JOURNAL D'YPRES ET DE ARRONDISSEMENT
PAUYRE FRANCE1
YFRES, Dimanche.
Troisième année. N° 40
I Oclobre 1865.
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Par A. Rogeari),
PRI\ D'ABO\XEME!VT
POUR LA. BELGIQUE
8 francs par an; 4 fr. 50par semestre.
Pour l'étranger, le port en sus.
Un Numéro 85 Centimes.
PRtS BES .WAOïCSvS
ET DES RÉCLAMES
SO centimes la petite ligne.
Corps du journal, SO centimes,
LE TOUT PAYABLE d'AVANCE.
Wt J9L. SS MT
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I/A SESSION PIMM'IIAINE.
L'ouverture de la session legislative est proche.
Bientöt la vie parlementaireun moment suspendue
pendant le temps des vacances, va reprendre son cours.
Déja les j'ournaux du ministère nous ont annoncé qu'il
n'y aurait pas de discours du tróne, le Roi se disposant
apartir prochainement pour 1'Italië. Disons le a l'hon-
neur du progrès de nos mocurs politiques le pays a
accueilli eette nouvelle avec une profonde indifference.
Le temps n'est plus oü il suffisait aux liommes du gou
vernement, pour attirer a eux la popularitéde faire
briller aux yeux de la foule le mirage de leurs déce-
vantes promesses. Depuis 35 années que la Belgique
pratique le gouvernement parlementaire, elle a fait, des
engagements ministériels, una experience trop instruc
tive pour que 1'absence d'un discours du tröne soit
envisagée par elle comme une calamité publique un
de plus, un de moins, qu'importe dans le nombre
nous en avons tant entendu, et des plus scduisants, qui
sont restés lettre morte, nous avons été si souvent dé<;us,
trompés, bernés par la phrsséologie ofticielle que nos
gouvemants mettent chaque année dans la bouche du
Boi, que nous en sommes arrivés a nous inquiéter fort
peu de ce que nos ministres pourront nous promettre.
Auteur des Propos de Labie'nus
Fuimus Troes, fuit I'inm et ingeng gloria
Vir.GiLE.
I A FKAKE I.UPLHIALL
O France, tu n'es plus la France d'autrefois,
Car tu n'as plus de peuple, et tu n'as plus de lois.
Autrefois, dans un ciel ensoleillé de gloire,
Tu montais radieuse au zénith de l'histoire
Le monde tressaillait sous tes pas triomphants.
0 mère, qu'as-tu fait de tes nobles enfants?
Ils étaient du progrès la généreuse armée,
Promenant sur l'Europe une victoire aimée.
Mais qui done a change cette armée en troupeau,
Ces héros de l'idée en valets de bourreau
Quel flot d'ombre et de sang a noyé cette flamme
Quelle bouche empestée a soufflé sur ton ame?
0 France, qu'as-tu fait de ta splendeur d'hier,
Étoile d'Orient tombée au gouffre amer
De Paris au Mexique, et du Tibre a la Sambre,
Plane, comme un vautour, l'esprit du deux-Décembre
Le mal règne, l'Europe est un eufer profond,
C'est la, rcpétons-lè, un grand progrès pour les peu-
ples comme pour les individus, il est un degré de
naïveté qui frise la niaiserie.
Le ministère actueln'aura pas peu contribué a déniai-
ser la Belgique. Que d'espérances il avait éveillées, a
son avénement, qui se sont dissipces depuis, en vaine
fumée qui ne se rappelle 1'enthousiasme qui la saisit
a la nouvelle cjue MM. Frère et Rogier allaient prendre
possession du pouvoir Quiconque alörs se fut hasardé
a prétendre que ces messieurs devenant ministres, il
pouvait nous rester quelque chose a desirereut été
taxé de mauvaie liberal, de mauvais eitoyen. Le panglos-
sisme avait conquis jusqu'aux plus défiants.
Peu a peu, cependant, nous sommes revenus de ces
illusions et aujourd'hui, après huit annces consécutives
de pouvoir, MM. Rogier et Frère sont tombés en un
tel discrédit que l'opinion publique ne s'inquiète plus
ni de leurs discours ui de leur silence.
