disciples, que celles dirigées par des particuliers ou placées sous la sage et intelligente administration de 1'Etat. Faut-il en conclure que cette siipérioriténumé-. rique est tine preuve que I'instruction y est mieux don- née, que l'éducation et la morale s'y enseignent et y sont mieux pratiquées? Je ne le pense pas. Les parents sont done aveugles? me demande-t-on. Comment se pourrait-il autrement? n'entendent-ils pas sans cesse dans leur e'glise paroissiale dénigrerles lycées ofïiciels, ne décrie-t-on pas les professeurs qui y sont attachés, ne les traite-t-on pas d'impies, de sup- póts de l'enfer, etc., etc.? Dans le tête-a-tête du confessionnal, la jeune mère peut-elle se soustraire aux conseils du .doux et char mant vicaire qui est admis dans l'intimité de la familie et qui cherche,dans toutes les circonstances,a lui prou- verla sollicitude la plus assidue pour tout ce qui pour- rait lui être utile ou agréable? Ce jeune hommc qui,par ordre de ses chefs,tonne pu- bfiquement contrc les institutions laïques ne peut évi- demment pas se donner un démenti a huis-clos, il doit suivre la loi tracée. Dans cette espèce de guérite,pour me servir de l'ex- pression de Paul-Louis Courrier, oil, sans témoins, pères, mères, frèreset soeurs, vont tour a tour faire des confidences, et quell es confidences]... subissent un in- terrogatoire, et quel interrogatoire]ne peut-on faire agir impunément toutes les influences imaginables? A quels exces un zèle outré ne peut-il pas conduire celui, qui n'ayant du vrai prêtre que l'apparence, y siége plein de fiel et de fougue, adversaire passionné de tout progrès, ne reculant devant aucun expedient pour servir la cause de Terreur qu'il veut défendre mal- gré et contre tous, parfois, hélasmalgré lui-même, pour obéir passivement a une consigne sans réplique. Si les parents, en dépit des efforts dont 011 les ob- sède pour que leur fds n'aille pas suivre les cours de l'athénée, résistent et réfutentles allégations de Tagent des colléges épiscopaux, il lui resteun dernier moyen, une si affreuse ressource qu'on ne la de'voile qu'avec la plus grande répugnance, c'est de frapper le commer- cant, le détaillant surtout, dans ses intéréts matériels en le disCréditant auprès de ses clients, en le calom- niant, en le ruinant de réputation et des biens. Yoila pourquoi vos colléges sont plus peuplés que ceux de l'Etat, voila vos moyens de recrutement I Je me borne a les livrei' a l'appréciation du public hon- nète, qui saura en temps et lieu en faire justice. II II est acquis que le nombre de vos élèves dépasse celui des jeunes gens qui recolvent Tenseignement laï- que, je vous prierai de vouloir me dire comment il se fait que les trois quarts au moins des distinctions décer- ter que dans cinq ans nous serons sur la paille. Et les enfants qui arriverontLes institutrices, l'anglais, le piano, les belles-mèresToutes les horreurs de l'huma- nité. Et puis enfin, mon oncle, soyons pratiques, je vous en fais juge, iegardons au tour de nous. Yoila la petite Bouglainval, elle est jeune, elle est belle, mais elle n'a que son coeur. Je ne suis pas un spc- culateur, mais vous savez qu'on n'épouse les orphelines pauvres que dans Loïsa Puget. Mil" Blaisot est une assez jolie personne, douce, modeste, et je crois même une jeune fille de cocur, mais la belle-mère est en délica tesse avec la grammaire, et le beau père vous tape sur le ventre. Marie a l'air d'etre en porcelaine et me fait periser aux voyages au pöle nord. Berthe de ousy n' est pas une femme, c'est un' canari treize idéés par se conde; elle vous mêle ensemble la ga/e de Chambérv et les sacrements, les corsages chatelaine, les palpitations de cceur et l'abbé Bautain. Ce n'est pas un menage qu'il lui faudrait, c'est une jolie cage avec du joli mouron. Tout cela donne a réfléchiril y a bien encore .Tane Bri- deau, c'est honnête et pur mais d'une simplicity évan- gélique, béte comme ses jolis petits petons et d'un pot .au feu a faire frémir. Les autres, c est une autre affaiie, ce sont des anges a etoufler entre deux matelas. a parle déja d'obligations et d'emprunt mexicain, a la fleur des ans, et pa vous fait des yeux en coulisse a ses valseurs Ces précocités-lame donnent froid (lans le dos. Ma tante riait ii se tordre, elle en avait laissé tomber sa tapisserie mais mon oncle était impatientéil m ar- rêta d'un geste, et me dit