Alexandre Herzen,
Directeur du Kolokol.
28 aoöl 1805. Genève, Chateau Boisóère.
rappe le Progrès corame une révélation aussitól
son imagination bat la campagne. C'est de la cité d'Ar-
thur Van Coppernolle que lui vient la lumière el le
voilaen train d'agencer la longue narration d'un ban
quet rendu a un banquet offert. Rien n'y manque, ni
Ja description du site, ni l'eloge de la generosite et de
la cordiale bienveillance de l'amphylrion, ni le nom-
bre des convives, ni les toasts, ni ['improvisation élo
quente et chaleureuse, ni les noms des principaur.
orateurs, ni les applaudissemenls, ni même cerlaine
profession de foi carrémenl libera!e fort étonnee sans
doute de se trouver la. Une seule chose close: le Pro
grès a rêvé. Le somptueux diner n'a existé que dans
son écritoire; réception brillante, discours, rasades,
improvisation, toasts, et jusqu'a l'euchantement dos
convives, il a lout invenlé! II se croyait au sortir du
Carnaval, a la veille d'Avril et le 3 aoüt son imagina
tion en delire accouche d'un monstrueux poisson.
Singulière confusion de datesI
Ah I si au moins le fiel de ce poisson pouvait ren-
dre la vue aux modernes Tobies. Helas il n'en sera
rien. Tous les bénéfices de cette grosse bourde seront
pour le journal iuventeur et, loin de profiter des le
mons de ['experience, les mystifies continueront d'ap-
prendre a leurs dépens que
ltien n'est plus dangereux qu'un maladroit ami.
Bévision des Evaluations cadaslrales.
Depuis quelques jours a commencé, en notre ville,
la distribution des bulletins relatifs aux nouvelles
évaluations cadaslrales. Ces bulletins étant imprimés
en une seuie langue, le flamand, nous croyons devoir
appeler ^attention de M. le Direcieur des contribu
tions sur les plainles justement fondées que nous re-
cevons a ce sujet. Comme dans les autres villes, ces
bordereaux devaient être itnprimés dans les deux
langues, car, l'adminislration ne l'ignore pas, beau-
coup de contribuables de notre ville ne comprennent
pas le flamand et elle aurait dü éviter a ceux-la le dé-
sagrément de recourir a des tiers, a des traductions
souvent pen conformes au texte, avant de pouvoir
examiner, comparer, juger par eux-mêmes les éva
luations qui les concernent.
Nous croyons done qu'il sera fail droit, en lemps
opportuna cette reclamation, et que les intéressés
pourront èchanger a la Direction des contributions,
contre des documents rédigés en langue francaise, les
bulletins qui leur ont ètó communiqués pour examen
et afin d'y consigner, le cas échèant, les reclamations
qu'ils croiraient devoir presenter contre les évalua
tions cadastrales nouvelles. Ajoutons encore qu'on se
plaint de ce que ces évaluations sont en géneral trop
élevées pour la ville d'Ypres, et que beaucoup de ces
bulletins présenten! de grandes erreurs.
Nous espérons aussi que ('administration commu
nale saura sauvegarder les intéréts de la ville et de
ses habitants et qu'elle veillera avec sollicitude a une
juste répartition de l'impöt.
Les journaux cléricaux, ceux-la mêmes qui eriaient
naguère contre l'etablissement des chemins de fer, et
qui plus tard, regardant leur exploitation comme une
très-mauvaise affaire, demandaient qu'on les livrél a
l'industrie privèe, enregislrent, sans une parole d'é-
Et cependant les feuilles sèches,
Des chemins comblant les sillons,
Avec des frémissements rêches,
Déjè volent en toqrbillons.
Les fruits ont rejoint leurs ainèes
Les Üeurs, aux oisives lenteurs,
Et l'on respire, combinées,
Mille savoureuses senleurs.
Aux perrons de jasmin s'étale
En feston savamment ourdi
Le raisin se gonüe et se héle
Au feu doux des après-midi.
lei, la pêche se colonne,
Ressouvenir des pubertés
La, le chêne se decouronne,
Pronostic des senilites.
