salie de M. Ie bibliothécaire, qui n'y a guère brillé jusqu'a présent que parson absence. Nous parions de la Bibliothèque publique. II vaudrait mieux, selon dous, donner une grande latitude aux hommes studieux, leur reconnoitre Ie droit de consulter autant de livres qu'ils désirent, pourvu qu'ils n'en aient pas plus de deux u, la fois en- tre les mains et que l'un de ces deux ne s'y trouve que dans Ie but de faire une recherche, c'est-a-dire pen dant un temps determine. Un autre pouvoir concédé au bibliothécaire, bien plus exorbitant encore, c'est celui qui l'autorise a prononcer l'expulsioo de ia Bibliothèque pendant six mois, pour infraction au règlement, ['expulsion défi- nitive rentrant dans les attributions de la commission. Eh quoi! arracher un savant a ses travaux, sevrer un ouvrier de la nourriture intellectuelle est done une chose si minime qu'on la puisse, sans inconvè- nients, abandonner a la volonlé, au caprice peut-étre d'un homme? Que Ie bibliothécaire ait le droit d'expulser séance tenante, a charge d'en rendre compte, soitle bon ordre peut l'exiger mais la peine doit elle se proion- ger, nous n'hésitons pas proclamer le fait assez sé- rieux pour exiger une délibération mürie de la com mission elle-même. Nous ne sommes pas plus partisan de l'autorisation d'un membre du Collége échevinal nécessaire pour obtenir la communication des vélins, grand-papier, etc. Nous savons bien que ce sont des exemplaires pré- cieux, mais il ne faut pas, sous ce prétexte, les sous- traire a leur véritable destination, qui est d'être utiles au public. Nos grands dépóts metlent toutes leurs richesses a la disposition des travailleurs sans aucune aulorisation préalable Ne soyons pas plus royalisles que le Roi et suivons ce généreux exem- ple. Est-ce peut-êlre dans un intérêt de conservation que l'on veut faire accepter cette restriction? S'il en était ainsi, ce seraif une étrange contradiction avec cette autre faculté laissée aux membres du Collége d'autoriser le transport des livres a domicile. Cette latitude, quelque modére qu'en soit l'usage, fera bien plus de mal la Bibliothèque que la communication d'un grand-papier, d'un vélin, voire même d'un rtia- nuscrit. Elle n'a plus d'ailleurs sa raison d'être depuis que la Bibliothèque populaire a été créée pour ceux- la surtout qui ne possèdent aucun livre et qu'on y a rassemblés les éditions les plus ordinaires et les vo lumes les plus demandés, tous ceux, en un mot, que nous pouvions appeler des livres courants. Ici se présente de nouveau a nos regards la respon- sabilité du bibliothécaire, et nous nous demandons de rechef comment elle pourra être étendue, en ce qui concerne les dégradations, aux livres portés a domi cile, a rnoins de feuilleter chaque volume page par page a chaque sortie et a chaque renlrée. Autre grave inconvénient né de la faculté d'empor- ter les livres d'une bibli othèque publique publique et qui est vivace sous l'organisation actuelle I II arrive fréquemment que des volumes sont enlevés des rayons; quand le lecteur le demande, il ne trouve que la place vide. Nous citerons, entre plusieurs, la collection des auteurs latins, avec traduction en re- gard, éditée par Panckoucke, dont M. Alph. Vanden- peereboom fit don autrefois Ia Bibliothèque. Cette collection se compose, si nous ne nous trompons, de 198 volumes, la moitié a peine est a la Bibliothèque, l'autre moitié, oü est-elle déposée depuis plusieuis années? Peut-êlre la nouvelle commission réussira-l- elle a soulever le voile qui couvre ce mystère; nous le recommandons a ses investigations. Nous avons parlé de la Bibliothèque populaire. Disons que d'après le nouveau règlement, pourra ob tenir des livres en lecture quiconque sera muni d'un écril délivré par une personne notable. Nous n'aimons pas ce qualificalif par trop élastique. Notable ou non, toute personne d'une probité reconnue a le droit, se lon nous, d'oblenir des livres en lecture. Quand nous aurons dit encore que le bibliothécaire devra lenir note des ouvrages demandés qui ne font pas partie des dépótsexcellente précaution si c'est avec intention de les acquérir et rappelé que la copie des manuscrits devra se faire sur papier végétal et au crayon, en exprimant l'espoir que les copies d'imprimés pourront se faire a la plume ce qui n'a pas élé toléré jusqu'ici il ne nous restera plus, avant de terminer, qu'a dire quelques mots de la com position de la commission de surveillance. Nous igno- rons de