Progrès disait vrai, son affirmation prouverait que M VI. Vandenpeereboom et de Florisonne auraient né gligé de s'enquèrir des véritables intéréts de leurs commettants. Ce n'est sans doute pas a cetle conclu sion que tend Ie raisonnement du Progrès? Tout ce que nous disons ici par rapport aux hou- blons s'applique également aux huiles L'article du confrère s'occupe presque exclusive- inent de notre commerce a vee la Prusse et l'Allemagne pour affirmer que ce pays a n'a jamais été pour nous un grand marchè d'exportation. Cette ap preciation ne sera pas partagée, pensons-nous, par nos commercants. Cependant Ie Progrès, forcé de convenir que les droits sunt maintenus en Prusse au chiffre considerable de 18 fr. 75 les 100 kilog., garde un silence prudent en ce qui concerne la France; il oublie que la les droils d'entrée sur les houblons sonl encore plus considerables 20 fr. par 100 kilog. II feint d'iguorer également que, par suite des conventions anterieures entre la Belgique, d'une part, la France et la Hollande, de l'autre, ces deux pays jouissent des avantages accordés Ia nation la plus favorisée; leurs produits, de même que ceux de l'Allemagne entreront chez nous en franchise de droits. Pourtant l'évidence des fails arrache au Progrès un précieux aveu. Après avoir conteste que l'Allemagne soit un important marché d'exportation pour les hou blons beiges, il ajoule un peu plus loin Nos veri- tables marches d'exportation pour Ie houblon sont, comme chacun sait, la France cl l'Anglelerre. Fort bien, et voici prononcée, sans Ie savojr, la con- damnalion la plus formelle du Traité, car, si la France est un de nos principaux débouchés, pourquoi lui ac- corder la libre-entrée des houblons et des huiles,alors qu'elle maintient, elle, sur les produits similaires bei ges, des droits respectifs de 20 fr. et de 6 fr. les cent kilog. Nous l'avons dit et nous ne saurions assez le répéter la libre-entrée, sans réciprocité, est une du- perie. Mais ce n'est pas tout. II sera intéressant de savoir ce que le Progrès lui-méme pensait de ces conventions commerciales, il y a quelques années, et de meltre en regard son opinion d'alors et celle d'aujourd'hui. Voici ce qu'il écrivait le 15 avril 1847 a Dans une des dernières séances du Sénat, M. Ma il lou-Mergauwen, sènateur d'Ypres, a signalé a l'at- lention du gouvernement encore un exemple de dupes qu'en maint cas nous jouons, vis-a-vis de l'é- tranger, a, nos propres dépens. Les houblons beiges paient a leur entrée 1° En France, par 100 kilog., de 60 a 65 fr. 50 c., selon qu'on les importe par navires francais ou élrangers, ou par terre2° Eu Allemagne, 18 fr. 75 par 100 kilog.en Angletei re, 221 fr. 47 pour la même quantité. Ce sont la des droits prohibitifs et qui cadrent fort mal avec ceux n que Le tarif beige prélève sur les houblons élrangers. Ces droits ne sont, pour ainsi dire, que nominaux ils s'élèvent seulement a 1 fr. 27 par 100 kilog. M. le ministre des finances a prorais d'examiner la questionnous désirons qu'il s'en occupe au plus tót el qu'il puisse insérer dans le projet de loi rela- i> tif au tarif douanier, soumis dernièrement a la v Chambre, une disposition .PROTECTRICE de nos j) houblonnières. Nous sommes loin de la disposition protectrice ré clamés par le Progrès. Car, si l'Anglelerre a aboli ses droits, la Prusse, sans parler des huiles, a maintenu les siens sur les houblons et la France percoit encore aujourd'hui sur ce produit un véritable droit prohibi- ,tif, comme le disait si bien le Progrès en 1847. Par conlre, les droits prélevés en Belgique qui, quelque faibles qu'ils fussent, opposaient neaumoins une cer- taine barrière a une trop choquante inégalité, ces droits ont fait place a la libre-entrée. Mais comment se peul-il qu'un journal qui se res- pecte soutienne tour a tour blanc el noir a quelques années d'intervalle La raison en est simple. Lesatnis du Progrès n'etaient pas aü pouvoir en 1847 comme aujourd'hui. On l'a fort bien dit, l'arrondissement d'Ypres a été sacrifiéaux charbonnages et nos représentants ont eu le lort grave de consacrer ce sacrifice par leur silence et par leur vole. En présence de cette situation, blan- chir les patrons est ia première preoccupation du Pro grès; tout le reste, evidence des fails, antécédents, opinions exprimées, les intéréts mêmes de l'arrondis- sement, toutcela devient secondaire. Son unique souci ^n ce moment est de dorer la