JOURNAL D'YPRES ET DE L'Al
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YPRES, Dimauche.
Troisième an nee.N° 49
3 Décembre 1865.
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POUR LA BELGIQUE
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L'OPIMON
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On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. Toutes lettres ou envois
d'argent doivent étre adresse's franco au bureau du journal.
Correspondance particuliere de /'OPINION.
Bruxelles, 2 décembre.
La santé du Roi fait, depuis deux jours, l'objet des
plus vives preoccupations. En dépit des assertions con-
traires de quelques journaux, il n'est malbeureusement
que trop vrai que le dernier voyage de S. M avait ag-
gravé sensiblement sa situation et que, depuis son re-
tour, cette situation n'a fait que s'empirer de jour en
jour. L'hydropisie qui s'était maintenue jusqu'a présent
dans les membres inférieurs, a successivement envahi
la poitrine, les bras, les mains et menace de gagner le
cerveau. Avant-hier,une légere amelioration s'était ma-
nifestée dans l'après-dïner, mais, a la tombée de la
nuit, la fièvre est revenue avec une intensité nouvelle
les nuits sont sans sommeil, l'appétit a complétement
disparu.
Est-ce a dire qu'il faille considérer l'état du Roi
comme entièrement désespéréVNon, sans doute. II y a,
dans la constitution de fer don I la nature avait doué
notre vieux Roi, des ressources qui déconeertent toutes
les prévisions de la science Ce n'est pas la première
l'ois que le danger se manifeste il y a six mois, ses mé-
decins le tenaient flour perdu, a moins d'un miracle. Le
miracle eut lieu six semaines aprés la condamnation
de la faculté. S. M. se promenait allègrement sur la
plage d'Ostende comme si de rien n'était.
Le Moniteur garde le silenceselon son habitude,
mais ce silence est lui-même plus inquiétant que tout
ce qu'il pourrait dire. Puis, on lire aussi de funèbres
conjectures de l'absence de la familie royale a la pre
mière representation de YAfricaine, annoncée comme
spectacle gala et contremande'e presqu'a la dernière
heure. Jamais, a aucune époque antérieure, la maladie
du Roi n'avait empêché la ducliesse de venirau theatre.
On disait même, el je crois le fait certain, que le Roi
exigeail de sa bru qu'elle ne changeat rien a ses habi
tudes, sous ce rapport sa constante preoccupation, au
milieu de ses souffrances, étant de donner le change a
l'opinion sur Ia gravité de sa position. C'est la première
fois, depuis que l'inquiétude publique s'est éveillée sur
la santé du Roi, qu'un spectacle gala est ainsi cohtre-
mandé au dernier moment.
Enfin, la discussion soulevée par les interpellations
deM. Jacobs est terminée. De quoi s'agissait-il au de
but de savoir pourquoi M. Bara remplagait M. Tesch.
Mais le débat' n'a pas tardé a s'élargir de telle faf.on
que toute notre politique intcrieure, depuit 30 ans, s'y
est trouvée engagée. Chez vous, comme ici, je suppose
qu'on en a assez de cette interminable discussion. Je
m'abstiens done d'y revenir. Permettez-moi cependant
de noter deux fails importants qui en sont ressortis la
droite renie le Catholique et déclare, par la voix de ses
chefs les plus aulorisés, qu'elle ne reconnait aucune in-
compatibililé entre les doctrine du Syllabus etla Cons
titution beige. Comment elle concilie ces deux
choses inocnciliables, cela importe peu. L'essentiel
c'est qu'elle les considère comme n'étantnullementcon-
tradictoires. Premier fait.
1 Le second fait, non moins important, c'est qu'après
avoir menacé le ministère de l'accabler sous le poids
d'un soulêvement général des consciences catholiques,
l'épiscopat baisse liumhlement pavilion et n'altend plus
qu'une décision jndiciaire pour remettre a qui de droit
les litres de fondation qu'il détient indüment. Ainsi
finit, en eau de boudin, la grande insurrection dont la
presse cléricale avait cherché a nous effrayer.
L'Africaine a obtenu, jeudi dernier, un immense suc
ces au théatre de la Monnaie. Depuis longlemps, notre
scène n'avait déployé un pared luxe de costumes et de
décors.Le décor du 3eacte représentant le fameux vais-
seau mobile et la danse indienne, au le acte, sont vrai-
ment d'un efi'et éblouissant. L'reuvre elle-même, dont je
me réserve de vous parler dans une prochaine corres
pondance, aété rendue avecun ensemble et une préci
sion remarquables. Les honneurs de la representation
out été pour M. Monnier, le baryton, et Mlle Erambert,
dans le röle de Sélika.
Y'EBBe d'Tpres,
Cmukii Cohhcnai.. Séance publique du samedi
21 novembre 1865.
Présents :MM. P. Beke, bourgmestre; P. Bourgois,
L. Merghelynck, échevins Th. Yandenbogaerde, Ch.
Vandebroucke, Ed. Cardinael, P. Boedt, Ch. Becuwe,
Ch. Lannoy, L.Yanalleynnes, L. Vanheule, Aug. Beau-
court, E. Messiaen, Aug. Brunfaut, conseillers.
