JOURHAL D'YPRES DE L'ARROHDISSEMEHT
ÏPKES, liimanche
Troisième année. JV 34.
PKIX D'ABOKNEHEUT
POUR LA BELGIQUE
H francs par an 4 fr. 50 pa'- semestre.
Pour l'Etranger, Ie port en sus.
Un Numéro 25 Centimes.
pitix nis iiito.iCEK
ET DES RECLAMES
10 centimes la petite ligne.
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Le tout payable d'avance.
Paraissant le dimanche de chaque semaine.
Laissez dire, laissez-vous blèmer, mais ptibliez voire pensée.
On s'abonne a Ypres, au bureau du journal chez Félix Lambin, imp.-lib.,
rue de Dixmude, 55.
On traite a forfait pour les annonces souvent reproduces. Toutes lettres
ou envois d'argent doivent être adressés franco au bureau du journal.
Correspondence particnlière de l'OPIMIOX.
Bruxelles, 17 aoöt 1865.
La session close, les journaux des différente»
opinions s'occupent en dresser l'inventaire et
rien n'est curieux comme la diversité des juge-
ments qu'ils portent sur la défunte. A Dieu ne
plaise que je contredise YEcho du Parlement, qui
la trouve admirablement remplie ou le Journal de
Bruxelles, qui la trouve déplorableinent stérile;
mais je voudrais qu'il fut entendu, une fois pour
toutes, que les sessions sont ce que nos représen-
tanls ont voulu qu'elles fussent et que quand elles
ne répondènt pas a ce que nous en attendions,
nous sussions en prendre résolüment notre parti
pour le passé et aviserè mieux faire pour l'avenir.
Ce que j'en dis n'est pas pour les catholiques,
qui sont, eux, dans leur róle, mais pour ceux de
nos amis qui, durant toute la session, ne cessent
de crier que les Chambres ne font rien qui vailie
et qui, ie jour des élections venu, s'empressent de
réélire ces mèmes représentants contre lesquels
ils ont fulminé toute l'année. Lisez les journaux
libéraux: quinze au moins sur vingt alignent, de-
puis quinze jours, de longues doléances sur la sté-
rilité de la session. Que demain cependant de nou-
veiles élections aient lieu et vous les verrez tous,
sans exception, appuyer la candidature des repré
sentants sortants. Cela n'est-il pas souveraine-
ment ridicule? Un peu de logique, s'il vous plalt,
messieurs de la grande presse libérale; ou bien
faites chorus avec YEcho du Parlement ou bien
taisez vous.
Le Roi est parti avarit-hier pour Ostende avec
la duchesse de Brabant. La santé de S. M. s'amé-
liore de jour en jour et l'on espère que les bains
de mer achèveront de la rétablir complètement.
Yoici, a ce sujet, un extrait d'une lettre adressée
par le docteur Jenner, médecin traitant du Roi,
un de ses amis de Bruxelles Cet étonnant
vieillard, écrit le médecin anglais, trouve dans
sa constitution exceptionnelle la lorce de résis-
ter, a l'ége de 75 ans, a une réunion de ma-
ladies dont une seule suffirait pour conduire
au tombeau un homme dans la vigueur de la
b vie. Et plus lom Yous me demandez si
la vie du Roi Léopold est assurée pour quelque
b temps. Je ne me flatte pas de posséder le don
de prophétie, mais pour autant qu'un médecin
peut afïirmer ces sortes de ehoses, je crois qu'il
n'y a aucune aggravation a craindre d'ici a deux
b ou trois ans.
Nous voilé bien loin des nouvelles alarmantes
répandues dans ces derniers temps par les jour
naux anglais, allemands et francais.
La souscription pour le monument de Tacam-
buro a fait ici un fiasco complet. Le généra! Plé-
tinclx avail compté que les officiers de la garde-
civique auraient accepté de recueillir domicile
les offrandes du patriotisme bruxellois; mais son
attente a été cruellement dé?ue et il se trouve ré-
duit a faire annoncer piteusement dans les jour
naux que l'on peut souscrire a son hótel. Est-ce
que M. Alphonse Vandenpeereboom ne pourrait
pas venir en aide M. Plétinckx au moyen d'une
petite circulaire aux différents chefs de corps de la
garde-civique? Au fait, puisqu'il est entendu que
le gouvernement beige est resté complètement
étranger a l'expédition mexicaine, une circulaire
de plus ou de moins ne changerait rien a l'affaire.
Feu d'artifice.
Nos fêles communales se sont lerminées dimanche
au soir par le feu d'artifice. Malgré un temps fort in-
certain qui a forcé d'accélérer cette partie de nos ré-
jouissances publiques annoncée pour 10 heures, une
foule immense s'était donnée rendez-vous a la Plaine
d'amour.Ce spectacle, qui n'a pas produitgrandeffet,
se composait des pièces habituelles bombes, petards,
fusées, chandelles romaines, puis des pluies de feu,
des pyramides, des moulins. Nous ne savons si
nous employons les expressions techniques. Inu
tile, pensons-nous, d'en donner une description dè-
taillée, ce feu d'artifice n'ayant pas offert aux yeux
du public autre chose que ce qu'il est accoutumé de
voir depuis nornbre d'années. Notens cependant un
chiffre du Roi brillamment illuminé et que la foule a
accueilli de ses applaudissements. N'oublions pas non
plus la troisième pièce qui a donné lieu aux conver
sations les plus animées, aux plus vives controverses.
