JOURNAL D'TPRES DE L'ARRONDISSEMENT YPRES, Dimanche Quatrième année. JM° 30. 29 Juillet I860. Le tout payable d'ayance. Paraissant le dimanche. PltlX n'ABOHGlIIEST POUR LA BELGIQUE 8 francs par an; 4 fr. 50 par semestre. Pour l'Etranger, Ie port en sus. Un Numéro 25 Centimes. PRIX HES A1NOXCES ET DES RECLAMES 10 Centimes la petite ligne. Corps du Journal, 30 centimes. Laissez dire, laissez-vous blèmer, mais publiez voire pensée. On s'abonne a Ypres, au bureau du Journalchez Félix Lambin, imp.-lïb., rue de Dixmude, 55. Ou traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. Toules lettres ou envois d'aryent doivent étre adressés franco au bureau du journal. Ea déchéance de l'Autriche. Finis Austria. L'Autriche a cessé d'être une grande puissance, et nul ne sait quelles épreuves plus dures l'avenir lui réserve encore. II y a clans la vie des peuples des instants décisifs, oü une seulefaute entraine des consequences irrépa- rables, oü la meconnaissance d'un devoir patriotique équivaut a un arrêt du destin. Le jour oü Carthage refusa a Annibal victorieux les moyens d'achever sa vicloire, elte décida sa propre ruine Le jour oü les républiques grecques laissèrent Athènes seule en face de Philippe, et oü Athènes se manqua a elle-même, la liberté de la Grèce fut per due. En achetant l'intégrité de son territoire au prix de son exclusion de l'Allemagne, l'Autriche s'imagine conclure un marché avantageuxc'est sa déchéance qu'elle consomme. Mieux vaudrait cent fois pourelle la perle d'une province. L'Europe occidentale est pour longtemps encore le centre de gravilé du monde civilisé. Tous les grands problèmes de la politique, de l'industrie et du com merce continueront d'y recevoir leur solution. En se laissant exclure de l'Allemagne, l'Autriche tourne le dos au foyer vivifiant qui anime l'Europe et, par elle, le monde. Elle devient un empire oriental, presque asiatique, et bientót elle ne pèsera pas plus dans la balance de l'Europe que la Turquie. L'Autriche avait, en cffet, sous sa garde, les libertès de l'Allemagne. Tous les Etats constitutionnels de la Confédération, par la voix de leurs assemblees repre sentatives bien plus que par la volonté de leurs sou- verains, s'etaient declares pour l'Autriche, paree que le triomphe de la Prusse leur presageait la fin de leur autonomie et la suppression de leurs,institutions libé- rales. L'Autriche déserte cette grande cause, elle sa- crifie ses allies. Qu'en rêsultera-t-il C'est que l'hégé- monie prussienne va faconner immédiatement au joug toute l'Allemagne du Nord, et preparer l'asservisse- ment de l'allemagne du Sud; et quand l'oeuvre sera accomplie, quand un grand empire militaire se sera solidement assis des bords de la Baltique a la vallèe du Danube, le premier sein des chefs de eet empire sera d'exclure l'Autriche des conseils de l'Europe. Voila Ia situation qu'accepte, a l'avance, en se lais sant exclure de la Confédération gerrnanique, le des cendant et l'héritier des anciens empereurs d'Alle- magne, le souverain dont la chancellerie conserve si scrupuleusement le cérémonial, les litres, les dignités et les formules du Saint-Empire. Quelques formules vides de sens, voila toutce qui va rester a l'Autriche d'un passé de plusieurs siècles. Le roi de Sardaigne s'est longtemps intitulé roi de Chypre et de Jerusalemmais il a su échanger ces titres vains contre celui de roi d'Italie. Oü les uns montent, les autres descendent telle est la loi de ce monde; et le malheur n'a rien d'humiliant quand il n'est pas mérité, et qu'il peut attendre de l'avenir une réparation. Ce que nous voyons de plus (riste dans cette dé chéance de l'Autriche, c'est qu'elle est meritée. La cour de Vienne aime mieux céder aux armes de ses ennemis qu'aux justes exigences de la liberté. Elle sa- crifie les liberies de l'Allemagne pour n'avoir pas a reconnaitre les droits de ses sujets. La France républicaine, aux prises ailec toute l'Eu rope, a subi défaite sur défaite sans un instant de dé- faillance; et, instruits par leurs revers, ses généraux improvisés ont fini par enchalner la victoire a son drapeau. Après une seule bataille perdue, quand 250,000 hommes sont réunis sous les murs de Vienne et brülent de venger leur défaite, pourquoi l'Autriche subit-elle la loi de son vainqueur? Paree que si cette armée venait subir encore un revers, il ne resterait d'autre voie de salut que de se jeter dans les bras de la libertéparee que Deak, appelé a Vienne, a refusé de mettre au service de l'Empire son autorité morale et sa popularité si on n'acquittait les promesses faites a la Hongrie paree que la municipalité de Vienne, en offrant son concours dévoué, a prononcé Ie mot d'élec- tions et de régime constitutionnel. L'inüexiblé aristocratie qui entoure Francois-Jo seph a vu le danger oü était précisément le salut. Elle n'a vu que la ruine de son