Mais ces precautions prises, pour constater notre
opinion sur Ie fond de la question, nous dirons que
la presse locale a lieu d'etre très-raécontente de la
manière dont certains conseillers, partisans du Bulle
tin, se sont exprimés sur Ie compte-rendu publié par
les journanx. M. Merghelynck surtout nous a paru,
comme il le fait du reste souventdépasser les homes
des convenances, quand, poussé par cet esprit de pa-
lernité, qui fait toujours trouver ses enfants beaux,
même au détriment des autres, et ce conseiiler a
réclamé une part de paternité dans le Bulletin il
s'est exprimé en ces termes
Une autre observation, c'est que le compte-rendu
du Bulletin a toujours été rédigé sans aucun esprit
de parti, mais, au contraire, avec la plus grande
impartialité; car, apart quelques erreurs maté-
rielies dues a la célérité avec laquelle se fait le
compte-rendu, jamais aucun membre n'a eu a
se plaindre que les discussions n'aient pas été fidè-
lement rapportées. Cela ne ressemble done nulle-
merit a un compte-rendu de journal qui met ce quHl
veut.
Ainsi personne ne permettrait au rédacteur du
Bulletin de faire un compte-rendu de fanlaisie,
comme en produisent certains journaux.
Or, nous devons pouvoir nous passer des jour-
naux el avoir au moins un compte-rendu conve-
nable de nos séances, comme cela existe dans tous
i) les corps délibérants.
On ne peut être plus poli, plus gracieux pour la
presse locale. Elle publie des comptes-rendus de
fantaisie, dans lesquels elle met tout ce quelle veut
ce qui explique pourquoi le Conseil doit pouvoir
s'en passer.
Cette opinion n'a pas toujours été cetle du Con
seil, car, pendant bien des années, ce qu'on appelle
le compte-rendu officiel, a été publié gratuitement
dans le Journal de Bruges. Depuis la creation du
Bulletin, nous publions la séance Ie jour même, et
jamais nous n'avons recu de réclamalions d'aucun
membre sur la fidélité de notre compte-rendu. Nous
sommes persuadès que nos confrères font preuve de
la même exactitude; aussi nous croyons pouvoir pro
tester en leur nom, comme au noire, contre la sortie
inconvenante et fantaisiste que s'est permis M. Mer-
ghelynck. Certes, il lui était permis de soutenir le
Bulletin; mais pas aux dépens des jouruaux de la
ville et de la vérité.
Ajoutons a cela que M. Merghelynck se pique d etre
journaliste 1
Nous sommes a même de communiquer a nos lec-
teurs quelques-unes des mesures preventives contre
l'épidémie prises ou mises en délibération par ('auto
rité communale.
On a interdit la verite des fruits verts et il est
question de faire exécuter les règlements de police
sur la fermeture des cabarets.
L'autorité a fait fermer differentes maisons ou-
vrières auxquelles les propriétaires refusaient de
faire les réparations urgentes. D'autres seront pro-
chainement, dit-on, l'objet de semblables mesures.
Nous sommes persuadé que ceux qui sont chargés de
cette mission sauront agir avec impartialité, mais
avec fermeté.Toutes autres considérations deviennent
secondaires quand la santé publique est en jeu.
La ville, partagée en buit sections, est soumise
chaque jour a l'inspection d'un médecin qui fait son
rapport sur l'étal des rues, l'entretien des maisons
pauvres et l'état de ses habitants.
C'est avec une vive satisfaction que nous annon-
cons que l'édilité, faisant droit a nos reclamations,
s'est décidée a faire voüter l'Yperlée dans la rue des
Trèfles.
L'atlention que l'on a prêté cette fois a nos obser
vations nous fail un devoir de signaler un autre abus
auquel il sera facile de remédier. Nous voulons par-
ler de la vase et des plantes aquatiques qui provien-
nent du curage des fossés de la ville et qu'on laisse
séjourner pendant plusieurs jours sur les bords. De
la des miasmes pernicieux qui, joints a certains arro-
sages qui se pratiquent sur les herbages situés dans
le rayon de nos murs arrosages fertilisants, mais
nullement odoriférants rendent quelques parties
de nos promenades peu attrayantes.
