qu'elles vont pousser comrae des champignons. Le gouvernement el la province, on le sait, donnent da larges subsides aux villes qui veulent élever des mo numents a leurs célébrités. Mais, hélas! l'histoire de la ville d'Ypres, au moins telle que la concoit M. Bour gois, ne fournit, même a ses époques les plus recu ses et les plus glorieuses, aucun personnage digue d'avoir sa statue, quoiqu'on en érige tant de nos jours, jusqu'a des héros de contrebande. A la vérilé, nous avons l'inappréciable bonheur de posséder des illus trations coutemporaines, mais leur modestie, leur au- stéritépolitiques'accommoderaient malde ('apothéose. A tout prix cependant il fallait a M. Bourgois sa sta tue. Ou la trouver? Fort heureusement la bénédiction de Mgr l'évêque de Bruges qui inculque les saines idéés et plus encore les souterrains de l'Hólel-de-Ville aidant, la chose alia toute seule. On eonservait quelque part, reléguée dans un coin, une statue de Nolre-Dame de Thuyne, oeuvre de noire compatriote Fiers. Datant dója d'une vingtaine d'an- nées, cette oeuvre avait été destinée a couronner la porte d'entrée de l'ancien perron des Halles. Mais l'administration de cette époque na l'avait pas agréée et I'on ne savait pas trop ce qu'était devenue la Ma- done, quant notre échevin, armé de pied en cap, un peu comme Marlborough qui s'ew va-t-en-guerrese livra a de longues et fructueuses recherches et un beau matin on Ie vit sorlir triornphant des caves de I'Hólel- de-Ville, sa statue sous le bras, absolument comme Bertram sort de la trappe dans Robert-le-Diable. Hour- rah il l'avait enfin découverte! C'est cette statue qu'il a fait placer au Rond-Point du jardiu de la sta tion, derrière Ie eouvent des Dames de Rousbrugghe, sur un piëdestal maconnó tout exprès pour la circon- stance. Graces en soient rendues a tant de perspica- citè, a cet admirable instinct de limier, lés bons senti ments de nos bons magistrals catholiques se perpetue- ront désormais dans la pierre pour la plus grande edification des fidèles. Dire l'effetque doit produire, posée sur un piëdes tal de deux mètres de hauteur, une oeuvre plaslique que les conditions de sa conception aussi bien que de son exécution, appelaient a domiuer a une grande élévation, dépeindre la singulière impression qu'on éprouve en voyant se dessiner sur le vaste horizon une statue faite pour être adossée a un monument et l'embarrassante déception dont on est accablé quand, après l'avoir examinée allentivement de face, on veul tourner tout autour et qu'on se trouve subitement nez a nez avec une pierre brute serail chose su- pei'flue. On le comprend de reste. Gette observation qui n'aura pas manqué d'être faite souvent, sera saus doule arrivée aux oreillesde M. Bourgois, car il fait tailler en ce moment même uu long inanteau a traine, un vrai manteau de cour pour habiller convenablement cette vierge a demi-vêtue, presque aussi peu vêtue que la Vénus Callypige. Nous n'insislerons pas davantage sur la satisfaction que doit ressentir l'artiste de voir ainsi détourner de sa destination primitive une de ses premières oeuvres, don I le travail inachevé saute trop clairement aux yeux dans les conditions actuelles. II n'y a que notre Gollége échevinal pour savoir protéger aussi délicate- ment les artistes 1 On se perd en conjectures sur les motifs qui onl fait placer Notre-Dame de ïhuyne sur nos boulevards. Nous croyons pouvoir satisfaire cette curiosilé. On n'ignore pas que certaines parties des boulevards sontfort fréquentées pendant les belles nuits d'été par ceux qui s'en vont deux a deux le Rond-Point est un des