JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT
YPRES, Dimanche
Troisième année.
- J38.
11 8eptembre 1865.
Paraissant Ie dimanche de ehaque semaine.
SEPTEMBRE.
1.
U,
I'KIV W'*B«S»EIIE^T
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Correspondance particnlière «1c I'OPISIOl.
Eruxelles, 15 septembre 1865.
Par ce temps de villégiature parlementaire les nou-
velles sont rares, pour ne pas dire nulles. 11 en est
une cependant qui vient d'éclater ici comme un véri-
table événement. Je veux parler de l'arrêté d'expul-
sion que le ministère a fait notifier aujourd'hui même
a M. Bogeard, l'auteur des Propos de Labienus et l'un
des collaborateurs les plus assidus de la Rive gauche.
Depuis longtemps, on disait M. Rogeard menacé. Lui-
même avait pris soin de démentir ce bruit en décla-
rantqu'il n'était nullement inquiété. Mais, depuis, un
nouveau livre de lui a paru et, il faut bien le recon-
naitre, la violence du langage que l'auteur y a dé-
ployée ne permettait point au gouvernement de s'ab-
stenir Je ne serai pas sans doute suspect aux yeux
de vos lecteurs d'un exeès d'amour pour la loi d'ex-
pulsion, mais cette loi existant, il était impossible,
après la publication de Pauvre France, que le gouver
nement n'en fit pas usage contre son auteur, a moins
de le poursuivre, en vertu de la loi* Faider, du chef
d'outrages envers un souverain étranger. Des deux
partis qui s'offraient a lui, le ministère a pris le plus
prudent. La poursuite d'office nécessitait l'agrément
préalable du gouvernement francais, car, en cette
matière delicate, on ne pouvail agir sans l'avoir con-
sulté. Or, il est hors de doute que le gouvernement
imperial, peu dèsireux de susciter l'ee'at d'une pourr-
suite dont le retentissement ne pouvait que lui être
fort dèsagréable, n'aurait pas hésité a repousser la
proposition d'une mise en jugement.
On a done laisse de cöte la loi Faider et l'on s'est
empresse de s'armer de la loi d'expulsion qui, a cóte
d'une foule d'autres mérites, a celui d'etrangler les
gens sans bruit et sans scandale.
Peut-étre cependant. Car je crois savoir que M. Ro-
geaid n'obéira pas benevolcment au decret qui vient
Ecleclique et flatteur disciple
De quatre maitres a la fois,
Septembrec'est le mois multiple
Qui contient tous les autres mois,
Phase neulre, époque de grace,
lnepuisable en horizons,
Un privilege exquis le place
Comme au confluent des saisons.
Répétant les heures ravies,
II vous fait, dans son bref séjour,
Revivre de toutes les vies
Et pour venir choisit son tour,
II saisit ce point oü les choses
Gardent leur juveniiite
Tandis que les déclins moroses
Ne sont encor que majeste.
de lui être signifié et que son intention bien arrêtée
est de se faire empoigner par la gendarmerie et con-
duire a Ia frontière. Si le célèbre proscrit persiste
dans cette résolution, il ne faudrait pas s'élonner s'il
en résullait quelqu'émotion populaire, M. Rogeard
s'est concilié ici beaucoup de sympathies et il se
pourrait très-bien faire que son expulsion, opérée
dans de semblables conditions, provoquêt quelque
manifestation dont notre gouvernement n'aurait pas
a se féliciler.
M"* Artot subit en ce moment le conlre-coup des
réclames enthousiastes dont la presse quolidienne a
salue sou arrivee. Le public s'attendait a du merveil-
leux on ne lui donne que du bon, de ['excellent et
naturellement. cela ne lui sufiit plus. Pour rester
franc, je dirai que le talent de M"° Artot n'est pas de
ceux qui s'imposent violemment a l'admiration de la
foule. Douée d'une voix admirable, cantalrice parfaite,
elle laisse, sur bien des points, beaucoup de déside-
ratas inassouvis, sous le rapport du drame et de la
passion. Ne nous bêtons pourtant pas d'emettre un
jugement dèfinitif. Les róles dans lesquels nolre jeune
compatriote s'est produite jusqu'aujourd'hui rie sont
pas, assure-t-on, ceux dans lesquels elleexcelle et Ie
Trouvèreles Mousquetaires de la Reine nous mettront
a même de l'apprecier d'une manière plus compléte
que dans Faust et la Fille du Régiment.
