hi Conseil frappé de la justesse de ces observations
decide que le Collége s'entendra avec M. l'ingénieur
pour arrêter un plan définitif.
Dins la séance du 6 janvier 1866, M. Beke, présen-
taut ie rapport au nom du Collége, reconnaït le
fondement des observations faites par M. Becuwe dans
une précédente séanceEn effet, ajoute-t-il, la con
struction du canal aura pour résullat probable, en
développant ['industrie, de provoquer la créalion
d'établissements industriels dans son voisinage.
D'autre part, les nouvelles voies ferrées, qui seront
mises en exploitation dans un avenir prochain, exi-
geront l'agrandissement de la Station. II importe
done de motifier le tracé primitif de ce canal et de le
rejeter vers le N.-E. Non-seulement cette modifica
tion faciliterait ('extension de la Station et réserverait
d'excellents terraina Vindustrie, mais elle obvierait
enontre aux dangers que présente, avec le plan ac-
tuel, le croisemcnt d'un canal, de plusieurs lignes fer
rées et de diverses routes
Telles sont, pour la plus grande parlie, les expres
sions dn premier rapport de M. Beke qu'on fera bien
de ne pas perdre de vue.
Quant a la marche a suivre le Collége pensait que
la meilleure était de s'adresser au département des
travaux publics. Ce fut alors qu'il fit élaborer 1111
projel par un homme trés-compétent ce projet
fut même exposé a l'appréciation du public et
qu'il inventa, pour les besoins de sa cause, cel axióme
de droit a jamais célèbre que le département des
travaux publics qui a seul accordé toutes les autori-
sations, est aussi spuI compétent pour faire modifier
les premiers plans, ne tenant ainsi aucun comple
des droits acquis par les concessionnaires.
Malheureusement, au département des travaux
publics oil le bon sens et la science président a l'exa-
men des questions, on ne partagea pas l'avis denos
ndministrateurs-jurisconsultes. La réponse qu'ils
recurent déclare neltement que le Collége échevi-
nal a oommis une profonde erreur lorsqu'il a cru que
cc département pourrait prendre a sa charge la tota-
lilé ou même une par tie des dépenses occasionnées par
le nouveau tracé du canal. C'est Ia un intérét local
qui exige une entente entre la commune et les con
cessionnaires. Réponse laconique, mais terrible
coup de massue pour des têtes moins dures.
Nous ne rappelons que pour mémoire une conver
sation qui eul lieu sur le nouveau tracé du canal dans
la séance du 27 janvier, sans amener aucun resultat.
Seulement, en réponse ii une interpellation, M. le
bourgmestre répondit que le Collége n'avait pas
pris a sa charge de faire aucune démarche aupres des
concessionnaires, et s'écria La faute de tout ce
qui arrive est au gouvernement. Accusation qui a
bien pu êlre pour Ie Collége une fiche de consolation,
mais qui ne tranche aucune difficulty.
L'affaire en était la. Le soin que mit le Collége a ca-
cher le plus longtemps possible an Conseil et au public
la lettre du département des travaux publics car
lorsqu'il en donna lecture dans la séance du 17 jan
vier, il y avait plusieurs semaines qu'il la possedait,
et le temps qu'il lui a fallu, depuis le 17 janvier
jusqu'au 21 avril pour accoucher laborieusement de
son nouveau rapport, démontrent a toute évidence
son immense ernbarras. L'issue n'est pas facile, en
effet. Avouer qu'on n'a pas eu assez de perspicacité
pour prévoir les exigences probables d'une situation
nouvelle, qu'on a donné un avis favorable a des plans
qu'on pouvail faire facilement modifier alors et que
deux ans après on se voit forcé de déclarer nuisibles
et dangereux, arrêter, par cette négligence et cette
coupable incurie, dans une de ses situations les plus
favorables, l'essor d'une ville qui demande a renaitre,
être cause peut-être de graves accidents, qui sail?
avouer, en un mot, que par la plus inconcevable des
cécités. on a mis cette ville dans I'alternaiive ou d'a-
voir une Station de chemin de I'er a jamais insuffisante
a ses transactions commerciales, ou de faire un sacri
fice inutile de 200,000 fr., c'est dur pour des admi
nistrateurs modèles. Fort heureusementquand la ligne
droite devient embarrassante, il y a le biais. Le Col
lége échevinal l'a trouvé.
Nous demandons pardon au lecteur de nous étendre
longuement sur cette matiére. II est Ires-important
d'examiner, dans ses moindres détails, le rapport des
deux commissions qui termine définitivement cette
affaire. Le public pourra de la sorte mieux juger si
elle est résolue a son entière satisfaction.
Ce rapport debute en rendant compte de I'entrevue
du bourgmestre-président de la 1re commission avec
les concessionnaires du canal. II ajoute qu'une nou
velle modification du tracé nécessiterait des dépenses
considerables au point de vue de Ia ville. Abordant
les diverses observations qui se sont produites, il
passé en revue tour a tour les dangers, les intéréts de
l'industrie, Ia nécessite d'agrandir la Station.