endroits privilégiés. Les gracieuses ondula- tions.... du terrain, l'ombre rafraichissante et.... pro- tectrice, les bancs.... réparateurs qu'une administra tion complaisante a parsemés au milieu des massifs toulFus, tout y semble combiné par la nature et p^r la main des hommes pour inviter les amoureux au re pos. Eh bien 1 Marie n'est-elle pas la uière des pé- cheurs Ne peut-ou pas espérer a bon droit que sa présence mellra le hola a des ébats par trop joyeux Nous avons enlendu critiquer cette statue paree qu'elle baisse les yeux; on la comparait h une pudi- bonde fille d'Albion lancant son exclamation favorite Schoking6 ShameCe qui faisail l'objet de cette cri tique est pour nous son principal mérite. Une vierge qui habite le Rond-Pointou. les habitudes et les mceurs sent si différentes des moeurs et des habitudesduCiel, tie sa urait être trop circonspecte et nous nous affli- gerions fort pour elle si, au lieu de tenir le regard coustamment fixé en lerre, comme il convient, elle se mettail a lancer des oeillades aulour d'elle. Par l'érection d'une statue si bien en situation, M. Bourgois atteint done un double but, il fait d'une pierre deux coups il contribue efficacement au pro- grès des arts et sauvegarde la moralilé publique. Mais l'idée de notre Vilruve moderne, quelqu'amu- sante qu'elle soit, ne serait rien, si elle n'était en même temps féconde. Une statue au Rond-Point, c'est fort bien mais de l'autre cóté de la Porie, derrière la perche de S. Sébastien, il y a un autre Rond-Point et il faut de la symétrie. M. Bourgois y mettra S. Joseph. Qu'après cela il trouve une place convenable pour le baudet et nous aurons de ce cóté de la ville une repré- sentation compléte de la Fuiteen Egypte. A proximilè du chemin de fer, les occasions de depart ne manque- ront pas. Ailleurs, M. Bourgois éparpillera les saints et les saintes du Paradis, a commencer, comme de juste, paries bienheureux Apótres. Ahl que n'avons-nous voix au chapilrel Nous proposerions comme complé ment de ces innovations la confection de quelques jo- liscostumes rouges, jaunes,bleus, verts, violets,blancs, noirs, on pourrait prendre toules les nuances du perroquet, doni on ornerait toutes ces statues aux fêtes solennelles, comme on fait de S. Jean Népomu- cène sur le pont a Courtrai ou encore de cet ancien bourgois de Bruxelles que chacun connait. Si notre idéé était accueillie comme elle mérite de l'être, nous jouirions fréquemment dans nos murs, a très-peu de frais et sans déranger personne, d'un spectacle aussi pilloresque et aussi désopilant que la célèbre proces sion de Furnes. Mais chutvoici une grande nouvelle entre nous. Car, s'il le savait, il se soustrairait a l'ovation. Des admiraleurs enthousiasles el vigoureux, pénétrés de reconnaissance, forment le pr<>jet de porter triompha- lemenl notre échevin au Beffroi nous n'avons pas deCapitole, pour rend re graces a Dieu eta M. Bour gois des munificences dont celui-ci, dans sa statuoma- nie, veut doter la ville. Un jour un homme de grand mérite fut chargé de construire un pont lournant. 