Ajoutons encore un mot. No serait-il pas prudent,
puisqu'on défend la vente des fruits verts, d'en faire
aulant pour le poisson avarié, connu sous la dénomi-
nation de achter uit et dont le nouveau reglement
permet le debit a certaines conditions. C'est le peuple
qui fait exclusivement sa nourriture de cette sorte
de poisson et c'est lui qui, plus que toute autre
classe de la socièté, a besoin, en temps d'épidémie,
d'aliments sains et fortifiants.
Nous tiendrons le public au courant des disposi
tions que prendre l'autorité et nousavons le bonheur
de constater, en lerminant, que l'état sanitaire de la
ville d'Ypres continue d'être des meilleurs.
Dans un article qu'il consacre aux premières séan
ces du Conseil provincial de la Flandre Occidentale,
YOrgane de Courtrai, après avoir apprécié la compo
sition du bureau, s'exprime comme suit au sujet de
l'election des membres de la Députation permanente
MM. Uarpenlier et Vandromme, qui, eux aussi,
avaient donné plus d'un gage d'apaisement au parti
clerical, ont été brusquement éliminés et remplacés
par des instruments aveugles du parti del'intolérance
fanatique.
Voila comment les meneurs de ce parti les récom-
pensent de leurs tergiversations politiques. C'est en
destituant, en excluant systématiquement tous ceux
qui pourraient faire preuve d'un reste de modération
ou d'indépendance, qu'ils réalisent leur programme
d'ordre el d'apaisement.
La legon est bonne, et nous espérons qu'elle portera
des fruits salutaires.
liigue de l'Enseiguement.
Le but que se propose la Ligue de VEnseignemenl
est Ia propagation et le perfectionnement de l'éduca-
tion et de l'inslruction en Belgique.
Ses statuts du 18 fevrier 1865, portent qu'elle
poursuivra ce but par tous les moyens légaux
notamment en s'efj'organt d'élever la position sociale
des instituteurs et des institutrices.
Aussi, l'un des premiers soins du Conseil général
de la Ligue, fut-il de proposer a la 1" section (ensei-
gnement primaire et enseignement populaire) d'abor-
der immédiatement l'étude et la discussion de la ques
tion suivante Quels sont les moyens actuellement
pratiques d'amèliorer le sort des instituteurs com-
naux, tant au point de vue pédagogique qu'au
point de vue pécuniaire?
11 est temps, disail la circulaire du Conseil général
en date du 28 novembre, il est temps que la Société
accorde a ses plus fermes soutiens autre chose que
des éloges pour leur devouementelle leur doit une
position sociale en rapport avec les services qu'ils
rendent.
Un appel fut adressé par la Ligue a tous les insti
tuteurs communaux du pays pour obtenir les rensei-
gnemenls propres a éclairer les travaux de Ia 1r°
section.
Cette 1" section se mit résolument a l'oeuvre a
Bruxelles, dés le mois de novembre.
Cinq séances furent consacrées a l'examen de la
question sur laquelle, pour Ie dire en passant, il ne
fut pas recueilli autant de renseignements que l'on
était en droit de l'attendre, effet sans doute de Ia
pression de certains inspecteurs sur beaucoup d'in-
stiluteurs et du manque d'initiative des uns et des
autres.
La discussion fut approfondie et parfois brillante
des instituteurs, en grande partie du Brabant, des
professeurs de l'enseignemenl moyen, des employes
de l'administration supérieure, des chefs d'adminis-
tration communale, etc., y prireot part.
Les differents points qui furent traités sont ceux
du traitement fixe, du minerval ou casuel, des pen
sions, de la separation des sexes dans les écoles et de
Ia diminution des heures de classe.
lis sont parfaitement indiqués dans le rapport que
M. Fr. Van Meenen a fait au nom de la section et qui
figure intégralement dans le bulletin n° 6 des publi
cations de la Ligue del'Enseignement.
Les conclusions de ce rapport furent approuvées
par Ia 1re section qui chargea Ie Conseil général de
prendre les mesures d'exécution qu'il jugerait les plus
propres amener les réformes demandées.
Comme suite cette resolution, le Conseil général
décida qu'il serait adressé a la Chambre des repre-
sentants une pètition concue dans le sens des conclu
sions adoptées par la 1re section.
Voici cette petition
A Messieurs les Président et Membres de la Chambre
des représentants.
