régime du bon plaisir. L'Indépendancele Précurseur et YEtoïle beige déployèrent un instant une magnifique ardeur a rasseinbler les éléments d'une resistance énergique trente ou quarante journaux libéraux répondi- rent a leur appel. Puis, tout-a-coup, toute cette rumeur s'apaisa et l'ordre, un moment trouble, rentra dans Yarsovie. Avouons une chose c'est que si maintenant on nous donne du baton, nous aurions tort de nous plaindre; nous n'avons que ce que nous avons mérité. de vue, ie séjour dans les écoles spéciales est une sorte de commencement d'opération flnancière, et les families ont raison de considérer co.nme de l'argent bien placé celui qu'elles dépensent ainsi pour créer une carrière a leurs enfants. L'Etat lui-même doit se comporter a eet égard comine un bon père de familie,non-seulement pour reudre service aux citoyens, mais pour se rendre service a lui-même en se préparant de bons fonctionnaires et en augmentant la richesse commune.Comme un agriculteur et uu industriel font preuve de resolution et d'habilité en suspendant pour un temps leur production et en sa- crifiant une part importante de leur capital, l'un pour drainer, planter, aménager la terre et transformer un sol ingrat en domaine pïantureux et florissant, l'autre pour améliorer ses machines, leur donner une précision et une force nouvelles, et dimirmer son personnel tout en augmentant et en perfectionnant sa fabrication par un outillage supérieur de même, quand un Etat sait com- prendre que la source la plus féconde de richesses est le génie humain et que c'est le bon ouvrier qui fait le bon ouvrage, et quand, pour développer et discipliner cette force incomparable, qui dirige toutes les autres et cen tuple leurs produits par ses intelligents efforts, il verse ses millions sans compter pour 1 education de la jeu- nesse, avare des ressources de son budget pour tous les autres services et sagement prodigue pour celui-ci, on peut dire avec assurance qu'il fait la meilleure de toutes les speculations, car il s'enrichit d'autant plus qu'il fait plus de sacrifices. I! faut done louer l'Etat. et les families qui se laissent mener par des considérationsde ce genre; les louer de leur habileté et de quelque chose de plus en core, s'il est vrai qu'il y a du mérite a clioisir parmi les différentes sources de la richesse, et a préférer celles qui tiennent au plus noble emploi de l'activité humaine. La question est maintenant de savoir si lesfilles n'ont pas comme les gnrgons une carrière économique a la- quelle il convient de les préparer, non-seulement dans leur intérêt, mais dans celui de la soeiété toutó entière. Et d'abord, les femmes a eet égard doivent étre parta- gées en deux classes, on pourrait même dire en trois classes quelques femmes du monde qui ne travaillent pas du tout d'autres femmes, beaucoup plus nom- breuses, appartenant au monde et aux classes moyennes, et qui s'occupent très-activement de la direction des affaires intérieures de la familie et de divers travaux de ménage; enfin, les femmes du peuple, qui travaillent, comme leurs maris, pour gagner un salaire. Laissons de cóté les fainéantes, qui sont heureuse- ment la très-petite minorité, et qui, par un singulier raffinement dc la vanité humaine, se font gloire de leur incapacité et de leur inutiiité. C'est par l'école qu'on triomphera de ce préjugé bizarre, et déja, il faut recon- naitre qu'il va en s'affaiblissant. On commence a regar- der une fille, dans toutes les classes de la soeiété, comme un être pensant dont il faut cultiver l'ame.et non comme une poupée qu'on ajuste, qu'on montre, et qu'on ren- ferme le moment d'après. La fonction propre des femmes est de soiguer, de con soler et d'encourager leurs maris et leurs enfants, de diriger la maison, de dépenser et d'épargner apropos, et de proportionner exactement la dépense au revenu. Si nous regardons exclusivement le cóté des affaires, les femmes mêmes qui ne gagnent pas de salaire, jouent un róle économique très-important, puisqu'elles président a la dépense. II n'est personne ayant quelque experience de la vie qui ne sache qu'une femme intelligente et soigneuse entretient a peu de frais l'aisance et la propreté dans la maison, tandis qu'une autre, avec des débour- sés deux ou trois fois plus considerables, laisse tout a l'abandon et ne donne a ceux qui l'entourent ni l'a- grément ni le confortable. Le mari a beau s'épuiser; l'argent s'en va de sa caisse plus vite qu'il n'y est venu, san3 lui faire honneur ni profit. Peut-étre même eet excès et ce désordre dans la dépense est-il le mal particulier de notre temps et la cause de eet appétit désordonné du gain et de ce peu de scrupule en affaires, que tous les gens senses