11 est vrai que des ef forts surhumains ne réussirent jamais faire tour ner ce pont; son constructeur n'en était pas moins un homme de grand mérite. Mais le peuple ignorant les myslères de la science et se figurant bien a tort qu'un pont lournant doit pouvoir tourner, méconnut le mé rite original de cette nouvelle construction et, daas son ingratitude, il baptisa l'homme de génie de I'épi- thète caractéristique A'exéculeur des brioches publi- ques. Le peuple yprois ne suivra jamais ce funeste exem - ple. Eten attendant qöö nóus puissionsfaire connaltre le jour et l'heure precise de la touchante cérémonie que nous avons eu le lort de divulguer, nous enga- geons vivement tous nos concitoyens a se rendre en pélérinage au Rond-Point pour y admirer la Madone de M. Bourgois. Des lampions des lampions Le soir do l'entrée du 10e régiment de ligne dans nos murs, le ciel était noir b ne pas voir un pas de- vant soi et notre ville plongée dans la plus compléte obseurité. Differentes personnes se sont contusion- nées, les unes en se heurtanl centre les marches des maisons, les autres en loinbanl dans des soupiraux de cave. C'était pénible aussi de voir les officiers nou- vellement arrivés dans nos murs chercher vainement, par une pluie torrentielle, a retrouver leur chemin ou a reconnailre leur demeure au milieu de ces té- nèbres et certes ils n'y seraient pas parvenus sans le secours de quelques rares passants. Nous laissons a juger de l'idée que doivent se faire de la ville d'Ypres, en voyant de pareilles choses, des étrangers qui arrivent d'Anvers, de Bruxelles ou de quelque autre grand centre Quant a nous, pour t'hon- neur de notre cite, nous protestons et nous som mes convaincu qu'en cette circonstance nous tradui- sons fidèlement les sentiments de tons les habitants nous protestons énergiquement eorilre I'incurie de ['administration communale. II semble d'ailleurs que nos édiles eux-mêmes ont honte de leur oeuvre, car dés le lendetnain on allu- mait les róverbères. N'en est-il pas toujours ainsi? Quand le cheval s'est sauve, on ferme la porte de Pecurie! La Kermessc. Toulle monde est d'accord sur la pauvrelé du programme officiel de la kermesse que la commission des fêtes a si labo- rieusement enfanlé, en concurrence avec la raonlagne qui, après d'épouvantables clameurs, n'accoucha que d'une sou ris. II n'existe au budget qu'une somme de 5,500 fr. pour les fêtes et cérémonies publiques avec une pareille somme on ne va pas loin et le secret de faire bonne chère avec peu d'ar- gent n'appartient qu'b Harpagon. Aussi malgré que nos mu- nicipaux aientaugmentés de quelques centaines de francs les fraisdes violons,on ne pourra guère nocerbeaucoupdans notre ville d'Ypres. Heureusement que les sociétés particulières sont venues en aide 5 nos édiles, pour donner du relief A une oeu vre qui sans elle aurait été dépourvue du moindre altrait. Eu effet, l'organisation du festival appartient a la Société des Chceurs; les fêtes de la Concorde et de Sl-Sébastien se repro- duisent tons les ans par les soins de ces deux sociétés, saus qu'il en coüte un sou b la ville le concours dramatique est dit a l'initiative de la société de Flaamsche Ster et les dif férents tirssont organisés par nos diverses société d'archers. On peut done dire que les sociétés particulières ont fait le programme et que sans elles nous nous trouverions privés de kermesse. Un concours de pinsons. un feu d'artilïce et les jeux de cartes et de Schaerlje Knip, voilb ce que nos édiles nous ontoctroyés dans leur munificence. Disons aussi que ce chef-d'oeuvre de typographic yproise, oü ne figurent pas même les armes de la ville, est loin de reinplir les conditions désirables. Un programme des fêtes s'adresse b la masse du public, et comme tel il doit être rendu intelligible pour le plus grand nombre en s'adressant b leur langage propre. II faut done qu'il soit traduit dans les deux langues, comme cela se pratique dans la plupart des villes flamandes.notamment b Bruges et b Gand. II faut encore qu'il re?oive une plus grande publicité, au moins dans la province et dans les villes fronlières, et qu'en raison de