La poire se courbe et se cambre,
Avec sa tige qui fait busc,
Et répand, jaune comme l'ambre,
A la ronde, une odeur de musc.
logé, l'énorme reduction opérée, depuis le ler sep-
tembre sur le transport des petits paquets, mesure
qui sert de preface aux reductions projetées sur le
tarif des voyageurs.
Les cléricaux profilent de tous ces avantages, en en
maudissaut les auteurs. On peut, selon leur précepte,
hèriter des gens qu'on assassine Le commerce n'est
pas heureusement si ingrat, et il apprécie d'au-
tani plus les réductious apporlées au transport des
merchandises, par Pinlelligent chef du departement
des travaux publics, que la rnesure prise par l'Etat a
forcè les compagnies de diminuer leurs larifs. La inai-
son V.in Gent a deja baisse ses prix au taux de cenx
de l'Etat.
Épizoolte.
En presence des cas d'épizoolie, peu nombreux il
est vrai, qui se sont deja declares dans le pays, et
quoiqu'en dise Ie Moniteur de l'Hótel-de-Vil le au sujet
de l'elal sanitaire du bélail dans notre arrondisse
ment, nous n'hésitons pas a demander a l'autorité
communale si, en dehors des mesures générales or-
dorinées par le gouvernement, elle a pris de son cóté
des mesures parliculières de précaution, indispen-
sables dans des circonstances aussi graves.
Car, que deviendraient les moyens energiques ar-
rêtés en haut lieu, si l'autorité communale pouvait
par une coupable négligence, les rendre en quelque
sorte illusoires.
Le journal de la Régence ferait bien de donner aussi
quelques renseignements a eet égard.
La population entière est intéressée ces mesures.
II y va de Ia santé de lout le monde.
Correspondence.
Nous recevons de M. le Direcieur du Kolokolor-
gane des exilés polonais, la lettre suivanle que nous
nous empressons de publier
M le directeur de I'Opinion,
Yous m'obligerez beaucoup en donnant une place,
dans voire estimable feuille, aux lignes qui suivent
Vluvalide a publié un article sur les incendies né-
fastes qui désolent la Russie. Cel article reproduit par
d'autres feuilles russes, tend a nous accuser d'avoir
pris part a ces incendies.
C'est un mensonge absurde, ignoble. Est-ce le gou
vernement que l'on trompe, ou est-ce Ie gouverne
ment qui trompe de cette manière le public cela
nous est assez indifferent; mais nous ne voulons pas
rester sous le coup de cette calomnie.
Si quelque chose de pareil avait été imprimé dans
un pays jouissanl non-seulement d'une police vénale
el toute puissante mais aussi de Iribunaux et de lois,
nous aurions fait un procés a I'Invalide.
C'est impossible en Russie. Mais hors de la Russie
pourtant, la question peut s'éclaircir.
Nous demandons a ces calomnialeurs des preuves,
que nous sommes tout prêts aanalyser dansles feuilles
publiques ou devanl les Iribunaux anglais ou suisses.
Que ces messieurs sortent done de leur tannierede
police, de leur caverne d'inquisition, qu'ils laissent
une fois les tènèbres et arrivent au grand jourc'est
ass°z de jouer avec des documents faux, comme dans
Paffuire de Tchernychewskyqu'ils viennent nous ac-
L'essaim des roses de Bengale,
Symbole de filelité,
Aujourd'hui, comme alors égale
Sa latente suavité.
Comme ces femmes que l'on aime
D'une inaltérable douceur,
Dont la beauté reste la même,
Amante ou femme, mère ou soeurt
IV.
Quel est eet efïluve de sève
D'oü vient ce regain de primeur?
Comme un sein le bois se soulève.
Plein d'une amoureuse rumeur.
Quelle est cette brise ingénue
Qui livre le secret des fleurs
Encore Avril qui s'insinue
Comme un lendre aveu dans les cceurs I
Apollon, impérieux, darde
Ses rayons qui percent encor,
cuser devant des juges libres d'un peuple libre. qu'ils
nous montrent leurs figures. Nous sommes prêts.