combien de membres se composait origiuaire- ment cette commissionnous savons seulement par M. le bourgmestre qu'elle en compte encore sept au- jourd'hui. Ce sont MM. Alphonse Vandenpeereboom, Pierre Boedt, Becuwe, Coppieters, Messiaen, Désiré Vandermeersch et Diegerick. Nous ne croyons que la généralité de cette commis sion ait démérité et le Conseil communal S'empressera sans doute de renouveler le mandat de ceux qui le désirent. II n'est pas probable cependant que M. Alph. Vandenpeereboom sollicite ce renouvellement et, a vrai dire, la place d'un ministre serait bien mieux a Ia tête des prolecteurs de l'institution que dans une commission de surveillance. Mais choge inexplicable pour nous, c'est la présence de M. Diegerick dans cette commission I En sa qualilé de bibliothécaire, M. Diegerick doit avoir de fréquents rapports avec la commission, mais des rapports d'em- ployé. Comment veul-on que la commission exerce quelque autorité sur son bibliothécaire, comment pourrait-elle eflicacement contróler ses actes, Iorsque celui-ci siége au même litre que les aulres commissai- res qui ne sont plus ses chefs, mais deviennent ses collègues et que le soin lui incombe de se contróler lui-même Aussi qu'arrive-t-il Le Conseil exhale plaintes sur plainles, M. le bourgmestre fait promes ses sur promesses, les membres les plus capables de la commission refusent de se rendre aux réunions, paree que la volonlé d'un.seul et méme individu y fait loi. Ce n'est pas nous qui le disons, c'est M. Be cuwe qui Ie déclare en plein ConseilEt néanmoins les abus persistent et se perpétuent. Le Conseil communal renouvellera-t-il une première faute en introduisant le bibliothécaire dans Ia commis sion de surveillance ou meltra-t-il M. Diegerick a la place qui lui convient Si la seconde hypothèse se réalise, cinq nouveaux membres'resteront a élire. Faisons des veeux pour que le choix tombe sur des hommes capables, ayant la connaissance et l'amour des livres, surtout que le Conseil les choisisse hors de son sein. II est déjü représenté par trois de ses membres, qu'il n'ait pas l'air de tout vouloir absorber. II serait d'ailleurs par trop risible qu'il vint chaque année se présenter un rapport a lui-même. Beaucoup reste a faire pour nos Bibliothèques. C'est le moment. Bonne ou mauvaise, la nouvelle organisation sera de longue durée. Le Conseil le comprendra il ne voudra pas faire oeuvre de précipitation, Réfléchir mürement est son devoir ce devoir, il le remplira, nous en avons la conviction. La Banque Nationale a décidé d'ériger a Ypres un comptoir d'escompte. Les administrateurs seront MM. P. Beke, bourgmestre de la ville d'Ypres et Président de la Chambre de commerce A. Vandenboogaerde, membre de la même Chambre; J.-B. Malou, négo- ciant a Vlamertinghe el Desmarets, ancien employé de la Banque Nationale a Ypres. On s'est étonné a bon droit que la Banque Natio nale n'eüt pas depuis longtemps songé a cette création qui répondait a un besoin urgent, car Ypres est le seul chef-lieu d'arrondissement, croyons-nous, qui ne possède pas un comptoir d'escompte. Aujourd'bui il arrive un peu tard et trouvera la place avantageu- sement occupée par la Banque commerciale. Ce serait une curieuse hisloire a narrer que celle des péripéties traversées par ce malheureux comptoir d'escompte. On y verraitunéchantillon de ceque peut produire de désastreux pour l'intérêt général la pré- tention absurde de certains hommes politiques de s'immiscer en toutes choses, traits odieux, s'iisn'é- laient ridicules on y verrait oü mène cette volonlé implacable et absorbante qui, n'ayant en vue qu'un seul butla soif de la vengeance,s'efforce de parquer les écus coinme les hommes et de son autorité souveraine décrète de libéralisme telle industrie, tel commerce telle opéralion financière de cléricalisme, telle autre, endépildu proverbe qui dit que I'argent n'a pas de re ligion. Au bout de ce système, s'il venait a subjuguer le bon sens public, il n'y a qu'une chose le desastre la ruine complete et irréparable de notre cité. En voila assez. Peut-êlre un jour pourrons-nous parler plus clairement encore et nous ne nous ferons pas faute alors de meltre de nouveau a nu ce hideux cancer qui nous rouge. Le passage sous la tour des Halles est éclairé depuis quelques jours. On a placé également un réverbère au-dessus de la boite aux lettres, a cóté du bureau de police. C'est ie Journal d'Ypres qui le premier a signalé la profonde obscurité du