PROGRAMME NON OFFICIEL
VILLE D'YPRES.
cntholique pour la realisation de ses idéés huma-
nitaires.
M. Ie général Chazal est en congé pour deux
mois. M. Ie ministre de l'Intérieur est chargé,
par iritérim, du portefeuille de la guerre. L'année
dernière, a la mème époque, il a rempli les
mêmes fonctions et Ie pays n'a pas oublié que
c'est pendant eet interim qu'ont été délivrés la
plupart des congés donnés a ces rnalheureux
jeunes gens qui sont allés trouver la mort au
Mexique. M. Alphonse Vandenpeereboom nous a
appris depuis, notre profoude stupèfaclion, qu il
avait donné ces congés sans s'informer de t'usage
que les soldats comptaient en faire. Soit; mais je
l'engage, s'il ne veut pas assumer sur lui une ter
rible responsabilité, une responsabilité de sang, a
s'enquérir dorénavant des demandes de congé qui
lui seront adressées, car, si mes renseignements
sont exacts, il est question de faire un nouvel
appel, en faveur de Maximilien, aux qualités
militaires qui distinguent les Beiges et de com-
bler, au moyen d'un second recrulement, les vides
formés par Ie vomito-négro, le typhus, Ie poignard
des assassins et les balles des juaristes.
M. Alp. Vandenpeereboom donnera ou refusera
les congés qui vont lui être demaudés; maïs, quoi
qu'il fasse, il est averti et c'est sur lui seul que
pèsera la responsabilité de I'avenir.
On nous communique, a propos de la creation
d'un Cercle catholique a Poperinghe, les reflexions
suivantes
Une société s'étail formée dernièrement 3 Uoperinghe
sous la dénom.inalion de Cercle de la Paix. Eu la consti-
tuant, les fonda leurs écartaient toute couleur politiqueils
n'avaient d'autre but que de se créer un délassement utile et
agréable, en s'abonnant collectivement aux principaux jour-
naux et aux plus importanles publications du pays, sans dis
tinction d'opinions. On conviait la partie intelligente de la
population 3 en faire partie, afin de répandre et de propager
le goüt littéraire dans celte localité, embourbée jttsqu'3 pré
sent dans l'ornière de l'indifférence et, pourquoi ne Ie di-
rions-nous pas? du crétinisme.
L'appel ne fut pas vain et une trentaine de sociétaires je-
tèrent les bases du Cercle de la Paix.
Mais ces premiers organisateurs étant universellement sus
pects de libéralisme, Ie clergé s'émut de cette créatiou j les
professeurs d'un établissement renommé au loin par les su-
jetsdistingués qu'il forme chaqtie année, organisèrent
une réunion 3 laquelle fut conviée la fine-fleur de la jeunesse
poperinghoise. Celle-ci s'empressa de répondre 3 l'invitalion
et, lorsque les fumées du vin eurenl obscurci les cerveaux de
ces bruyants pourfendeurs de libéraux. on résolut, sur l'avis
des fringants abbés-Régenoe, de fonder un cercle catholique
antidote au poison libéral sous l'invocation de saint
Cuperlin.
Les röles furent promptement distribués et pendant plii-
sieurs jours on vit nos jeunes gens, nobles et preux cham
pions de la Foi, courir les rues pour recuter des fidèles.
Enfin, le jour de ('installation arrive. On a clioisi pour local
1 'Aigle, symbole allégorique de ces intelligences d'élite. Les
moutonschut! Panurge.... les adhérenls accourent en
foule pour assister au Cénacle. II ne s'agit plus que de bapli-
ser l'enfant dont le Sacré Collége vienl d'accouclier, de Con
ner un nom 3 la Société.
Un professeur amphibie, mi-frac, ini soutane, organe de
ses collègues tonsurés, demandc qu'on la place sous le patro
nage de saint Cupertin. Au premier abord la jeunesse se rallie
avec enthousiasme 3 cette proposition qui finit cependaut par
être écartée, par la raison que Ia généalogie spirituelle
sans calembourg de ce martyr de la science n'est pas suffi-
saminent élablie.