II y aurait injustice a contester au ministère actuel
d'avoir rendu quelques services a l'opinion libérale;
mais que sont les services rendus a cöté des promesses
faites et des espérances concues P Après les declarations
solennelles de M. Frère-Orban au Congrès liberal de 184 6
on devait croire que son premier soin serait de séculari-
ser l'enseignement primaire eta l'heure oü nous
C'est l'enlonnoir du Dante, et la France est au fond,
Plus bas que la llussie et plus bas que l'Autriche
Plus bas que tout hier encore, elle était riche
Et puissante elle est faible et pauvre maintenant
La dernière parmi ses soeurs du continent,
C'est qu'aussi de ses soeurs elle est la plus coupabie
Elle était la vestaleon la croyait capable
Et digne de porter, devant le genre humain,
Le flambeau qu'elle avait allumé de sa main
Ayant laissc mourir cette flamme sacrée
II lallait que vivante elle fut enterrée.
Appuyé sur sa bêche, ainsi qu'ün laboureur,
Le fossoyeur sinistre est la c'est l'empereur.
Nous sommes mortsParis, qui fut le capitole
De la démocratie, en est la nécropoie
Tous ces monies passants, faces de déterrés,
En uniforme, en froc, en frac, tous décore's,
Quel fardeau les accable et quel deuil les alflige
Courbés, pales, muetsce sont des morts, vous dis-je
Ils s'en vont au Sénat, lorsque le temps est beau;
Ce sont de pauvres morts qui changent de tombeau.
La Seine est un Létliéles ames les plus fortes
Y vont boire l'oubli de leurs liberies mortes,
Et ces Francais, si fiers jadis d'avoir vaincu
Ne se souviennent plus mêrne, d'avoir vécu.
L'étranger seulement garde encore la me'moire
De ee peuple qu'on vit rayonner dans l'histoire,
Et qui s'évanouit un jour, on ne sait oü,
sommes, nos écoles sont encore entre les mains du clergé.
En 1856, orateur de 1'opposition, il avait flétri, avec
1'énergie de langage qu'on lui connait, le scandale de
1'absorption des bourses nationales par l'université de
Louvain et il a fallu la pression de l'opinion publique
pour le déterminer a présenter une loi qui mit fin aux
abus qu'il avait été le premier a dénoncer. En 1857,
peu de jours avant les événements qui le portèrent au
pouvoir, il réclamait passionnément une enquête sur la
situation des classes indigentes et cette enquête, immé-
diateinent commencée après son entrée au ministère,dort
depuis cinq années, dans les cartons administratifs.
Trop longue serait la série des déceptions, des mé-
comptes que l'opinion libérale a endurés depuis l'arrivée
du cabinet libéral aux affaires. Et a quoi bon en retracer
ici le tableau II est présent a la mémoire de tous la
réforme électorale écartée, la décentralisation repoussée,
les étrangers livrés sur notre sol aux caprices de la po
lice, la neutralité compromise par notre intervention
armée au Mexique, la presse maintenue sous la férule
des tribunaux civils, ce sont la autant de souvenirs, au-
tant d'enseignements dont le parti libéral, nous en
avons la ferme conflance, saura faire son profit pour l'a-
venir.
Nous disons le parti libéral, et non le ministère. Du
Comme un beau cavalier qui tombe dans un trou.
C'est comme un monument de cette gloire immense
Q'on vient voir aujourd'hui la terre oh fut la France,
Tcrre sainle, oh le genre humain fut racheté,
Oh naquit et mourut deux fois sa liberlé!
On aime le pays oh vivaient nos grands hommes
Ce qu'alors nous étions, et non ce que nous sommes.
Comme a Jérusalem, on vient voir a Paris
Le tombeau d'un Sauveur que les païens out [iris,
On entre avec respect dans la funèbre enceinte
Oh giseut les débns de la nation sainte,
lie celle qui longtemps écrivit et paria
Pour le salut du monde, et l'on dit C'était la
Oh coule un flot fangeux de prêtres et de lilies,
C'était la que vivaient les prencurs de Bastilles 1
Non, non, vous n'êtes plus la grande nation,
Francais, qui trahissez la Révolution
Fils de ceux qui faisaient de glorieuses taches
Fils de quatre-vingt-douze, êtis-vous done des laches/
Craignez de voir passer en de plus dignes mains
Ce sceptre du progrès qui régit les humains.
Que la Grèce, que Rome ont lenu que la France
Tenait, et qu'en un jour honteux de défaillance,
Cette reine du droit, de l'esprit et du gout,
Yient de laisser tomber, hier, dans un égoüt.
Et maintenant qu'il est tout au fond de l'Empire,
Ou trouver un plongeur hardi qui l'en retire
Un homme a pu jeter nn peuple au barathrum