déplorent, et qu'on n'arrêtera pas tant qu'on nesera pas parvenu a rendre quelque austérité a l'intérieur des families. IIn'est pas doüteux que ce inauvais emploi de la for tune privée n'influe a la longue sur la fortune publique car les Etats, comme les individus, ont deux movens de s'enrichir, en gagnant beaucoup et en employ an t bien ce qu'ils gagnent. On se demande en vérité pourquoi nous employons tant d'argent et de peine a dresser les gar- gons pour le gain, quand nous dédaignons d'élever les fllles pour Part tout aussi difficile de la dépense et de l'épargne. C'est être aveugle que de calculer la dot d'une fille en écus, et de ne la point calculer en talents, en santé, en bonne humeur, en élévation d'esprit et de ca- ractère. L'article suivant nous est communiqué avcc prière d'insertion 3.a supérlorlté «Ie l'ensclgnemeiit cleri cal Irréfmtablcmcut prouvéc, I. Si nos établissements ne sont pas tneilleurs que ceux de l'Etat, comment cxpliqucz-vous leurprospéritc? Com ment admettre que les parents, a moins de les supposer aveugles, nous confient encore 1'education de leurs en fants, en presence des prétendues garanties que le gou vernement offre sous ce rapport Ces questions me furent posées par un membre du corps enseignant du diocese de Bruges, en réponse a l'énumération, que je me permis de faire,il y a quelques jours, des avantages que trouve la jeunesse studieuse dans les instituts de l'Etat, au point, de vue scientifique et moral, graces aux examens quel'on exige des profes- sènrs, avant de les reeonnaitre propres a occuper une chaire. Moil honorable contradicteur me met sur un terrain glissant, il me sera difficile de re'pliquer sans froisser quelque peu sa susceptibilité, le ton acerbe n'est pas celui dont je voudrais me servir a son endroit et pour- tant je n'aurai que peu occasion de lui être agréable dans mes appreciations. Commengons done par avouer bien humblement qu'en eff'et les maisons d'éducation du clergé ont, géiié- ralement dans cette province, un plus grand nombre de diicntioii des lallen. On n'avait pas l'excuse du suffrage universel sous l'Empire et sous la Bestauration, ni même en 1838, quand on recula devant la dépense des écoles de filles et la difficulté de les organiser. A défaut de la politique, impuissante a expliquer eet abandon regrettable, est-ce l'économie politique qui a dirigé les législateurs ?A-t-on jugé que l'éducation des gargons était une affaire, el celle des filles seulement un luxe ou un plaisir? Nous aurions ici tout d'abord une protestation a faire contre cette manière étroite d'envisager l'éducation. Avant tout, ce que l'on doit vouloir faire par l'éducation, c'est un homme ou une femme, c'est-a-dire une créature raison- nable, soumise au devoir, amante de la vérité, se ser vant de ses facultés pour se perfectionner soi-même et pour faire du bien aux autres. C'est la notre première carrière tous, celle que la Providence impose également aux hommes et aux femmes, leur créant ainsi, parl'éga- lité de la destinée, des droits égaux a une bonne et so lide éducation. Mais nous voulons bien reeonnaitre que nous avons encore une autre carrière, Irès-importante aussi, quoi- qu'a un degré bien inférieur c'est celle que nous choi- sissons volontairement pour t.irer le meilleur parti pos sible de nos facultés, et qui nous assigne plus tard notre valeur économique dans la soeiété a laquelle nous appar- tenons. II est certain que l'éducation est productive de revenus, et surtout celle des gargobs, quand elle est poussée un peu loin. Dans les families riches, oü il ne s'agit que deconserver une fortune patrimoniale,on peut a la rigueur s'en reposer sur un homme d'affaires et pourtant,dès qu'il y a des procés a soutenir, des amélio- rations a réaliser, des capitaux a placer avantageusement, un portefeuille a gérer, il est utile de juger par soi-même et ne pouvoir au besoin se passer d'intermédiaire. Dans les classes moyennes, tout homme, qu'il soit fonction- naire, avocat, médecin, ingénieur, eommercant. est obligé de paver de sa personne et de conquérir par son travail journalier l'aisance de sa familie. Les relations et les circonstances font beaucoup la force de volonté, plus encore, cependant la source la plus süre de revenus, c'est une éducation solide. Sans elle, le talent natif ne sert a rien il peut même nuire, en exaltant l'ambition outre mesure. La capacité acquise par de fortes études met sur-le-champ un homme hors de pair, et vaut mieux a Ialonguequetout.es les recommandations. A ce point »e faisait bien, j'avais regu le matin une lettre sentimen- tale si tout cela n'était pa* 1'imago du bonheur, c'ctait bien prés de l'être Au bout d'un instant, comme nous gardions