Mais il y a plus, a II a publié un récent écrit, dü- nient signé, c'est lui-même qui nous 1'apprend, lequel, soit dit en passant, lui a valu les éloges les plus flattens de la part d'hommes politiques liberaux infiniment plus sérieux et plus marquants que M. le rédacteur de 1 'Opinion. Loin de nous de vouloir rien enlever au mérite de cette oeuvre trop peu con- nue, hélasl Nous n'avons en vue qu'une seule obser vation. L'opuscule traite spécialeinent la question des fondations au point de vue de la jurisprudencenous ne croyons pas cepeodanl que l'auteur soit docteur en droit; d'autre part,cet opuscule a vu le jour deux ans après le remarquable rapport présenté a la Chambre par M. Bara, et dans lequel la question était traitée sous toutes ses faces. Peut on raisonnablement sup- poser que M. Iweins ait fourni ses arguments au sa vant rapporteur? Si done son écrit lui a vaiu Ies éloges les plus flalteurs, il faul en conclure que ces éloges s'adressaient bien plus a uue patiente lecture, a quelque méthode d'arrangement qu'a la valeur scien- tifique du fond. Encore une fois, ceci soit dit sans vouloir diminuer le mérite de cel écrit, silence mais la justice commande de rendre a César ce qui appar- tient a César. M. Iweins nous apprend en troisième lieu qu'il a beau scruter son passé, il y retrouve toujours Ies mémes tendances libérales, nées des enseignements intimes du foyer et des exemples paternels se déve- loppant par l'étude et l'observation se transformant enfin en une conviction fondée en raison, a mesure que se formait dans son esprit une notion de plus en plus saine des hommes et de leurs mobiles, des choses et de leur cours. t> Si ces lignes ne sont pas Ie fruit des généreuses illusions de sa jeunesse, nous pouvons dire que M. Iweins est sur Ia pente du radicalisme. En effet, la notion de plus en plus saine des hommes et de leurs mobiles, des choses et de leurcours, doit l'éloi- gner chaque jour davantage de ses amis qui ne veu- lent que l'immobilité et une béate jouissance, comme la vue claire de la génération de ses idéés en matières politique et sociale doit le pousser dans la voie des aspirations les plus larges en matière de réformes. On le voit, les déductions des prérnisses posées par notre contradicteur peuvent conduire loin. II serait bon de dégager ces paroles de ce que la théo rie a de trop nuageux, pour les appliquer a la pra tique. Et ici encore nous regrettons que la lettre soit si incomplète. Son auteur aurait bien dü nous dire ce que la gé nération de ses idéés lui apprend sur tant de ques tions diverses qui sont a l'ordre du jour de la poli tique. II ne suflfi t pas de se proclamer libèralcela est trop vague. II faut, si l'on veut inspirer confiance, s'expliquer d'une manière claire et nette sur des questions déterminées. Que pense M. Iweins de la réforme électórale, entre autres? Aspire-t-il, oui ou non, a l'extension la plus large possible du suffrage éclair Yeut-il l'instruction obligatoire? Pense-t-il qu'un père de familie doit a ses enfants la nourriturede l'intelligence comme celle du corps, ou préfère-t-il, refusant lout moyen de coërcition, perpétuer l'igno- rance dans les classes inférieures? Enfin est-il partisan de la séparation absolue de l'Egliseetde l'Etat Désire-t-il le maintien du prêtre dans l'école a titre d'autorité ou demande-t-il la revi sion de la loi de 1842? Si l'occasion se présente, nous prendrons la liberté grande de reproduire nos questions et la réponse qui y sera faite sera pour nous le criterium auquel nous jugerons le libéralisme de M. Iweins. Pour le moment nous déclarons dussions-nous lui déplaire a lui et a ses amis, que nous ne nous contenterons plus de ces vagues déclarations de libéralisme que des can- didats font ou mème font faire par des parrains poli tiques, sans qu'on sache la nuance de l'habit qu'ils endossent. Dorénavant nous demanderons des professions de foi nettes, des engagements form :ls; hors de ces con ditions,' nous refusons notre appui, abandonnant aux libéraux corrects que l'onsait le soin de se former une auréole de toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. Nous croyons avoir rencontré les points sérieux de la lettre qui nous occupe. Pour aborder les autres, il faudrait se lancer dans les personnalités, sans qu'il en surgisse un argument de plus en faveur de notre these. Que prouvent, par exemple, pour la sienne, les mépris dont M. Iweins nous menace, et s'ils prouvent quelque