JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT YPRI5S, Bimanche Quatrième année. N° 11. 18 Mars 1866. Le tout payable d'avance. Paraissant le dimanche. LES GUEUX DAKS LA WEST-FLAKDRE PK1X U'ABOSKGIIENT POUR LA BELGIQUE 8 francs par an 4 fr. 50 par semestre. Pour l'Etranger, le port en sus. Us Numéro 25 Centimes. PRIX MES A5IOSCEK ET DES RECLAMES 10 Centimes la petite ligne. Corps du Journal, 30 centimes. Laissez dire, laissez-voits blétmer, raais publiez votre pensée. On s'abonne a Ypres, au bureau du Journalchez Félix Lambin, imp.-lib., rue de Oixmude55. On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. - Toutes lettres ou envois d'argent doivent étre adressés franco au bureau du iournal. ill. !La réforme electorale. Nous voici rejetés bien loin des questions clerico- libérales qui ont si longtemps alimenté nos luttes po- litiques. Les couvents, le temporel des cultes, les bourses d'étude, la sécularisation de l'enseignement, les cimetières, tout, jusqu'a l'affaire De Buck, s'efface etdisparalt devantla question de la réforme électorale. Est-ce a dire que nous soyons devenus moins sou- cieux de l'indépendance du pouvoir civil et que nous ayons renoncé a arracher au clergé catholique les priviléges que la faiblesse de nos Pères lui a permis d'usurper? Non pas. Mais nous commencons enfin a comprendre que nous avons mieux a faire, pour ar- rivera noire but, quede nous laisser conduiré aveu- glérnent par une majorité qui semble avoir pris a tache d'éterniser Ie débat religieux dans lequel, de- puis vingt cinq ans, la Belgique com ume loutes ses forces. Certes, nous ne sommes pas de ceux qui refusent d'accorder aux questions clèrico-libórales I'impor- tance qui leur appartient. Mais quand nous voyons ces questions, d'une solution si simple et si facile, non résolues encore après qu'un ministère liberal a tenu le pouvoir pendant neuf annèes consécuiives, il nous est bien permis de nous demander si ce minis tère et la majorité qui I'appuie ne seraient peut-être pas intéresses a les perpetuer pour se maintenir irt- définiment au pouvoir. Le mouvement réformiste n'a pas d'autre significa tion il exprime une pensée de défiance. La chose est claire, en effet du moment que le pays demande une réforme électorale, e'est qu'il n'est pas satisfaitde la manière dont on le gouverneet qu'il veut un change ment. Le ministère ne s'y est paslrompé. Longtemps il a ÉTUDES H1ST0RIQUES Sur les troubles qui ensanglantèrent au XVIsiècle, les chatellenies d' Ypres et de Fumes. L'histoire n'est pas tin tribunal huis-clos fille de la vérité, elle aime et cherche la lttmière. (Aüiun.Hist, de Henri VIII.) Chapitre I". (Suite.) Un hameau appelé de Capel-vyf-weg (la chapelle aux cinq chemins), sisenlre Rousbrugge et Rexpoede, sur la route de Bergues, fut le premier théatrede leurs exploits. (Mars 1565.) Ce qu'ils y firent, la chroDique ne le dit pas. Quelqre temps après, pendant la nuit du 26 au 27 mai 1566, un chapelier yprois, nommé Sebastien Malte, paruta Rousbrugge. Après avoir rassemblé au- tour de lui autant de monde qu'il put, il sortit du bourg et mena cette foule sur une éminence, non loin du couvent de S' Victor (l'abbaye) et nommé t'hooge Seyn. (1) Reproduction interdite. (1) Nous avons élé asscz hcureux pour trouver Ia veritable origine de ce mot qui est de beaucoup antérieur Et t'époque nié la nécessité d'une réforme, soutenantque tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes possible et que Af. Dechamps ne savait pas ce qu'il disait. Mais, le jour venu ou toute illusion était devenue impossible, nous l'avons vu brusquement virer de bord et se mettre lui-même la têle du mouvement. Ce jour-lai M. Dechamps a étè bien vengé. A la nouvelle que Ie gouvernement se chargeaitde formuler un projet de réforme électorale, beaucoup de bons libéraux crièrent hosanna lis croyaient, ces li- béraux naïfs, que le gouvernement, cédant aux voeux clairement manifestés du pays, allait s'empresser de rédiger ces vceux en articles de loi. Leurerreur ne fut pas de longue durée. Trois semaines après, M. le mi- nistre de l'intérieur déposait sur le bureau de la Cham- bre le projet de réforme que nous connaissons et que l'opinion publique a baptisédu nom de mystification. Mystification, soit. Mais que pouvait-on attendre de mieux Le ministère est eonvaincu que sa politique est excellente, que ceux qui la combattent sont les en- nemis du bien public. Ce ministère s'appuie sur une majorité fidéle, dévouée, qui s'associo de coeu'r et d'ème a tous ses actes. Cette majorité elle-même est enveyoe au Parlement par un certain nombre d'élec- leurs, tous également pénétrés de l'idée que le minis tère ne saurait mal faire. Et c'est ce ministère que l'on vient demander de compromettre la majorité en modifiant les bases de la loi électorale? En vérité, cela n'est pas sérieux. - On a reproché au projet du gouvernement