JOURNAL D'YPRES DE L'ARR(ffl)ISSEMENT YPKES, Dimancbe Quatrième année. N0 33. 19 Aoüt 1866. Le tout payable d'avance. Paraissant le dimanche. PB1X U'ABOMKEIIENT POUR LA BELGIQUE 8 francs par an; 4 fr. 50 par semestre. Pour l'Etranger, Ie port en sus. Un Numéro 25 Centimes. L'OPINIOfll PRIX MES UXOSCES ET DES RECLAMES 10 Centimes la petite Iigne. Corps du Journal, 30 centimes. Laissez dire, laissez-vous blümer, mais publiez votre pensée. On s'abonne a Ypres, au bureau du Journal, chez Félix Lambin, imp.-lib., rue de Dixmude55. On traite a, forfait pour les annonces souvent reproduites. Toutes lettres ou envois d'aryent doivent être adressés franco au bureau du journal. Faut du zèle, pas trop n'ea fant. Les protestations qui ont eu lieu pendant la ker- messe ont étè plus significatives que nous ne l'avions cru d'abord. Outre les manifestations devant la Con corde, au Theatre et a la Sociétè de S. Sébastiendes groupes très-nombreux se sont arrêtés devant la demeure de M. le bourgmeslre, sifïlant, grognant, criant A bas le bourgmeslre 1 On raconte même que des ordures auraient été lancées contre la facade. Ces manifestations sont regrettables, nous ue sau- rions trop le dire. Mais l'administration elle même, par sa maladresse et la révoltante partialité dont elle a fait preuve, fermant d'une part les cabarets, de l'autre tolérant les bals comme faut, en porte une part de responsabiiité. C'est contre les priviléges que le peuple indigné a protesté. Aujourd'hui, au lieu de reconnaltre franchement l'erreur, on semble vouloir faire peser sur quelques malheureux qui se sont laissè entrainer, le poids des faules de l'administration. Au milieu de tous ces détails navrants, nous ne saurions oublier le cóté comique. Depuis quelques jours des agents de police se rendent dans divers ca fés et estaminets demandant a si l'on n'a pas entendu dire du mal de M. le bourgmeslre (sic). Qu'enlend- on par cette expression élastique? Nous sommes couvaincu que personne ne songe a calomnier M. Beke mais s'il s'agit des actes de son administration, il nous semble qu'on a le droit de les blêmer aussi bien que de lés louer. Si c'est l'expres- sion de la pensée que l'on veut poursuivre, nous ré- clamons comme un honneur d'être les premiers mis en cause. Nous ne nous sommes pas fait faute decriti- quer ce qui nous paraissait mauvais nous ne nous gênerons pas davantage a l'avenir. Nous ne voulons voir, jusqu'a preuve contraire, dans toutes ces démarches el toutes ces investigations, qu'un zèle outre de la police. Nous devons ajouter ce- pendant que ce zèle maladroit fait le plus grand tort a ceux-la mêmes qu'il prètend servir Le feu d'artifice, remis a cause du mauvais temps, a été tiré mercredi. A l'exception des armes de la ville qu'on n'est parvenu a éclairer qu'a demi et d'un beau boiiquet de fleurs pour couronnement, ce feu d'artifice n'offrait rien de nouveau, ni de varié des moulins, des étoiles, des fusées, le bagage habituel de tous les feux d'artifice depuis cinquanle ans, le tout accompagné et enveloppé d'une épaisse fumée. Mais ce qui a surtout excité les lazzidelafoule,c'est l'oiseau artificiel. Jamais on ne vit rien de plus colos sal, ses vastes flancs le faisaient ressembler au cheval deTroie. Malheureusemeut le souffle n'animait pas ces flancs, son agonie fut courte. Deux ou trois pétarades et quelques sifïïements, c'élait fini. II est des choses auxqueltes on ne voitque du feu; ici l'on n'a vu que de la fumée. Evidemment eet oiseau était de la familie des ca nards; quelques-uns souliennent, comme preuve, qu'ils l'ont vu plumer. Ge précieux palmipède coüte, dit-on, a la ville, la bagatelle de 400 francs. Nous n'éprouvons nullepeine a le croire, sachant combien les canards sont chers en cette saison. Du train que vont les choses, nous serons bientót obligés de renoncer auxfeux d'artifice commeaux bal lons, a moins que l'administration n'ait le bon esprit de ne plus choisir, comme dit Figaro, un danseur la oü il faudrait un calculateur. A chacun sa spécialité. Soyez peintre, si c'est voire métier. Mais, pour un feu d'artifice?il faut un artificier. Et c'est un particularité digne de remarque qu'a Poperinghe on a eu recours aux lumières de M. Ri- card, un spécialiste qui a fait ses preuves. C'est un bon exemple que nous pourrions conseiller d'imi- ter, si a Ypres toutes choses ne s'arrangeaient en fa milie. Ypres, le 17 Aoüt 1866. A Monsieur l'éditeur du journal /'Opinion. Monsieur, Je vous prie de reproduire dans vos colonnesla réponse suivante que j'ai fait parvenir au Progrès par lettre chargée. Je