lc silence, je regarde mon onele qui avail les yeux attachés sur sa femme et sa fille; il ne fumait plus, et je vois une grosse larme qui roulait le long de sa joue. Une larme mon oncle 1 mon pauvre oncle un vrai Spartiate qui n'avait pas pleuré depuis Goritz. Vous n'imaginez pas le coup que ca me donne, et je me mets a pleurer comme une béte; il me saisitle bras Prends garde pas de bêtises, ta tante te regarde. Ce ne fut qu'un éclair, il me de- ma nda du feu et se leva d'un air résolu. J'eus beau questionner, rien n'y fit, ces dames ren- ;rèrent dans leur appartement, l'oncle gagna la biblio- thèque sans me demander de faire sa partie de billard. Comme il faisait très-chaud, je m'en fus lire l'histoire de Joseph vendu par ses frères. Je dois vous dire que jene voyage jamais sans mon Joseph je lis une page, deux pages; a la seconde: paf 1 je dors comme nu loir. Mais ce jour-la je dormis mal, j'étais inquiet, et vers trois heures, quand Brand vint m'évéiller, j'étais déja sur pied. Brand m'avait dit Quand monsieur sera prêt-, monsieur désirerait parler a monsieur dans la chambre a madame. Tout cela n'était pas naturel; ma tante avait un air solennel que je ne lui avais jamais vu, et je ne sais rien de comique comme ma tante quand elle veut être sé- rieuse; mon oncle était visiblement gêné. Prends un siége, mon cher George, me dit-il. Oui, mon président, faut-il dire mon age? Voila ma tante qui part, la glacé était rompue. Allons, grand enfant, écoute, nous voulons te faire du bien malgré toi. J'ai beaucoup réfléchi depuis quel que jours; ce matin même, tu as été témoin d'une émo- tion que je n'ai pu réprimer. Je suis vieux; d'un jour a l'autre, qui saitje puis avoir la douleurde voir en par- tant les êtres qui me sont chers rester sans protecteurs et sans appuij'ai essayc de faire de toi un homme a ton tour aujourd'hui de recueillir ce dur heritage et de devenir le soutien de ceux qui resteront. Oh mon oncle, m'écriai-je; vous voulez me ma- rier, «ja n'est pas gentil, je n'aurais pas cru cela de vous. Laisse-moi finir, je ne te parle pas d'un devoir au- quel tu ne chercheras eert es pas ;1 te soustraire, je con- nais ton coeur. Je ne suis pas un Cassandre, jene peins ici ni les joies du foyer, ni le bonheur ealme qui t'at- tend, les emotions donees, la vie facile; mais, franche- ment., 1'existence que tu mènes est vide et. m satiété va venir crois-en ma vieille experience, la solitude est mauvaise il est doux de sentir un coeur battre prés du sien et d'avoir quelque part un port oü s'abriter aux jours d'orage. Tu sais que je ne suis pas grand faiseur de phrases et que je t'aime de tout mon cceur; allons, laisse-toi être heureux et ne derange pas les projets que nous avons formtis pour toi. Maismon oncle, pour me marier il faut une femme, et je ne sais pas quelle est l'infortunée jeune fille qui voudrait alluiner en ma faveur les flambeaux de l'hyménée. Considérez que je suis bien jeune encore, que je n'ai peut-être pas toute la maturité désirable, que ce sont des devoirs bien lourds, une responsabilité bien grande. Songez done, mon oncle, toujours la même chose c'est un peu effrayantJe ne dis pas, il faut bien en passer par la; je demande une dizaine d'années pour réfléchir, car je ne me consolerais pas de faire le déses- poir de mon épouse. Mon oncle restait sérieux, ma tante comptait les points de sa tapisserie. Tu t'exagères ta jeunesse tu as trente-deux ans, tu n'es plus un enfanttu vas me forcer a te dire des ehoses dures... Eh bien 1 tu te déplumes et tu t'empa- tes, tu n'as déja plus de cheveux sur le sommet de la tête tu prends du ventre malgré ta méthode Benting, et voila des poils blancs dans ta barbe, indice certain d'une jeunesse orageuse. D'abord, mon oncle, les cheveux blancs ne prou- vent rien du tout., et puis ga n'est pas une raison. Ma tante est un bijou mais les petites filles d'aujourd'hui sont des gouffres, et je vais être une infortunée victime. Je vois ga d'ici, j'aurai une femme qui fera qualre toi lettes par jour, me trainera en visite, restera au baljus- qu'a cinq heures du matin, et le lendemain a onze heu res me fera aller a une messe de mariage a Saint-Tho- mas-d'Aquin. Sous prétexte que nous serons a notre aise, elle voudra recevoir et être regue; elle aura maison a la ville et maison a la campagne; l'étéil faudra aller a la mer, l'automne en Allemagne. J'ai horreur de ga des plages oü on fait de la tapisserie pendant que les enfants font des trous dans le sable. Des bains de mer qui ressemblent au concert Musard, et des Casinos oü vos filles dansent avec des officiers prussiens. Sans comp-

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L’Opinion (1863-1873) | 1865 | | pagina 2