ISeaux-Arls.
Nous continuons a enregistrer aujourd'huinon
sans quelque sentiment de fierlé, bien naturel du
reste, les succès obtenus par notre petite mais bril
lante pleiade d'artistes yprois. Nous avons deja re
produit, d'après VOrgane de Courtrailes éloges
adressés a M. Geriez pour son tableau La visile
du Médecin. Le compte-rendu de cette même exposi-
silion s'exprime en termes non moins flatteurs du
tableau d'un autre de nos artistes, un de nos premiers
même, M Bossuet. Voici ce qu'il en dit M. le pro-
fesseur Bossuet a envoyé une de ces belles vues de
l'Andalousie comme lui seul sait les peindre. Eau
bleue, ciel limpide, lumière radieuse, perspective sa-
vante, lointain immense, font de ces ruines de Tolède
une des plus agréables compositions qu'on puisse
voir.
Après un hommage aussi éclatant rendu au beau
talent de notre concitoyen, nos éloges n'auraierit plus
qu'une valeur secondaire.
Si maintenant nous passons au salon d'exposition
de Gand, nous y trouvons M. A, Böhm, dont les char
mants pavsages d'une facture large et grandiose, ri-
valisent de beauté avec les loiles de premier mérite.
Et ici encore, nous ne croyons mieux faire ressortir
Ia supériorité des oeuvres de notre artiste, qu'en re-
produisant Ie passage oü le correspondant du journal
la Liberté traite, dans sa revue du salon, de cette
branche de l'art.
La peinlure du paysage, dil-il, de nos jours, dégé
néré en parti-pris, au lieu de rechercher les émolions
que fait naitre la vue des champs. En Allemagne, la
plupart des paysagistes ont la pretention de nous déve-
lopper les aspects des montagnes inaccessibles avec
glaciers, pics neigeux, cataractes, forêts sombres.
Ils s'en vont, le béton ferré a la main, dans les Alpes,
dans les Pyrénées, sur les cótes scandinaves ou Ie
long des Cordillères et ne donnent quelque attention
a un site, que s'il embrasse au moins huil a dix lieues
de prespective. D'autres, en France et chez nous, se
livrent a la contemplation du soleil coucbant, et, sous
prétexteque la vue, éblouie par la grandeur d'un pa
reil spectacle, ne peut que confusément percevoir ce
qui se passé ici-bas, traitenl les arbres, leseaux, les
terrains, les troupeaux, comme si ces divers acci
dents n'étaient que decevant mirage. II y a tant de
poësiedans leurs ouvrages, que la réaiite ne peut y
avoir prise. A leur avis sans doute. si les plans
étaient ètudies, le feuillê détailie, les terrains modelps
eldesignés, on pourrait s'y arrêteret ne pas reporter
les regards vers ce jaune d'or si eclatant qui resplen-
dit a l'horizon.
Quelle aberration Aussi faut-il voir les résullats.
Les immenses èchappées de l'Ecole allemande aboutis-
sent a de grotesques images. On se croirait transporté
aux royaumes fantastiques dont on bercail notre en-
fance, la oü des collines de chocolat etaient surm >n-
tees de calottes desucre blanc, ou la péte de guimauve
Et tous lesobjels qu'on regarde
Nagenl dans un fluide d'or.
On ferme a moitié la paupière,
Réchauffe, rêveur, ébloui,
S'enivranl de pure lumière
C'est Juilletqui nous rejouit I
Mais le labour gras et roux fume
Tout va se voiler pour toujours
Au loin, un long cordon de brume,
Du fleuve dessine le cours.
Un ciel sanglant et noir succède
Brusquement au ciel satiné
On dirait, tant l'espace est raide,
Un crépuscule assassiné.
Soudain, tout est rentré dans l'ombre,
Un vent frigide prend l'essor
Novembre personnage sombre
Vous heurte avec un rameau mort.
Quand la lampe plus familière,
Dans son orbe oü tout s'arrondit,