JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEIENT YPRES, Dimanche Quatrième année. N° 28. 15 Juillet 1866. PKIX IFABOMMEMEIIT Hj H flAH H MB PRIX RES AilNOlCEK POUR LA BELGIQUE V B W jBT g ffSï ET DES RECLAMES S francs par an; 4 fr. 50 par semestre. B B B BbP H 9hL| H B B flgBB 10 Centimes la petite ligne. Pour l'Etranger, le port en sus. B B B B B H I «H B B B I fiB Corps du Journal, 30 centimes, Un Numéro 35 Centimes. gg Hb Hfe HI «I IB B W Le tout payable Paraissant le dimanche. Laissez dire, laissez-vous bISmer, raais publiez voire pensée. On s'abonne a Ypres, au bureau du Journalchez Félix Lambin, imp.-lib., On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. Toutes lettres rue de Bixmude, 55. i ou envois <2'argent dóivent être adressés franco au bureau du journal. Ypres, «5 Juillet «sou. L'histoire a peu de coups de théatre aussi impré- vus et aussi solennels que celui qui vient de sur- prendre l'Europe. Notre temps a déja vu bien des guerres. Mais dans les actions militaires dont nous avons été témoius.les chocs.désordonnés des armées, souvent mises par le hasard seul en présence l'une de l'autre, attestaient davantage la bravoure du soldat que le talent des généraux. La jeune république amé- ricaine a pu justement s'enorgueillir de la science des Sherman et des Grant, Mais notre continent vient d'assister, pour la première fois, depuis les épopées militaires du commencement du siècle, au spectacle d'un grand général sachant combiner avec précision sur l'immense échiquier de la guerre les coups ra- pides et décisifs, qui réduisent, en terminant une campagne, l'adversaire a l'impuissance. Les anciens vainqueurs de Waterloo viennent de gagner a Sa- dowa la plus grande bataille de notre temps. Les personnes que préoccupaient déja les ressources mi litaires de la Prusse, peuvent se demander avec in- quiétude si ce pays, que la guerre acluelle, si impru- demment allumèe, va encore agrandir, n'a pas, par-dessus le marché, le plus habile général d'un temps peu fécond en grands capitaines. Le résultat de cette prompte campagne ne s'est pas fait attendre. Après la victoire qui vient de porter un coup si énorme a l'équilibre européen, le gouverne ment francais n'a pas hésité a accepter, avec la cession de la Vénétie, le róle de médiateur dans cette grande lutte. Ces nouvelles ont provoqué en Europe des ma nifestations dont le sens ne peut être douteux. G'est la paix. Acötéde ['expression d'une sympathie réelle pour l'Italie, c'est l'espérance de la paix qui a provo qué cette émotion subite. G'est ici malheureusement que se dressent les difïi- cultés de la situation. Comment deviner les conseils qu'un minislre comme M. de Bismarck peut puiser dans l'enivrement de la victoire et jusqu'oü peut être engagée la France par la résolution d'intervenir comme mèdiatrice dans de pareils événements'? Ah! s'il ne s'agissait que de la Vénétie, la question serait bien simple, Mais, dans les événements qui nous en- tourenl, il y a autre chose. II y a les peuples allemands qui ont en vain affirmé leur nationalité en présence des envahissements de la Prusse, qui n'ont pas eu d'armes, et dont les rois, incapables de conduire une armée, n'ont pas su trouver dans cette grande crise, je ne dis pas le sang-froid et le patriotisme héroïque ducharpentier Lincoln, mais même l'énergie de Juarès. 11 y a le fait accompli de trois peuples, indépendanls, conquis par la Prusse; il y a les exigences (qu'on ap- pelle les exigences légitimes) du conquérant a salis- faire il y a la question de l'équilibre européen déplacé il y a la question des compensations, c'est- a-dire, en bon francais, le partage des petits Etats entre les grands, le partage des nations par des diplo- mates assis aulour d'un tapis vert. Voila ce qu'il faut bien voir, sous peine d'étre aveugle. L'oppression des petits peuples livrés tous les abus de la force, les remaniements de territoire, tristes fruits de la guerre et de la conquête, qui ne servent qu'è fonder des établissements éphémères, ont douloureusement marqué le commencement du dix-neuvième siècle. Depuis, la paix et la liberté ont un moment semblé lui promettre une meilleure des- linée. Maintenant se pose la question de savoir si le siècle est destiné a finir comme il a commencé, et si l'Europe doit se résigner a voir reparaitre les maux dont elle se croyait alfranchie. Non, ce n'est ni une ceuvre simple ni une oeuvre facile qu'une médiation entre la Prusse enflammée de ses succès récents et l'Autriche d'autant moins rési- gnée subir les conséquences d'une première défaite, que la cession de la Vénétie lui rend cent cinquante mille hommes de troupes fraiches. Ce n'est pas une ceuvre facile qu'une médiation vraiment libérale qui, sans sacrifier la liberté des petits Etats, ne laisse subsister ni déslrs de revanche dans les puissances vaincues, ni déSirs d'agrandissement dans les puis sances voisines ou neutres. Voilé ce que les étonne- ments du premier moment ne doivent pas nous faire perdre de vue, a nous surtout dont l'exislence natio nale est liée a la solution de ce problème. 