S'il faut l'en croire, tout le danger provient aujour-
d'hui du coude et du déblai qui borde la route pavée.
Inutilement ferait-on remarquer qu'aujcurd'hui, avec
une seule route et un seul chemin de fer, l'existence
de graves dangers a été reconnue par tout le monde,
par le public, par l'administration des ponts-et-chaus-
sées, par le Conseil communal et le Collége échevinal
lui-même qui a fait de nombreuses démarches pour
les faire disparaitre; qu'a plus forte raison les causes
d'accident se mulliplieront lorsqu'il y aura deux pa-
vés, deux chemins de fer, un canal, que les passages
a niveau sont l'objet d'universelles critiques et ont
donné fréquemment lieu aux plus grands malheurs,
le rapporteur a sa réponse toute prête Le déblai
sera comblé et avec lui disparaitra tout danger.
Et puis, nous dit-on, le croisement de toutes ces
voies ne se fera pas sur un même point, la ligne d'Ar-
mentières entr'aulres sera de 30 mètres plus rappro-
chée que celle' de Poperiughe, du cabaret VEtoile.
Mais au moins cette dernière aura, avec le canal et
la route de Vlamertinghe, un seul et même point d'in-
tersection c'est déja très-sérieux, puisqu'aux deux
causes acluelles de dang r vient s'ajouler une troi-
sième un canal qui n'est pas la moins effrayante.
Et quant a cette distance de 30 mètres qui séparera,
d'après les termes du rapport, les deux voies ferrées,
ce n'est pas une amélioration, mais une aggravation,
car, dans ce système, vous aurez un bout de pavé de
S0 mètres enfermé entre un chemin de fer d'une part,
un second chemin de fer et un canal, d'autre part.
En outre, le pavé de jonction la route de Furnes,
aujourd'hui en projet, s'il ne coupe pas la ligne du
chemin de fer, devra passer en tous cas a très-petite
distance de cette ligne.
Mais si 0 tous ces dangers sont chimèriques,
pourquoi ont-ils fait l'objet de vos délibérations,
pourquoi voire requête auprès du département des
travaux publics, pourquoi vos démarches auprès des
concessionnaires du canal? Allons, allons, messieurs,
soyez au moins des administrateurs sérieux. Vous
avez fermé les yeux quand il fallait voir clair et, lorsque
vous commencez a les écarquiller, il est trop tard. Ab-
sorbès par vos ardentes aspirations l'infaillibilité,
vous dépassez le but au lieu de l'atteindre, vous vous
acheminez vers Ie ridicule.
Une chose parliculièremenl pénible,c'est d'entendre
M. Becuwe,l'auteur de ['interpellation du 2décembre,
le conseiller qui avait rendu au public le service de
signaler le premier tous les inconvénients des tracés
adoptés, déclarer qu'en faisant son interpellation,
il croyait sérieusement aux dangers qu'il signalait,
mais que des explications Font fait changer compléte-
ment d'avis et que les dangers ne sontpas aussi grands
qu'il l'a cru. Quelles explications? Sansdoute celles
données par le rapport? Elles sont bien peu con-
cluantes
M. Beeuwe reconnait toutefois qu'il y aura quel-
ques dangers, mais ils ne sont pas AUSSI GRANDS
qu'il l'a cru et en ceci il est en désaccord avec M le
bourgmestre et les commissions qui déclarent ces
dangers CHIMÈRIQUES.
Ce serail chose piquante d'opposer au conseiller du
21 avril le conseiller du 2 dêcembre, mais nous ne
voulons pas exploiter ce triomphe trop facile nous
en appellerons plulót au jugement droit de M. Be
euwe lui-même et nous lui demanderons a notre
tour, en dehors de toute consideration ètrangère, si
tout cela est bien sérieux
Le second point effleuré par le trop fameux rap
port est l'avantage qui résulte pour l'industrie
d'avoir a sa disposition des terrains rapprochés de la
Station et du canal. Inutile de transcrire ici les pa
roles de MM. Beke et Becuwe prononcées dans de
précédentes séances, pour faire ressortir cel avan-
tage, paroles rapportées pour la plus grande partie
ci-dessus. Grêce a la précieuse decouverte faite par
le rédacteur du rapport, ces avantages sont chaugés
en inconvénients. C'est ainsi que les terrains situés
a l'O. de la Station, quoique situés entre trois routes
pavées, cetle de Bailleul, celie de Poperinghe et celle
qui sert de jonction a ces deux dernières sont décla-
rés impropres aux etablissemenls industriels. Pour
quoi Paree que Vaccès y est difficileet on leur pré-
fère ceux au N. et au S. de la Station, en communi
cation, les premiers avec deux routes, les seconds,
avec une seule. Ecoutez plutót le raisonuemenl du
rapportil est trop amusant pour en oublier quelque
choseL'industrie n'a pas besoin seulement de
terrains a proximité des voies de communication, il
faut encore que ces terrains soient d'un accès facile.