influence et de ses privi leges dans ce mouvement d'opinion qui pouvait cou- server a l'Autriche démocratisée son rang de grande puissance, a l'Allemagne sa liberté intérieure, a l'Eu rope son équilibre. Ellea préferè tout cèdera l'ennemi du dehors pour tourner sa résistance et ses efforts contre ce qu'on appelle l'ennemi du dedans. L'arislocratie autrichienne croit tout sauvé, paree que l'intégrité du territoire est maintenue, et elle se flatte interieurement qu'une guerre heureuse ré- tablira la situation qu'une guerre a détruite. Dans son aveuglement, elle ne tient pascompledes forces morales qu'elle tourne contre elle, du prestige dé- truil de la couronne, de la fierté nationale blessée, et du discredit que cette suite de guerres mal en- treprises, mal conduites et mal tcrminèes, a jeté sur le gouvernement personnel qu'elle défend comme le fondement de sa propre influence. Si le parti li- béral lui semble deja si redoutabie, lorsqueprêt a tous les sacrifices pour le pays, il ne revendique que les droits de la nation, quelle force n'aura-t-il pas, lorsqu'a tous ses griefs s'ajouleront ['humilia tion de la patrie el la ruine de son influence. L'abais- Sement est la grande route qui mène aux revolu tions. Le Journal de Bruges revient en peu de mots, dans son n" du 24, sur l'incident qui s'est produit au Con- seil provincial, a propos du Bulletin. Nous pensons avec lui qu'il n'y a pas lieu de prolonger. ce debat. Les faits et gestes de M. Merghelynck ne sont pas as- sez intéressants pour en occuper longtemps Ie public. II importe néanmoins de faire connattre a nosdecteurs les phrases principales tie cette nouvelle protestati n du Journal de Bruges, plus categorique encore que la précedente, si c'est possible. M. Merghelynck, écrit-il, ayant, a propos du compte-rendu des séances du Conseil provincial, parlé de la presse en termes peu convenables, nous avons relevè ses paroles comme elles le méritaient et sans demander conseil a personne, les questions de dignité devant se traiter spontanément. Des explica tions nous ayant élé données, qui nous mettaient tout a fait hors de cause dans ces attaques, nous les avons communiquées a nos lecteurs. Nous tenons a répéter au Progrès, qui commente encore notre article, que nous n'avons été viclime d'aucune supercherie et que eet article émanait de la redaction ordinaire du journal, laquelle ne doit pas avoir recours a des personnes qui lui sont étrangères pour apprécier et signaler les actes ou les paroles qui lui paraissent porter atteinte d la dignité de la presse. Nous avons relavé les assertions de M. Merghe lynck, il s'est excusé vis-a vis de nous, voila tout. Voila done le Progrès convaincu pour la millième fois d'insinuations méchantes, de mensonge et de ca- lomnie. II n'y a rien a ajouter a la nouvelle semonce du Journal de Bruges. Dans son dernier numéro, Ie Progrès imprime quel ques lignes sibyl lines dont personne n'a deviné le sens jusqu'ici. Nous le prions en conséquence de sa- tisfaire la curiosité générale et de nous apprendre Quel est ce journal dont le bureau se trouverait de- puis quelques jours sens dessus dessous. De quelle nature était cette prétendue querelle dont il oublie de nous donner les détails. Enfin, Ie nom de ce maniaque qui crut prudtnt d'étouffer l'affaire, de crainte d'avoir maille a partir avec la police. Quand la feuille doctrinaire nous aura livré le mot de cette énigme, il nous sera peut-être possible alors de lui fournir loutes les explications qui pourront lui être agréables. Une feuille qui ne vit que de diffamation, de mensonge et de calomnie. Ainsi nous appelle le Progrès, et il s'empresse de donner dans le méme numéro un échantillon de sa discussion courtoise et de ses goüts delicats. 11 passé en revue les nouveaux èlus de la Dépula- tion permanente. S'il ne s'en prenait qu'aux hommes •politiques et a leurs principes, nous n'aurions rien a objecter et ce serait affaire au Journal d'Ypres de ri- poster, mais il s'attaque directement a leur vie pr - vee, mettant mêrne en suspicion leur probité comme particuliers. A quelque parti que l'on appartienne, pourvu que l'on soit honnête homme, on doit fletrir ces ignominies. Commen5ons, dit-il, par ce petit avocat, l'émule d'un autre petit ambitieux se prélassant a la Chambre sous l'ógide du pére De Haerne. II y a six mois, il voulait être juge-de-paix el n'ayant pas reussi, il de- vint un candidal catholique. Par ce beau cumul et une opèration du S. Esprit, il fut élu et mangera au rate- licr de l'F.tat, quand mêrne. Sans avoir a intervenir dans ces accusations, nous ne saurions nous defendre d'une reflexion. Si tous ceux qui briguenl des functions electives ou autres, dans l'espoir d'être utiles a leur pays, sont des ambi- mc— wmmm

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L’Opinion (1863-1873) | 1866 | | pagina 1