11 y a quel- ques semaines, la Prusse, malgré les déclarations de neutralité réitérées par le gouvernement francais, paraissait compter, plus que l'Autriche, sur les sym pathies de l'empereur Napoléon. Aujourd'hui, ces sympathies semblent, au contraire, se retourner vers Fran§ois-Joseph et déja l'on annonce, chose a laquelie nous avons peine k croire, que l'empereur serait dé- cidé a intervenir immédiatement contre la Prusse dans le cas oü elle maintiendrait, sans en rien ra- battre, les conditions auxquelles elle a subordonné l'acceptation de l'armistice. Tout ce que l'on peut dire, c'est que nous entrons dans l'inconnu et que jamais, depuis deux mois, les dangers d'une confla gration européenne n'ont été plus visibles, plus im minents. La presse et Ie régicide. II y a en Belgique des journaux qui prêchent im- punément le régicide. G'est le journal de l'Empire qui l'affirme et il faut l'en croire sur parole. M. Boniface voudra bien reconnaitre cependant que la prédication qu'il signale, avec tant de véhémence, a l'indignation de l'Europe, a été jusqu'a présent fort inoffensive. Depuis trente ans que la Belgique s'appartient elle— même, aucune tentative d'assassinat n'a étécommise, que nous sachions, sur la personne de feu Léopold Ier, ni sur celle de son successeur. Et ce n'est pas l'occa- sion qui manque aux assassins Si M. Boniface veut prendre la peine de vérifier le fait par lui-même, il verra Ie roi des Beiges se promenant, chaque jour et très-souvent seul, aux environs de son pare de Lae- ken, comme un simple bourgeois, sans plus s'inquié- ter de sa sécurité que le premier citoyen venu. En France, au contraire, oü I'administration s'ap- plique a réprimer, avec une sévérité rigoureuse, les moindres écarts de la presse, il n'y a pas a craindre qu'un journal, si audacieux qu'il soit, se hasarde, même sous forme de paradoxe, a faire l'apologie de 1'assassinat politique. On n'y prêche point, comme M. Boniface assure qu'on le fait chez nous, que les rois sont des animaux malfaisants auxquels il faut courir sus, comme pour des loups. Non. Mais si les théoriciens font défaut, il y a, et c'est pis, des prati- ciens qui essaient d'agir. M. Boniface, qui doit être dans le secret des Dieux, pourrait nous donner la liste des tentatives d'assassinat dont l'empereur Napo léon III a été 1'objet depuis quatorze années, et nous croyons qu'elle est passablement bien fournie. Voici done un fait incontestable. En Belgique oü Ie droit de la presse, au dire de M. Boniface, va jusqu'a lui permettre de prêcher ouvertement le régicide, on ne signale, depuis 36 ans, aucun attentat sur la per sonne du Roi, tandis qu'en France, sous un régime qui maintient la presse dans des limites extrêmement restreintes, l'Empereur a failli périr plusieurs fois sous le fer ou le plomb des régicides. M. Boniface pourra expliquer ces nombreuses ten tatives par toute sorte de considérations auxquelles nous n'entendons rien contredire. Toujours est-il certain, et c'est le seul point que nous ayons cceur d'établir, qu'elles ne peuvent être imputées a la li berté de la presse et que celle-ci n'a a en répondre ni devant la justice ni devant l'opinion. On a souvent comparé la presse a la lance d'Achiile. Elle guérit, dit-on, les blessures qu'elle fait; nous la comparerions plus volontiers ces réactifs violents, que l'estomac rejette, administrés a trop haute dose, mais qui, don nés avec mesure et intelligence, constituent la plus puissante ressource de la thérapeutique moderne. Souveraine dans la défense du droit et de la vérité, la presse ne peut rien pour le triomphe du mensonge et du crime. L'opinion publique, dans ce cas, sufïït pour en faire justice et la condamner i'impuissance de nuire. Nous nous sommes élevé maintes fois contre les procédés de discussion, les allégations calomnieuses, les sorties impertinentes et grossières dont quelques- uns de nos hommes politiques se sont fait une trisle spécialité. A nos observations, on répondait invaria- blement par le reproche de servir des rancunes per- sonnelles. Nous transcrivons ici le jusement porté par un organe étranger dont l'impartialité doit être d'autant moins suspecte que, dans une circonstance toute ré cente, il est venu plusieurs fois prêter son appui aux prétentions de notre coterie. Le Progrès, qui s'assimile si souvent les articles du Journal de Bruges soit qu'il cite la source oü il puise, soit qu'il ne la cite pas au point que le pre mier n'est qu'une édition résumée du second, le Pro grès, disons-nous, ne inanquera pas sans doute de communiquer a ses lecteurs l'article suivant du con frère brugeois Nous comprenons qu'une assemblée comme le Conseil provincial, tienne a avoir un compte-rendu ofïiciel de ses séances, et nous nous empressons de dèclarer que la personne chargée de la rédaction du Bulletin du Conseil provincial, présente loutes les garauties d'intelligence et de capacité désirables pour ce travail. Aussi nous ne trouvons nullement mau- vais que le Conseil provincial ail voté la continuation du Bulletin et le subside qui lui est allouè.

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L’Opinion (1863-1873) | 1866 | | pagina 1