement était mephitique et ruineuse
pour la liberté et les franchises communales. II com-
parait un endroit relevant, il y a peu d'aunées, direc-
tement du gouverneur, aujourd'hui placé sous le con-
tróle d'un commissaire de sa comparaison il résul-
tait clairement qu'aujourd'hui le seul magistratde la
commune était le commissaire, car on n'ose plus rien
y faire que par ses ordres et même parfois pour lui
faire plaisir et acte de soumission, l'intérêt de la com
mune a éte sacrifié a d'autres intéréts de nulle valeur
pour elle.
Des cas de cette espèce se sont présentés bien sou
vent et, si notre chronique les comportait, nous en
relalerionsquelques-uns. Mais a quoi cela servirait-il
Tout le inoode sait que le pouvoir communal s'affai-
blit et s'annihile lorsque ceux qui l'ont en mains de-
viennent les zélés serviteurs des agents du gouverne
ment. Proudhon affirmant que les préfets el les sous-
préfets tuent la commune indépendante, la commune-
personne, dit vrai mais nous ne pouvons admettre
avec lui que ce soit-la une suite nécessaire des prin
cipes de la revolution francaise, un résultat de l'ex-
tension de l'égalité. Sous le despotisme, le pouvoir
central doit tout absorbermais sous le régime de
liberté, le pouvoir central ne doit rien enlever aux
Iibertés des extrémités, Proudhon a pu parler juste
pour Ia France, non pour la Belgique.
EnBelgique la commune doit être libre; le peuple le
veut ainsi. On peut parfois l'enchalner pour quelque
tempselle ne tarde guère cependant se relever.
En droit nous avons la commune libremais en fait,
il arrive qu'elle ne l'est pas.
Warnêton, le 15 Juin 1865.
Conférence littéraire de UI. Mndier-Xlontjan.
(Suite.)
Le Misanthrope offre un caractère plus intimec'est
le drame de l ame souffrante, blessée. Cette oeuvre
n'a pas besoin d'analyse. Qui ne la connait? II n'y a
pas d'intrigue d'ailleurs, et c'est particulièrement par
la qu'elle est un chef d'oeuvre. Les situations y sont
créées pour un caractère grandiose mis aux prises
avec la passion. Etudions un instant le principal per-
sonnage, Alceste. Alceste est le galant homme par ex
cellence du xviime siècle. Naissance, fortune, instruc
tion, probité, distinction d'esprit, franchise, amis
nombreux, rien ne lui manque. Mais, dans cette
splendide nature, l'excès des qualités vient tout gê-
ter. Alceste ne connalt pas ces limites recommandées
par Horaceest modus in rebus. II pousse toutes choses
a l'excès et passe a travers la société comme un bou-
let, froissant et brisant tout sur sa route. Ainsi, il a
un ami, un peu trop facile il est vrai, mais dévoué
néanmoins et d'un esprit également distingué, Phi-
linte. Eh bien l il le traite comme le dernier des
hommes
Hoi, votre ami Rayez cela de vos papiers.
J'ai fait jusques ici profession de l'être
Mais après ce qu'en vous je viens de voir paraitre,
Je vous déclare net que je ne Ie suis plus,
Et ne veux nulle place en des cceurs corrompus.
11 a un procés et son ami lui conseille d'y donnar
une part de ses soins; d'aller solliciter les juges; de
déjouer Ia brigue et la cabale. II n'en veut rien en
tendre il ne visiters aucun juge; il a pour lui Ia rai-
son, le bon droit, l'équité; et, si ces choses ne suffi-
sent, il aura, dit-il, a le Jffaisir de perdre son bro-
cès. On lui présente ensuite un sonnetil l'en-
voie au cabinet et s'expose a un duel. En toute
circonstance il est offensant, lui qui se plaint de tout
le mondeil est blessant jusqu'en amour et querelle
a tout propos la femme dontil est éperdument épris...
On saisit Ie cóté éminemment comique de ces situa
tions. Dans cette charmante première scène, oü l'au-
teur nous le révèle presque entier, on constate, au
point de départ, la supériorité d'Alceste surPhilinte...
Puis on s'étonne de le voir dépasser toute mesure
dans son aversion pour le monde, aversion qui est gé
nérale et comprend lous les hommes, comme il le dit
lui-même. Cela prêté déja a la comédie, mais ce n'est
pas tout. Une contradiction surgit, la plus étrange et
ia plus imprévue de toutes. Ge grand maudisseur, cet
Alcide de l'indignation, ce Thésée destructeur de tou
tes les faiblesses, porte en lui une faiblesse plus
grande que celles contre lesquelles il s'eraporte il est
amoureux et d'une Célimène encore 1 Rendre le Mi
santhrope amoureuxdit Jean-Jacques, était peu
mais le rendre amoureux d'une coquette, est un trait
de génie 1 La, en effet, est la portée philosophique de
l'ceuvre; la cause de l'explosion du rire et des lar-
mes... L'ême de Molière s'y retrouve tout entière....
Dès la première scène, le Misanthrope est mis a nu
dans toute la faiblesse que cette passion amoureuse
inflige a son caractère si viril, si énergique a tous
autres égards. Son ami Philinte s'efforce de lui faire
comprendre tout ce qu'il y a d'illogique, d'inconsé-
quent et d'insensé même s'attacher a Célimène.
Mais cette rectitude
Que vous voulez en tout avec exactitude. Etc.
Et l'ami a raison. Aimer une coquette. Mais c'est le
supplice d'Ixion sur la roue; de Sysyphe roulant au
flanc abrupte du mont ce lourd rocher qui sans cesse
retombe. Aimer une coquette 1 C'est le supplice de
l'impossible lenté par Pygmalion amoureux de sa
statue, collant ses lèvres embrasées sur les froides
lèvres de marbre de sa Galathée et suppliant vaine-
ment les dieux de lui donner la vie I Et c'est le
pauvre misanthrope, lui l'homme#dégoütè de tous ses
semblables, qui accepte ce supplice! Dès la 1r"
scène du 2rae acte, la coquette apparait se jouarit de
lui et lui arrachant ces comiques lamentations
Morbleu! faut-il que je vous aime
Ah que si de vos mains je rattrape mon coeur,
Je bénirai le ciel de ce rare bon beur!
Je ne le cèle pas, je fais tout mon possible
A rompre de ce coeur l'altachement terrible
Mais mes plus grands efforts n'ont rien fait jusqu'ici,
Et c'est pour mes péchés que je vous aime ainsi.