chose, ce n'est pas a coup sür contre nous I II est pourtant une re flexion que nous ne pouvons nous empêcher de faire. Par quelle étrange contradiction, M. Iweins qui pro- fesse une prot'onde terreur pour ces personnalités, bourre-t-il deux colonnes du Progrès d'invectives et de calomnies? Serait-il done disciple de cecurégo- guenard qui commencait invariablement tous ses ser mons par cette sentence Mes chers paroissiens, faites ce que je dis, et non point ce que je fais. Lui,i'apótrede la franchise inébranlable, ne pousse- t-il pas l'oubli de la vérité jusqu'a prétendre que nous lui faisons un crime de sa jeunesse? Certes, si nous avions dans le coeur le moindre grain de ce fiel qu'il nous suppose, nous lui envierions cette belle jeunesse dont il est si fier; mais c'est la seule chose que nous trouvions a envier en lui. II a bien raison de le dire La jeunesse est le plus precieux des biens; mais qu'il n'oublie jamais que le plus précieux apanage de la jeunesse, c'est la modestie. Notre article était écrit lorsque nous avons lu dans le Progrès une nouvelle cpitre de M. Eugène Iweins. Celui-ci reconnait aujourd'hui ce qu'il avait soigneu- senient tenu dans l'ombre jusqu'a présent, a savoir qu'il est l'auteur de ['article inséré dans notre n° du 22 mai 1864 et que eet article a été inséré a sa de- mande. II inflige done par le fait un désaveu formel aux calomnies du Progrès qui a écrit a differentes re prises que nous avions fait échouer M. Iweins a Passchendaele au profit de M. De Meulenaere. Ce précieux aveu simplifie singulièrement notre besogne et M. Iweins en mesure si bien lui-même la portée facheuse pour ses amis qu'il essaie par tous les moyens de se soustraire a ses conséquences, comme la carpe aux mailles du filet. Vains efforts. II demeure établi que nous nous sommes faits les éditeurs trop com-- plaisants de la prose de M. Iweins et, a rnoins qu'on ne nous démontre que celui-ci a écrit son éloge dans le but de faire échouer sa propre candidature, il res tera avéré que le Progrès a- faussè la vérité. II nous semble, en outre, que M. Eugène Iweins, si grand ennemi des interpretations judaïques, en fait un large usage a son profit. Tenvoijai aussitót a M. le rédacteur de I'Opinion un expose plus véridique de la situation, avec prière d'insertion, écrit-il. Ne dirait-on pas, au ton de cette phrase, qu'il contrai- gnft VOpinion a une rectification? Rien n'est moins exact. II se présenta lui-même a differentes reprises et lorsque I'un de nous eht pris connaissance de son écrit, Ia première objection fut qu'il contenait des phrases malveillantes a I'adresse de notre correspon dent et que, dans ces termes, il ne pourrait paraitre dans nos colonnes. C'est parce qu'il se permettait des insinuations perfides sur la bonne foi et Ies mobiles de notre correspondant, que nous refusames catégori- quement 1'insertion. Rendons-lui cependant la justice de déclarer qu'il comprit alors la justesse de nos ob- servations et qu'il autorisa notre redaction a faire toutes Ies modifications nécessaires pour mettre a couvert la délicatesse de celui qui nous avait envoyé les premiers renseignements du canton de Passchen daele. Voila pourquoi nous avons modifié un membre de phrase, du consentement de M. Iweins, condition essentielle sans laquelle son article n'eüt point été in séré dans nos colonnes. II est étrange que notre contradicteur, qui fait vo- lontiers appel a la franchise et a la loyauté, ait ou blie tout cela. Mais voyez combien ses pretentions sont outrées. Qu'un homme, après avoir pris des renseignements, se permette d'écrire que la candidature de M. Eugène Iweins n'a aucune chance de réussite, aussitét celui-ci le qualifie de faux frère et l'accuse d'avoir transmis' a VOpinion des rapports mensongers. Et depuis quand done, M. Eugène Iweins, ne pourrait-on plus peser vos chances d'élections, ni apprécier votre va leur corame homme politique, sans être accusé par vous de fausseté et de trahison, sans être taxé de mensonge? La pretention a l'inviolabilitó se gagne-t- elle done si vite et vous croyez-vous déja, comme vos patrons, indiscutable et infaillible Notre contradicteur ne veut absolument pas que nous voyions une réclame électórale dans son article sur l'é'ection de Passchendaele. Quel autre nom don- ner a l'apologie qu'écrit de lui-même ou de ses chances de succès le candidat, la veille de l'election Malheur a nous cependant si nous ne nous ran- geons promptement a son avis. Nous