avec une nuance d attendris- sement nées chaque année aux concours ouverts entre Ie per sonnel des colléges de TEtat et celui des institutions pa- tronées que vous dirigez, soientobtenus par vosrivaux? ii qnoi faut-il attribuer cette situation? Yous mere'pondrez peut-êtrc a Taveuglément des parents. Je vous Taccorde. Vous ne pouvez dans auciin cas crier a la partialité dans cette joütc littéraire et scientifique, puisque vous failes partie du jury d'examen, pas plus que vousn'êtes admis a soutenir que le cours de religion se donne mal dans les athénées du gouvernement, oü vous êtes a peu prés partout invités a Texpliquer en toute liberté,a l'ex- clusion des ministres d'un culte étranger au vötre: Le cardinal Wiseman avait raison de vous dire au congres de Malines De quoi vous plaignes-vous? Parlerons-nous de morale?Je le crois superflu, Thistoire de tous les jours nous apprend que, si nous avons parfois des scandales a déplorer sous ce rapport, parmi ceux <jni ont mission d'instruire, ce n'est pas dans les rangs du corps professoral laïque, qui est géné- ralement compose d'honorables pères de familie. C'est, et cela se comprend, le vceu de chasteté qui de temps ii autre est impuissant contrc les lois de la nature, c'est une santé vigoureuse qui est aux prises avecun serment inhumain, c'est lecélibat forcé (}ui, troublatit, égarant la raison, pousse fatalement sa victime ii commettre les plus honteuses aberrations A l'époque du Concile de TrenteVopinion générale, scandalisée et fatigitée des désordres du célibat, fait en tendre des plaintes contre une loi qui choque égakment la nature et la morale, les vrais intéréts et la dignité des ministres du culte le roi de France, I'empereur Ferdi nand, le due de Bavière, le cardinal de Lorraine, en de- mandent a cc Concile 1'abrogation, qui avait déja été ré- clamée par d'autres roispar d'autres empereursdes cardinaux, des papes mimes (le cardinal Zabarelli, le papePie II ou iEneas Sylvius, entre autres).(Comte de Mirabeau. Discours sur le mariage des prêtres). III. Je n'y songeais pas ne serait-ce pas le svstème cu linaire adopté par vos institutions qui les font préférer par les parents Invoquons nos souvenirs. Jemerappelleparfaitement le temps oil j'avais a grignoter a la table du collége episcopal de mon lieu de naissance, Testomac était complaisant, ainsi qu'il en est chez la plupart des en fants bien portants, ses exigences ne s'arrêtaient point sur la qualité, mais une quantilé convenable était indis pensable, et si je ne pouvais toujours me la procurer, il n'y avait pas de mafaute. Mes jeunes condisciples avaient souvent, ainsi que moi, faim le matin et nous n'étions pas rassasiés lesoir. L'exercice scolaire sedivisait en deux longs Carêmes Êcoute, George, entends-tu (fa, mon oncle, c'est la phrase a l'unisson de 1 'Africaine ily a même un si qui est faux comme un jeton il faut faire accorder le piano de Blanche. Eh bien, cela ne te ditrien Oh si, mon oncle, c'est tres-beau et d'un grand effet Sélika va mourir, les basses... Mais ce n'est pas de ca quejeparle, George. Blanche! Eh bien, Blanche, ma cousineOh mon oncle, ne me faites pas dire de bntises je ne sais pas, mais il me semble que cela me gênerait. Oh cette pauvre Blanche, ma femme Enfin, du reste. Mon oncle est fin comme l'ambre il n'insista pas, se contenta de semer cette idée-la sans me l'imposer, et se leva brusquement en disant Allons laisse ta tante faire sa toilette, moi je vais voir mes bücherons. Scapin piaffait au pied du perron en un temps de galop, je m'enforiQai dans les bois du Mesnil. Je cher- chais les allées ombreuses pour rêver a mon aise, et Blanche me trottait par la tête. J'entendais toujours la phrase a l'unisson avec un si qui n'était pas naturel; je laissai flotterlcs rênes sur mon coursier, comme Ilyppo- lyte, et j'avais positivement du vague a Tame. Le diner fut très-gai, avec une nuance imperceptible de gêne. Mariette s'était surpassée, mon oncle était charmant d'esprit et de verve, il avait fait monter du Moulin-a-ventma tante avait des petits raffinements de gourmandise, et Blanche, avec une aisance que je n'avais jamais remarquée, disait par-ci par-la des choses très-piquantes et touchées juste. Je ne sais pas ce qu'il y avait dans l'air, j'adorais tons ces êtres-la; a chaque dont le premier commencait avec le mois d'octobre et durait jusqu'au surlendemain