JOURNAL D'YPRES ET DE
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YPRES, Dimanche.
Troisième armee. N° 48
26 NoTémbre 1865.
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POUR LA BELGIQL is
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Pour l'étranger, le pc f.
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ET DES RÉCLAMES
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LE TOOT PAYABLE A VANCE.
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Tels mattrcs, tels disciples.
I.
Les deux grands partis qui se disputent la direction
des affaires publiques et qui, depuis l'ère de notre con
stitution en nation libre, ont tour a tour occupé le pou-
voir, continuent la lutte sans trève ni merci.
Le libéralisme la soutient avec la fermeté, la dignité
et le calme que donnent la force et la conscience du bon
droit lefaux eatholieisme, qui s'affuble d' un nomreli-
gieux pour mieux masquer ses intentions, avide de do
mination, combat avec la rage, le délire, les convulsions
du désespoir.
Son immense orgueil blessé, son arsenal d'intrigues et
de bassesses mis a jour, les derniers vestiges de sou in
fernale puissance d'autrefois arrachés un a un par la
marche progressive de l'instruction, le rendent fou de
fureur et le poussent irrésistiblement aux violences les
plus extrêmes. Hurlez, hypocrites, l'lieure de la
justice est proche, le passé ayant dejii abattu 1'Inquisi
tion, le présent ne peut plus tolérer d'inquisiteurs...
Vous tomberez étouffés sous vos propres ruines, étreints
paai les serpents dont vous vouliez cercler la Belgique in-
dépendante.
Us ne s'avouent pas encore vaincus pourtant, tout en
se sentant aller rapidement a la derive ils rêvent le
retour d'une marée favorable pour livrer de nouveaux
assauts a la civilisation cette marée sur laquelle ils
comptent, les insenscs, c'est la panique et le trouble
qu'ils clierchent a répandre dans les families partout
des préches, des missions, des jubilés, des croisades con-
tre Fenseignement laïque il leur faut les enfants, afin
d'oblitérer la vérité chez ces jeunes intelligences et de
les transformer peu a peu en crétins, comme l'asi bien
dit le très-honorable et très-honnête catholique M. De-
decker, ex-ministre de Fintérieur.
Ils se disent, dans leurs combinaisons sataniques
petit poisson deviendra grand; ils attendent tout de
Fabrutissement, de F ignorance et du servilisme de la
génération qu'ils voudraient frapper a leur image, et en-
trevoient par moments la possibilité de reconquérir le
terrain, perdu.
J1 appartient a l'Etat de leur enlever toute illusion a
eet égard, en faisant donner a la jeunesse un enseigne-
ment primaire conforme aux besoins de notre époque.
La loi de 1842, eet anachronisme, s'y oppose formel-
lement, dit-onpourquoi, dès lors, cette loi est-elle
encore debout, pourquoi ne la réforme-t-on pas?
Si la révision en est momentanément difficile, il est
tout au moins du devoir du gouvernement de ne pas dé-
passer les vues ultramontaines de ceux qui 1'ont dictee;
nous recherclierons, dans Fintérêt du libéralisme et de
l'instruction, si le pouvoir remplit sa tache autant que
le comportent ses moyens d'action.
II.
L'Etat possède deux écoles et quelques sections nor-
males, les unes ont été fondées pour la formation des
instituteurs primaires, les autres s'occupent des études
qui conduisent au professorat. de Fenseignement moyen
du degré inférieur,
Le clergé compte sept écoles de l'espèce dans le pays,
qui sont astreintes, il est vrai, a des inspections et aux
examens de l'Etat. Cette situation inquiétante n'est
l'objet d'aucun souci pour le gouvernement, il semble
même s'y complaire, en prêtant bénévolement la main a
1'execution du prospectus politique de la fraction la plus
militante et la plus dangereuse des membres de cette
Corporation mystérieuse, qui cachent leurs projets liber-
ticides sous le masque de la religion du Christ, dont ils
sont les adversaires les plus redoutables et les plus pas-
sionnés.
Aussi longtemps que la loi de 1842 n'aura pas été
abolie, les jésuites formeront par le clergé la majeure
partie des précepteurs cominunaux et auront soin, évi-
demment, de se procurer en eux des auxiliaires pour
faciliter la propagation de leur programme politique.
On me demandera peut-être de quel droit j'insinue
que le gouvernement semble encourager l'instruction
primaire donnée par le clergé, ou tout au moins lui oc-
troie par trop libéralement des faveurs.
Je répondrai par des faits laloilaisse pleine liberté
a 1'Etal d'appeler a latête de ses deux grandes écoles de
Lierre et de Nivelles des membres du corps professoral
laïque. Qui y voyons-nous au gouvernail?
Le clergé.