Un savant docleur, bien connu par son aménité et sa so-
ciabilité, risque a son tour le Litre de Concorde. L'auditoire
ne se fit goère 3 cette enseigne et il renvoie notre moderne
Hippocrate 3 ses drogues, sous prétexte que son pavilion
couvre mal la marchandise.
Volei qu'éclate un tonnerre d'applaudissemcnts. L'ardent
apötre de la bonne cause, le bouillant Achille, digne fits de
son père, a demandé la parole.
Dans une improvisation oü se retrouve I'éloquence entrai-
nante et persuasive qui illustre le respectable auteur de ses
jours, le vertueux Achille esquisse k grands traits Ie bon-
beur que procure une conscience tranquille, réconfortée par
une aniitié sincère et dévouée. II comlamne le mensonge, la
fausseté et Hagelle ceux qui s'abrilent sous le masque trom-
peur de la religion pour mieux dissimuler leurs défauts. II
fiétrit la conduite de ces hypocrites qui le matin, dit-il, ac-
complissent, avec un simulacre de ferveur, tons leurs devoirs
religieux, se pavanent, un cierge 3 la main, dans les proces
sions et que le soir on retrouve arpentant la campagne ou>
bien eachés dans le coin obscur d'un cabaret borgne, en com
pagnie de quelques péronnelles. Laissons ces vices aux libé
raux et aux francs-masons, continue-t-il. Quant 3 nous,
soyons conséquents avec nos paroles et les principes que nous
devons représenter. Que notre conduite soit toujours exem-
plaireAssemblons-nous souvent ici sous l'oeil vigilant de nos
papas t que la sainte aniijié préside 3 nos réunions
Ia sincérité qui débordait 3 chaque parole sur les lêvres du
novice orateur, faillit plus d'une fois l'étouffer au beau milieu
de son discours; des hourrah frénéliques prouvèrent que
l'assemblée en avait saisi 1'3-propos et le titre de Cercli de
l'Amitié fut acclamé 3 l'unanimité.
Un honorable conseiller communal demanda encore si Fes
journaux libéraux seraient admis en lecture an local? Une
litanie de malédictions accueillit sa proposition et l'exclusion
de celte presse pernicieuse et révolutionnaire futdécrétée
d'office.
Nous félicitons sincèremcnt le Cercle oe l'Amitié de cette
determination Car enfin pourquoi metlre l'erreur 3 cóté de
la vérité? Pourquoi vouloir émanciper ces tendres jottven-
ceaux de 20 3 50 ans et, oubliant que la raison ne vient pas
avant l'Sge, abandonner imnrudemment le poison entre les
mains de celte candide jeunesse Qu'elle conserve plulöl son
auréole d'ignoranee dans toute sa native purelé. Léguez-lui,
savants professeurs, les principes snrannés qui ont fait en
tout temps la gloiré de leurs pères et out rendu si célèbre
dans les fastes duridicule l'orthodoxe cité oü naquit Ar
thur Vancoppernolle. Par ce moyen vous sauverez l'ame de
ces heureux jeunes gens, tout en méritant bien de la patrie
Romaine Amen
Parbleu notts allions oublier un détail et non l'un des
moins importantsAfin de remplacer avantageusement les
productions libérales bannies de son sein, le Cercle de
l'Amitié a décidé de créer une bibliothèque. KI le se compose
déjA de 300 volumes. Malheureusement, pareils aux travaux
de nos Hollandistes modernes, ces 300 volumes, sous des éti-
quettes variées. ne forment en réalité qu'un seul et mème
ouvrage le Recueil complet des discours, harangues, ser
mons, lioméliestoasts et galimalhias, prononcés par M.
Charles Fan Renynghe, en sa double qualité de représentant
et de bourgmestre de la ville de Poperinghe. Cette compila
tion indigeste, 3 laquelle l'éditeur n'a pas trouvé un place
ment utile et que l'épicier dédaigne, servira désormais de
pbare aux nautonniers poperinghois. Superfiit d'ajouter
qu'avec un pilote cornme M. Charles Van Renynghe, on pourra
les metier loin.
