JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT
YPRES, Dimanche
Troisième année. ft0 35.
2Té Aoüt 1865.
PKIX «MBOSIE11E1T
POUR LA BELG1QUE
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Pour l'Etrauger, Ie port en sus.
Un Numéro 95 Centimes.
PItlX DES AHno.lCES
ET DES RECLAMES
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ou envois d'argent doivent être adressés franco au bureau du journal.
Correspondance particuliere de POIMWIOW.
Bruxelles, 25 aoüt 1865.
Je vous ai annoncé, dans une de mes dernières
lettres, la prochaine apparition d'un nouveau jour
nal clérical. le Cathnligue. Le monde du clergé
9'est profondément ému de la nouvelle et vous le
comprendrez sans peine qnand vous saurez que la
direction politique en est confiée a M. Louis Veuil-
lot en pcrsonne. Si dévoués qu'ils soient aux inté
réts de la Papauté, nos évêques n'ont pu voir,
sans en prendre ombrage, un nouvel organe ultra-
montain se for.der en Belgique sous la direction
d'un écrivain dont l'influence en cour de Rome a
triomphé naguère des résistances de l'épiscopat
francais presque tont entier coalisé contre lui,
Aussi n'ont-ils épargné aucune démarche auprès
des foudateurs pour les déterminer a renoncer a
leur projet, mais leurs efforts sont allés échouer
contre une volonté inébranlable et souveraine
La seule concessien qu'ils aient obtenue, et encore
n'est-elle que momentanée, c'est que la direction
serait nominalement retirée a l'ancien rédacteur
en chef de VUnivers. M. Veuillot ne sera done
pas le directeur en titre du Catholique. Mais
qu'importe le titre? Mieux vaut la puissance et
celle-ci restera tout entière et sans partage au
grand athlète du catholicisme moderne.
Les fonds sont faits 200 mille francs. Yous
voyez qu'on n'y va pas de main-morte. Le prin
cipal actionnaire est M. Keiler, uu des députés
du Corps législatif qui se sout le plus signalés
dans les discussions sur la question romaine. Des
sommes importantes out été fournies aussi par
quelques évêques francais. Bref, l'argent ne man-
quera pas et quand ïl n'y en aura plus, on saura
bien ou en trouver le tonneau des Danaïdes sera
LES V1E1LLES MAISONS FLAMANDES
de la vtlle d'Vpres
Par J.-J. Guffrey.
(Extrait de la Gazette des Beaux Arts. Livraison
du 1" Aoül 1865
11 y a quelques mois, M V. Hugo, se trouvant en
Belgique, visita la ville d'Ypres. Dans un précédent
voyage, il avait rapidement traversé la vieille citè
flamande. Ses souvenirs lui avaient donne le dèsir
de la connaitre en détail. En effet, l'immensité et la
magnificence des Halles, le plus vaste et le plus somp-
tueux marchè que nous ait laissé le moyen-êge, la
richesse et l'autiquité de la vieille église Sainl-Marlin,
la variété, l'élégaoce des maisons de bois, des hótels
en briques et en pierres, les fines sculptures et les
pignons dentelés, les fers forgés et les fenêtres au
flamboyant dessin, eet ensemble admirable proinet a
l'archèologue et a l'arlisle une riche moisson d'etudes
et d'intéressantes observations.
Aussi, notie grand écrivain, ravi, laissait sa pensee
remonter le cours des èges. II retrouvait après des
comblé avant qu'on ait épuisé les sources de l'im-
béeillité humaine.
Ce ne sont pas seulement nos évêques que la
bonne nouvelle a mis endésarroi, mais aussi les
principaux chefs de la droite parlementaire. Avec
un homme comme M. Veuillot, le travail de la
taupe, si vivement préconisé par M. Malou, n'est
plus possible. Allez done demander a cette plume
ardente et passionnée de ménager ceci et cela, de
creuser sourdement les voies souterraines qui
mènent Ia puissanceallez lui demander de s'as-
socier a l'ceuvre patiente entreprise par les patrons
du Journal de Bruxelles et de feindre avec lui un
amour hypocrite pour les libertés du monde mo
derne. II n'y faut pas songer. Veuillot déteste la
liberté et sa haine, on le sait de reste, n'admet
ui tempérament ni prudence. M. Dechamps sur-
tout est exaspéré. Renier Veuillot, impossible.
L'accepter, plus impossible encore. N'est-ce pas,
que voila, pour nos libéraux conservateurs, une si
tuation bien douloureuse? Ilsétaient édeux pas du
pouvoir; encore quelques mois de sape et le gou
vernement qu'ils convoitent si ardemment, allait
leur appartenir. Et c'est A ce moment qu'on leur
expédie de France eet affreux Veuillot qui va tout
gêter et les rejeter plus loin que jamais de l'objet
de leur concupiscence. En vérité, on n'a pas plus
de guignon.
