JOURNAL D'ÏPRES DE L'ARRONDISSEMENT
Pil ES, Bimanotie
Troisième annee. JY° 27.
2 Juillet 1865.
Paraissant le dimanche de ehaque semaine.
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POUR LA BELG1QUE
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Correspondance particullère de l'OPll'ION.
Bruxelles, 50 Juin 1865.
La presse cléricale ne trouve pas de mots assez
dors, assez amers pour Qetrir la conduite de la majo-
rité a l'égard du ministère; c'est de l'aplalissement,
du servilisme, de l'abjection, que sais-je encore? les
plus grosses injures sont les meilleures. Je veux bien
admeitre, injure a part, que la majorité, dans ces
derniers temps surtout, n'a pas fait montre d'un rare
esprit d'indépendancemais que dire de l'altitude de
la droite qui se mêle de lui faire la lecon
Depuis six ans, elle ne cesse de hareeler Ie gou
vernement, elle lui fait une opposition de tous les
jours, de tous les instants, prenant texte des moindres
incidents pour le vouer a l'exécration publique, et
chaque fois que ('occasion s'offre a elle de renverser
ce même gouvernement qu'elle accable journellement
des plus cruels outrages, nous la voyons s'éclipser de
la Chambre ou se joiudre a lui pour écraser ceux qui
menacent son existence. II est clair aujourd'hui, par
exemple, qu'il dépendait des cléricaux de renverser
le ministère sur la question des étrangers s'ils
avaient joint leurs voix a celles des libéraux qui de-
mandaient le renvoi a la section centrale des amen-
dements de M. Vanhumbeck, le renvoi était ordonné
et nul doute que ce vote eut été le signal de la retraite
du cabinet. Eh bien, qu'avons-nous vu? C'est qu'au
moment du vote sur ces amendements, les chefs du
parti, les Detheux,les Nothomb, les Delcour, les Tho-
nissen et aulres gros bonnels ont prudemment fait
retraite, abandonnant leurs soldats au hasard de
leurs inspirations personnelles.
Même attitude dans les débats sur la question
mexicaine. Alors aussi, comme hier, le sort du cabi
net était dans les mains de nos cléricaux uu blame
inüigé a M. Chazal atteignait évidemment le minis
tère tout entier. Mais alors aussi, comme hier, nous
les avons vu déserter le débat et se réfugier dans une
inexplicable abstention.
ÉPISODES DU SEIZIÈME SIÈCLE.
II.
Ee Camp du drap d'or.
Suite et fin.)
L'entrevue officielle terminée les festiements et
les joutes, pour me servir des termes employés par
les contemporains, commencèrent. Le roi de France
alia faire son festin a Ghines a vee la reine d'Angleterre
tandis qu'Henri VIII dina dans la tenie de la timide
Claude de France. De part et d'autre les réceptions
furent cordiales et splendides mais, en toute chose,
prudence est mère de sure téen consequence il fut
réglé que, comme le premier jour, les reines fète-
raient les rois et les rois les reines Et quand le
roi d'Angleterre viendrait a Ardres voir la reine de
France, que le roy de France partirait, quant et
quant, pour aller a Ghines voir la reioe d'Angleterre,
et a par ainsi ils étaient chacnn en otage l'un a l'au-
tre. Sage précaution qui prévenait les surprises
oulestrahisons-gentillesses de prince assez fréquentes
a cette époque.
J'ai tort de dire inexplicable; la conduite de la
droite s'explique, au contraire, parfaitement bien.
Malgró toute sa jactance, la droite se sent atteinte
d'une effroyable impopularitétous les moyens lui
sont bons pour rendre le pouvoir difficile a ses adver-
saires, mais quant a les renverser et se mettre a
leur place, elle comprend que la chose est tout
bonnement impossible. Seulement. quand on est m
forcé d'accepter pour soi-mème une position aussi hu-
miliante, je trouve que l'on a mauvaise grêee a re-
procher si amèremeut aux autres leur manque de
fermeté et d'indépendance.
Done, voila Ia loi sur les expulsions votée II était
grand temps, en vérité, sinon, nous courions vers
l'abime. Comptez done Depuis que cette loi tutélaire
avait cessé d'être en vigueur, prés de 200 voleurs,
escrocs et autres communistes avaient pris domicile
chez nous, et nul moven de s'en débarrasser I Puis,
pour combler la mesure de nos périls, un journal
abominable, la Rive gauche, qui menacait de nous
mettre en très-mauvaises relations avec le Goup-
d'Etat. Si ce n'est pas a faire trembler! Mais rassu-
rons-nous grêee a la tutelle providentielle de M. l'ad-
ministrateur de la süreté publique, le sol de la Bel-
gique sera incessamment purgé de tous ces ètres
dangereux et nous n'aurons bientót plus rien a re-
douter, ni du coup-d'Etat ni des voleurs.
Cette histoire de voleurs, fort bien racontée par
M. Tesch, a produil sur la Chambre une certaine im
pression. Mais je me demande comment il ne s'est
trouvé personne pour faire remarquer a M. le minis-
tre de la justice qu'il n'avait nul besoin de la loi de
4835 pour expulser ces messieurs de Belgique. En
effet, si, comme il n'a pas cessé de le soutenir pendant
tout le cours de la discussion, la loi de messidor an III
est encore en vigueur, cette loi lui fournissait les
moyens de les renvoyer a la frontière, au fur et a
Le cérémonial n'élait pas du goh I de Francois Ie'.
