JOURNAL D'ÏPRES DE L'ARRONDISSEMENI ÏPRES, Di manche Troisième année. IV0 32. 6 A out 1805. I'ICIV U<«,KOIAEMEir M HH Hj Ak PBIX I»1S ANKOSCES POUR LA BELGIQUE W fl 11 W |MT W gwT ET DES RECLAMES 8 francs par an 4 fr. 50 par semestre. H H H HHB H ShLB H H H I 9LjE 40 centimes la petite ligne. Pour l'Etranger, Ie port en sus. H JE H |p H BE Bj H SoD I B& Corps du journal, 30 centimes. Un Numéro 25 Centimes. MM Ml Mi BI M Mi BH M Le tout pavable Paraissant le dimanche de chaque semaine. Laissez ilirp. laissez-vous l>l4mer, mais ptihliez vofrc pensée. On s'abontie a Vpres, au bureau du journal, chez Féux Lammn, imp.-lib., On traite a, forfait pour les annonces souvent reproduitesToutes lettres rue de Dixmude, 55. j ou envois d'argent doivent étre adressés franco au bureau du journal. Corresponilancc particuliere de l'OPISIOX. Bruxelles, 4 aoüt 1865. Les bruits les plus contradictoires continuent a circuler au sujet de la «antè du Roi. Ainsi, tandis que les journaux ministériels s'évertueot A nous donner chaque jour les assurances les plus propres calmer l'inquiétude pnblique.d'autres journaux, appartenant pour la plupart a l'opposition, si- gnalent une aggravation constante dans I état de S. M. et nous prédisent une catastrophe prochaine. Les jours du Roi sont comptés, s'écrient I Escaut et la Gazette de Liége. Mensonge, répond le Jour nal de Liége le Roi se porte telleinent bien qu'il se dispose partir incessamment pour Os- tende. Qui des deux a raison C'est un point que l'avenir seul pourra décider: mais je suis tenté de croire que pessimistes et optimistes tirent infini- ment plus de leur propre fond que des indiscre tions échappêes a l'entourage royal du malade et que la fantaisie joue un grand róle dans les révé- lations dont ils régalent quotidiennement leurs abonnés. Que le Roi soit malade, et même grave- ment malade, c'est ce dont personne ne doute mais que le danger soit tel qu'il n'y alt plus rien attendre ni des secours de l'art ni des ressources de la nature, et que ce danger soit si prochain qu'il faille compter par jour et minute la part de vie que Dieu réserve encore ii S. M., ni la Gazette de Liége, ni YEscaut n'en savent absolument rien, pas plus que le Journal de Liége, qui les contre- dit. Une seule chose paralt certaine, c'est que si la santé du Roi n'inspirait aucune inquiétude sérieuse, le Moniteur ferait entendre sa voix pour rassurer les esprits et que ce soin ne serait pas laissé des journaux officieux, quelque bien in- formés qu'ils se prétendent. II ne faut pas être un bien grand alarmiste pour se dire que, puisque le Moniteur se tait, c'est qu'il craint de s'aventurer dans des affirmations auxquelles l'avenir pourrait donner un cruel démenti. Notons toutefois, comme des indices rassurants, l'éloignement du due de Brabant et du comte de Flandre et le départ prochain de la duchesse de Brabant, qui se dispose a aller passer la saison des eaux a Ostende. II est vrai qu'a ces indices, on oppose que ces voyages ne sont pas volontaires; que le Roi, qui ne veut pas qu'on le sache malade, a ordonné a ses enfants de s'éloigner, de crairite que leur présence a Bruxelles ne fut regardée comme un fècheux augure; mais, je le répète, tout cela n'est que puresconjectures et ceux-la qui les proposent comme paroles d'évangile n'en savent ui plus ni moins que le premier venu. La Chambre des Représentants s'est indéfini- ment ajournée. L'arrêté de clóture de la session paraitra aussitót que le Sénat aura voté les projets urgents qui figurent a son ordre du jour. Je ne compte pas dans ce nombre la loi sur les fraudes électorales, que le Sénat ne discutera bien certai- nement que dans la session prochaine. Pauvreloi, elle nous a coüté bien de l'argent et de la peine! Nous rendra-t-elle jamais ce quelle nous acouté? Tout le monde en doute, même ceux-lè qui s'en sont montrés les plus chauds partisans. Rappelez- vous ce que disait, it y a deux mois peine, M. L. H ymans La Chambre ne pouvait pas se séparer sans avoir voté une loi sur les fraudes électorales; il y allait de l'honneur du Parlement, de la dignité de nos institutions représentatives. Aujourd'hui que la loi est faite, M. L. Hymans écrit dans I'Office de Publicité qu'elle sera peu prés inutile et qu'elle ne remédiera a aucun des grands abus qui déshonorent Ie scrutin. N'est-ce pas Ie cas de répéter le mot de Desbarreaux Voila bien du bruit pour une omelette Le gouvernement sait fort bien que ce que veut Ie pays, c'est la réforme électorale mais comme cette réforme est mal sonnante ses oreilles, il feint de se