JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT YPRES, Dimanche. Troisième année. ]\0 47 19 Novembre 1865. PIUV I»' AIIOX Y KM IX T POUR LA BELGIQUE 8 francs par an; 1 fr. 50par semestre. Pour l'étranger, le port en sus. Un Numéro 35 Centimes. l opinion I»IIÏX AXXO.XCKS ET DES RÉCLAMES to centimes la petite ligne. Corps du journal, SO centimes, LE TOUT PAYABLE d'AVANCÉ. UT 2®«3 /XBh, Txs&wi" Laissez dire, laissez-vous blamer, mais publiez votre pensée. ON S'ABONNE A Ypres, au bureau du journal, cliez Félix Lambin, imp.-lib. rue de Dixmude, 55, ou au bureau de Ia Püblicité Commemciale, 9, rue Fossés-auce-Loupsa Bruxelles. Ou traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. Toutes lettres ou envois d'argent doivent ètre adresse's franco au bureau du journal. YI'RES. 19 novembre, 1865. La nomination du nouveau Ministre de la justice est accueillie par les organes de l'épiscopat avec des cris de rage dont ceux de nos lecteurs qui n'on't pas a sui- vre journellement, comme nous,la clinique de la presse cléricale se feraientdiHicilement une idée. Ce n'est pas seulernent dans sa vie publique, dans les opinions qu'il a défendues a la tribune et dans la presse, que M. Bara se voit attaqué et dilTamé il faut encore qu'au mépris des rigles les plus élémentairesde l'honnêteté,ces dégou tants mercenaires, ces ignobles valets de plume aux gages d'ün épiscopat élionté essaient de maculer sa vie privée et de tacher la droiture, le désintéressement de son caracte're de la bave immonde qui découle de leurs lèvres. Si quelque cliose pouvait ajouter au mépris que ces ignominies inspirent a tous les honnêtes gens, c'est le sentiment que la rage qui les inspire est toute faclice et que ces colères, qui affectent le ton d'une indigna tion réelle, sont purement de commande. Car, enfin, a moins de supposer l'épiscopat beige frappé d'aliénation mentale, il ne pouvait pas espérer que, M. Tescli quit- tant le ministère, ses collègues songeraient a le rem- placer par un homme qui ne serait pas avec eux en parfaite communion d'idées et d'opinion. Le sens com mon, dont nous aimons a croire que nos évêques ne sont pas entièrement dépourvus, disait assez que le ministère ne pouvait chercher un remplacant au mi nistre démissionnaire que dansles rangs de l'opimon libé rale et que, dans les rangs de cette opinion, sa préfé- rence s'arrêterait nécessairement sur un de ceux qui s'étaieut le plus étroitement associés a sa politique. Cela étant, quoi de plus naturel que le choix de M. Bara'? Fallait-il, par hasard,que le Ministère s'adressat a M. Alplionse Notliomb ou a M. deGerlache? M.Bara afait une guerre acharnée auparti clerical,il adéployé, acom- battre les prétentions de notre épiscopat en matière de fondalions, une ardeur extréme dans toutes les cir- constances oü le gouvernement a fait appel au dévoue- ment de ses amis politiques, on a vu le jeune représen tant de Tournai se jeter dans la mêlée et concourir, par la puissance de sa parole, a sauver le gouvernement des embarras que lui suscitait l'opposition. N'est-ceqras une cliose toute simple que celui-ci ait résolu d'associer a ses destinées le jeune athlete qui l'avait si vaillamment défendu Mais nos évêques ne veulent rien comprendre. Con- vaincus de leur impuissance a émouvoir l'opinion pu blique, s'ils se maintiennent dans les bornes d'unefroide et calme discussion, ils n'ont plus d'espoir que dans les haines qu'ils attisent et dans la superstition dont ils essaient d'aiguiser les fureurs. Yain espoir, du reste les populations restent sourdes a leurs appels furibonds; le fameux cri de Dieu le veutqui fit couler tant de sang jadis, est incapable aujourd'bui de soulever le plus petit village de nos catholiques contrées. Ce n'est pas que nous partagions l'enthousiasme que certains journaux libéraux ont l'aitéclater a la nouvelle de la nomination de M. Bara. Si le jeune député de Tournai s'est constamment montré l'adversaire éner- gique des prétentions cléricales, nous ne pouvons pas oublier non plus que, dans mainte circonslance, la li- berté, telle que nous la comprenons, a rencontré en lui un défenseur ardent des priviléges du pouvoir fort. M. Bara a défendu la loi sur l'expulsion des e'trangers. M. Bara s'est déclaré ouvertement hostile a toute exten sion du droit de suffrage. M. Bara conteste aux com munes la capacilé de recevoir des dons et des legs en faveur de l'enseignement supérieur. M. Bara est pour la centralisation et contre Emancipation des communes. C'cn est assez pour que nous ayons le droit de nous tenir, vis-a-vis de lui, dans l'attitude de la réserve et de l'expectative. La nomination de M. Bara emprunte toulcfoisaux circonstances du moment une signification qu'il est im possible de méconnaïtre; d'une part, elle témoigné de la confiance absolue de laroyauté dans la politique pra- tiquée par ses ministres et, en ce sens, elle donne un démenti formel aux allegations, cent fois répétées de la presse cléricale, dont c'était le thème favori de représenter la royauté comme subissant a contre-cosur la politique anti-religieuse de son cabinet. Elle prouve, d'autre part, que le ministère est fermement décidéa ne pas