du Vendredi-Saint le second s'ouvrait quinze jours plus tard et allait jusqu'au 20 aoiit inclusivement. Le reste de l'année se passait en familie, oil on riait a se tenir les cótes, en me voyant, petit bonhomme quej'étais, incorporer a peu prés au- tant que tous les autres ensemble. Que de fois m'a-t-on deipandé si je n'avais pas a manger au collége jene trouvais pas le temps de ré- pondre, je nTen donnais tout bonnement, ventre alfamé n'ayant point d'oreilles. Le svstème suivi par le gouver nement ne me semble guère heurcux non plus en cette matière. Si mes renseignements sont exacts, il nomme un directeur du pensionnat, qui prend Tengage- ment, moyennant des conditions déterminées, de fournir les aliments nécessaires aux élèves internes. Supposons une série d'années, ou même seulement deux années calamiteuses le bétail, le froment et les légumes sontchers le directeur, aux termes d'un con- trat a forfait, a des obligations onéreuses a remplirs'if les respecte, Tentreprise peut devenir ruineuse si, au contraire, il cherche avant tout a sauvegarder son capi tal, ce ne peut être qu'au détriment de la population de Tinternat. II est impossible de sortir de cc dilemme. Je suis d'avis •que, pour éviter tout embarras a ce su jet et donner un entier apaisement aux families, le gou vernement devrait charger un économe de cette partie importante du service général de ses établissements destruction de toute catégorie. Ce fonctionnaire ne pourrait réaliser des bénélices par aucune spéculation, plus ou moius habilement en- tendue, sur les exigences stomachiques des jeunes gens qui ont liesoin a eet age d'une nourriture saine et sub stantie! le, plus qu'a toute autre époque de la vie. Pour plus de garantie, il serait très-utile de nonnner une commission de surveillance qui irait de temps a autre a l'improviste s'assurer que les élèves sont convenable- ment nourris. Si j'insiste sur ce point,c'est que,je sais que bien sou- yent,les commissions actuelles se contentent de la ré- ponse du préfet de Tétablissement ou de Tentrepreneur des victuailles qui a litre de Directeur du pensionnat. De cette manière les choses se passent invariablement a la satisfaction de tous, sauf desprincipaux intéressés. Cette question me semble offrir un intérêt de premier ordre; on ne saurait asscz la recommander iil'attention du gouvernement. C. C. f TI«. Les inconvcnients, les dangers mêmes que présente le tir actuel de la garde civique, inconvénients et dangers que 1' Opinion a fait ressortir si souvent, semblent préoc- cuper tout le monde, et 1'administration communale se instant j'avais en vie de me lever pour les embrasser, et j'aurais voulu ne jamais quitter Lorey, y vivre, y mou rir, borner la tous mesdesirs et mon ambition. On vint s'asseoir sur la terrasse; moi je pris l'allée des sapins et j'arrivai au bord de letang sans m'en aper- cevoir. Des grosses taches d'or coloraient Thorizon a tra vers les grands peupliers d'ltalie, et venaient se refléter a mes pieds. De l'autre cötó de la rivière d'Eure, les moutons faisaient lever sur la route une poussière qui se dorait aux feux du couchant; les mille bruits de la na ture commencaient a s'élever dans ce calme et ce silence. En un instant j'évoquai ma vieillesse isolée, le foyer vide et les tristesses de la solitude. Je vis s'envoler avec les vapeurs qui s'élevaient du lac les essaims éper- dus des rêves de ma jeunesse, les amours passagères et les passions éteintes, les perfidies, les fantaisies ailées, les erreurs mauvaises et les orgies impures et la-bas, encadrée danr la glycine et le lierre, se dressait rayon- nante et radieuse une douce et blanclie réalité. Je mar- chais comme un liomme ivre, en tendant les bras vers elle, etj'entrais dans le salon au moment oü, comme un motif qui se dégage clair et limpide, éclatait la phrase a l'unisson. J'étais pale et tremblant, je revenais d'un long voyage dans un passé plein de ténèbres, et j'arri- vais alapleinelumière. Mon oncle comprit mon trouble, devina ma resolution et m'ouvrit ses bras( ma tante se mit a pleurerde joie Blanche qui n'y comprenait rien, jouait faux comme un angequ'elle était, et je me ren- dis sans conditions. C'est-a-dire si, j'exigeai qu'on fit accorder le piano, et vous savez mon cher, si je suis heureux en ménage Marquis de Yillemek.

HISTORISCHE KRANTEN

L’Opinion (1863-1873) | 1865 | | pagina 3