Un nouveau canard, celui-ci d'origine indigène.
La jeune droite trame une scission. Elle en a assez
des querelles clérico-libérales et songe résolument
a se séparer des vieilles ganaches catholiques qui
ne savent que rebacher éternellement les mêmes
histoires.
Mes compliments h la Gazette beige. Le canard
n'est pas neuf, il date roême de très-loin, mais
siècles les fastueux lèmoignages d'uoe richesse, d'une
population aujourd'hui disparues. A chaque pas s'of-
fraient de nouvelles traces des combats livrés pour
asservir la commune, des surprises, des trahisons,
puis des vengeauces, des massacres et des abus de la
liberte reconquise. La suzerainetè des rois de France
et des dues de Bourgogne, la domination des empe-
reurs d'Allemagne el de Louis XIV avaient laissé tour
a tour des vestiges encore vivants de leur passage.
En visitant le Musée qui, chassé des Halles, s'est
réfugié dans la salie de l'ancienne Confrérie de Saint-
Michel, l'illustre vovageur vint a reucontrer une suite
de dessins représentant avec une grande fidélité les
vieilles maisons de la ville. Ces croquissignés
A. Boehm, étaient datés de 1847 et, depnis lors, bon
nombre de vénérables monuments avaient péri sous
la loi de la securité publiqua dura lex, sed lex.
M. V. Hugo s'arrêta longtemps devant ces dessins,
prlt plaisir louer leur mérite, et manifesta le désir
de connaitre leur auteur. M. Boehm était absent; mais
le visiteur fut adresséau père de l'artisle,M. Fr. Bcehm.
Peintre d'histoire et admirateur exaltè de l'art naïf
c'est une de ces bouffonneries qui font toujours
plaisir entendre, surtout quand elles sont racon-
tées avec une gravité convenable, et la Gazette
s'entend merveilleusement a cette gravité-lê.
Ce n'est pas que les jeunes et les vieux de Ia
droite s'entendent parfaitement surtous les points
de notre politique intérieure. Tant s'en faut. Dans
plus d'une occasion, j'ai eu vous signaler les pro
fonds dissentiments qui les divisentmais, de Ié
une scission, il y a un abtme que les jeunes ne
franchiront jamais. Et la raison en est manifeste
c'est que les évêques tiennent avec les vieux, que
les curés tiennent avec les évêques et que les élec-
teurs sont a la dévotion des curés, si bien que le
jour oü il prendrait fantaisie aux jeunes de faire
de leur tête, il n'en est pas un seul qui serait réélu.
Aussi pouvons-nous être parfaitement rassurés sur
les velléités d'indépendance de nos jeunes cléri—
caux. Les vieux ne font qu'en rire el nous en rions
comme les vieux. II n'y a que la Gazette beige qui
ne rit pas et c'est cela le plus dróle.
La légion beige vient de se couvrir de gloire.
Le désastre de Tacamburo est vengé. D'une ex-
trémité a I'autre de la presse, on n'entend que des
hymnes d'enthousiasme guerrier en I'honneur de
nos braves légionnaires. J'avoue que tout ce
bruit m'attriste profondément. Que les soldats
de M. Vandersmissen se soient bravement con
duits, je le crois volontiers. Qui done a jamais pré-
tendu qu'ils manquassent de courage? Mais je ne
puis oublier que la cause qu'ils servent au-dela des
mers estcelledu despotisme et leurs succès.comme
leurs revers, me laissent au fond du caeur un
insurmontable sentiment de douleur.
Le rapport de M. Vandersmissen accuse une
perte d'ouze hommes, plus un lieutenant. II n'in-
et charmant du moyen-age, M. Fr. Boehtn devait plaire
de prime abord au poëie emineut qui Iqi rendail vi
site. Aussi I'eutretien dura plusieurs heures, et le
poëte comme l'ariiste emporlèreut de leur entrevue
le meilleur souvenir. En effet, celui-ci, ravi de l'admi-
ration de M. V. Hugo pour les dessins de son fiis, lui
en prometlait quelques copies ei lui expédiait aussitót
le calque des vieilles maisons les plus curieuses au
double point de vue de ['archeologie et de l'art»
Peu après, il recevail la lettre suivante
Hauteville-House, 6 noVembre 1864.
Vous êtes, Monsieur, un noble et digne artiste. Je
suis enchanté de vous avoir serré la mainles onze
calques que vous avez la bonne grace de m'envoyer me
sont précieux, ils me rappellent voire intéressante ville
et le beau talent de Monsieur votre fils. Ces charmantes
vieilles maisons ne sont pas mortes, elles vivent dans
ces dessins excellents.
Ces dessins sont la pour guider les reconstructeurs
lejour oü une municipalité intelligente voudrait doter
Ypres d'une place unique, en groupant en quadrilatère
toules les belles fagades disparues
L'OPINION