sommes menacés de ses ripostes. Eh 1 biendüt l'ire de M. Eugène Iweins monter au pius haut diapason, nous lui dirons que toutes Ies fois qu'il se posera en homme public, nous userons de noire droit d'apprécier ses actes et ses paroles, approuvant ce qui est bon, critiquant ce qui nous parait mauvais, discutant sérieusement lors que nous aurons devant nous des faits sérieux, nous armant même du rire si nous le voyions se livrer a deséquipées ridicules. Qu'après cela il riposte autant que cela lui plaira. II ne dépend pas de nous que le public, toujours un peu railleur, ne voie dans ces ripostes autant de réclames nouvelles d'un homme qui recherche avidement toutes les occasions de se mettre en évidence. Le Progrès est modeste dans son triomphe. A peine y consacre-t-il une douzaine de lignes c'est bien peu, après les rodomontades de la veille. Ce succès serait-il une victoire a la Pyrrhus? Et que ne chantez vous votre Te Deum, que ne déployez-vous le drapeau du libéralisme qui doit s'être moisi quelque peu pendant tout le temps que vous l'avez gardé en poche? Allons, le moment est propice. Les convictions po litiques de M. Carpentier sont appreciées, ie libéra lisme ét la fermeté de caractère de M. Vermeersch connus. Chacun sait que ni la cabale, ni l'intrigue n'ont pris part a l'èlection. Vous êtes aussi purs de com promis et de transactions après qu'avanl. Et au lieu d'exploiter tous ces avantagesqui vous livrent a la considération pubiique, vous vous taisez, comme si vous etiez embarrassés. Que disons-nous? Vous ne voyez dans l'èlection qu'une protestation contre VOpinion. Cela veut-il dire que si VOpinion s'était abstenue, le rèsultat eüt été autre Cela ne prouverait pas pour vous. Fi done I tout un canton se serait dérangé pour protester contre une presse dévergondée, qui ne vit que et de diffamations et de calomnies, contre un pauvre petit journal, succombant sous le poids de vos mépris et qui, malgré des efforts désespérés, n'arrive pas même a la cbeville du plus petit de nos grands hommes 1 Vraiment, mes bons messieurs, vous faites tort a votre réputation d'esprit. Et puisque le mot protestation se presente sous votre plume, qu'il nous soit permis de dire que nous aussi nous voyons dans le rèsultat de l'èlection de Messines une proles tation, mais d'un tout autre caractère. Les 141 voix données a M. Demeester, dont Ie liberalisme ne s'est jamais cache, sont autant de prolestations contre les intrigues et les compromis. Si ce n'est pas cela, qu'est-ce done Dites-le nous et expliquez surtout pourquoi M. Demeester ne s'est pas mis de prime abord sur les rangs, pourquoi deux jours avant l'èlection il dèclarait publiquement que, même èlu, il n'accepterait pas le mandat, pourquoi la veille encore M. Vermeersch affirmait qu'il ne reti- rerait pas sa candidature. Expliquez-nous tout cela, Progrès. Le public est impatient de vous entendre et il sail que mieux que personne vous connaissez ce qui se trame dans les coulisses. Fidéle a notre système d'impartialité, nous voulons mettre sous les yeux du public tous les élements du débat qui s'est ouvert entre le Progrès et nous au sujet des élections de Messines. C'est pourquoi nous ouvrons nos colonnes a la communication suivante d'un de nos abonnès Simples questions. Je suis de ceux,et le nombreest peut-être plus grand qu'on ne le croit, que je ne le crois rooi-même, qui ont suivi avec une profonde tristesse toutecette polemique au sujet des élections dans le canton de Messines. Je suis aussi de ceux qui pensent que les gros mots et les grosses phrases ne sont pas des raisons. Aussi suis-je de ceux que les explications du Progrès n'ont nullement satisfait, tout en étant d'avis que cette affaire de Messines a été traitée par VOpinion avec plus d'ardeur que de précision. Ceci soit dit sans of- fenser personne, car mes intentions ne sont pas de jeter un ferment de plus dans une polémique déja trop vive. Seulement, désirant sortir du brouillard des récriminations et dégager la lumière de l'imbro- giio oh on la tient enfermée, je viens poser, sans amertume et sans passion, quelques simples ques tions auxquelles je prie le Progrès de réponJre sim- plement aussi. Ces questions, les voici 1° N'est-il pas vrai que le canton de Messines est le canton libéral par excellence 2° N'est-il pas vrai que, dans ce canton, la lutte pour les clèricaux est chose impossible, et que rien

HISTORISCHE KRANTEN

L’Opinion (1863-1873) | 1866 | | pagina 2