Non-seulement un prêtre y enseigne la religion et la
morale, mais il y en a encore un autre qui dirige les
maisons importantes, grace a la déplorable condescen-
dance de M. J.rB. Nothomb, continuée sans interrup
tion par ses successeurs jusqu'a nos jours. Est-ce logi-
que, est-ce sage? S'explique-t-on une anomalie aussi
ét ran ge
On ne peut se dissimuler que le theatre des hostilités
politiques est actuellement l'école, c'est elle qui est ap-
pelée en dernier ressort a vider le différend qui di-
vise les agents du saint-office et les patriotes beiges
la lutte est carrément engagée sur le terrain de Fensei
gnement, L'ennemi occupe sept batteries, vous n'en
avez que deux et vous commettez 1'insigne imprudence
d'en remettre le commandement a des chefs pris dans
les rangs opposés. N'est-ce pas inconcevable
Je citerai encore un fait tout aussi étonnant la loi
de 1850 n'admet pas le prêtre, a litre d'autorite', dans
les établissements assujettis au régime de cette loi, elle
permet la creation d'écoles normales destinées a former
des programmes pour les écoles moyennes.
Une section spéciale pour la formation de professeurs
de cette categorie a été annexée a 1'etablissement pri
maire de l'Etat a Nivelles et le cumul des deux direc
tions est exercé par le clergé, en dépit de la loi qui dans
pareille occurrence ne veut pas du prêtre a titre d'au-
torité.
Voila de l'habileté comme il n'en faudrait pas beau-
coup pour mieux faire les affaires des R. P., qu'ils n'en
ont eux-mêmes l'habitude, si rusés qu'ils soient. On
nesaurait vraiment être de meilleure composition.
Ne perd-on pas trop de vue que tels sont les institu
teurs chargés de l'éducation fondamentale des enfants,
tels plus tard seront leurs clèves Ceux-ci recoivent les
premiers principes comme la terre bien préparée et fé-
conde recjoit la semence, ils fructifieront et se répan-
dront a l'infini par des relations, des points de contact
de toute espèce.
Ne méconnaissons done plus la toute-puissante in
fluence de l'instituteur, n'oublions pas que 1'enfant lui
est confié pour ainsi dire dès sa naissance, il contreba-
lance d'abord a lui seul l'ascendant du père et de la
mere pour se substituer ensuite complétement a eux, il
les annihile en quelque sorte, il devient le maitre absolu
de ce jeune coeur et de ce cerveau délicat, il les pétrit
comme il veut les avoir, y infuse ce qu'il y veut voir
germer, il aperqoit les premières lueurs de cette jeune
intelligence, ils'empare de ses premières idéés, les di
rige vers le but qu'il veut atteindre, en un mot il peut
préparer l'enfant au mal comme au bien d'après sa vo-
lonté.
C'est ce modeste fonctionnaire qui est la clef de voute
de l'édifice social, ce sont ses efforts bien ou mal inspi
res qui contribueront beaucoup a assurer la victoire de
cisive de l'ordre, du progrès et de la vérité, surl'astuce
des filsde Loyola.
Le point capital a surveiller par le gouvernement est
done la composition du corps professoral des écoles nor
males et surtout la direction de ces établissements, qui,
mieux quo toutes les forteresses, seront les boulevards
et la garantie du main tien de notre pacte constitu-
tionnel.
III.
La question que j' ai exposée au cliapitre précédent
est des plus graves, je n'en connais de. plus sérieuse
que l'éducation des filles qui est a peu pres exclusive-
ment abandonnée aux couvents affiliés aux nombreux
ordres religieux que l'on compte en Belgique.
Les patents sont dans la plupart des villes, dans
toutes les bourgades et villages, obliges de remettre
leurs demoiselles entre les mains des nonnettes qui se
sont réfugiées dans le croitre, les unes par scrupule ou
fanatisme, les autres par dépit d'amour, quelques-unes
pour voiler et se faire pardonner des peccadilles de jeu
nesse, peu oxi point dans le but de répandre l'ins
truction.
Je ne mepermettrai pas lamoindre conjecture, disser
tation ou commentaire a eet égard.Dans l'état actuel
des choses nous en sommes malheureusement réduits a
devoir nous contenter de ces institutions il défaut. de
inieux, le gouvernement n'ayant pas d'écoles normales
pour former des institutrices présentant les garanties que
le public désirerait trouver dans la personne chargée de
l'éducation du sexe.
II ne nous reste done qu'-a nous incliner devant la si
tuation, tout en espérant que M. Alphonse Vandenpee-
reboom, qui, de tous les mini stres au pouvoir depuis
1860, a le plus contribuó a l'amélioration matérielle
des professeurs et aux moyens d'extension de Fenseigne
ment, découvrira de quoi combler la lacune signalée.
Ce serait un événement heureux que de voir le gou
vernement organiser des écoles normales de filles, d'ou