JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT YPRES, Ilimanche Quatrième année. N° 4. 28 Janvier 1866. Paraissant le dimanche. PltlX U'ABOISEMEIT POUR LA BELGIQUE 8 francs par an 4 fr. 50 par semeslre. Pour 1'Etranger, le port en sus. Un Numéro 25 Centimes. L'OPINION PRIX DES AM10\CEK ET DES RECLAMES 10 Centimes la petite ligne. Corps du Journal, 30 centimes. Le tout payable d'avance. Laissez dire, laissez-vous b!4mer, mais piibliez voire jieiisée. On s'abonne a Ypres, au bureau du Journal, chez Félix Lambin, imp.-lib., rue de Oixmude55. On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. Toules lettres ou envois d'aryent doivent Stre adressés franco au bureau du journal Rapport de la Cliauibre de Commerce de Roulers. L'intéressant rapport de la Cbambre de commerce de cetie looalité, dont nous nous sommes occupé déja, consacre encore une large place aux développements que prennent les sociélés de secours inutuels Les Léopoldistes et celle d'lsegbern, qui ont pour bol loua - bie ['emancipation gradue'le de l'ouvrieret pour movens l'èpnrgne et l'instruction. Après avoir rappelé les magnifiques succès obtenus en Allemagne dans cetle voie, il se demande si elle est impralicable en Belgique. Au point de vue social, de bord re, de la sécurité de la société, du respect du droit, dit-il, quel a été le résultat de ces forces combinées Le 4 7 janvier I860, i) l'assembtée générale de la Caisse d'eseompte des associations populaires. la voix aulori- see de l'illustre et svmpathique Jules Simon, le pro- ciamait en ces termes La transformation qui s'est effectuée dans le mouvement des esprits en faveur de l'association, depuis 1848, est remarquable. De la suppression compléte du salariat, arme de guerre contre la Ti bourgeoisie, l'association a successivement perdu tous les caractères facheux et inquiétants, l'instru- ment de guerre s'est tranformé en instrument de civilisation et de paix entre le peuple et la bour- n geoisie. Venir en aide a ce mouvement, est un k devoir de lout bon ciloyen. Courageusement l'ouvrier a affronté les fpuguenx, mais impuissants anathèmes lancés conire l'organisa- tion de ces conférences publiques, et iis ont eu pour résullat de le convaincre que la passion aveugle n'esl pas la raison, pas plus que la haine n'est la charitè. Parson assiduité, son desir de s'inslruire et de savoir, le travailleur prouve qu'il lient a se rendredi- gne des efforts faits pour son émancipation intellec- tuelle, et davantage il se resserre autour du drapeau de l'ordre et du travail. La question des bibliolhèques populaires, qui inté resse si vivement les ouvriets, ne pouvait manquer non plus d'étre rencontrée par l'esprit judicieux qui a ête chargé de résumer les voeux de la Chambre de commerce de Roulers. II importe surlout, dil-il a ce sujet, de fusionner l'utile et l'agréable, de s'adresser a la fois au coeur, a l'imagmation et a ['intelligence, de donner une large place aux faits saillants de l'histoire nationale, de multiplier lesoeuvres, qui, sous une forme attrayante et facilement comprehensible, traitent des questions d'économie politique et domestique mais ces rèvas- series de cerveaux maladifs, ces fastasmagories ou Ie merveilleux dispute la place i) l'absurde, ce cynique mépris de la raison humaine, ces exemples de fai- néantise, ce dédain calculédc tous les sentiments qui eunoblissent le coeur, sont-ils bien faits pour relever le moral et orner l'intelligence Les lecteurs de ia bibliothèque populaire le sentent si bien, que les ceu- vres serieuses obtiennent généralement la préférence. 1,792 volumes ont été distribués aux ouvriers dans le cours de celle annee. En presence des rósultats obtenus, nous ne com- prenuns pas que ['influence moralisatrice et bienfai- sante des bibliothèques populaires, trouve encore des incréduLs et des détracleurs. -- Ne sont-elles pas le complément et la continuation de l'école primaire? Le peuple d'>it-il ètre condamné, faute de livres a sa portée, a o-iblier ie lendemain ce qu'il a appris la veille mais alors, on l'a fort justement demandé, pourquoi ces millions jetés a pure perte, pourquoi ce travail de Pénélope Le cabaret et l'orgie sont-ils plus propres que les bibliothèques a moraliser les masses Etcombien de temps faudra-t-il encore pour que le bon sens public fasse raison de ces tristes aber rations d'esprit? Pourquoi ne pas s'en souvenir toujours Qui- conque lit, réfléchitla lecture, c'est le foyer au- quel s'éclaire l'intelligence l'homme qui ne sait pas lire est au milieu de la civilisation comme un aveugle-né. C'est évidemment cette pensée sage, libérale et sociale, qui a inspiré la création des bibliothèques po pulaires et qui doit porter les citoyens véritablement dévoués a la patrie et a ses institutions, a coopérer a leur développement. Signalons, en terminant, une excellente mesure prise par quelques industriels du ressort la réduc- tion des heures de