JOURNAL D'YPRES ET
YPRES, Dimanchee
Troisième année. N0 46
12 Novembre 1865.
POUR LA BELGIQUE
8 francs par anIV. SO par semestre
Pour l'étranger, Ie port en sus.
U.n Numéro 25 Centimes.
Les journaux cléricaux nous apportent le
texte d'une adresse présentée a M. l'évêque
de Bruges par le clergé de son diocese a pro
pos des lois sur les fondations de bourses et
sur le temporel du culte. Cette pièce, ievêtue
de la signature de 774 cbanoines, doyens,
curés, professeurs, vicaires, coadjuteurs, est
trop curieuse pour que nous ne nous fassions
pas un devoir de la mettre sous les yeux de nos
lecteurs. La voici, textuellement reproduite
d'après la Patrie de Bruges
Ainsi done, voila qui est magistralement
établi,de pari'autorité irréfragablede 774 cha-
noines, doyens, curés, de notre diocese, si le
clergé beige refuse son adhésion a la loi sur'
les bourses, ce n'est pas seulement paree que
cette loi viole la liberté et l'honneur de la re
ligion, c'est aussi paree qu'il la considère
comme devant porter un coup funeste au
bonkeur et a la gloire de lapatrie. Ce dernier
point nous semble assez obscur et MM. les
chanoines, doyens et curés ont eu tort assuré-
ment de ne pas l'éclaircir davantage - Quand
le clergé affirme qu'il y va de Xhonneur de la
religion que l'Eglise ne restitue pas les bourses
qu'elle détient au mépris des lois, nous pou-
vons trouver, a part nous, que le clergé en
tend l'honneur de la religion d'une singuliere
fapon, mais, en tils soumis de l'Eglise, nous
nous inclinons humblement devant ses ensei-
gnements,si étranges qu'ils nous paraissent
Nous parle-t-on, au contraire, du bonheur, de
la gloire de lapatrie? Soudain, nous recou-
vrons notre libre arbitre et nous sommes en
droit de demander qu'on s'explique. Eh bien!
nous le dirons franchement, il nous est im
possible de comprendre quelle gloire il peut y
avoir pour la Belgique a laisser au clergé
radministratiou des bourses d'étude. Le profit
du clergé, oh! celui-la crèveles yeux, mais la
gloire de la patrie? nous avons beau cher-
cher, nous ne trouvons pas... a moins que la
gloire de la patrie et le profit de l'Eglise ne
soient pour MM. les chanoines et doyens une
seule et même chose.
Lesdits chanoines et doyens déclarent hau
tement qu'ils sont décidés a refuser leur con
cours a 1'execution de la loi sur les boursesA
eet égard, leur declaration nous parait au
moins superfine, car nous ne sachions pas que
quelqu'un songe a leur reclamer aide et assis
tance pour l'exécution de cette loi. Qu'ils res-
tituent l'argentet, pour le surplus, on se pas
sera fort bien d'eux.
Rassurons-nous, du reste, sur les disposi
tions de notre clergé. Tandis que les curés de
Charleroi se déclarent prêts a souffrir la pri-
son, l'exil et même la mort plutötquede
reconnaitre 1'autorité de cette loi de vol et de
brigandage, nos curés, a nous, plus prudents
ou plus senses, ne vont pas au-dela de la
résistance légale,c'est-a-dire qu'ils attendront
un jugement qui les condanme a rendre
gorge, après quoi, ils s'exécuteront.
Soit pour un jugement. Mais valait-il bien
la peine de prendre des airs si terribles du
moment oü l'on était décidé a baisser pavilion
devant du papier timbré Et n'est-ce pas le
cas de dire avec le poëte Voila Men du bruit
pour une omelette?
PRIX D' VBO.WI H BOT
L'opinios
I»ROt RES ASXOXCHS
ET DES RÉCLAMES
10 centimes la petite ligne.
Corps du journal, :50 centimes,
LF. TOUT F «ABLE AVANCE.
JHrSL
Laissez dire, laissez-vous blamer, mais publiez votre pensée.
ON S'A BONNE
A Ypres, au bureau du journal, chez Felix Lambin, imp-lib. rue, de Dixmudc, 55,
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On traite a forfait pour les annonces souvent reproduces. Toutes lettres ou envois
diargent doivent ütre adressés franco au bureau du journal.
YPRES.
12 novembre 1865.
Monseigneur,
Autant nous avons applaudi a la lettre pleine devi-
gueur apostolique, que votre illustre prédéeesseur, feu
Mgr Maloud'hèureuse et impérissable mémoire
adressa a M. le ministre de la justice, relativement au
projet de loi sur le temporel 'du culte, autant nous
sommes-nous sentis encourages et fortifies par l'attitude
que vous avez prise dès le début de votre épiscopat, et
par les paroles que vous venez de nous faire entendre.