se laisser intimider par les clameurs de l'épiscopat et qu'il poursuivra son oeuvre a travers les obstacles que l'opposition accumule sous ses pas. Si nous ne craignions pas de nous aventurer trop loin dans nos appréciations, nous dirions même que le choix de M. Bara, pour rem- placerM. Tesch, peut ètre considéré comme un gage donné par le ministère a cette fraction, de plus en plus importante du libéralisme, qui demande au pouvoir de ne pas s'attarder plus longtemps dans les questions clé- rico-libe'rales et d'en finir, une fois pour toutes et re'so- lument, avec la politique de transaction et de modé- rantisme qui a pré val u jusqu'aujourd'hui. Dieu veuille que cette appreciation,- que nous n'émettons qu'avec une timidité extréme,se vérifie bientót dans la pratique. Alors, mais alors seulernent, nous pourrons applaudir, avec la presse ministérielle, a la nomination du nouveau ministre de la justice IiW inilicc ct les prêtres. Sous ce titre, la Revue trimestrielle, dans le volume du Ier novembre courant,publieun article signé, P.Tem pels, que nous engageons tout wn chacun a lire (1). On sait, ou plutót beaucoup ne savent pas, que notre legis lation sur le recrutement de l'armée renferme certaines exemptions qui ne sont rien moins que d'injustes privi léges, et marquent, de la part de la société civile vis-a vis de l'autorité religieuse, si pas un état de subordina tion, du moins une complaisance qui n'est plus en rapport avec les idéés, les tendances et les besoins de compléte emancipation qui caractérisent notre époque. Ainsi, il y a dans cette législation qui devrait, plus que (1) La Revue se trouve d la bihliotkèque de la ville et aussi au cabinet de lecture de la Concorde. toute autre encore, ètre egalitaire, non-seulement des exemptions au profit des ministres des divers eultes pro- fessés dans le pays, mais même au profit des aspirants- ministres, c'est-a-dire de ceux qui n'en sont encore qu'aux études théólogiquesL Et ce n'est pas toutil y a plus lllya que ceux même qui n'étudient pas encore la théologie, mais qui, dans les petits séminaires, font leurs humanités avec 1'intention d'ëmbrasser l'êtat ecclé- siastique, peuvent, cliaque année, être portés comme détachés sur les controles du corps et continuer ainsi paisibleinent leurs études. II n'est besoin pour ceci que d'une autorisation de M. le ministre de 1'intérieur déli- vrée sur une double declaration, l'une de l'évêqtie,l'au tre de l'étudiant. 11 suffit a tout esprit sensé d'un instant de reflexion pour apercevoir combien ces dispositions, qui ne profitent en définitive qu'au clergé catholique seul, heurtént les principes constitutionnels delégalité de tous devant la loi et de la separation de l'Etat et de l'Eglise. Pourquoi, si tous les Beiges sont égaux devant la loi et si ie pouvoir civil est indépendant de l'autorité religieuse, pourquoi ces exemptions au bénéfice, non- seulement des prêtres, mais des élèves fréquentant les grands et les petits séminaires du clergé Est-ce que tous ceux qui, dans les colléges- et les universitcs, se destinent a embrasser une carrière libérale,les étudiants en droit, en médecine, en philologie, et même ceux qui font leurs humanités avec l'intention de devenir avocats, médecins, professeurs, etc., ne devraient pas être privi légiés au même titre? Ou,pour mieux dire,ne faudrait-il pas, abolissant tout privilége, mettre tous les jeunes gens sur la même ligne et les assujettir tous a la commune loi II y a done dans notre législation sur la milice un abus évident, une contradiction choquante qu'il importe de faire disparaitre. Le moment opportun semblait venu, puisqu'on s'occupe de la réorganisation de la matière, et qu'un nouveau projet de loi sur la mi lice, déj ii, élaboré, va être prochainement présenté aux deliberations de la Legislature. Mais voiei que ce projet, loin d'éliminer les priviléges donts'agit, les maintient, au contraire, en lesétendant, c'est-a-dire avec un caractère marqué d'aggravation. Ainsi, l'exemption légale s'cten- drait jusqu'aux élèves des petits séminaires qui, dans les classes latines, étudient avec l'intention d'entrer plus tard dans lesordres. Au lieu d'une. faveur qui, sous le régime actuel, depend du bon vouloir du ministre de 1'intérieur, on créerait pour eux un droit a l'égal de ce lui des étudiants en théologie. C'est l'abus dont s'agit et, plus encore, l'étrange aberration qui tend a l'aggra- ver, que M. Tempels dénonce et combat dans 1'article susdésigné. Non moins que les précédents e'erits du même auteur, cette nouvelle étude est marquée au coin de cette droite raison, de cette vigoureuse logiqtie et de cette remarquable lucidité de style qui ont, quasi d'em- blée, placé M. Tempels parmi les écrivains les plus distingués du pays... Allant droit au fait, sans s'occuper du qu'en dira-t-on? et posant avec franchise la ques tion dans ses véritables termes, M. Tempels démontre nettement quel a été le veritable motif du privilége oc- troyé aux séminaristes de tout grade efde toute couleur en matière de milice; quel, aussi, est le motif reel pom

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L’Opinion (1863-1873) | 1865 | | pagina 1