Tel n'est pas Ie cas de ceux situés a l'O. de la Station,
éloignés de toute route. II tien est pas ainsi des ter
rains au N. et au S. de cette même Station et déja un
industriel de notre ville, qui possède des propriétés
sur la droite de la route de Bailleul, se propose de les
affecter a cette destination spéciale.
Done, conclusion de tout ceci un accès, c'est par
fait, mais trois accèssont nuisibles. On ne rèfute
pas pareilles naiseries, ce serail vouloir enfoncer une
porte ouverte. Aussi les abandonnons-nous volontiers
a l'appréciation du lecteur. II suffit de connaitre les
lieux pour en faire bonne et éclatante justice.
Le second point nous mène naturellement au troi-
sième l'agrandissement de la Station. Ici encore
tout s'arrange au mieux des désirs des meilleurs ad
ministrateurs possibles. La Station n'a-t-elle pas une
longueur de 800 mètres sur une largeur de 80, c'est-
a-dire une étendue de 2 h. 70 a.; 1 h. 50a.nesuf-
fisent-ils pas au service actuel? Et puis la compagnie
d'Ostende-Armentières achètera encore 0 h. 38 a.
75 c. Oh le bon renfort et comme tout vient a point
a qui sait attendre! Mais ce n'est pas tout.
On avancera Ie bêliment de la Station, on don-
nera une autre direction a la route a I'E.en le rap-
prochant du mur d'enceinte.
Pour cela il faudra comblsr une partie des fortifi
cations. La dépense ne s'élèvera peut-être pas a
200,000 fr., mais quelque minime qu'elle soit relati-
vement, il n'en est pas mcins vrai qu'elle pouvait
être évitée et que cette fois encore le contribuable
paiera d'un nouveau sacrifice la myopie hélasincu
rable de ses administrateurs.
Tels sonl en substance les principaux considéranls
des deux premières commissions. Que répondre en
core a des enfantillages comme ceux-ci Le pont
sur le canal sera muni de gardes-corps[I n'y aura
pas ici plus de dangers que partoul ailleurs, etc.
etc.
D'abord nous ne croyons pas qu'il existe un seul
endroit ou, dans un rayon d'un si petit diamètre, il
y ait pareille agglomération de voies dangereuses.
Nous savons de plus qui partout ou, dans les villes
ou a proximité de celles-ci, existent des passages de
chemins de fer a niveau, même un seul passage, les
accidents sont fréquents et que les journaux reten-
tissent de plaintes journalières. Après cela il n'y aura
pas plus de dangers ici que dans les localités oü la
même chose exisle, non; mais il y en aura autant,
et l'expérience devrait vous éclairer, le bon sens
vous empêcher d'aller chercher la le modèle ou la
justification des projets les plus malheureux.
Le pont sera muni de gardes-corps. Heureuse
garantie.
All! le bon billet qu'a La Chêtre!
Mais en êtes-vous bien sürs? Et s'il prenait fantai-
sie aux concessionnaires du canal, neföt-ce que pour
l'originalité du fait,de construire un pont sans gardes
corps, notre administration ne serait-elle pas de taille
a démontrer, dans un troisième rapport, que ce nou
veau système offre beaucoup plus de sécurité que
l'ancien
Vous ne connaissez encore qu'irnparfaitement, lec
teur, les ressources de son esprit inventifelle a plus
d'un tour dans son sac et avec elle on a du moins eet
avantage qu'il ne faut jamais désespérer de rien.
L'étonnemenl a été grand parmi le public présent
a la séance, en voyant le silence presque général qui
a suivi la lecture du rapport. Uae simple question de
M. Vanheule Quelles ont été les pretentions des
concessionnaires du canal Et la réponse de M. le
bourgmestre Grandesconsidérables.... dans le
genre de celles dites dans le public.... II y a encore
d'autres conditions inacceptables. Lesquelles? M. le
bourgmestre ne Ie dit pas et nous aurions mauvaise
grêce de nous en plaindre, car Ie mystère qui a en
veloppé ces négociations est aussi impenetrable pour
les conseillers que pour nous; c'est une deuxième
édilion de l'hisioire de la cible.
M. Vanalleynnes ajoute un motil croit que,
puisque les dangers riexistent plus, il serait inutile
pour la ville de faire un sacrifice. M. Vanalleynnes a
parfaitement raisonsi les dangers n'existent plus
Mais c'est trancher la question par la question celle-
ci resle tout entière a démontrer. Mieux efit valu le
faire que prendre le rapport pour un article de foi.
Peut-être les conseillers se sont-ils trouvés embar
rasses en presence d'un mal sans remède, peut-être