JOURNAL wmm ET RE L'ARRONDISSEMEAT YPRES, Dimanche. Troisième année. N° 50 10 Déccmbre 1865. 4m. jm f üme iw «is UMBO X K RB5X T POUR I A BELGIQUE francs par an; 4 fr. 50 par semestre. Pour l'étranger, le port en sus. Un Numéro 35 Centimf-s. L OPINION PMS Aft'NOACES ET DES RÉCLAMES SO centimes la petite ligne. Corps du journal, SO centimes, I.E TOUT PAYABLE d'AVANCE. C Laissez dire, laissez-vous blamer, mais publiez votre pensée. ON S'ABONNE A Ypres, au bureau du journal, chet Félix Lambin, imp.-lib. rue de Bixmude, 55, ou au bureau de la Publicité Commerciale, 9, rue Fossés-aux-Loupsa Bruxelles. On traite a forfait pour les annonces souvent reproducesToutes lettres ou envois d'argent doivent étre adresscs franco au bureau du journal. li-Inquictude. L'état grave du roi des Beiges inspire au Morning Post u n article qui mérite de iïxer l'attention. Repro- duisons d'abord cette singuliere élucubration c L'amélioration qu'on avait annoncé, dimanche, s'être opéréedans la santé du roi Leopold neparaït pas s'être maintenue, et, nous regrettons de lé dire, leplus récent bulletin est de nature a augmenter i'inquiétude publique. II est impossible de dissimuler la crainte que les nouvelles oflicielles de l'état de S. M. sont bien faites pour inspirer. Nous partageons sincèrement, en Angleterre, 1'in quietude qu'on éprouve en Belgique. Lc lloi a siégé jadis sur le premier degré du tröne d'Angleterre, et il a, par tous les actes d'une vie longue, remplie d'événements mémorables, jüstifié la confiance qu'on avait en lui. La perte immense que nous venons nous-mêmes de subir donne encore plus de force aux tristes pressenti- ments que nous désirons bien vivement ne pas voir se réaliser. II est vrai que tous ceux qui viveut doivent mourir, et le roi Léopold a passé 1'age oh les hommes peuvent espe'rer vivre de longues années mais la Bel- gique et l'Europe ne sont pas dans une situation a pon- voir être privées d'une des garanties personnelles qui, aujourd'hui que leurs titres sont discre'dités, soul deve- nus les seuls gages réels de la paix. U n'est pas nécessaire de s'abandonner aux idéés exagérées et chimériques qui, sur une question d'agran- dissement "territorial, sont mises en avant, pour avoir les doutes raisonnables qu'autorise un état anormal des choses. UN m©EIi A WESGUiBrE'S-. (1) La petite ville de Grand-Winglebury est exactement distante du milliaire de Hyde-Park, de quarante-trois milles et trois quarts. Elle possède, comme toutes les villes de même importance, une grand'rue, très-longue, tortueuse et fort tranquille un march'é au milieu de la grand'rue, une prison, un Casino, une église, un pont, une chapelle, une librairie, deux hotels, une fontaine monumentale et un Bureau de poste. La tradition nous a conservé le souvenir d'un Petit-Winglebury dont l'em- placement aurait étó situé a queiques milles plus loin de Grand Winglebury. Le hasard voulut même, comme pour corroborer la tradition, qu'on trouvat, un jour, dans la rue, un petit paquet de papier carré, affectant la forme d'une lettre et couvert de caractères tracés d'une main tremblante ou inhabile, et formant certains mots entre lesquels un ceil exercé pouvait, l'imagination aidant, découvrir celui de Petit Winglebury. Ce paquet ou cette lettre fut remis au percepteur de la Poste, au guichet duquel elle demeura exposée, jusqu'a ce qu'elle tomba en lambeaux. Le peuple attribue généralement le liom de Petit- (I) Reproduction intcrditc. Les sinistres predictions qu'a faites M Thiers out été péremptoirement réfutées, et l'arrangement beige a répondu a l'attente de lord Palmerston il a été plus stable et plus d'accord.avec le hut qu'il avait en vue que Celui qui avait été conclu.en 1815. Mais l'indépen- dance et l'inlégrité d'un pays dependent beaucoup de son organisation intérieure, et le roi Léopold est, pour uinse dire, la cheville ouvriëre du syst'emepu'il a conso- lidé. II est permis de ne point s'arrêlar sérieusefnent aux theories des hommes pratiques heiges, que représente au premier rang M. Dechamps. S'il v a quelque dan ger, c est dans le développemcnl possible des theories ul- Iranjontaines que le roi a rcfréiiées avec une rare sagacilé, et, dans la suite du temps, la Belgique devra en quel que sorte marcher davantage a la clarté de son propre flambeau. Un pen plus tót, un peu plus tard, la brillantc lampc qui jetle maintenant une lumière incertaine, s'é- teindra. Toutefois, si le nom du roi est un rempartl'liis- toire de sou règne ne peut manquer d'ofli ir un solide enseignement digne d'etre fidèlemcnt suivi. t Espérons cependant que Sa Majesté recouvrera ses forces épuisées par lasouttrance et qu'Elle pourra quel que temps encore être conservée pour présider aux destinées du pays qu'Elle a été appclée a gouverner. L'annéequi expire