ne sais si l'appel a son impartialité sera entendu. S'il refuse l'insertion, le public pourra juger une fois de plus de la franchise et du courage qui président a la rédaction de cette feuille. Agréez, etc. J. Capron. Ypres, 14 aoüt 1866. A Monsieur le rédacteur du journal le Progrès. v Monsieur, Dans votre dernier numéro il vous a plu de vous occuper de ma personne. A propos de la maladie dont j'ai été atteiut, vous avez spirituellement écrit qu'heureusement pour moi je semblais revenu a un meilleur étatJ'allais croire, Monsieur, a un exces d'honneur, rn'imaginanttout stupéfait, que vous aussi éliez revenu a un état meilleur, lorsque, poursuivant, je me suis apercu, moins étonné, qu'il s'agissait d'une indignité. Vous ajoutez, en effet, a que ma maladie pourrait bien être simulée et n'avoir eu pour raison d'être que certaine poursuite judiciaire dans laquelle je me trouve intéressé. Vos lecteurs, qui ont apprécié cette insinuation comme elle le mérite, n'attendent certes pas de moi que je la reiève. II en est de cela comme de ces choses sans nom déposées au coin des rues et que dédaigne jusqu'au crochet du chiffonnier. Si done je prends la plume, c'est simplement pour vous rassurer, Monsieur, sur le premier point et vous dire qu'en effet je me porte beaucoup mieuxC'esf heureux pour moi, vous l'avez dit, Monsieur; mais laissez-moi ajouter que j'en suis surtout heureux pour vous, car, a tout prendre, ce na peut être que par un sentiment d'intérét que vous vous êles occupé de moi. Or, la reconnaissance m'oblige a nourrir ce sentiment et c'est une têche a laquelle je compte pou- voir suffire longtemps encore. Je m'adresse a votre impartialité, Monsieur le ré dacteur, pour obtenir l'insertion de cette réponse dans le plus prochain numéro de votre journalj'es- père que vous ne me forcerez pas recourir aux voies légales. SalutJ. Capron. Vii.le d'Ypres. Conseil communal. Séance publique du Samedi 28 Juillet 1866. Présents MM. P. Beke, bourgmeslre; P. Bourgois, échevin; Th. Vandenboogaerde, Ch. Vandebroucke, Ed. Cardinael, P. Boedt, Ch. P.ecuwe, Ch. Lannoy, L. Vanalleynnes, L. Vanheule, Aug. Beaucourt,F. Mes- siaen, Aug. Brunfaut, conseiilers. Absents MM. L. Merghelynck, échevin Aug. De Ghelcke, conseiller. Après l'adoption du procés-verbal, M. le bourg meslre donne lecture d'une lettre très-élendue du bureau de bieufaisance en réponse au rapport pré senté dans une précédente séance sur la comptabilité de cette institution charitable. II nous a été impossible de saisir une simple au dition toutes les articulations contenues dans ce do cument nous ne rencontrerons aujourd'hui que les priucipales, nousréservantd'y reveniren détail quand il fera I'objet de I'examen du Conseil. La lettre du Bureau de bienfaisance prend soin de constater tout d'abord et avec une visible satisfaction qu'un de ses membres a repondu, séance tenante, au rapport. Dans cette communication, il nous semble recon naltre les idéés et le style de l'interessé et nous le soupconnons fort d'avoir laborieusement élevé ce mo nument littéraire, moins pour éclairer le Conseil que dans I'espoir de justifier une sortie malheureuse. Le rapport demandait le renouvellement annuel des lisles, souteuant qu'ils ne sont pas en rapport avec le uombre et la situation des pauvres de la ville. Par- lanl des domestiques du Bureau de bienfaisance, il aurait pu ajouter qu'ils sont employés la plupart du temps au service personnel de quelques membres du bureau. II se pose ensuite la question de savoir si les ser vices rendus par I'institution charitable sont en rap port avec ses ressources il répondque non. Les listes sont alimentees par les pauvres venus de la cam pagne on ne fait rieo pour la moralisation des classes indigentes. Une seule visite est faite a domicile dans le but de connaitre les ménages pauvres, puis on ne s'en occupe plus, lis sont livrés aux mains des em ployés chargés de faire les distributions de se- cours. Le Bureau de bienfaisance maintiënl l'utilité des distributions publiques qui ont pour effet, dit-il, d'encourager la fierté des ouvriers qui n'y ont pas recours. Par contre, elles humilient les malheureuses et innocentes victimes que ledefaut de travail ou les maladies obligent souvent d'en profiler. Encourager la fierté des ouvriers, rien de mieux, mais que ce ne soit pas en humiliant les misérables déja assez a plaindre d'être contraints de vivre d'aumónes, sans qu'il faille leur rendre plus amer encore le pain de la cbarilé.

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L’Opinion (1863-1873) | 1866 | | pagina 1