l'absence de programmes spéciaux, il soit d'un laconisme moins désolant que celui de l'année 1865. I,e festival de chant d'ensemble, en raison du zèleetdu soin que la Société des Chceurs apporte b son organisation et des éléments nombreux qui sonl appelés b concourir b son exécution, serasans contredit la plus brillante de toutcs les fêtes. Nous n'avons pas souvenir d'avoir jamais assisté ici b un festival de chant, et sa réussite ne peul-être douteuse. No tre éminente association lyrique fait grandement les choses et elle saura répondre digneinent b l'attenlc du public. Voici la liste des vingt-et-une sociétés de chant inscriles jusqu'b ce jour pour prendre part b ce festival, qui sera ou- verl par la Société des Chceurs d'Ypres. I. Société l'Union, b Menin. 2. L'Étoile, b Lille. 5. Tael en Kunstvrinden, b Pithem. 4. Orphéon,b Bailleul. 5. Ledeganks- Genootschap, b Gand. 6. La Cécilienne, b Houpelines. 7. So ciété philarmonique, b Bergues. 8. Les vrais Amis, b Wervicq (France). 9. L'Écho de l'Eseaut, b Zele. 10. Orphée, b Gand- 11.Concordia,b Moorseele. 12. La lyre Marcquoise,b Marcq-en- üaroeul. 13. De Mandelehoor, b Iseghem. 14. Orphéon, b Ber gues. 15. L'Union chorale, b Wellemmes-Lille. 16. La Lyre roubaisienne, b Ronbaix. 17. De Vrindenkring, b Bruges. 18. Société Orphéonique, b Roubaix. 19. L'Echo de la Lys, b Hal- luin. 20. Vancrombrugghes-Genootschap, b Gand. 21. Lei en Scheldegalm,b Gand.Outre cesnombreusessociétésde chant, dix-neuf sociétés d'harmonies et de fanfares se sont fait in- scrire pour cette fête musicale. En voici les noms. 1. Sapeurs- Pompiers, b Poperinghe. 2 Société d'harmonie, b S»-Génois. 5. Fanfares, b Gentbrugge. 4. Musique communale,bDunker- que. 5. Société Philarmonique, b Lauwe 6. S'« Cécile, b Me nin. 7. Les Amis réunis, b Roulers. 8. Harmonie, b Comines. 9. Id. b Roulers. 10. ld. b Messines. 11. Id. b Malines. 12. Id. b Dixmude. 13. Société philarmonique, b Wellemmes. 14. Fan fares, b Reningelst. 15. Id. b Houpelines. 16. Id. b Langhe- mareq. 17. Id. Westoutre. 18. Harmonie, b ArmenlièniS. 19. Garde-civique,b Courtrai. Le dimanche 6 Aoüt de l'an de grbce 1865 sera done, s'il ne pleut pas, un bien beau jour. Conseii provincial de la Flandre Occidentale. Séance du 14 Juillel 1865. L'appel nominal constate la présence de 53 mem bres. Le procés-verbal est approuvé. La discussion d'une proposition tendante établir un pont et non pas un ponton sur le canal de Varse- naere Houlhem, est remise. M. Belteau nom de la 2m" commission, présente un rapport sur la requête de quelques habitants de Poel- capelle, tendante a ce que ce hameau soit distrait de Langhemarck et érigé en commune distincte. Le renvoi a la députation permanente est prononoé. M. Van Merris présente Ie rapport au sujet de l'a- bolition des droits du houblon a la sortie du pays. Les conclusions sont approuvóes. M. Desmet-Bernier, au nom de la 3" commission, présente le rapport sur une deinande des présidenls des tribunaux de lre instance de Courtrai, Furnes et Ypres, tendante a majorer les sommes allouées pour menues dépenses. Les conclusions favorables sont approuvées. La discussion du rapport sur la proposition de con- tracter un emprunt de fr. 250,000 est remise a la prochaine séance. M. De Keuwer interpelle l'ingénieur en chef au su jet des travaux d'amélioralioh do l'Yscr cl dc l'éla- blissement d'une ócluse sur le Bortegat. M. Züber répond que jusqu'a présent ('affaire n'a pas recue de solution. La discussion de plusieurs autres rapports est fixée a une prochaine séance.

HISTORISCHE KRANTEN

L’Opinion (1863-1873) | 1865 | | pagina 2