JOUMAL
YPRES, Bimmclie.
Troisième année. N° 44
29 Ociobre 1805.
e»rbv. is'a mi
POUIlT BELG;"
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Un Numéro 25 Centimes.
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LO PINION
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A Ypresau bureau du journalcliez FélixLambin, imp.-lib. rue de Dixmude, 55,
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On traite a forfait pour les annonces souvent reproduces. Toutes lettres ou envois
d'argent doivent être aclressés franco au bureau du journal.
Y53R.ES
Le Moniteur dn 13 octobre nous apporle une nomina
tion que ['opinion publique a consacre'e de la plus en-
tière approbation Hoc erat in votis. Nous entendons
parler de la promotion de M. Emile de Laveleye au
rang de professcur ordinaire a la faculté de droit de
l'université de Liége.
M. de Laveleye est. en effet, non-seulement un
brillant professeur, un économiste distingue, mais i! est,
en outre, un des publicistes les plus remarquables de
notrepaysdepuis longtemps ilcomple parmi les colla
borateurs assidus d'une Revue dont l'accès confère pres-
qu'a lui seul un brevet de talent.
Ne se renfermant point exc/usivcmeut dans l'étude
des sciences économiques, M. de Laveleye a abordé
tour a tour avec un égal succes Ie domaine de la lilté-
raturc et celui de la politique, tantöt cuiious dolant de
laseule traduction francaise des Niebelungen, qui ait
une valeur réelle tantöt en publiant sur IV.ijseigne-
ment et sur les questions contemporaines des articles
empreints du libéralisme le plus éclairé. Marcbant sur
les traces de M. Léonce de Lavcrgne, après avoir fait
parailre dans la Revue des Deux-Mondes de remarqua
bles apercus sur les forces prodiictivcs de la Lombardie
il a livré a l'impression un Essai sur Feconomie rurale
de la Bclgique,. suivi d'un Essabsur 1'économie rurale de
la Néerlande deux oeuvres qui, sous Ia modeslie de
leur titre, cacheut une science profonde et uit rare ta
lent d'écrivain. Ce sont la de ces livres que Ton ne peut
trop recomntauder; bien souvent nous nous sommes re-
proché de ne point encore les avoir analysés ici, ou,tout
au moins, de n'avoir point détaché une de ces pages ra-
vissantes, pour faire naitre cliez nos lecteurs, si besoin
élait, le dösir de les lire toutes mais nous avons craint
de mutiler l'ccuvre en n'en offrant que des fragments.
L'Essai sur 1'économie rurale de la Néerlande surtout
que M. de Laveleye et nos compatriotes nous par-
donnent cette préférence nous paralt marqué au coin
d'un sentiment artistique supérieur ces pages out le
charme d'un paysage de Paul Potterelles rendent la
science souriante au lecteur elles triomphent de l'ari-
dité de la théorie. C'est ainsi qu'a propos d'un nouvel
écrit de l'éminent professeur, la Revue brilannique di-
sait Ce livre est non-seulement aisé a lire, mais il
est attravant. On a l'instruction par-dessus lemarché.
Ce livre avait pour titre Le marché monélaire et ses
crises depuis cinquante ans le sujet ne semble guère se
prêter aux séductions de la forme, et cependant l'artiste
a eu raison de l'obstacle! Cette nouvelle oeuvre, qui
rentre plus spécialement dansl'enseignement du profes
seur, a pour but dedéterminer les causes des crises mo-
nétaires, d'en prévenir et d'en diminuer la gravité. On
voit combien sont vastes les proportions d'un tel pro-
gramme M. de Laveleye a su le remplir pour ne point
nous borner a donner sur un travail d'une telle impor
tance une opinion aussi humble que la nötre, nousdi-
rons que nous tenons de source certaine el d'une bouche
autorisée, que eet écrit a fait sensation dans le monde
des économistes et de la finance.
Nousdevons done féliciter sans réserve M. le minis-
tre de l'intérieur, d'abord, d'avoir appelé un homme
aussi distingué a l'université de Liége; ensuite,de s'être
liaté de lui conférer le rang de professeur ordinaire.
C'est par de tels professeurs que la science devient fé-
condec'est grace a eux qu'ellc déponille la physiono-
rnie rébarbative qu'on se plait trop souvent a lui don
ner. Nous n'avons point eu Ie piaisir d'assisterauxleeons
du professeur, nous n'en oserions pas moins aflirmer
qu'elles ne sont pasau-dessous de celles du publiciste;
ceslecons nous paraissent devoir procéder delamanière
d'Arago, al'école duquel lo talent de M. De Laveleye
semble apparlenir.
Répétons-Ie Cette nomination est it la fois un acte
intelligent et un acte de justice. Nous sommes heureux
d'y applaudir et deréparcr ainsi, dans une certaine me
sure, le tort que nous avons eu de garder jusqu'ici le
silence sur les oeuvres d'un compatriotc nons allions
dire d'un concitoyen, qui fait honneur a son pays.
Le 7 novembre prochain aura lien 1'adjudication de
la perception de la taxe des barrières dans l'arrondisse-
missement d' Ypres, sur les routes de l'Etat et sur les
routes provinciales, et le IS du même mois celle de la
perception de la taxe des barrières sur les routes com-
munales, dansle même arrondissement. L'une et 1'autre
seront faites sous Ia prósidence de M. le commissaire
Carton.
