1'examen des propositions de M. Becuwe. C'est lui- même qui le raconte au conseil. Que dites-vous, ami lecteur, de cette adorable naïveté? Bref, nous voiei Gros-Jean comme devant, sans eaux potables et imposes aux plus dures privations dès la pre mière sécheresse. Et ce qui rend plus pénible encore cette cruelle perspective, c'est que nous en sommes presque réduits acraindre la pluie, car si, en place d'un été sec, nous avions un été pluvieux, il serait fort a parier que l'administration communale s'empresserait de profiter de cette intervention inespérée du Ciel pour noyer la question. Les nuages seraient bientót chargés du service de la distribution des eaux, comme la lune le fut si long- temps del'éclairage, et tout continuerait a bolter pour le mieux dans la meilleure des villes possible, a la grande jubilation de tous ces candides appropriateurs des dons de la nature, Avant de quitter ce chapitre des eaux alimentaires, M. le bourgmestre aurait bien fait de renseigner le con seil sur ce qui reste du crédit de 15,000 francs affecté l'année dernière aux études et aux travaux préliminaires. Abordant plus spécialement la situation fmancière de la ville, M. le bourgmestre annonce la creation prochaine d'une deuxième école gardienne, d'une école primaire et peut-être d'une école moyenne de filles. Un crédit pour la demolition de la porte de Lille est inscrit au budget de 1866; iln'en est pas de même.de Tissue de la rue de Tl Our out, M. le bourgmestre se contente de prometlrc la construction d'un pavé allant de cette rue au pavé d' Ypres a Thourout. Quant a remplacement du tirpour la garde civique, il est toujoUrs a 1'étude (sic). Nous rencontre- rons ces diverses propositions dans l'examen des chapi- tres du budget auxquelles elles se rapportent. Bisons seulement encore que, pour faire face a ces nouyelles créations, il sera indispensable de trouver de nouvelles ressources. L'honorable magistrat annonce done claire- ment la demande prochaine de nouveaux impóts. lA contimer De TÉdueatlon des» Tillcs. Jusqu'a ces derniers temps, l'éducation des filles ap- partenait, pour ainsi dire, en monopole, aux maisons religieuses. Mais 1'opinion commence a s'apercevoir que 1'instruction donnée dans ces établissements laisse beau- coup a désirer, et de toutes parts on élève la voix en fa veur d'une réforme de eet état de choses. Les feuilles cléricales s'irritent de ces preoccupations de l'opinion, elles voudraient que les couvents conser- vassent toujours le privilége que la trop grande indifi'é- rence des parents leur a permis de prendre. Mais quel homme de bon sens pourrait préférer Téducation donnée par des religieuses, acelle due a des institutrices laïques? Celle-ci, vivant de la vie sociale, ne sont-elles pas mille fois mieux a même que les premières d'élever des jeunes filles qu'attend la même vie? Comment des nonnes qui ne sont ni e'pouses, ni mères, enseigneraient-elles les de voirs du mariage et de la maternité? L'expérience n'est-elle pas la d'ailleurs pour prouver 1'insuftisance de Téducation des couvents? Interrogez une jeune fllle qui sort du couvent a dix- sept ans, faites-vous rendre compte des travaux auxquels on a occupé son intelligence, mesurez l'étendue de son esprit, comptez ses connaissances et vous serezetfrayé de l'état de son instruction, du vide de sa téte, de la séche resse de son cceur. Laplus grande partie de ses belles années de l'enfance et de l'adolescence ont été emplovées a des occupa tions stériles au point devue du développement de son intelligence. Elle ades idéés fausses sur toutes les choses qui sont du domaine de l'esprit, elle n'a réfléchi sur au- cunedes questions dontil lui importe d'avoir la solution pour se guider dans la vie. A part les petites dévotions qu'on lui a représentées comme des choses essentielies, elle ne sait même rien de la religion. On a plus exercé ses mains que sa tête, on lui a donné une tenue de reli- gieuse, les airs penchés du couvent, les dehors d'une éducation selon le monde, mais rien de ce qu'il lui im- portait de savoir pour remplir dignement la place a la- quelle sa destinée l'appelle dans la vie. Telle est Téducation donnée dans les couvents aux jeunes filles,c'est de cette manière que sont élevées les fu tures compagnes