d'être mal concu, incomplet, de renfermer de nombreuses lacunes. Nous eslimons, au contraire, que c'est une oeuvre parfaitement méditée et dont toutes les parties se coordonnent dans un enchainement d'une logique rigoureuse! Qu'a voulu le ministère"? Les uns lui de- La, il monta sur une estradeélevée la héte et com mence une prédication dont Ie sujet roulait principn- lement sur l'inutilité de la confession auriculaire, du carêmeel des jefines; sur l'absurdité des vceux mo- nastiques, etc.,etc. Une terreur panique (causée dit-on, par un indi vidu qui avail grimpé sur un arbre pour être plus a même d'entendre t'orateur)dispersa cette foule. Sé- bastien Malte abandonné, détala au plus vite vers Hondschoote. Mais ces manifestations n'étaient que le prótüde -d'autres réunions étrangement tui.mltueuses, qui dé- géneraient le plus souvent en terribles désordres. Jus- ques-la, a quelques exceptions prés, on n'avait vu apparattre sur la scène que des hommes de rien, peu instruits et ne connnissant Ia plupart du temps pas eux-mêmes les doctrines qu'ils prétendaientenseigner aux autres. Mais. quand vint le jour ou le clergé four- nit son contingent d'apótres, alors, le danger devint immence pour le catholicisme. La réforme, pareille a un fiot roulanl, entraina les populations saisies de ver- tige. Rien n'arrèta plusl'infiuenco des protestants dans la West-Flandre. des Gueux el qui par conséquent ne peul devoir son existence aux repas lenus par les partisans de la communion nouvelle. 'T Hoog Seyn, signifie signal élevé. Tour d signauxpharf.. Nous donneronsen temps et lien, des détails plus étendus sur ce hameau. mandaient l'abaissemeut du eens; les autres. la re« connaissance des droits de l'intelligence. II s'est ar- rangé de facon, tout en paraissant concéder quelque chose aux uns et aux autres, a fortifier sa position personnelle en facilitant l'accès du scrutin ft quelques nouveaux élecleurs dont les sentiments lui inspiraient toute confiance. A ceux qui demandent que le eens soit abaissé, il montre l'article 3 de son projet, qui réduit le eens de moitié. A ceux qui réclament eu fa veur des capacités, il montre l'article 4, qui aecorde le droit électoral a tous ceux qui justifient d'une instruction suflisante. Que peut-on désirer de mieux? Le ministère donne raison tout le monde et per- sonne ne se trouve satisfail. Convenons que c'est avoir peu de chance. Enéore si les reproches ne venaient que du cóté des cléricaux, le ministère en ferait aisément son deuil. Maisquoi? Dans toute la pressef libérale, apart YE- cho du Parlement et le Journal de Liége, il n'y a pas un journal, non, pas un seu! qui ne jette la pierre h son ceuvre et qui n'en dévoile les combinaisons per- sonnelles. Ce n'est pas toutles associations libérales, les conseilscommunaux des grande» villes s'asseinblent et pas une voix ne s'élève pour défendre ce beau pro- jel qui doit, d'après nos gouvernants, combler les voeux et réaliser l'idéal de tous les amis du progrès et de la liberté. Le ministère joue vraimentde malheur, etè moins que la mauvaise veine qui le poursuit ne change tout a coup, au dernier moment, il est a crain- dre qu'il ne reste seul avec M. Bouvier, pour le vo ter. Postes et Télégraphes. Nous avons parlé dans notre précédent numéro d'une lellre qui avail mis huit heures a parconrir le Ces transfuges "furent nomhreux. On cite particu- lièrement un moine yprois du couvent des dotrtini- cains, (1) nommé Charles Daneel. lnstruit et éloquent, il prêcha plusieurs fois dans les environs de Neuve- Eglise, et ses discours, mélanges bizarres de théologie etdesooialisme,demoraleetde métaphysiqne, remplis d'expressions malsnines qui caiessaient les grossiers appétils de ses auditeurs, eurent beaucoup de succès. Mais, malheurcusement, on ne s'en tint pas aux prê- ches et aux conférences en plein air. Un élement nou- vet.u se glissa dans les rangs de la réforme. Des va gabonds de la pire espèce, écume de la soeiété, cette lie qui monte a la surface a tous les moments d'agita- tion, prirent aussi le nom de Gueux et s'en servirent comme d'un manteau pour coinmettre d'effroyables désordres. Desmilliersde voleursetd'assassins, venus on ne sait d'ott, bizarrement armés de mousqtiets, de coutelas, de sabres, de lances emmanchees au bout d'un baton, se répandirent dans les campagnes, pillè- rent Ie» églises et les couvents, torturèrent les moines et outragèrent les religieuses. Ce sont ces misérables qui ont illustré le nom de Gueux d'une manière ter rible, et l'ont transmis tout dégoütant de sang a la postérité. Ce sont eux, ces Gueux sauvages (Wilde (1) Ce nom est pneore un sujet (te controverse. Charles ■Wynckitis, licencié en théologie el prieur des dominicaans d'Ypres, l'appelle Charles Daniel. (Geusianismtis Flandrirc.)

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L’Opinion (1863-1873) | 1866 | | pagina 1