Nous croyons devoir rappeler, dans Tintérêt de la
circulation et principalement des transports commer-
ciaux, un fait que nous avons déja signalc; nous voulons
parler de la multiplicité inusitée des barrières autour de
la commune d'Elverdinghe. Chacun sail que la taxe est
calculée a raison d'une barrière par lieue; or, voiei ce
qui nous arrive dans le cas qui nous occupe.
Le voyageur qui se rend de Boesinghe a Elverdinghe,
après avoir payé barrière a mi-chemin sur cette nou
velle route, e'est-a-dire a une demi-lieue de cette der-
nière commune, en paie une seconde a l'entrée du vil
lage,a l'endroit oü sebifurqnent les trois routes d'Ypres,
de Furnes et de Boesinglie. Puis, si, au lieu de se ren-
dre directement en ville, il prend le nouveau pave qui
mènea Ylamertinghe, il trouvera a l'entrée de ce pavé,
toujours dans l'aggloméré d'Elverdinghe, une troisième
barrière, Voila trois taxes de barrières percue's sur un
parcours d'une bonne demi-lieue.
II y a la une anomalie, quelque chose d' irrégulier, de
contraire au principe qui a preside a 1'établissement de
la taxe des barrières. Nous espèrons qu'au moment ou
vont être remises en adjudication et la barrière n° 13,
située a Everdinghe, sur la route d'Ypres a Eurnes, et
les barrières n°s 1 et 2 sur la chaussee d'Elverdinghe a
Vlamertinghe, il sufflra, pour voir cesser eet abus^de
rappeler nos précédentes observations aux autorités com-
pétentes. I'ien n'est plus aisé que de faire disparaitre
l'irrégularité dont on se plaint. La maintenir serait
montrer une deplorable insouciance pour les intéréts
publics, insouciance dont nous ne voulons accuser per-
sonne, a moins de preuves.
Un entre-filet inséré dans ledernier numéro de 1'Opi
nion nous vaut aujourd'hui la faveur d'un communiqué
de M. le vétérinaire Criem. Nous nous empressons d'y
faire participer le public. Celui-ci pourra se convaincre
de prime abord que, si la science illumine M. le vété
rinaire, la politesse n'est pas sa spécialité. Leton même
de eet écrit aurait pu nous dispenser de le reproduire,
car, en droit, M? Criem n'a rien a exiger, n'ayant éténi
nommé ni désigné directement ou indirectementmais
il sulfit qu'il s'adresse a notre impartialité pour que
nous lui ouvrions nos colonnes. Voicidonc l'épltve dans
toute sa patriarcale crudtté
Ypres, le 26 octobre 1865.
Monsieur le rédacteur de 1'Opinion.
Monsieur,
Dans votre journal du 22 courant, j'ai lu un article,
dans lequel vous signalez des abus qui auraient été com-
mis par un vétérinaire, Comme cela peut s'adresser ii
moi, aussi bien qu'a mes collègues, et que votre article
est empreint d'une extreme malveillanee qui pourrait
nuir a celui qui en est l'objet, je crois devoir opposer;
pour ce qui me concerne, un dementi formel aux faits
que vous avanoezdans toutes les circonstances, mes
collègues et moi, nous avous l'liabitude de nous confor-
mer aux lois et règlements qui concernent notre profes
sion, et nous n'avons pas besoin de vos lemons pour
connaitre nos droits et ap^endre nos devoirs. II est
vraiment regrettable, Monsieur, de voir un journal qui,
comme vous, se pose en redresseur de tous les griefs,
pousser la légéreté jusqu'a. acceuillir, sans en avoir au
préalable vérifió la véracité, des accusations qui sont de
nature a jetter la déconsidération et a porter prejudice, a
ceux qui en sont l'objet. J'attends de votre impartia
lité que vous voudrez bien inserrer ces quelques lignes
dans votre prochain numéro, et entre temps je vous prie
d'agréer 1'assurance de ma parfaite considération.
D. Criem.
Les réfiexious que fait naitre la lecture de celte let—
tre abondent sous notre plume bornons-nous a quel-
ques-unes.
Et d'abord remarquons l'impcrtance que prend de
plein pied M. Criem. Sans autorisation, sans mission
aucune, il pose pour tous ses collègues. Non-seule-
mentilcroit devoir nous opposer; pour ee qui le con
cerne,un démenti formel aux fails que nous avancons
mais encore il plaide en nom colleclif. M. Criem n'est
pas un simple vétérinaire, c'est l'homme-légion.
Eh bien, nous en sommes fort facliés pour lui.malgré
ses affirmations et ses dénégations, nous maintenons
tout ce que nous avons écrit il y a huit jours et, lorsque
nousle jugerons opportun, nous reviendrons sur ce fait
avec des détails beaucoup plus circonstanciés, lie fut-ce
que pour fournir a M. Criem une nouvelle occasion
d'exercer son style épistolaire.
D'oului vientdonc, a ce monsieur, tout ce zele im
prudent? De deux choses l'uneou il a connaissance des
faits qui nous occupent et dans ce cas que n'entre-t-il