méprendre et de croire que toute l'agi- tation qui s'est produite dans la presse et dans les associations n'ayait pas d'autre hut que de provo- quer la répression de la fraude. II n'y a pas moyen de vous contenter, fait-il dire par ses journaux A ceux qui se permettent de ne pas trouver son oeuvre irréprochableDepuis six ans, vous ne ces- sez de réclamer une loi qui mette un terme aux abus électoraux. Je me décide enfin a en proposer une dans laqualle j'accumule toutes les préeautions imaginables, et peine est—elle proposée, que vous vous mettez tous crier qu'elle ne servira rien. Vous êtes des gens a ne pas satisfaire, des brouil- lons, des incorrigibles dorénavant, je ne vous écouterai plus et ferai a ma guise. Vous rappelez vous cette scène du Mariage forcé oü Sganarelle, inquiet de la santé de sa fille, lui fait les plus belles promesses du monde pourvu qu'elle consente a lui dire oü ellesouffre. Est-ce que tu es jalouse de quelqu'uue de tes compa- gnes que tu voies plus brave que toi Et serait- il quelque étoffe nouvelle dont tu voudrais avoir un habit Non. Est-ce que ta chambre ne te semble pas assez parée et que tu souhaiterais quelque cabinet de la foire St-Laurent Ce nest pas cela. Aurais-tu envie d'apprendre quelque chose et veux-tu que je te donne un maitre pour te montrer a jouer du clavecin? Ce que veut Lucinde, ce n'est ni un maitre de clavecin, ni un cadeau, ni une étoffe nouvelle,c'est un mari. Mais, au premier mot qu'elle en ièche, Sganarelle qui fait semblant de n'avoir pas en- tendu, se met dans une furieuse colère contre sa fille, une coquine, une ingrate, indigne de ses bontés et se sauve en l'entoyant A tous les dia bles. Ainsi fait le ministère. II nous offre foison tout ce dont nous n'avonsque faire et fait la sourde oreille pour le surplus, jurant que nous sommes des ingrats et que nous ne valons pas toute la peine qu'il se donne pour notre bonheur. MM. les curés d'Ypres accusent M. le bourg- mestre d'avoir violé la loi de l'Eglise en in- humant dans le cimetière de la ville les restes mortels d'un homme notoirement décédé en état d impénitence finale. II vient de se passer 5 Seraing un fait non moins édifiant. L'administration com munale ayant décidé l'érection d'une école do- miniaale pour les jeunes filles, les institutrices, excitées par le clergé de l'endroit, ont fait savoir au bourgmestre que leurs croyances religieuses ne leur permettaient pas de consacrer le saint jour du dimanche a l'enseignement d'ouvrages manuels et que, plutót que de s'y résoudre, elles résigne- raient leurs fonctions. C'était leur droit assuré- ment, mais c'était sans doute aussi celui de l'ad- ministration communale de Seraing de renvoyer ces dames trop scrnpuleuses et d'en mettre d'au- tres leur place. Eh bien, pas du tont, nos cléri- caux ne I entendent pas de cette facon et voilé que toute la presse du bon Dieu jette la pierre an bourgmestre de Seraing pour avoir violé la liberté religieuse... des institutrices récalcitrantes Les choses ainsi entendues, le choix d'un do- mestique, d'une cuisinière, par exemple, va de- venir une affaire extrêmement délicate. Supposez qu'un vendredi, vous ayez envie d'une tranche de bceuf; votre cuisinière, fervente catholique, aura Ie droit de refuser de vous l'nccommoder et si vous la reuvoyez, vous avez violé sa liberté de con science. Prenez qu'elle soit juive défe Se de la contraindre travailler le samedi ou a vous frire une cotelette de porc. Est-e!le de la religion de Mahomet Vous voila obligé d'aller prendre vous- même votre vin a la cave. Cette nouvelle théorie de la liberté de conscience ne laissera pas, comme on voit, que de devenir trés embarrassante dans la pratique. Sous le ré gime de la Terreur, l'égalité, telle qu'on la com- prenait alors, vous obligeait a une foule de circon- iocutions de politesse pour que \otre officieux dai- gnêt s'abaisser a cirer vos bottes aujourd'hui, avant de prendre un domestique, il faudra au préalable se mettre d'accord avec lui sur tous les cas de conscience qui peuvent se présenter dans l'exercice de ses fonctions car, une fois engagé, il sera trop tard vous ne pourrez plus le renvoyer sans encourir l'excommunication de toute la presse C éricale. M.T empels qui, dans sou li vie sur I' Instruction du peuple, a consacré un si beau chapitre aux écoles dominicales pour les jeunes ouvrières, pourra juger, par ce qui vient de se passer a Seraing, du concours qu'il est en droit d'attendre du clergé

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L’Opinion (1863-1873) | 1865 | | pagina 1