pilule, sans doute dans l'espoir que Ie public l'avalera philosophiquement en considération de la dorure. I.orsqu'il s'agil d'un Traité de commerce, la Chasa- bre des Représentants ne soufTre pas la discussion. A preuve, ce qui s'est passé lors de la présentation du Traité avec le Zollverein une discussion d'une demi-heure avail tellement faligué MM. les manda- laires du pays que de toules parts l'assemblée criait la clóture\ la clólure\ Et cependant de graves intéréts étaient en jeu, la prospórilé du pays ètail engagée et la fortune publique peut-être compromise. A la bonne heure, lorsqu'il s'agit du curé de Ven- cimont ou d'une loi électorale I Alors nos représen tants sont tout oreilles ou lout langues; rien ne peut les distraire du sujet traité ils s'amusent et s'ébau- dissent au milieu du pays faligué de leurs discussions inutiles et passent en débats stóriles un temps chère- ment payè. Encore le Traité avec Ia Prusse, La Chambre de Commerce de Termonde partage notre avis sur le Traité avec la Prusse. Voici ce que nous lisons dans le Précurseur ii propos du Rapport annuel de cette Chambre La Chambre de Commerce de Termonde, et elle n'est pas la seule a exprimer de pareilles doléances, se plaint amèrement de ce que le traité conclu avec la France permette au fabricant francais d'enlever, en franchise de droits, nos graines, et, après avoir vendu ses huiles a des prix supérieurs aux nólres, de reim- porter, encore sans droits, le produit encombrant, les tourteaux, tandis qu'on ferme a nos fabricants le marché des huiles par un droit prohibitif. Ces der- niers ne craignent pas la lutte, mais en attendant le libre-échange complet, ils réclament un juste système de réciprocité. La Chambre de Commerce de Termonde formule un vceu spécial pour l'industrie huilière Nous prions le gouvernement, afin de relever cette industrie, qu'en attendant le libre-échange com plet, il consacre dans les traités un juste système de réciprocité. Le gouvernement, dans son Traité avec le Zollve rein a fait justement tout le contraire de ce que ré- clamait la Chambre de Commerce de Termonde. Nous croyons que les meilleurs avocats de la cause du commerce sont les commercants eux-mêmes et que la Chambre de Termonde est sous le rapport des intéréts mercantiles plus compétente que le Progrès. Libre a celui-ci de soutenir, par réclame électorale, que le Traité est bon le public le ne croira pas. L'Opinion a suffisamment établi que par le nouveau Traité on persécutait la culture du houblon et l'in dustrie huilière; le vceu du Conseil provincial est venu confirmer notre jugement; enfin, voici la Cham bre de Commerce de Termonde, et elle n'est pas la seulequi condamne l'opinion du Progrès. Notre aimable confrère ne se tiendra pas pour batlumais il ne se taira pas moins. Ainsi font les sages de -certaine école ils prononcent des oracles et ne les raisonnent jamais. Une circonstance atténuante pour le Progrèsc'est que les hommes sont toujours contre la raison quand la raison est conlre eux. 11 sait qu'il a tort, que ses amis ont eu tort en votant comme ils l'ont fait, mais il se garde bien de l'avouer car l'intérêt personnel le lui défend. Apprèlez vos armos 1 Quelqu'un a jugé utile on devine faeilement pourquoi de rééditer les développements donnés par M. Van Merris a la proposition faite en faveur de la revision de notre traité de commerce avec la Prusse et de faire une généreuse distribution de ce carré de papier dans tout l'arrondissement. Une particularité a noter c'estque, dans la nouvelle circulaire, on ne trouve désigné comme auteur de la motion au Conseil provincial que le seul nom du conseiller poperinghois, les autres étanl dissimulés sous un étrange etcetc., landis qu'on sait qu'en réalilé cette motion a été si- gnée par tous les conseillers de l'arrondissement. La circulaire dont nous annongons l'apparition a copió littérodement l'entête de ce factum de M. Charles Van Renynghe qui a si fort excité la bile du Progrès; comme son ainée, elle debute par ces mots en grands caractères Hommelkweekers, leest en oordeeltI Done, entre M. le représentant et M. le conseiller de Pope- ringhe, il u'y a aucune difference l'un et l'autre s'a- dressent au jugement des producteurs de houblon, l'un et l'autre condamnent les stipulations du traité prussien. Pas de doute que le Progrès, qui a si chau- dement défendu ce traité a propos de l'apparition de la première