JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT
Le tout payable d'a VANCE.
YPHESj Bi manche
Quatrièiue année. J\° 1?
29 Avril 1866.
Paraissant le dimanche.
LES GÜEÜX DANS LA_WEST-FLANDRE
PltlX SS' IBOVMEHIEIIT
POUR LA BELGIQUE
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On s'abonne a Ypres, au bureau du Journalchez Eélix Lambin, imp.
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ou envois d'aryent doivent étre adressés franco au bureau du iournal.
Ypres, »s avril «soo.
Le Journal d'Ypres renonce 5 poursuivre sa polé-
mique avec nous ii craint, dit-il, d'ennuyer ses lec-
teurs. Cette crainte part assurément d'un sentiment
fort louable; mais que notre confrère veuille bien
nous en croire, elle n'est nullement fondée non-
seulement ses lecteurs n'ont pas le droit de le trouver
ennuyeux, mais pour peu qu'ils aient l'ame disposèe
a la joie, nous pouvons lui assurer que la dernière
réponse qu'il nous a consacree les aura singulière-
ment rèjouis.
De quoi s'agissait-il entre nous? II est injuste,
avions-nous dit, d'obliger des milliers de citoyens vi-
vant du journalisme liberal a contribuer l'entretien
du olergé catholique, qui fait profession ouverte de
ruiner leur industrie. Le Journal a-t-il cherchè a
prouver que cela fui. juste? Non pas. II soutient que
nous deman lons, en faveur d'une certaine catégorie
de citoyens, une exemption d'impót et que, par la,
nous violons le principe de l'egalile de lous les Beiges
devanl la loi. Voila qui est curieux nous montrons
que la loi est injuste et l'on nous rópond, pour nous
fai e taire, qu'elle doit être egale pour tout le monde.
Et le Journal qui imagine ce bel argument, secroirait
ennuyeux? Nous n'en avons jamais ouï, qu ml a nous,
de plus divertissant.
Le Journal n'est pas moins amusant quand il essaie
de justifier l'impói percu au profil, du cultecatholique.
Cet impdt n'est pour lui qu'une restitution déguisée.
Mais quand nous lui objectons que les autres cultes,
qui n'ont droit a auoune espèce de restitution, sont
également subsidiés, que repond-il? II répond que,
pour ces derniers c'esi une faveur que la Constilu-
d tion leur fait en consideration des services que les
religions positives rendenl a la sociéte civile.
Ce qui revient a dire que la religion catholique seule
est dans le droit et que loutes les autres ne vivenl
que de pure complaisance.
liTDDES H1ST0R1QUES
Sur les troubles qui ensanglantèrent au XVP siècle,
les chdlellenies d' Ypres et de Fumes.
L'histoire n'est pas un tribunal
huis-clos fille de la vérilé, elle
aime et cherche la lumière.
(Aouin.—Hist. de Henri FIJI.)
(Suite.)
Chapitre III.
Le gouverneur de la Flandre fmncaise. Maximilien
Yilain, baron de Rassenghien et son lieutenant, Va
lentin de Pardieu, a la tête de cinq cents bommes,
vinrent purger le pays de ces bandes Une surveil
lance rigoureuse fut organisée, d'après les instruc
tions de d'Albe lui-même, et, par-dessus tout, les
habitants des paroisses furent rendus responsables
du mal dont souffraient les ecclesiastiques habitant
parmi eux. Dès lors, la tranquiliilé commenca a re-
venir un peu dans le pays; mais restait toujours la
proscription, epee de Daraoclès suspendue sur bien
des tètes.
Reproduction inlerdite.
Et le Journal, qui avance gravement de semblables
énormités, pourrait encourir le reproche d'êlre en
nuyeux? Notre confrère, en vérilé, fait injure a ses
abonnés.
Rendons-lui cependant justice, il ne psrsiste plus
assimiler la presse libérale a des établissements de
tolerance. Reflexion fai te, il veut. bien consenlir a
admettre qn'elle vit Sous la protection du droit ciimme
la presse cléricale. Encore un effort de bonne volonté
et elle reconnaitra avec nous que le capucin Chabot
avail raison quand il demandait que chaque religion
fit, sans le concours de l'Etat, les frais de soa culte.
Ees Irois protestants du Joursai b'Xpbfs.
Le Journal d'Ypres, dans son numéro du 18 avril,
assure que les massacres de Barletta nous causent un
plaisir extréme et que nous sommes bien aises d'en
faire retomber la responsabilité sur le clergé.
Nous avions toujours pensé que les auto-da-fé ne
pouvaient réjouir que ceux qui ont fait du bücher un
inoyen de civilisation, mais puisque I e Journal d'Ypres
l'afïirme, et que la vérilé la vraie, comme il dit,
parle par sa bouche, nous n'avons plus qu'a avouer
que ces hommes nous inondent le coeur d'une douce
joie.