Absent M. Aug. Deghelcke, conseiller.
La lecture du procés-verbal de la précédente stance
nous apprend que le conseil a accordé dans son huis-
clos un subside de 250 francs, a valoir sur Pexercice
1866, en faveur de la fille de Fidele Vermeersch, a
l'effet defaciliter a cette demoiselle la frequentation des
cours de l'école normale.
Quoique rénnie spécialement et en une séance extra
ordinaire du matin pour la discussion du budget de la
ville, l'assemblée aboi-de préalablement l'examen de
quelques objets secondaires. Ce sont les cahiers des
charges, clauses et conditions pour ventes d'arbres sur
quelques propriétés appartenant aux Hospices et sur les
terrains comhaunaux dits Barmlanden. L'estimation
s'élève respectivement a 6,145 francs et a 2,570 francs.
Le conseil éraet un avis favorable.
M. le Bourgmestre donne communication de quel
ques pieces se rapportant a la discussion du budget.
En premier lieu, une lettre de M. l'architecte Van
Ysendyk qui s'excuse de n'avoir pu fournir jusqu'a
présent le devis et le plan du batiment pour l'école des
lilies. Cette lettre, datce du IS, promet l'un et l'autre
dans la huitaine.
M. Bourgois, qui a vu le travail de M. Van Ysen-
dyck, communique ses reflexions sur le style.
Yient en second lieu la question des eaux alimen-
taires. On sait que c'est M. Auguste Carez, ingénieur
en chef, directeur des ponts et cliaussées dans la Flan-
dre Oriëntale, qui a été chargé des études préliminaires
Aidé de M. Deposch, conducteur des ponts et chaussées
et de M. Becuwe pour la partie chimique, il a dirigó ses
recherches vers les sources situées aux environs du Mont-
Kemmel, du Mont-Aigu, du Mont-Rouge, etc. II rc-
sulte del'ensemble des travaux, qu'en temps de grande
sécheresse, qui est aussi celui oii la consommation d'eau
doit être la plus grande, le débit quotidien des sources
-- dont 1'analyse chimique a constaté, du reste, la
bonne qualité provenant du Mont-Kemmel et du
Mont-Aigu, de Wytschaete et de Zillebeke, et qui s'é-
coule naturellement vers Ypres, n'est que de 801 metres
cubes. Si l'on y ajoule chose impossible la tota-
lité des sources du Mont-Aigudu Mont-Bouge et du
Mont-Vidaigne, qui, ensemble débitent quotidienne-
ment 471 metres cubes et servent aujourd'hui a alimen-
ter les communes de Westoutre et de Benin ghelst, on
arrive a un total de 772 metres cubes, quant.ité bien in-
suffisante, puisque pour pouvoir créér une bonne distri
bution d'eau potable pour les 18,000 êmes de la popu
lation vproise il faudrait pouvoir disposer quotidienne-
ment,au moment des plus grandessécheresses,araison de
cent litres par habitant, d'un volume totale de 1,000
metres cubes. De plus, la dépense a faire pour amener
ces eaux etétablir line distribution dans la ville d'Ypres
s'élèverait a 400,000 francs au moins. Telles sont les
diftérentes appreciations formulées dans le rapport de
M. Carez qui est d'avis qu'il y a lieu pour le Conseil
communal de renoncer d ceprojet et de se homer a amé-
liorer, autant que possible, le systême actuel d'ali-
nientation. Voilacertes un bien triste résultat aprcs
une année de recherches et d'études, depuis le 20 no
vembre 1864, jour oil le conseil échevinal confia cette
mission a M. Carez Nos concitoyens seront fort désap-
pointcs en dpprenant que, l'année 1865 perdue, il en
sera de même de l'année 1866, sans qu'il v ait aprévoir
une issue plus heureuse. Car, quel que soit le talent de
M. Carez, nous doutons fort qu'il réussisse a changer
en bonne distribution d'eau notre système vieux et ver-
moulu. Le modifier, le replatrer, c'est possible; l'amc-
liorer, nous ne le croyons pas et nous ue serions nulle-
ment étonnés d'entendre M. Carez, lui-même, après sé-
rieux examenconclure a l'impossibilitó absolue de
perfectionner d'une manière queleonque le système de
distribution actuel de nos eaux.
C'est dans cet ordre d'idces que M. Vanalleynnes
propose de soumettrele plan développépar M. Becuwe,
l'année dernière, a l'examen de la commission. La pro
position est excellente et nous voudrions la voir complé
ter en soumettant a une commission de specialistes, non
seulement le projet de M. Becuwe, mais une nouvelle
étude de la question elle-même. Elle nous parait assez
sérieuse, assez importanté, pour ne négliger aucun élé
ment de succes. II ne faut pas qu'un amour-propre
exagéré ou une coupable negligence vienne eompromet-
tre pour toujours les intéréts de la salubrité publique.
Et cependant c'est triste a dire nous n'espérons
pas que le college échevinal se decide a adopter aucune
des mesures indiquées par le plus vulgaire bon sens.
Dé-ja M. le bourgmestre est allé jusqu'aux dernières
limites possibles dans cette voie en confiant a It, Carez