travail dans leurs fabriques. La Chambre de commerce de Roulers recommande de nouveau au gouvernement la presentation d'un projet de loi sur la molière. Elle ne forme pas d'autres vceux, mais elle renouvelle celui de l'abrogation de l'art. 40 de la loi du 4 mars 1846. Intolerance cléricale. U11 journal flamand de notre ville1 s'était occupé comme nous de la gloire de M. lecuré de Wytschaele. Un monsieur, qui semble avoir l'épiderine particu- lièrement chétouilleux, impuissant dans sa rage a at- leindre la redaction. a cru de bon goüt de se venger Fe l'imprimeur qui est son locataire, en lui signifiant un congé de deménagement. Espérons que ce saint proprietaire n'accueillera plus dans ses maisons que des gens düment munis d'un bon billet de confession. En attendant ce progrès social et religieux, nous soumellons aujourd'hui a l'apprecialion du publ'C ce nouvel acte d'inlolérance cléricale el nous convions notre nouveau confrère, le Journal d'Ypres, qui veut la liberté pour tous, sans distinction d'opi- nion, ase joindre a nous pour le fletrir comme il le mérite. Ce sera la plus bel e sanction qu'il puisse donner aux promesses de son programme 1 Le dernier train de Gond vers Courtrai, en corrcs- pondancé avec celui de la F andre occidentale, était de nouveau en retard le 19 de ce mois. Parti de la première ville a l'heure réglementaire, a 7 h. 28 m., il a mis deux heures a faire le trajet jusqu'a Courtrai. A son arrivée, la correspondance de la Flandre occi dentale était partie et un grand nombre de voyageurs ont été conlraints de passer la nuit a Courtrai. Nous appelons i'atlention parliculière de qui de droit sur ce désagrément tres-fréquent depuis quel- que lemps et qui cause de graves prejudices a tous ceux que des intéréts oommerciaux appellent a Ypres ou ailleurs. On lit dans VImpartial de Bi-uges Dans Ie courant de la semaine qui vient de s'écoii- ler, la Patrie publia un article étrange sur l'agrandis- seinentde notre cimetière. Elley faisail jouer a ['admi nistration un róle réellemeut huiniliant. L'article passa pour ainsi dire inapercu au milieu de l'agitation soulevée dans la ville par la question du theatre. En proie a la fièvre architecturale, les Brugeois ne parlaient et n'entendaient parler que de plans, de coupes, de facades, de matériaux, etc., etc. Pour noire part, nous soupconnions bien la Pa ine d'avoir, suivant son habitude, dénaturé, tronquè ou méme inventé les faits qu'elle relatait avec une complaisance charmante... pour l'évêché. Nouscomp- tions aller aux renseignements pour en avoir, comme on dit, le coeur net. Or, dans la séance du Conseil communal de samedi, ces renseignements ont été donnés au public, aussi complets, aussi satisfaisants que l'on peut le de* sirer, parM. I'échevin Vanderplancke, en réponse une interpellation de M. Van Caloen. 11 resulle de ces renseignements que les droits do l'autorité civile n'ont nullement été sacrifiós aux exi* genees de l'autorité religieuse, que la Patrie a menti presque d'un bout a l'autre de son fameux article, qu'il u'ya pas autre chose que l'agrandissement du cimetière dans les conditionsactuellement exislantes. C'hronlqiie des Conferences. Comment embrasser dans Ie cadre restraint d'unt compte-rendu rapide un coksse comme Shakespeare? A peine M. Madier-Montjau, qui avail pris pour texte de son entretien du 9 janvier, les caractères de ce gé nie immense, étudiés particulièrement dans Macbeth a l-il pu donner a son sujet les limiles ordinaires d'une conférence. Le poëte, l'homme, son oeuvre, sa vie, tout en Shakespeare sollicite l'intérêt et l'examen le plus approfondi. Ce génie est gigantesque il est un des plus grands poëtes qui furent jamais, sinon le plus grand. El cepend.mt, pourquoi ne le dirions- nous pas? il s'en faulencore qu'il soit connu elairné partout comme il le devrait ètre. II y a un siècle et demi que Voltaire i'importa en France et il n'a pas fallu moins decesc ntcinquanle ans pour l'y faire apprécier. En Allemagne, il jouit de la plus grande popularitè; admirablemenl traduit en allemand, il y rencontre la même vogue qu'en Angle- terre et, si nous ne nous trompons, Berlin possède une scène qui lui est presqu'exclusivement consacree. Les Allemauds vont jusqu'a pretendre que Shakes peare est plus Allemand qu'Anglais et qu'il est plus beau, s'il est possible, dans son vêiement d'emprunt que dans son costume national respectons cette illu sion inspirée par un gènèreux enthousiasme et rp- grettons seulerr.ent que nous, flamands, nous ne la partagions pas. Nous ne pensons point qu'il existe une traduction flimande de Shakespeare; s'il en est une, elle n'est certos point sufFisamment connue si elle n'existe point, pareille oeuvre devrait tenter un de nos hommes de lettres ne vient-on pas de traduire en vers Qamands le Faust de Goethe, ne mérilerioas*

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L’Opinion (1863-1873) | 1866 | | pagina 1