passage des Halles et réclamé un éclairage. Une seüle observation a suffi pour qu'il fut fait droit sa demande nous Ie félicitons de ce prompt succès. Nous avons été moins heureux pen dant trois ans nous avons réclamé le réverbère pour la boite aux lettres. Risquons néanmoins une observation encore. L'idée d'ouvrir le passage sous le Beffroi est bonne, mais demande a être complétée. Après avoir enlevé les pories, il faut encore faire dispara!tre les soutiens en bois et ces barreaux de fer qui font face au portail de l'égfise S. Martin il y a même ia certain couronnement, sorte de corniche, quirecoit la partie supérieurede ces barreaux et qui aité certainement ajoutéeaprès coup. Sou genre d'or- nementation, qui jure avec le style sévère des Halles, l'indique suffisamment. Qu'on dégage l'ogi ve qui forme l'entrée vers la Pe tite Place, comme on a dégagé les autres ogives, et la vue pourra erabrasser d'un coup d'oeil l'ensemble de cette construction qui est superbe. Nous recommandons cette amélioration indispen sable a nos édiles- archéologues. En faisant disparaitre les escaliers en saillie et les soupiraux de cave, l'administration communale a pour but de rendre libre la circulation des trottoirs. C'est a ce point de vue que nous signalons a sa vigi lance différents objets et notamment les étalages de boucherie dont les crochets menacants ne sont plus au-dessus de la taille humaine depuis I'exhaussement des trottoirs. Les fixer plus haut serait une petite peine pour les intéressés et une grande sécurité pour Ie public. On nous dit que déja quelques accidents sont arrivés le soir, jusqu'a présent peu graves, heu- reusement mais lis pourraient le devenir bientót et alors les regrets seraientsuperüus, II serait trop tard La tragédie héroï-comique de Wytschaete vient d'entrer dans une nouvelle phase. Notre tribunal, en chambre de conseil, a rendu une ordonnance de non- lieu le ministère public a imm'édialement inteijetté appel de cette décisionEn attendant que la juridiction supérieure ait prononcé, nous croyons devoir nous renfermer dans la plus compléte réserve nous pu blierons plus tard nos réflexions sur eet incident ju- diciaire. Oironlque des Conférences. M. Delmée un de nos compatriotes, comme on sait, a donné a Ypres, le 27 janvier dernier, une fort agréable conférence; M. Delmée est jeune, mais il a su prouver une fois de plus qu' aux Smcs bien nées Le talent n'attend poinl le nombre des années. Sa parole est sympathique, nette et s'anime de tous les généreux sentiments qui la dominent son entre- lien, nous l'avons annoncé, était consacré a Mirabeau, a ses historiens et a ses détracteurs. Entrant immèdialement au cceuf de son sujet, M. Delmée montrc Mirabeau commandant l'admiration et la peur au sein des Etats-Généraux, oü dès qu'il se leva, comme dit Edgar Quinet, il parut immortel. Après avoir posé sa statue sur son piëdestal, il esquisse a grands traits la vie de Mirabeau, tourmen- lée, ardente, et traverses par lant d'orages: les perse cutions paternelles, ses amours effrontées et les let tres de cachetil signale ensuite ses travaux de lout genre, observe, en passant, sa prédilection pour Ta- cile, cette moëlle de lion, comme dit Victor Hugo, el énumère la plupart de ses écrits, depuis l'Essai sur le Despotisme jusqu'a la lettre Frèdéric-Guil- Iaume de Prusse, lettre qu'on dirait plutót parlée qu'écrite, comme le remarque fort judicieusement M. Delmée. Nous trouvons ensuite Mirabeau lancant la no blesse de Provence son adjuration célèbre, puis adres sant a M. De Brezè les tières paroles que l'on connait, et forcant, par la puissance de la voix, du geste et du regard, le grand maitre des cérémonies a se retirer éperdu, image de la royauté droit divin fuyant de- vant la révolution. II est impossible de récapiluler les apostrophes brusques, les répliques soudaines, les victoires de Tribune de eet incomparable orateur il était a lui seul un parli dans l'Assemblée, dit Louis Blancsilence aux trente voix s'écrie-t-il, et la Con vention se tait. Dominéé par son génie, l'Assemblée n'accepte lejoug qu'il lui impose qu'en s'en défendant. Mais Mirabeau nrest vraiment irrésistible que quand on veut lui résister la colère allait bien eet homme, comme la tempéte a l'Océan, dit Victor Hugo. M. Delmée accentue parfailement les passages qu'il emprunte aux discours du graüd tribun et impres-

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L’Opinion (1863-1873) | 1866 | | pagina 2