circulaire, n'apprête dèja ses armes pour éreinter maintenant M. Van Merris. Car, si le Volks vriend, après avoir défendu avec une chaleureuse con viction la convention commerciale, en reproduit quel ques jours après la critique avec une conviction non moins chaleureuse, s'il peul sans inconvenients revê- tir tous les costumes, s'affubler tour a tour de toutes les défroques et pas moins pour cela continuer de passer inapercu, il n'en est pas de même du Progrès, qui a des pretentions de journal sérieux. Nous Sa vons tous que cette feuille préférerait sacrifier ses intéréts les plus chers et endurer tous les maux plu tót que de renier, dans le moindre de leurs détails, ses principes d'autrefois. Que M. Van Merris y prenne done gardla bombe ne tardera pas d'éclater, et c'est de l'encrier du Progrès qu'elle sortira 11 I L'iguorance justifiéc par la Ehambre et les Conseils provinciaux. Tandis qu'a la Chambre des représentants la mo tion si liberale de M. Orts est rejetée par une majoritó de mandataires tenant plus a être les procureurs des ignorants que des lettrés, nos Conseils provinciaux des Flandres décident que ('instruction ne présente aucun intérêt provincial et rejettent, a Bruges l'in- tervention de la province dans la crèalion d'une bi- bliothèque populaire a Gand la collation de bourses a desjeunes gens de l'université de cette ville. Au fond, les decisions de ces divers corps eonslitués sont les mêmes et reviennent a ceci ne pas encou- rager le progrès intellectuel, permettre a l'iguorance le développement de ses ceuvres délétères. A Gand, un certain Lauwereyssens, de Nederbra- kel, propose de supprimer les bourses a quarante- quatre jeunes gens, parmi lesquels plusieurs, nous dit-on, verront leur carrière brisée. D'après ledèpulé de Nederbrakel, l'Université de Gand n'est d'aucun intérêt pour la Flandre oriëntalel'éclat dont elle brille est chose indifferente pour cette province. Sa proposition a été admise par 40 voix contre 22. A Bruges, nos députés permanents trouvenl les bi- bliothèques populaires lout a fait inutiles et sans in térêt pour la province. Suivant eux, le peuple ne gagne rien a lire et la grande partie du Conseil pro vincial, partageant cette idéé, juge comme les dépu tés. Que voulez-vous? ces Messieurs, pour la plupart, ne lisent guère et n'en sont pas moins conseillers pro vinciaux remplissant leur chargea leur conlentement, ce qu'on peut constater sur leurs figures satisfaites. lis croient les autres capables comme eux-mêmes et pensent que tout un chacun peut sans aucun travail, avoir l'érudition de M. Demeulenaere, de Moorslede, et la profondeur de M. Jacques Carpentier, d'Ypres. A Bruges, a Gand, a Bruxelles, des hommes polili- ques viennent, en plein xix"" siècle et dans la libre Belgique, de donner le pas aux idéés du Moyen-Age sur celles de notre époque de progrès. lis fustigent la science en la déclarant égale a l'ignorance; ils abais- sent leur nation en proclamant, ici, l'inutilité de l'ius- truclion la, l'impossibililé de distinguer l'homme in- struit de l'ignorant. Nous n'avions jamais cru devoir assister a pareil spectacle. Quel est celui, en effet, qui aurait osé dou- ter qu'un ministère liberal se refusat d'accepter comme condition de l'exercice du droit d'ólecteur, la capacité de lire et d'écrireV Et jamais on n'aurait pu supposer qu'on trouverait des Conseils provinciaux assez peu conséquents avec eux-mêmes, accordant des subsides l'instruction primaire qu'ils reconnaissent utile, re- garder comme inutiles les études supérieures et les bibliothèques populaires et leur refuser des bourses et des subsides 1 Décidément, l'iguorance a beaucoup de soutiens. Ea statuomanie. La paternelle sollici lude de M. Bourgois pour les grands travaux d'arl est trop universellemenl appré- ciee dans nos murs pour que nous ne nous croyions pas dispenses d'en fonrnir ici de nouvelles prouves. Notre échevin des travaux publics, qui possède déjè au plus haut degré la manie de modifier les trottoirs, de changer les escaliers, de rectifier l'alignement des maisons el de bouleverser les rues, sc trouve alteint aujourd'hui d'une nouvelle affection la statuomanie, dont les premiers symptómes se sont déclarés ces jours derniers. II lui a pris fantaisie de déeorer la cité de statues et c'est principalement sur nos boulevards

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L’Opinion (1863-1873) | 1865 | | pagina 1