On nous écril encore de Poperinghe
St-Sanscapelle, le 26 juillct 1865.
Monsieur VEdüeur de Z'OnmoN.
Je ne puis résister au désir de rendre publiquement hom
mage 3 l'initiative que viennent de prendre quelques hommes
trës-marquants de la ville natale de l'illustre Vancoppernolle,
en créant le cercle non politique des aigles, sous la dénomi-
nalion de lichtbewaerders, avec appellation individuelle
de vriendschap pour chaque membre de la loge nouvelle.
Partisans éclairés des lumières, ils prétendent ne plus les
laisser sous le boisseau qui pour les besoins de leur cause et
se proposent d'en user aussi largement que possible, en temps
et lieu, avec la pénélrante sagacité qu'on se plaït générale-
ment 3 leur recon.laitre.
Tons les finauds de l'endroit ambitionnent I'extrême hon-
neur de se faire reeevoir aigle-lichtbewaerder; c'est une
distinction que la jeunesse poperinghoise brigue 3 l'envice
litre mène tout droit, et d'une manière infaillible, 3 la for
tune, 3 la considéralion, au bonheur, sans que cela pa-
raisse, les macbinistes de la lioope empêchant la lumière
d'éclairer les fails qui pourraien! y mettre obstacle. Pends-
toi, llasile
Les aigles ont renoncé 3 toute espèce de politique,leur pro
gramme ne saurait être plus anodittqu'on en juge par
les paroles suivantes échangées entre les dignitaires des
lichtbewaerders et l'une des personnes, M. C. L., que
l'on eüt désiré compter au nombre des vrindtschaps IV. Kin
et C".
M. Renard, membre du Comité organisateur, il y a des
renards partout, comme vous voyez, se meltait en frais
d'éloquence pour expliquer le but de l'Association la poli
tique, dit-il entre autres choses très-remarquables et admi-
rablement formulées, restera étrangère 3 nos paisibles réu
nions. Je le crois volonti-ers, mais en sera-t-il de mème
quand les reunions seronl moins paisibles? Nous ne vou-
lons que procurer de l'amusement aux bons jeunes gens de
cetle ville, que le R. P. Rerckbove a nommé het heilig
land, o en les fainiliarisant avec des jeux innocents, beau-
cottp de ces jeunes petits saints me sont assez connus pour
que je vous recommande, Mailre Renard, de rie jamais laisser
éteindre les lumières, mème quand ils s'occuperont de jeux
plus ou moins innocents. Ces jeux seront mis 3 leur dis
position sans frais. M. C. L., interrompant l'orateur, de-
mande d'oüproviendra eet argent. Mystèrelui répond-on.
Le denier de St-Pierre aurait-il pourvu a tout par ha-
sar d
M. C. L.prie M. Renard de lui faire sa voir si la Cercle des
lichtbewaerders recevra des journaux; il lui est répondu
affirmalivement. Puisque ces réunions n'auront aucun ca-
raetère politique, continue M. C. L les organes des diverses
opinions y trouveront sans doute place, sans préférence pour
ceux du parti catholique sur ceux du porti libéral? A ce
mot de libéral, un affreux grognement se fait entendre et
une voix qui n'a rien d'humain, hurle Pas de mauvaises
gazettes ici, pas de mauvaises gazettes 11Ce refrain est
répété en choeur par toute la docte assemblée du Cercle des
lumières, oü les plus borgnes seraient inévitablement rois.
M. C. L., effrayé de ces cris, de ces chants sauvages, s'est
reliré de cetle paisibte réunion, oü tout ce que Poperinghe
comple dans le vieux et ie jeune crétinisme tient 3 avoir son
siége.
Agréez,Monsieur l'éditeur, l'assurance de ma considéralion
distingués
J. Grenouille-Pont.
des fètes, divertissements, réjouissanccs, so-
lennités et cérémonie^ pnbliques
qni aurout lieu a ('occasion de la fète com
munale dite E E V*l» tG
les 5, 6, 7, 8, 9, 10 Aoüt 1865 et jours suivanls.