del'homme, les futures mères de familie qui auront charge d'ames en sortantde ces mains habiles I qui ont pétri leur intelligence, ramolli plutót que forti- fió leurs cerveaux. Cette situation de la société est mauvaise. II faut la changer si Ton veut rétablir l'unitó des forces intelli- gentes dans la familie, si Ton ne veut pas que Taction d'un pcre éclairé sur ses enfan.ts ne soit pas contrariée par Tignorance ou l'éducationfaussée de la mere. Les partisans de cette culture intellectuelle de la femme exploitent le préjugé qu'ils ont répandu eux- mêmes, ii savoir que la femme n'a pas besöin d'être aussi instruite que l'homme, qu'elle n'a pas besoin de tant de connaissance pour vaquer aux soins de son ménage. Us ont tout intérêt a faire prévaloir ce préjugé, car ils en tirent leurs plus beaux profits; ils ont dans la femme leur plus utile auxiliaire; plus ellesera ignorante, mieux elle servira a leurs fins. Rei fiiicntiuii. Au III, 25e ligne de l'article paru dans notre dernier numéro sous le titre Tels maitres, tels discipless'est glissé une erreur assez mar- quante, Au lieu de M. Alphonse Vandenpeereboom qui, de tous les ministres au pouvoir depuis S8C4), c'est 1830 qu'il faut lire. Nous crovons a peine devoir in- sister sur cette rectification que le bons sens de nos lecteurs aura fait depuis longtemps. tenir. Les dames toutefois étaient toutes bien assises, comme de justec'est le droit du beau sexe, et quels jolis spécimens le représentaient la Le vilain sexe, les hommes, se casait comme il le pouvait. Les premiers venus s'étalaient en rang d'ognons le long du mur de gauche j le plus grand nombre se tenaient debout par derrière quelques uns se tenaient suspendusaux lèvres des chanteurs. II y en avait aussi dans le ves tiairesuspendus aux porte^-manteaux, dit-on. Le suecès de la soirée a été complet et bien légitime Comment, du reste, pouvait-il être douteux II y avait la Mclle Qla diva du piano, Tartisteconsommée M. "VYalhain, la premiere clarinette du pays; M. Che valier, le magnifique chanteur qu'on ne pourrait digne ment louer qu'avec sa propre voixM. le capitaine Ece svmpatliique diseur de gracieuses roman ces M. Rozoor, ce mélodieux ténor chez qui une invin cible émotion fait vibrer une harmonieuse corde deplus; M. Donck, M. Baratto, M. Leboucq, M. Swekels tous excellents musiciens et excellents chanteurs. Et les choeurs done Avec quel harmonieux ensemble ils ont enlevé Ie Chant des Amis et Ia Retraite Mille felicita tions, Messieurs Yoila qui promet, pour un proche avenir, une Société qui comptera parmi les premières du pays. lie hazard, Siou enfant. Une heureuse acquisition qui réjouira tous ceux qui s'intéressent ïi la prospérité de nos établissements pu blics vient d'etre faite par la Bibliothèque d'Ypres. Ce sont 19 registres man use rits, dont quelques-uns ont trait, a la corporation des pharmaciens d'Ypres, des an nées 1611 a 1791. Ces registres contiennent les comptes, les procès-ver- baux des reunions, les dettes mortuaires payées par les families, la matière des examens et les noms des candi- dats qui les ont passés l'élection annuelle des chefs de Incorporation, etc., etc. Nous n'avons pas besoin d'insiter pour faire ressortir l'intérèt que présentent ces documents au point de vue de l'histoire de la ville d'l'pres, de ses travaux scienti- fiques au 17e et au 18e siècle et de l'existence de ses an ciennes families. Mais les circonstances, grace auxquel les ces précieux manuscrits ont pris le chemin de notre bibliothèque sont trop curieuses pour n'être pas rappor - tés. Ils faisaient partie d'une vente de livres qui vient d'avoir lieu dans une ville voisine, a Bruges, vente annoncé dans tous les journauxet pour laquelle de nom- breux catalogues avaieut été distribués. Cependant au- cun de ceux qui avaient le devoir d'etre informés ne soupconnait même la bonne aubaine qui se présentait il fallut qu'un particulier, aussi dévoué aux intéréts de la ville d'Y'pres que si elle ëtait sa ville natale et qui consacra les loisirs aux recherches liistoriques et archéo- logiques, en vint prévenirM. le bourgmestre, qui donna immédiatement des ordres pour l'acquisition. On ne saurait assez féliciter le chef de la commune de l'intelligent empressement qu'il a mis a saisir une occasion