JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT YPRES, öinianche Quatrième année. N0 6. 11 Février 1860. Le tout payable d'avancb. Paraissant le dimanche. Pliix U'ABOSIEHENT POUR LA BELG [QUE 8 francs par an; 4 fr. 50 par semeslre. Pour l'Elranger, Ie port en sus. Un Numéro 25 Centimes. L'OPiniION PRIX RES ANüiOA'CES ET DES RECLAMES 10 Centimes la petite ligne. Corps du Journal, 30 centimes. Laissez dire, laissez-vous biamer, mais publicz voire pensée. On s'abonne a Ypres, au bureau du Journal, chez Ffxix Lambin, imp.-lib., On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. Toules lettres rue de üixmude, 55. ou envois d'aryent doivent être adressés franco au bureau du journal. Projet «Ie reglement ponr Ia Kibliotiièque publique et populaire. Le quatrième objet a l'ordre du jour de la séance du Conseil communal du 27 janvier dernier, sous le modeste litre transcrit en lête de eet article, ne ren- ferme dans ses flancs rien moins qu'une réorganisa- tion complèle de ces deux dépöts. C'est assez dire que la question est importante, d'autant plus importante que le système qui triomphera quel qu'il soit, bon ou mauvais, a chance de longévité, puisque celui en vi- gueur anjourd'hui, quoique fort défectueux, a vécu sans aucune alteration pendant 26 ans. Nous appe- lons done les sèrieuses méditations du Conseil sur le nouveau projet de règlement et nous allons, pour la satisfaction de nos lecleurs, transcrire rapidement ici s8s principales prescriptions. Nous y joindrons les re flexions qu'elles nous suggèrent. Mais d'abord une observation préalable. Si nous sommes a même de faire connaitre ce pro jet au public, nous le devons a l'intervenlion de deux honorables conseillers, qui ont insisté pour la lecture immediate. M. le hourgmes're semblait indócis et M. Vandebroucke reclamait l'envoi a domicile. L'envoi a domicile, c ost fort bienmais cette mesure n'exclut pas la lecture publique. Nous ne comprenons vraiment pas pourquoi l'on s'efforce toujours de soustraire le pi us d 'a ffa ires possi ble a l'apprécialion du public. Puisque c'est avec I'argent du contribuable que l'on adrainistre, c'est bien )e moins que le contribuable connaisse I'emploi que l'on fait de son argent. Pius d'une fois nous nous sommes élevés centre ce système qui consiste a initier le public nux affaires les plus i.ra por tantes lorsqu'elles sont décidées. Un« proposition ost-elle faite, un pro- jet concu, il est mis a l'ordre du jour sans aucun dé- veloppement, purement et simplement, puis ronvoyé a I'examen d'une commission celle-ci, dans une séance subséquetite, presente son rapport qui est dis- culé et vote immédialement. Et voila le public fort surpris de voir Lraneher, en moins de temps qu'il ne Taut pour le dire, des questions intéressantes, mysté- rieusement élaborées sur Ie iap:s vert du Collége. Que nos conseillers nous en croient, leur jugement ne peut que gagner en s'êclairant aux lumières du public. Espérons done qu'ils auront la bonne inspira tion de persevéser dans le système inauguré aujour- d'hui, grace aux observations de MM. Vanellevnneset Vanheule. M. le bourgmestre donne lecture d'un rapport qui présente en peu de mots l'histoire ue la création et de l'exislerce de la Bibliothèque d Ypres. Créée au commencement dc 1839, par initiative de quelques personnes dévouées.elle pril un développement rapide du principalement aux souscriptions et aux dons. Dès 1842, l'administration communale inscrivit au budget une allocation annuellede 1,200 fr. Plus lArd.elle ac quit une maison destinée a ['habitation du bibliolbé- caire. Le règlement actuel date de 1840 et le Collége pense qu'il est nécessaire de le réviser, afin de donner aux deux Bibliothèques lecaracièred'institutions com- munales. Voici maintenant les principales dispositions du nouveau projet de règlement, applicables a Ia Bi bliothèque publique et la Bibliothèque populaire La commission de surveillance sera composée do dix membres, nommés par le Conseil et présidés par le bourgmestre ou par l'un des deux échevins. Elle sera chargée de l'achat, de la vente, de l'é- change des livres, ainsi que de l'aplanissement des difficultés suscitées par la mise en pratique des dis positions réglementaires. Elle présentera annuellement un rapport au Con seil communal. La garde et le dépót des livros est conlié a un bi- bliothécaire assisté d'un aide. Deux catalogues seront dressés pour la Bibliothèque publique, l'un alphabétique, l'autre, par ordre de ma- tières ou méthodique. Ces désignations sont trop vagues. Un catalogue par ordre alphabétique est excellent, it condition qu'il soit dressé par noms d'auteurs et c'est ce qu'il im- porte de prèciser, nous semble-l-il. Quant au cata logue méthodique, il y a plusieurs manières de le com- prendre. D'abord, il peut être dressé selon le système bi- bliographique allemand ou francais; mais c'est la un détail que nous preferons laisser a l'apprécialion de son auteur. Ce qui est plus essentiel, c'est de sa voir ce que le règlement entend par le mot méthodique. Catalogue méthodique vout dire, a proprement purler, toutcala- logue