La Commission spéciale instituée pour ['organisa
tion et l'embellissement des fêtes.
Vu les délibérations du Conseil communal en date
des 3 et 17 juin 1865
Vu l'état prospère des finances de Ia Ville et Pin—
sigmfiance des kermesses précedentes
Vu le concours indispensable et bienveillant de
toutes les sociétés et de tous les cercles de la ville ei
de la banlieue. Voulnnt donner aux bons enfants
d'Ypres un témoignage de son estime et de sa soil ici -
tude, et aux pick-pockets une occasion exceptionnelle
d'exercer leur noble industrie
Entendu l'avis de son bien-aimé secrétaire;
Arrête
SAMEDI 5 AOÜT 1865.
A six heures de relevée, le carillon annoncera la
fête en lancant dans i'espace ses sons harmonieux et
purs. Le grand air de Notre-Dame de Thuyne sera
exécuté avec accompagnement de toules les cloches.
Les soli seront remplis par le gros bourdon.
A sept heures, la musique de la ville, déguisée en
corps de Sapeurs-Pompiers, fera entendre son air
nouveau au Pare, qui sera balayè pour la eircons-
tance.
A la même heure des salves d'artillerie tirées par
la demi-batterie de la garde-civique, annonceront
aux vieilles cités flamandes que les habitants d'Ypres
se préparen!, la joie la plus folie. Ces salves conti-
nueront d'heure en heure pendant toute la nuit du
5 au 6 aoüt.
DIMANCHE 6 AOÜT.
Grand Concours de chant pour les pinsons.
La tendre Aurore n'aura pas encore songé a chaus-
ser ses petits souliers roses, que s'ouvrira a la Plaine
d'amour un concours de chant pour les pinsons.
Ce concours, instilué par la ville pour encourager
quelques barbares a aveugler ces intéressants petils
oiseaux, sera régié par une commission ad hoc et pré-
sidé par un membre du Collége échevinal.
Avant de rentrer en lice, le président s'assurera
que les pinsons ne contiennent dans leurs flancs au
cun mécanisme particulier et que les cages ne ren-
ferment aucun papier de musique.
Sous peine d'une amende de 1 fr. 32 c. il est ex-
pressément défendu aux propriétaires d'aaacer, d'ir-
riter ou de provoquer leurs concurrents, soil a 1'aide
de Mtons. Cannes, parapluies ou autres engins des-
tructifs. (Extrait du règlement spécial).
Des médailles en argent seront decernées par la
ville.
II sera mis a la disposition des étrangers qui ne
trouveraient pas ce concours tt'ès-gai, des plumes de
Marabout et d'Aulruohe pours'en chatouiller la rate
jusqu'a ce que rire s'ensuive.
De midi a une heure, un Concert sera donné, au
Pare, par la musique du 66 de ligne, qui arrivera ex-
pressemenl d'Anvers it Ypres par train spécial.
Grande Fète musicalc.
Festival d'Harmonie, de Fanfares et de Cha.nl d)en
semble, offert a toutes les sociétés du royaume et de
Vétranger.
A 11 h. 55 m., les présidents organisateurs du fes
tival, accompagnés de leurs aimables secretaires, se
rendront a la station pour reeevoir les députations
ehantanles et harmoniques, venues de tous les pays
et de mille autres lieux.
Après les discours d'usage, les deux présidents et
les deux secrétaires du festival réuniront autour d'eux
les présidents et les membres des différentes sociétés
étrangêres et s'entretiendront quelques instants avec
eux.
Pour conserver toule la fraicheur de leur voix et
toute la'puissance de leur soufile, les nombreuses so
ciétés de chant et d'harmonie feront leur entrée en
ville, sans tambour ui trompette.
A midi, les présidents, directeurs et secrétaires des
differenles sociétés se réuniront a l'Hótel-de-Ville oü
le vin d'honneur leur sera offert (1par les huissiers,
(tLe programme officicl dit pour y pi-endremais
comme il n'y a que les voleurs qui prennent, nous espérons
pour Ia vieille réputation hospilalière de notre ville que le vin
d'honneur leur sera offert. (Note de la Réd.)