Entreprenant, hardi jusqu'a la téraérité, il aimait a
faire parade d'une confiance qu'il n'avait pas toujours
au fond du cceur. Un beau matin done, sans en rien
dire a ses ministres, il prend les deux premiers gen-
tilshommes qu'il rencontre et, vêtu d'une simple cape
a 1'espagnole, chevauche gaiment jusqu'au chateau de
Ghines, ce dont les Anglais s'èmerveillèrenl fort,
puis, après s'être fait indiquer la chambre du roi, et
ne tenant aucun compte du Sire, il n'est pas encore
éveillé, B que murmurait Ie gouverneur de Ghines, il
va surprendre Henri VIII qui fut ébahi plus que
homme oncques Ie fut.
Le premier moment d'émotion passé, les deux sou-
verains échangèrent dos présents, tout en se faisant
force caresses, le roi chevalier cbauffa, lui-même, la
chemise de son frëre et la lui baiila, afin qu'il se pfit
vêtir. A tant de courtoisie le mari do Catherine d'Ara-
gon, répondit d'une facon toute delicate. Lors de la
lecture du traité d'alliance, lisant les articles qui le
concernaient, ilcommemja Je, Henry, roi.... je ne
d mettrai point de France, puisque vous êtes ici, car
je mentirais; Je, Henri, roy d'Angleterre!....
Cette condescendance eut un succès d'a-propos et de
mesnre de leur entrée en Belgique. Pourquoi nes'en
est-il pas servi? Mais, il faut bien le dire, a part
M. Vanhumbeek, pas un représentant ne s'était donné
la peine d'étudier la question et M. le ministre de la
justice a pu proférer les plus grosses énormités sans
rencontrer d'autre contradicteur sérieux.
Une autre histoire de M. le ministre, c'est celle de
eet étranger qui dirige, non loin de Bruxelles, un pen
sionnat et qui n'est autre qu'un repris de justice, con-
damne dans son pays pour attentat a la pudeur.
Le fait est parfaitement exact. Seulement, M. Tesch
a oublié d'ajouter que eet individu a ouvert son pen
sionnat depuis neuf ans et que jamais M. l'administra-
teur de la süreté publique n'a songé a l'inquiéter.
J'ajouterai, pour i'édification de vos lecteurs, que les
antécédents judiciaires de cet homme sont connus de
puis fort longtemps et qu'on n'a pensé lui en faire
un grief que depuis qu'il est entré en lutte avec son
bourgmestre, grand pourfendeur de cléricaux et fort
bien connu de Joseph Boniface, qui le tient en une es-
time toute particuliere.
A propos de M. Joseph Boniface, laissez-moi vous
dire que la séance d'hier n'a pas été sans amertume
pour M. le représentant Defré. II y a encore par-ci
par-la quelques bonnes gens qui ne peuvent se faire
a l'idée que M. Defre ait fait peau neuve et qui es-
pèrent toujours retrouver un peu de l'ancien paro-
phlétaire dans M. le bourgmestre d'Uccle. Gombien de
ces bonnes gens ne m'ont pas dit que M. Defré vote-
rait contre la loi de 1835 1 Aussi, quand, a l'appel de
son nom, un oui s'est fait entendre, un tel murmure
a éclate dans les tribunes que le vote en a été pour un
instant interrompu. M. Defré a pali. II a compris-.
Je ne vois pas pourquoi je n'ajouterais pas que le
vote de M. de Florisonne sur la question des amende
ments de M. Vanhumbeek a produit ici une impres
sion des plus favorables a voire jeune dèputé.
bon goüt. Les Anglais adinirèrent l'esprit de leur
prince; les chevaliers francais sourirent en caressant
le pommeau de leurs vaillantes épées.
Après les diners vinrent les joutes. Et d'abord les
luttes entre puissanls lutteurs oü les Anglais eurent
lout l'avantage pour ce que le roi de France n'avait
fait venir de lutteurs de Bretagne. Henri VIII en
fut si réjoui que le soir, se trouvant dans la tente
frontière avec le roi de France, il prit cedernier par
]e collet et lui dit Mon frère, je veux latter avec
vous, et il lui donna une attrape ou deux, el le roi
de France, qui est un fort bon iutteur, lui donna un
tour et le jeta par terre.
Une autre fois, ce fut le tir a l'arc, le roi d'Angle
terre y fit merveille. Vint enfin le jour des grands
fesiiements. La messe fut dile par le cardinal d Yorck
et chantée par lous les chantres des deux rois. Ceux-
ci communièrent et l'on procéda ensuite au mariage
de Mgr le Dauphin de France, qui avait un au, avec
Madame la princesse d'Angleterre qui en avait deux
et demi.
Après les cérémonies religieuses vinrent les ré-
jouissances, les tournois oü Francois 1" fit admirer sa
grêce autant que sa force; tandis qu'Henri VIII, épais