Messieurs,
A plus d'une reprise vous avez témoigné votre vive
sollicitude pour tout ce qui concerne l'enseignement
public. II est done inutile d'insister auprès de vous
sur ['importance pour notre pays d'avoir de bonnes
écoles primaires et par conséquent de bons institu
teurs Or, si l'on veut posséder de bons instituteurs,
il faut non-seulement exiger d'eux des conditions de
capacité et de moralité, il faut aussi leur accorder
une position et des avantages qui assurent leur con-
stdération, leur indépendance, leur existence maté-
rielle enfin. Pour ne nous en tenir qu'a ce dernier
point de vue, nous pouvons constater que générale-
ment en Belgique les instituteurs primaires sont loin
de jouir des ressources indispensables, même a une
vie modeste pour eux et leurs families. Après avoir
fait des sacrifices assez considèrables de temps et
d'argenl afin de se préparer a leurs functions, prepa
ration indispensable du reste, ils n'ont pas a espérer,
comme cela se pratique en d'autres pays, la moindre
indemnité du chef de leurs frais d'installation au poste
qu'ils ont eu la chance d'obtenir. Entrés dans l'exer-
cice de leur mission sociale, ils ont peu ou point de
garanties quant a la conservation de leur position pé-
niblement acquise, et cependant ils sont placés dans
une situation délicate par suite de la double surveil
lance exercée sur eux par les autorités administra-
tives et les ministres des cultes, sans parler des exi
gences des parents et même des élèves. La loi du 23
septembre 1842 leur accorde pour tous avantages un
traitement minimum de 200 francs, une habitation
ou indemnité de logement, un minerval ou casuel,
enfin une pension, pourvu qu'ils y contribuent.
11 est vrai qu'un arrêté royal du 10 janvier 1863,
en se basant sur le nombre des enfants a instruire et
sur le nombre de places que l'école renferme, a fixé le
maximum des traitements a 800 fr.700 fr. et 600
francs. Mais cet arrêté royal ne s'applique qu'aux
écoles subventionnées par l'Etat ou la province en-
suite les chiffres maxima des traitements ne peuvent
être regardés comme réellemenl suffisantsenfiu il
rend en quelque sorte l'instituteur responsable de la
fréquentation des écoles par les élèves, sous peine de
voir ses ressources pécuniaires diminuées.
Le minerval ou casuel n'apporte qu'une améliora-
tion peu sensible a l'insuffisance du traitement fixe
des instituteurs. Car la rétributiou scolaire des en
fants solvables et des enfants pauvres se réduit a un
chiffre peu élevé ainsi l'arrêté royal de 1863 fixe le
minimum de Ia retribution scolaire des enfants a
6 francs par an. Certes, semblable mesure n'est pas
a blamer au point de vue de I'intérêt généralmais
au point de vue des intéréts pécuniaires de l'institu
teur, on concoit qu'elle ne peut produire des rèsultats
biensatisfaisants; ces rèsultats lesont d'autant moins,
que pour le minerval ou casuel, comme pour le trai
tement, l'instituteur est encore rendu en quelque
sorte responsab'e de la fréquentation des écoles par
les élèves.
Si nous examinons maintenant le régime auquel les
instituteurs sont soumis quant a Ia pension a laquelle
ils ont éveutuellement droit, nous trouvons que, con-
trairement a ce qui se pratique pour la plupart des
fonctionnaires publics, les instituteurs subissent des
retenues sur leurs traitements et émoluments que
les instituteurs urbains versenl ces retenues dans
une caisse centrale, alimentée en partie par les sub
ventions des villes, tandis que les instituteurs ruraux
les versent dans des caisses de prévoyance provin-
ciales, qui ne recoivent point de subventions des
communes qu'en cas d'insuffisance des ressources
de ces caisses de prévoyance, les retenues des parti
cipants peuvent être augmentées et, au besoin, les
pensions réduites; qu'on exige de l'instituteur 60 ans
d'êge et 30 années de services pour avoir droit a une
miserable pension de 180 francs maximum que l'in
stituteur ne peut compter plus de 30 années de ser
vices.
En presence de cet état de choses, les soussignés
prennent la respectueuse liberté d'appeier votre at
tention sur la nécessite et l'opportunité d'amèliorer
la position matérielle des instituteurs communaux de
la manière suivante
1° En leur accordant un traitement fixe sufïisant
pour leur garantir une position indépendante, le mi
nimum actuel de 200 fraucs de la loi du 23 septembre
1842, ou le maximum, tel qu'il est déterminé par
l'arrêté royaldu lOjanvier 1863,ne pouvant atteindre
ce but
PETITIONNEMENT EN FAVEUR DES INSTirUTEURS COMMUNAUX.