Nous en sommes toujours a attendre la liste des
soldats tués a Tacamburo. Le gouvernement beige
proteste que cette liste ne lui est pas encore parvenue
et nous ne ferons nolle difficnlte de croire a sa sin-
cérité mais il nous sera permis sans doute de mar-
quer nolre étonnement de ce que ui le commandant
de la légion ni le consul que nous payons fort grasse-
ment a Mexico (30,000 fr. par an) n'aient pasjusqu'a
present juge a propos de communiquer cette liste au
Fin consolaleur, ilprolonge
Les enchantements écoulés
Et prepare, sans qu'on y songe,
Aux aspects durset desoles.
El ehaque saison qu'il désai me
Harmonieuse fusion
Livre son plus precoce charma
Et sa dernière illusion
Le Printemps sa fiére innocence
Et ses matinales rougeurs,
Floraison encore sans absence
Et reparatrices fratcheurs.
L'Eté ce sue d'air dont I'abeille
Pourrait faire un miel plus vermeil.
Ces eie's sfirs oil l'on sent que veillle
Cel ceil du maitre le soleil.
L'Automne ses mèlancolies,
Ses douloureuses voluptés,
gouvernement. Des ceptaines de families sont, depuis
plusieurs mois, plongées dans les plus vives inquic-
tudes, attendant,d'un jour a l'autre,ies renseignements
officiels promis par M. Ie ministie des affaires étran-
gères. II est temps que ces incertitudes cessent et
que Ie ministère mette ses agents a Mexico en de-
meure de fournir sans plus de retard les documents.
Un poisson né avant terme.
Ah! les rares et charmants esprits! les féconds in-
venleurs 1 II y avait longtemps que le Progrès, eet
aimable joüteur des anciens jours, semb'ait avoir
perdu son ardeur et sa verve primesautières, il s'ob-
stinait dans un silence morose fort inquiétant pour
ses amis. Seules, quelques pilules assaisonnées de jé-
suites ou quelques emplAires saupoudrées de callotins
venaient de temps a autre faire diversion au sombre
mal qui le rongeait et provoquaient plutót qu'elles ne
soulageaient sa noire humeur.
Ce régime peu divertissant n'était guères du goüt
du lecteur. En vain même y mèlaitron parfois, et pour
les plusgrandescirconstancesseulement, un premier-
Ypres en l'honneur de l'excellence de la pommade
francaise, les choses n'en allaient pasmieux; le con
frère menacait sèrieusement de mourir de sa belle
mort, sans l'emploi d'un remède énergique.
Avoir eté pendant vingt-cinq ans le thuriféraire du
pouvoir, le chantre de l'administration et s'eteindre
sourd-muet, c'est dur a digérer, surtout quand on
s'appelle Progrès et qu'on porte sur son front la mo
deste devise vivres acquirit eundo ce qui veut dire
en langage vulgaire de plus en plus fort. comme chez
Nicolet.
Que faire pourtant si la science des rédacteurs ne
produit rien et qu'on est trop grand seigneur pour
s'encanailler aux réflexions de quelques brouillons,
Inventer. soufflequelqu'un.— Ceiteidée lumineuse
Dessins troublés, couleurs pêlies,
Et les nobles maturités.
L'Hiver, ces longs soirs qui disposent
A revoir cct ami le feu,
Et les nuits oü les soriges osent
Montrer tout le pays du bleu.
III.
Du bois qui va jaunir, l'arome
Est celui du bois verdissant
Tiede, intime, aux vertus de baume
Mais plus amer en finissant.
De même qu'une ême parfume
Quand vient d'aimer le premier jour,
Parfum qui, mélé d'amertume,
Se retrouve au dernier amour.
Les arbres, dans l'azur plus vague,
De clme en cime se chassant,
Comme l'onde de vague en vague,
Sont encore d'un vert puissant.