Yis-a-vis de ce projet de loi, comme en présence de la
récente loi sur les bourses d'études, le clergé beige, aussi
sincèrement dévoué au bonkeur et a la gloire de la patrie
qu'a la liberté et l'honneur de la religion, ne saurait
avoir qu'une pensée celle d'une résistance légale una-
nime.
«Pour nous du moins, Monseigneur, nous tenonsadé-
clarer hautement que nous adhérons de tout coeur et
sans réserve aux principes immuables de justice que
Yous venez de proclamer et a Yous dire que, si l'on es-
sayait jamais d'obtenir notre concours a l'exécution d'une
loi injuste et spoliatrice de l'Eglise, a l'exemple et a la
suite de notre Évêque, nous opposerious le mot de
l'Apötre Nonpossumus.
Ë.es Eïa»'rïères.
Mardi dernier a eu lieu 1'adjudication de la perception
de la taxe, en 1SC6, aux barrières établies sur les routes
de l'Etat et sur les routes provinciales dans l'arrondis-
sement d'Ypres. Un grand nombre de tees barrières a
été adjugé, sous réserve d'approbation par le ministre
des travaux publics et la députation permanente du con-
seil provincial, respectivement, a des prix supérieurs a
ceux de l'année courante et des années antérieuresquel-
ques-unes ont été vivement disputées par les cabaretiers
établis dans les liinites de concurrence qui sont assignées
pour remplacement des poteaux.
C'est par erreur que nous avions annoncé que cetle
adjudication devait se faire sousla présidence de M. le
commissaire d'arrondissement. C'est M. le député Car-
pentier qui y a présidé M. Carton n'aura a remplir ces
fonctions que samedi prochain, 18 de ce mois, a l'adju-
dication des barrières établies sur les routes communales.
A cette occasion, nous croyons devoir faire part a nos
lecteurs des renseignements que nous avons obtenus con-
cernant certaines anomalies que l'on rencontre dans les
emplacements respectifs des barrières sur les diverses
routes traversant une même localité, comme cela a lieu,
notamment pour la commune d'Elverdinghe, dont nous
avons parlé dans notre numéro du 29 octobre passé.
II résulte de ces renseignements que les emplacements
des barrières sur les routes de l'Etat et sur les routes
provinciales sont fixés, cliaque année, sur la proposition
du ministre des travaux publies, après une instruction
qui est eonfiée a l'administration des ponts et chaussées.
Le département des travaux publics a soin de se confor-
mer a la loi, qui present formellement qu'il ne peut y
avoir plus d'une barrière a raison d'une distance de
5,000 metres (Loi du 10 mars 1838, B.O. n° 8, art. 3)-,
et, a eet efl'et, il combine ces emplacements de telle sorte
que cette prescription soit observée, non-seulement pour
les barrières établies successivement sur cliaque route
prise isolément, mais aussi pour celles placées sur les
routes qui s'embranchent l'une sur l'autre, soit que ces
routes appartiennent a l'Etat, soit qu'elles soient la pro-
priété de la province.
Les choses se passent tout diftëremment pour ee qui
concerne les routes communales. Pour celles-ci, c'est le
ministre de l'intérieur qui transmet au Rox les proposi
tions de M. le commissaire d'arrondissement, président
des commissions administratives des routes en question,
et dans ces propositions il n'est tenu aucun compte de la
correlation qui devrait exister, au vceu de la loi, entre
les barrières a établir sur les nouve'.les routes et eelles
déja établies sur les routes préexistantes.
11e lil les anomalies que nous avons signalées.La faute
en est done toute entièré a M. le commissaire d'arron
dissement, qui a, du reste, doimé dans mainte autre
occasion des preuves du peu de cas qu'il fait des pres
criptions légales les plus formelles.
Nous reviendrons sur ce sujet. Pour aujourd'hui nous
nous bornerons a faire remarquer que dans beaucoup de
localités les barrières sont établies illéc/alement sur un
grand nombre des routes communales de notre arrondis
sement, et nous serions curieux de voir quels moyens
M. Carton pourrait mettre en oeuvre pour contrainare
ceux qui font usage de ces routes a acquitter des droits
illégaux, s'il leur venait dans l'idée de ne pas se sou-
mettre a' cette vexation.
L'adjudication de la perception de la taxe. en 180G
aux barrières établies sur les routes communales n'est
annoncée que pour samedi prochain. Le délai est trop
court, nous le reconnaissons, pour que l'on put encore
modifier les emplacements de ces barrières de manière a
les rendre eonfonnes aux prescriptions de la loi mais,
füt-il plus long, que nous ne pourrions espérer qu'il se-
rait fait droit a nos observations précisément paree
qu'elles émanent de nous.
ConiiiBC on éerlt I'lilstolro.
Le Progrès, qui pourtant n'a jamais pris le inoindre
brevet d'invention avec ou sans garantie du gouverne-