Cetle pièce représentait un polichinelle, et les masses
que ne satisfait point une idéé abstraite, ont donné
un libre cours a leur imagination.
Qu'est-ce qu'un polichinelle, s'est-on demandé?
Evidemment c'est le prototype de l'hoinme versatile,
de la girouette tournaut a tous les vents, changeant
de principes et de convictions aussi aisement et plus
fréquemment que de linge, le symbole du sauteur
politique. Et aussitöt chacun de se souvenir.
Les uns se rappelaient certain commissaire d'ar-
rondissement arrive tout expres de Bruxelles pour
régénérer son arrondissement, prenant a temoin tous
les dieux etson honneur politique que jamais il
ne servirait (sic) un ministère clerical et néanmoins,
malgre ces belles protestations, conservant tranquil-
lement sa place sous le ministère De Decker, sauf a
étendre pour la circonstance un voile discret sur son
libéralisme. Et ils nommaient M. Henri Carton I
Les autresc'étaient des loustics ceux-laavaient
cru remarquer que polichinelle faisail des grimaces
sous son large feutre. El ils designaient M. Ernest
Merghelynck!
Les quolibets ont gravijusqu'a Mt le ministre de
l'interieur qui était présent a la fête; car chacun, se
placanta son point de vue, appréciait selon ses sym
pathies ou ses antipathies, ses desirs ou ses espé-
rances. Les dix annees de transaction, l'entente cor
diale avec nos amis les ennemisles pourparlers si
conciliants avec Mgr Malou sont revenus prouiple-
ment sur le tapis.
Cependant la grande majorité des spectateurs pa-
raissait d'accord pour voir dans cette pièce pyrotech-
nique une allusion a noire député permanent, Mtre
Jacques Carpentier, dont la haute voltige plus ré
cente est gravée dans toutes les mémoires.
II est a peine besoin d'ajouter que nous ne nous
portons nullement garant de ces diverses apprecia
tions.
Que d'autres trouvent dans ces jugements si diver-
gents une preuve de la richesse de notre ville en ma-
tière de polichinelles, c'est leur affaire. Quant a nous,
quoique nous ne soyons pas les amis politiques de
MM. Alph. Vanden Peereboom, Carton, Carpentier et
consorts, nous n'en déplorons pas moins hautement
les procédés de nos édiles. Nous ne nous sommes ja
mais fait faute de signaler les faiblesses et les palino-
dies de nos hommes politiques. C'est la le droit aussi
bien que le devoir de la presse. Et si notre adminis
tration communale les condamne comme nous, qu'elle
ledéclare. El le a deux organes a sa disposition, rien
ne lui sera plus aisé. Mais il lui sied mal, il est de
mauvais goüt de lolérer que nos édiles soient exposés
aux risees de la foule. Qu'elle nous en croie, c'est Ié
un précédent facheux et dont Ie moindre inconvénient
sera de diminuer dans I'esprit public le respect au-
quel nos autorités ont droit.
Et qu'on ne dise pas que c'est la un caprice d'arti-
ficier et que l'administration n'a pu examiner toutes
les pièces de cette pyrolechnie, ce serail une pitoyable
excuse. Nous savons fort bien qu'il n'entre pas dans
les habitudes de nos inagistrats de surveiller leurs
agents, mais cela ne diminue en rien leur responsa-
bilité. Les administrateurs répondènt des actes de
ceux qu'ils employent tout aussi bien qu'un maitre
de son domestique. Ce n'est pas un principe de droit
seulement, mais encore de bon sens.
Le prétexte d'ignorance n'est pas d'ailleurs une ex
cuse admissible, quand tout le monde était informé et
que les journaux annon^aient que quelque chose
d'inaccoutumé devait se passer. Ce prétexte ne nous
semble invente que pour cacher une complicité hy
pocrite. Encore une fois, la legèreté du Collége eche-
vinal est fort regrettable et le public trouve avec rai-
son que, lorsqu'on prend 600 francs dans sa poche
pour un feu d'artifice, il ne faut pas du moins que
cette réjouissance devienne une occasion de caricatu-
rer des hommes politiques dont il n'approuve certai-
nement pas la conduite, mais qui ont droit cependant
aux égards de l'administration communale en leur
qualitè de mandataires du corps électeral.
Le chiffre du Roi venait en quatrième lieu; nous
en avous deja donne la description. Puis a suivi une
nouvelle pétarade de bombes, de bombardes, de fu
sees, de chandelles romaines, et encore des pyramides,
et des pluies de feu, et des moulins, et ainsi de suite
jusqu'a 11 heures, oü, la flame efamour rentrant
daus l'obscurité, la foule s'écoula lentemont.