En bonne logique, nous voyant si heureux, le Jour
nal d' Ypres devrail tout au moins porter le deuil de
ces atrocilés; les bonnes êmes catholiques pourraient
même au besoin faire dire une messe expiatoire
comme elles l'ont fait pour le Congrès de Gandil
parait cependant que les protestants de Barletta no
méritent point cet excès d'honneurs funèbres II
est prouvé, foi de catholique, que les protestants ont
voulu leur sort lis ont envahi l'église et sont ve-
nus troubler les exercices du culte par des cris de
provocation et de blasphème. o
On ne pouvait moins faire, c'esl évident, que d'en
tuer qublques-unsd'antant plus que l'on complait a
Vint l'institution du Conseil des troubles, revêtu du
pouvoir de juger sans appel toutes les affaires rela
tives a la rebellion. D'Albe se déclara president de ce
tribunal, qu'il forma de douze personnes, parmi les-
quelles se trouvait le feroce Jean Vargas. On appela
ce conseil, Cour souveraine de justice pour connaitre
des troubles passezLe peuple disait Conseil de
sang.
Ges terribles préparatifs confirrnèrent le bruit qui
s'etait rèpandu que le diclateur avait été envoyé dans
les Pays-Bas pour frapper sans grêce et sans merci,
au nom de Dieu et pour la plus grande gloire de la
religion catholique. Les Flamands étaient dans la
consternation, surtout ceux d'enlre eux qui sentaient
qu'on pouvait facilement les soupconner d'avoir pris
part aux troubles. Le due avail dit ouvertement
qu'en matière d'hèrèsie on ne devait pas moins con-
damner au feu sur de simples soupcons, que sur les
preuves les plus convaincantes; que l'on juge de
l'effet que dut produire sur les populations cette
théorie monstrueuse qui allait donner beau jeu a
l'arbitraire et aux delaleurs.
L'émigration vers l'Allemagne, l'Angleterre et la
Barletta jusqu'a vingt-cinq protestants et que la po
pulation catholique se monte a peine a vingt cinq mille
fidèles ceux-ci étaient incontestablement en cas de
légitime defense.
La presse libérale a mauvaise gréce a cbercher
canoniser les protestants querelleursces gens-
la ne sont dignes d'aucun intérêt; c'élaient, pour la
plupart, des catholiques convertis, et tout le monde
sait que, s'il est quelque chose de plus affreux qu'un
hérèlique, c'est un renègal.
Ce n'était done pas de petits saints, comme
voudraienl le faire croire les libéraux; grand Dieu 1
non, il parait que c'était tout bonnement de braves
gens.
Mais oü le Journal d'Ypres triomphe plus complé-
tement encore, c'est quand il démontre combien les
journaux libéraux gonflent leur victoire
M. De Coster écrit Que direz-vous de ces deux
prêtres fanatiques qui, vers la fin du mois dernier. en
plein xixe siècle, font égorger par une bande d'hom-
mes et de fernmes ivres de saug dix-sept protestants
inoffensifs!
Le Volksvriend dit huit protestants; VOpinion
quatre; pour cette fois, VOpinion est prise en flagrant
délitde modération, mais enfin VOpinion exagère en
core; ce n'est point quatre, c'est trois protestants
seulement qui out èté brCilés.
On pourrait peul-étre discuter un peu le témoi-
gnage du Journal d'Ypres, pretendre, par exemple,
que les informations les plus récentes portent le nom-
bre des morts a six el celui des blesses a dix-sept;
ajouler que trois maisons ont été incendiées; mais
nous ne voulons point chicaner; nous abandonnerons
done au Journal d'Ypres un de nos protestants
nous allions dire a condition qu'il ne lui fasse pas
de mal et nous admeitons avec lui qu'on n'en a
tué que trois.
La mauvaise foi de la presse hérétique est connue
ce qu'il y a dé plus abominable encore dans le lan-
France continuait toujours Ie mol de Marguerite de
Parme allait se réaliser. L'épouvante monta a son
comble lorsqu'on entendit publier dans toutes les
provinces, les ordres de d'Albe et les règlements sur
les troubles dont voici a peu prés la substance
On répuierait erimine's de lèzr-majesté divine et
humaine, tous ceux qui avaient empêché les nouveaux
évêques d'entrer en possession de leurs charges ou
qui avaient refusè de se soumetlre a la juridiction du
tribunal de l'lnquisition (y cornpris ceux qui,par leurs
sollicitations, avaient contraint la gouvernante de ino-
dérer les èdits qui ordonnaient l'etablissement du
Saint-Office). Les personnes qui, a cette occasion,
avaient lenu des assemblees, donnè asileaux rebelles
ou présenté des requêtes;les magistrals qui n'avaient
pas inis leur autorité en usage pour einpêcher les
prêches des hérètiques, le pillage des églises, la des
truction des images, les violences coulre les ecclesias
tiques, les moines. les religieuses, étaient declares
passibles des peines édictées contre les criminels de
lèze-majesté divine et humaine.
Toutes les villes complices de pareils désordres
étaient déchucs pour toujours des privileges, fran-