dans lequel les ouvrages sont classés d'après une méthode déterminéeune simple transcription, unesèche nomenclature des titres, pourvu qu'elle sa- lisfasse a la condition de classification, peut s'inlituler un catalogue méthodique, et cependaot un semblable travail ne repond pas aux besoins d'une Bibliothèque publique. II faut, deplus, que le catalogue soit rai- sonné, c'esl-a-dire que, pour les livres rares, il don- nera quelques indications sur les differentes éditions et sur les particularilés de l'exemplaire dont il s'oo- cupe tantöt il appréciera les divers etals des gra vures pour les livres anciens et tantót donnera quel ques détails intéressants sur la vie de l'auteur. D'autres fois, il donnera une critique littéraire de l'ceuvre et même un résumé rapide des idees re- marquables ou élranges qui s'y trouvent développées. En un mot, et pourexprimer loute notre pensèe, un bon catalogue raisonné est un abrègé tout a la fois historique, critique, littéraire, biographique et biblio- graphique. Son ulilité ne consisle pas seuleinont a signaler les titres des livres et la place qu'ils oc- cupent sur les rayons, mais surtout a fournir, ras- semblées comme en un méme faisceau, toules les no tions capables d'éclairer dans ses recherches celui qui le consulte. Ainsi entendu, un catalogue de Biblio thèque exige, pour être mené a bonne fin, de patieules recherches et une vaste erudition. Tous les dépöts scientifiques ou litléraires possèdenl pareil guide aussi notre Conseil communal ferait-il bien d'inscrire dans le nouveau règlement que le catalogue sera mé thodique el raisonné. Reprenons après cette digression I'examen des au- tres articles du règlement. La Bibliothèque publique sera ouverle les mardi et jeudi, de 10 a 12 heures, de 2 a 4 heures, le mercredi de 2 a 4 heures. La Bibliothèque populaire le sera Ie dimanche, de 10 a 12 heures et de 2 a 4 heures, le lundi, de 2 a 4 heures. Ces heures nous paraissent bien choisies, surtout pour les ouvriersmais, pour la Bibliothèque publique, Ie Conseil voudra sansdoute bien examiner s'il n'est pas possible de prolonger les séances ou de les rendre plus fréquentes 10 heures par semaine, c'est en définitive bien peu.Nouscroyons qu'on peut raisonnablement demander davantage et nous insistons d'autant plus qu'un article subséquent interdit l'enlrée de la Bibliothèque en dehors des heures réglementaires tout le monde, hormis aux étrangers. Le bibliothécaire sera personnellement responsable de la détérioration et de la perte des livres. II n'est pas indifferent de connaitre la nature exacte de cette responsabililé, ses conditions, ses limites et les me- sures qu'on décrétera pour la faire sorlir des nuages dont elle est enveloppée jusqu'a présent. Autant il serait injuste de rendre le bibliothécaire responsable des maladresses d'autrui ou peut-être même de tares anciennes restées ignorées, autant il serait ridicule de proclamer une responsabilitè imagi naire. Mais, nous dira-t-on, cette responsabilitè sera pécuniaire. Fort bienmais qui se chargera de constaler périodiquement l'état des livres de la Biblio thèque, en d'autres termes, de les feuilleter tous, les uns après les autres? Supposons, d'autre part, qu'un livre rare, précieux, unique, si l'on veut, ou tout au moins un de ces livres qu'on ne rencontre qu'a de rares intervalles et que les riches amateurs, les sou- verains mêmes se disputent a poidsd'or,soit détérioré par la négligence du bibliothécaire, comment s'y pren- dra-t-il pour le remp'acer et qu'exigera-t-on de lui Toutes ces questions sont bien dignes d'être exami nees. Touiefois, qu'on ne se inéprenne pas sur le sens de nos réflexions. Nous ne sommes nullement hosliles au principe de la responsabilitè pour le bibliothécaire, mais nous la voulons précise et nettemeut tracée. Un article stipule qu'aucun ouvrage ne pourra être remis aux lecleurs pendant le quart-d'heure qui pré- cède la fermelure, un autre que les Bibliothèques resleront fermces pendant tout le mois de sep- tembre. D'autres articles déterminent les pouvoirs du bi bliothécaire. C'est ainsi que l'usage des compas, iu- terdit en génèral, pourra être autorisè par lui, de méme qu'il pourra permettre exceptionnellement un lecteur de se servir de deux ouvrages a la fois. Cette dernière prescription est bien sévère el grosse d'inconvénients. En effet, combien de fois n'arrivera- t-il pas que, dans le cours d'une étude historique, il faudra consulter ou une biographie,ou un dictiounaire géographique, ou un livre de statistique, ou un ou vrage chronologique, combien de fois Ie travailleur sé- rieux n'est-il pas contraint de contróler une citation, de vérifier une date? S'agit-il d'une questiou de droit, c'est bien autre chose encore et vingt volumes sont quelquefois nécessaires pour l'élucider. Faudra. t-il avoir recours chaque fois a l'obligeance de M. le bibliothécaire qui, agacé par ces derangements con tinus, refuscra plus souvent qu'd n'aulorisera. Oulre que tous ces secours supposent la presence duns la

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L’Opinion (1863-1873) | 1866 | | pagina 1