a déjii un long obituaire a opposer a de brillantes pages, et une perte douloureuse; qui a vivement affligé le crour de plus d'une nation, ferait dis- paraïtre un autre jalon de la politique que nos plus grands hommes d'Etat se sont attachés a établir. A tort ou ii raison, on dit que lc Morning Post a Winglebury a un terrain peu étendu, fort bas, situé, comme nous venons de le dire, a queiques milles au dela de Greet-Winglebury, et oü vöus conduit un sen tier boueux. Ce lieu est colonisé par un eharron, quatre pauvres families et un cabaretier. Or, tous ces gens sont unanimes a dire que le trou qu'ils habitent n'a jamais eu de denomination particuliere, et cela, depüis les temps les plus reculés jusqu'a leurs jours. La croyance commune lie constitue done qu'une auto rité fort suspecte. LeLion d'or au centre dela Grand'rue, est le pre mier et principal hotel de Grand-Winglebury e'est a la foisl'hötel du commerce, la poste auxchevaux, le bureau d'excise, la Maison-Bleace a 1'époque des elections, le Palais (le Justice a 1'époque des assises. Les gentlemen toris de l'endroit y ontétabli le siége de leur Wist-c'ub on les appelle les Bleus tandis que les gentlemen Whigs s'assemblent ii l'Ours Blanc, second liötel de Winglebury ceux-ci portent le nom de Buffles. Arrive-t-il un prestidigitateur, un artiste-musicien ou une troupe de bohémiens ambulants, aussitöt la ville est couverte d'afliches informant le public que M. un tel, après avoir eu l'honneur de se faire entendre de Leurs Majestts de tel ou tel empire ou royaume, confiant dans l'appui géntreux et zélé que les habitants de Grand- Winglebury n'ont ccssé d'accorder aux arts et aux ar- quelques attaches intimes avec le gouvernement fran cais, el que, de temps a autre, il refoit des inspirations semi-olïicielles a travers la Manche. L'article actuel emprunte a cette circo.nstance parti- culièreune signification caractéristique. Quiconque sait lire entre les lignes verrales éventua- litös qu'entrouvre discrètement le Morning Post. La pensee pénérale de eet article, telle qu'elle se dégage d'une phraséologie alambiquée, est formulée dans ces queiques mots k Leroi Léopold est, pour ainsi (lire, la cheville ou- vrière du système qu'il a consolidé. Et un pen plus loin le Morning Post dit que lé nom du roi est un rempart. Et enfin, it constate que l'Anglelerre parlage les in quietudes qu'on éprouve en Belgique. II nous en coüte de contredire un ami aussi tendre, aussi compatissant que le Morning Post, mais Iavérité nous oblige ii lui dire que nous ne nous sentons nulle- rnent inquiets. Si la mortdoit lui erilever bientöt le mo- narqiie qui, pendant 35 ans, présida a ses 'destinées, la Belgique montrera, par l'unanimité de ses regrets, qu'elle n'a rien oublié de ce qu'elle doit au Roi qui con- tribua si püissamment a assurer son indépendance et a développer sa prospérité; mais, que le Morning Post se rassure et rassure en même temps les bons amis dont il nous dit les angoisses cc jour la, la Belgique n'é- prouvera pas la moindre inquiétude sur son lendemain. Siire d'elle-même, forte de son droit, les soucis de l'a- venir ne viendront pas, un seul instant, altérer l'ex- pression de sa pieuse reconnaissance. Le Morning Post vent que nous attendious la mort tistes, est sur le point de donner queiques representa tions en cette ville, et, qu'a eet effet, il a loué et fait dis poser, a grands frais, les spaeienx et commodes salons du Uon d'Or. L'hötel, bati en pierres de taille et en briques d'un rouge éclatant, est réellement très-vaste. La pièee principale du rez-de-chaussée et de tout le bati- ment consiste en une longue salie, ornée de plantes tou- jours vertes, a l'extrémité de laquelle veus apercevez en perspective un gigantesque buffet et une armoire vitrée encore plus grande cette derniére contient un choix varié de mets déja prepares et de desserts de toutes sortes, disposés de manière a frapper agréablement les i yeux de l'étranger et a exciter au plus haut point son appct.it. Les portes latérales conduisent aux Commer cial et Coffee-rooms. Un grand, large escalier a noyau quatre degrés et un palier cinq degrés et un autre palierune emjambée et un autre palier une demi-douzaine de degrés et un autre palier et ainsi de suite jusqu'aux combles mène aux galeries, aux chambres a coucher et au labyrin the de salons de conver sation appelés salons privés, ou il vous est libre de jouir' (le toute la solitude et de tout le calme que comporte le lieu, sauf a voir votre chambre envahie toutes les cinq minutes par quelque individu égaré, qui s'excuse de sa meprise, puis sort pour aller ouvrir et fermer toutes les autres chambres jusqu'a ce qu'il ait trouvé la sienne.

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L’Opinion (1863-1873) | 1865 | | pagina 1