peut-être unique. Et quand on eonsidcre a quels hasards 1'organisation actuelle livre l'accroisse- ment de nos collections publiques, on comprend encore mieux les plaintes nombreuses qui se sont élevées si souvent etproduites j usque dans le sein du conseil com munal. Comment voila une bibliothèque d'une ville de 18,000 ames, avec un bibliothécaire hébergé et largement ré- tribuc par la commune, et c'est aux particuliers qu'est dévolu le soin de signaler les ricliesses bibliographiques mises aux enchères Par quelle inconcevable distraction M. le bibliothécaire a-t-il done pu iguorer une vente faite pour ainsi dire a nos portes, ou s'il ne l'a pas ignorée, par qu'elle étrange aberration a-t-il négligé une occasion si propice Mais peut-être nous répondra- t-on qu'il est absorbé dans son catalogue Oh alors tout s'explique Soetété del flneurs La Société dejchocurs a donné le jeudi, 23 du mois écoulé, son troisième concert. Q'a été une des plus char- mantes soirées que nous ay ons jamais eues. Le pro gramme, parfaitement composé, avait attiré un audi- toire nombreux, si nombreux que la salle n'a pu le con- T A I„ ïi SO A 05 A A 3» Yoici en quelques mots la vie de M. de Talleyrand. Sa jeunesse fut celle d'un ecclcsiastique qui sait que dans la balance d'un égoïste un b'llet doux doit peser plus que cent scrupules. II v a quelque chose de très- édifiant dans l'histoire de la vie de cet homme. On le mettait dans la prison de Vincennes, dans cette prison immortalisée par la captivité révolutionnaire de Mira- beau; mais le jeune homme paraissait si contrit lorsquele chapelain du chateau était present, le souvenir de ses fautes mouillait ses joues de larmes si onctueuses, il joignait les mains avec tant de repentir, levait les yeux au ciel avec tant de ferveur, qu'on lui ouvrait les portes de son cachot, et on offrait a sa penitence l'hospitalité du séminaire. Puis, il était bien en cour; il entrait dans le boudoir de Madame Dubarry il savait avec une hnmi- lité toute chretienne se mettre aux pieds de la royale prostituee il savait lui dire avec une rouerie naive que les femmes sont plus habiles a trouver que les abbayes. Cela dit, il s'en revenait riche et applaudi car, dans ce temps-la, la disgrace d'un ministre était cachée dans les plis du sourire d'une courtisane, la prostitution portait le sceptre, et une parole grivoise donnait un gras bene fice. Cependant la Revolution s'avanQait a grands pas les courtisans ramassaient les dernières miettes tombées de la table royale M. de Talleyrand mit tout son esprit au service des circonstances, ou plutót il mit les circonstan ces au service de son esprit. Tous les partis le prirent pour éclaireur, et il est trop juste que les services soient recompenses. On assure que l'abbé puisait dans diffcrentes bourses: qu'il composait, au nom de Calonne, des mémoires qu'il réfutait au nom deNecker. Il fréquentait le due d'Or- léans, qui était le caissier de la Revolution,et Mirabeau, qui en devait être l'orateur. Et pourtant, il conseillait a la cour de faire tomberla tête du due d'Orléans, et Mi rabeau disait en parlant du vertueux abbéCet homme- la pour de l'argent vendrait son ame, et il aurait raison, car il troquerait son fumier contre de 1'or. Comme on voit, M. de Talleyrand n'était pas susceptible dans ses amitiés; il était si bien élevc Hatons-nous de rapporter, de peur de l'oublier, un mot qui explique la vénération de notre héros pour Rhilippe-Egalité. Yoici comment M. de Talleyrand définissait ce prince C'est le vase ou Ton ajeté toutes les ordures de la Revolution. La convocation des Etats-Généraux vint enfindessiner toutes les opinions il fallut prendre un parti. M. de Talleyrand n'hésita pas. La cour n'avait pas d'argent. D'ailleurs, Louis XVI avait pour le sang une horreur que le digne prélat trouvait sans doute imbecile. M, de Talleyrand prit done une part très-populaire aux travaux de la Constituante. Quoiqu'il cut été nommé évêque d'Autun, avant la convocation des Etats, il avait trouvé dans ses aventures galantes de si nombreuses lemons de tolérance, qu il ne se fit pas de scrupule d'approuver la déclaration des droits sur la liberie des cultes. II avait

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L’Opinion (1863-1873) | 1865 | | pagina 2